1La campagne 2013 a été consacrée à l’analyse des élévations extérieures. Le relevé pierre à pierre a été effectué sur 353 m² de murs. La tour (11,15 m × 15,15 m) est conservée sur une hauteur maximale de 12,10 m. L’état de conservation des élévations extérieures est hétérogène, mais suffisant pour comprendre les grands principes de construction qui ont été employés.

2Comme pour l’intérieur, le parement extérieur est constitué de moellons calcaires grossièrement taillés. On retrouve ponctuellement dans le parement un calcaire alvéolé et une dolomie. On remarque enfin dans les parties les plus hautes l’emploi de grès vosgien rouge, peut-être le fruit d’un remaniement. Les assises des élévations extérieures sont très régulières. Le gabarit moyen des pierres (20,2 × 8,6 cm) est sensiblement supérieur à celui des pierres du parement intérieur (18,6 × 8,3 cm). Les angles sont chaînés par du grès à Voltzia. Chaque changement de pierre dans la chaîne d’angle est souvent l’occasion de réaliser une assise de réglage.

3Le parement est très régulier, on observe quelques dédoublements d’assises dans la seconde moitié de l’élévation. Les assises de réglage sont surtout bien visibles dans le blocage. L’analyse du parement et des niveaux de réglage démontre que nous sommes face à un chantier sans standardisation, où la logique de construction est simplement conditionnée à l’arrivage des pierres. En d’autres endroits des élévations, les assises de réglage se remarquent dans le parement soit par l’emploi de pierres plus fines, soit par deux rangs plus gros de part et d’autre du niveau de réglage.

4Les trous de boulin observés sur le parement intérieur en 2012 se retrouvent sur le parement extérieur puisqu’ils sont, pour la plupart, traversants. Plusieurs sont bouchés par une ou plusieurs pierres en façade. Quatre nouveaux trous ont toutefois été comptabilisés, portant le total à 105. Leur section, carrée, avoisine toujours les 0,10 à 0,12 m, et leur ordonnancement reste très régulier.

5Les mortiers se composent principalement de sable et de nodules de chaux. À 8 m de hauteur, un négatif de végétaux imprégné dans le mortier témoigne d’un arrêt saisonnier du chantier. Enfin, un préenduit a été observé de façon très sporadique.

6La tourelle semi-circulaire mesurait 10 m de haut, pour un diamètre de 3,70 m ; accolée à la face sud, saillante de 2,40 m, elle permettait l’accès à la tour d’habitation. L’épaisseur de ses murs oscille entre 0,90 et 0,96 m ce qui ménage un espace intérieur de 1,80 m. Le gabarit des pierres des parements intérieur et extérieur est identique à celui des pierres de la tour seigneuriale avec laquelle elle est chaînée, leur construction est donc simultanée. Trois petites fentes éclairaient faiblement la cage d’escalier. La fréquence des assises de réglages varie entre 0,34 m et plus de 0,60 m ; l’étude macroscopique des mortiers permet d’identifier trois liants différents et d’observer que les niveaux de réglage sont en corrélation avec l’utilisation de mortiers spécifiques.

7Le sondage (3 × 3 m) pratiqué sous la cheminée au sein du bâtiment n’a pas permis de répondre à toutes les interrogations. Le niveau de sol composé par de la terre rouge indurée relativement plane remplie d’inclusions de charbons de bois et de chaux a été mis en évidence. Les fondations de la tour présentent un ressaut de 0,22 m de large qui se prolonge sur 0,40 à 0,50 m de profondeur jusqu’à atteindre le sol géologique calcaire. Sur les parties hautes du sondage, nous avons retrouvé une couche d’incendie où des poutres brûlées apparaissent nettement mêlées à de nombreuses tuiles plates, il pourrait s’agir des vestiges de la toiture effondrée du bâtiment.

8Le sondage a révélé un mobilier relativement pauvre. Seules les couches de remblais au-dessus du niveau de sol initial ont livré du mobilier archéologique. Quatre tessons de céramique à pâte grossière s’apparentent à des fragments de pot globulaire ou de cruche à fond lenticulaire, vraisemblablement antérieurs au xiii^e s. Un carreau d’arbalète à tête pyramidale de section carrée est typique des formes en usage aux x^e et xi^e s. L’immense majorité des tuiles découvertes sont plates. La diversité dans la typologie des trous de fixation, des ergots et du gabarit des tuiles induit réfections et remplacements au cours des siècles. Le sondage n’a livré qu’un seul fragment de tegula, dans une couche d’effondrement.

Darnieulles, élévation extérieure sud. Arrachage de la tourelle semi-circulaire.

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