1Le château de Suscinio, sur le littoral, s’inscrit dans la lignée des grandes résidences ducales qui émergent à la fin du Moyen Âge en Bretagne sous l’impulsion de ducs puissants. Le château, édifié durant le second quart du xiii^e s., peut-être sous la forme d’un manoir primitif, a évolué, s’est agrandi et a été renforcé, en gardant tout ou partie des aménagements précédents. Au milieu du xv^e s., c’est un édifice composite, fruit de volontés ducales diverses. Aucune réelle étude d’ensemble du site n’ayant été menée auparavant, une fouille programmée pluriannuelle a été entreprise dans la cour du château. L’objectif de la première triennale (2013-2015) est la fouille du grand logis nord et de la cour située au-devant.

2L’intérieur du logis a révélé des aménagements conservés, ce qui renseigne sur la topographie interne du logis médiéval. Les vestiges bâtis sont relativement denses : un refend enduit chaîné au mur de courtine, une série de trois soubassements de piliers scindant la largeur du logis en deux nefs et des aménagements hydrauliques divers. Une structure de 0,8 m de largeur aux parois maçonnées, se développant dans la partie centrale du logis depuis la cour a été découverte. Il s’agirait d’un système permettant l’apport d’eau propre, en flux continu, dans cet espace du logis vraisemblablement dédié aux cuisines. Le mobilier céramique piégé dans la phase d’abandon (deux pichets-cruches à pâte blanche) permet d’abonder dans ce sens.

3L’occupation moderne du site est marquée par la présence de structures domestiques, tel le four à pain construit selon le modèle standard de ces fours bretons, de forme semi-circulaire avec voûte et sole de pierres ; il possède un pan droit pour l’installation de la gueule du four avec une réserve sous la sole. Il occupe en partie l’embrasure d’une baie à coussièges située au niveau rez-de-cour du logis. De l’autre côté de celle-ci, dans la cour, un petit atelier métallurgique se traduit par la présence d’un foyer de forge à soufflet installé sur un sol antérieur en mortier. Par ailleurs, une pièce comprenant une cheminée monumentale installée sur des maçonneries antérieures, et en lien avec un pavage en pierre a été fouillée. Ce pavage fait écho à un pavage moderne plus vaste découvert dans la cour, au-devant d’une porte percée dans le mur gouttereau. Ces aménagements semblent appartenir aux phases les plus récentes d’occupation du site (xvii^e-xviii^e s.), avant son abandon complet.

4Cette opération de fouille s’est accompagnée d’études complémentaires : relevé général de la microtopographie et de toutes les élévations extérieures du château, prospection géophysique, utilisant la gradiométrie et la résistivité électrique sur l’ensemble du front sud du site comprenant l’espace de la chapelle et la vaste prairie au SO du château, étude historique et archivistique exhaustive. Cette analyse globale permet de proposer une nouvelle vision du site.

Suscinio, plan et topographie du site.

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