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Chronique des fouilles médiévales en France en 2013
III.  – Constructions et habitats fortifiés
III 1.  – Opérations de terrain

Laval (Mayenne). Place de la Trémoille

Responsable d’opération : Samuel Chollet
p. 270-272

Texte intégral

1Dans le cadre de sa politique de mise en valeur du centre historique, la Ville de Laval a décidé en 2011 le réaménagement de la place de la Trémoille et de la cour du Château Neuf adjacente, qui constituent actuellement le cœur de l’intra-muros d’époque philippienne (6 000 m²). L’intervention éclaire d’ores et déjà d’un jour nouveau l’histoire de l’agglomération, depuis sa création au xie s. jusqu’à l’époque contemporaine.

2Trois fossés de section circulaire ont été mis en évidence dans la cour du Château Neuf et aux limites NO et SO du chantier. D’une largeur d’environ 20 m à leur ouverture, leur profondeur, supérieure à 3 m, n’a en revanche pas pu être appréciée dans le cadre du chantier. Ces fossés tendent à confirmer l’hypothèse selon laquelle le premier château de Laval s’apparente à un vaste castrum flanqué de trois mottes. L’espace ainsi délimité, devait accueillir différentes structures. Des constructions maçonnées, dont une aula, ont été mises en évidence dans les années 1980 à la pointe de l’éperon, dans la cour de l’actuel château, l’occupation de la place de la Trémoille aux xie-xiie s. consiste en constructions sur poteaux et en silos.

3Un nouveau château est bâti à partir de 1218 sous l’égide de Mathieu II de Montmorency, époux d’Emma de Laval et connétable de Philippe Auguste. De surface moindre que le précédent, il occupe la pointe de l’éperon dominant La Mayenne et son franchissement. Il se compose d’une enceinte flanquée de manière régulière par des tours semi-circulaires et d’une tour maîtresse circulaire, placée sur le tracé des remparts, mais isolée par un fossé maçonné. La fouille de la place de la Trémoille a permis de préciser la physionomie du front nord de cette place forte, notamment à travers la découverte d’une tour de flanquement et du fossé.

4À la même époque, une enceinte de ville de 1,1 km est bâtie. Au sein de la ville close, les fossés des anciennes mottes nord et ouest sont comblés pour permettre la formation d’un nouveau quartier d’habitat.

5Vers le milieu du xve s., un important programme urbain est entrepris. Une partie du quartier qui s’était développé depuis le xiiie s. dans l’ancien castrum est arasée pour l’aménagement d’une place. Au sud de cet espace, le fossé du château est alors partiellement comblé pour l’édification d’un front de maisons à pan de bois. L’étude d’une de ces dernières (fouille de son niveau de fondation et une étude archéo-dendrochronologique de sa structure) permet de dater cet ensemble bâti de la charnière entre les décennies 1460 et 1470. Enfin, un mur de clôture d’orientation N-S est dressé à travers le fossé du château afin de séparer la place créée de l’emprise de l’ancienne motte orientale qui est maintenue dans la sphère castrale.

6Cette zone située au nord du château et qui domine la rivière fait l’objet d’importants aménagements à partir de 1508 avec l’édification d’un mur terrasse sur lequel est construite une galerie de plan rectangulaire. Seul le niveau de cave de cette dernière est aujourd’hui conservé. Les profonds désordres qui ont pu y être observés pourraient expliquer le remplacement, dès 1542, de ce premier ouvrage par une nouvelle galerie de style seconde Renaissance. Cette construction, encore visible aujourd’hui et appelée couramment Château Neuf, comprend des planchers et une charpente de toit qui ont pu être datés par dendrochronologie de l’automne-hiver 1544-1545d. L’opération archéologique a également permis de préciser son élévation originelle et de constater que son mur bahut était initialement recouvert d’un décor de faux appareil sur enduit obtenu par sgraffite.

7Au lendemain de la Révolution, le Château Neuf devient le palais de justice du département de la Mayenne. Dès le début du xixe s., une aile en retour est adossée au pignon nord du monument afin de l’adapter à ses nouvelles fonctions. Au milieu du siècle, un vaste programme d’agrandissement et d’aménagement de ses abords est mené par l’architecte P.-A. Renou. La galerie est ainsi dotée d’un nouveau pavillon nord et d’une aile en retour au sud tandis que sa cour est mise de niveau avec la place de la Trémoille. Le plan de cette dernière est à la même époque régularisé par la destruction de maisons et d’une halle médiévale remplacée par une halle en fer à cheval destinée au commerce de légumes.

Laval, place de la Trémoille, emprise de l’opération et contexte monumental. 1- Vieux Château (xie-xvie s.), 2- Château Neuf (xvie s.), 3- Enceinte urbaine (xiiie-xve s.), 4- Cathédrale de la Trinité (xie-xixe s.).

Laval, place de la Trémoille, emprise de l’opération et contexte monumental. 1- Vieux Château (xie-xvie s.), 2- Château Neuf (xvie s.), 3- Enceinte urbaine (xiiie-xve s.), 4- Cathédrale de la Trinité (xie-xixe s.).
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Table des illustrations

Titre Laval, place de la Trémoille, emprise de l’opération et contexte monumental. 1- Vieux Château (xie-xvie s.), 2- Château Neuf (xvie s.), 3- Enceinte urbaine (xiiie-xve s.), 4- Cathédrale de la Trinité (xie-xixe s.).
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/9316/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 940k
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Pour citer cet article

Référence papier

Samuel Chollet, « Laval (Mayenne). Place de la Trémoille »Archéologie médiévale, 44 | 2014, 270-272.

Référence électronique

Samuel Chollet, « Laval (Mayenne). Place de la Trémoille » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 44 | 2014, mis en ligne le 15 avril 2018, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/9316 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.9316

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Auteur

Samuel Chollet

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