1Durant le printemps 2013 des sondages archéologiques ont été ouverts dans le carré claustral de l’abbaye de Saint-André-en-Gouffern, à environ 5 km au SO de Falaise. Cette abbaye d’hommes est fondée en 1131 par Guillaume III Talvas, dans l’ancien diocèse de Sées. Le site monastique conserve encore certains bâtiments, tels que l’aile des convers, des éléments de porterie, des éléments fossoyés, des réseaux hydrauliques, etc. Ce site fait l’objet depuis quelques années, de campagnes de prospection et d’études de bâti. Les cinq sondages archéologiques ont été placés perpendiculairement aux galeries est et sud du cloître, dont la présence était présumée par des anomalies topographiques et géophysiques. Ont été mis au jour les vestiges d’une partie du transept de l’abbatiale, de l’aile des moines, du réfectoire et du cloître. La stratigraphie montre une destruction rapide et en profondeur de l’abbaye. Sur la totalité des espaces fouillés, une épaisse couche très homogène recouvre la totalité des vestiges et correspond à un niveau de démolition remblayé, que la céramique permet de rattacher chronologiquement à la fin du xviii^e-début du xix^e s. La localisation de l’abbatiale est suggérée par les restes maçonnés du mur gouttereau ouest du bras du transept sud, ainsi que par le retour du pignon marqué par une simple semelle de fondation en mortier. En extrapolant la profondeur de ce bras au bras nord on peut restituer la nef et le transept de l’édifice. Appuyé contre le pignon du transept, un gouttereau est construit dans l’axe N-S, délimité à l’ouest par le sol du cloître. Le mur délimite l’aile des moines. Malgré des sondages perpendiculaires à l’édifice, le gouttereau oriental n’a pu être découvert. Une deuxième fenêtre de fouille située au niveau du retour de l’aile du réfectoire, a permis d’éclairer l’organisation interne de l’aile des moines. Un refend détermine deux espaces dont l’un est accessible depuis le cloître par un emmarchement aménagé dans le gouttereau. La fonction des deux salles n’a pu être déterminée, mais ce secteur contient habituellement le parloir des moines et la salle de travail. Enfin, le long du pignon du transept, une cavité voûtée a été mise au jour révélant des fragments d’os humain (crâne) pouvant annoncer la présence d’un ossuaire. Quatre sondages ont porté sur le cloître en grande partie détruit, mais qui a conservé par endroits des carreaux de pavement octogonaux (ou leurs négatifs). Dans un secteur où le niveau de sol du cloître a fortement été endommagé, la fouille n’a pas permis de déterminer la présence de niveaux antérieurs pavés. Par ailleurs, des sondages ont mis au jour le réfectoire. Il prend la forme d’une structure saillante au cloître dont la largeur n’est pas clairement établie. Le sol est pavé, montrant une rose en mosaïque avec des décors pour certains inconnus dans la région. La datation pourrait se situer au début du xiii^e s. La bibliographie et la découverte de ce type de pavement en contexte sont relativement rares pour la région, des exemples similaires se retrouvent en Bourgogne dans un contexte cistercien ; en Normandie, seule l’abbatiale de l’abbaye Notre-Dame de Bondeville (76) a dévoilé un pavage cistercien du xiii^e s. encore en place, mais ne comportant pas de rose.

2Une étude de bâti de l’aile des convers a permis d’en restituer l’organisation interne : trois espaces composent le rez-de-chaussée, avec du nord au sud, un grand cellier à nef unique, un parloir puis un vaste réfectoire sur deux vaisseaux. La charpente, dont l’étude a été confiée à Dendrotech, montre une structure intéressante, attestant une phase de transition. Elle a pu être datée de 1398d, correspondant aux phases de reconstructions liées à la guerre de Cent Ans.