1La présence d’un ensemble funéraire du haut Moyen Âge est connue à Sausheim, 31 rue des Vergers, depuis la construction d’un bâtiment à cette adresse en 1930. En 2012, des travaux dans la cave de ces locaux ont mis au jour les ossements humains d’une sépulture. La même année et à proximité immédiate, un diagnostic en préalable d’aménagements d’accès aux personnes à mobilité réduite a mis en évidence l’existence de cinq autres sépultures alignées selon un axe préférentiellement orienté E-O. L’une d’elles a été testée lors du diagnostic. Les restes de la moitié supérieure du défunt étaient perturbés par l’intrusion d’un renard dont le squelette gisait parmi les ossements humains. L’étude anthropologique a déterminé qu’il s’agissait probablement d’un homme. Il était accompagné d’un pot biconique daté du 2^e tiers du vi^e s. ou du début du vii^e s.

2Les quatre autres tombes ont été fouillées en 2013. Les fosses, de grandes dimensions, correspondaient à des chambres funéraires. Deux renfermaient les traces ligneuses d’une architecture en bois. L’une d’elles était en outre équipée à chaque angle de légers creusements qui ont pu servir à l’implantation de deux madriers supportant une couverture de bois, voire une élévation. L’organisation de l’espace de chaque tombe était de type « Morken » : les défunts, inhumés habillés tête à l’ouest, étaient allongés dans la moitié nord de la tombe, alors que la moitié sud était réservée à des dépôts alimentaires ou de mobilier. L’étude anthropologique et les accessoires vestimentaires de chacun ont permis de discriminer trois femmes et un homme. Ce dernier était accompagné d’armes (lance, épée et bouclier), d’éléments d’une ceinture équipée d’une aumônière, dont seuls subsistaient les éléments métalliques, et de deux couteaux. Les trois femmes étaient quant à elles ornées d’éléments de parures tels que des colliers de perles et portaient des châtelaines auxquelles pouvaient être suspendus des anneaux, couteaux et autres pendeloques. L’une d’elles avait à hauteur des épaules un bijou remarquable, une fibule ronde dont la partie centrale était formée d’une plaque en argent estampée d’un motif zoomorphe et le pourtour cloisonné de pierreries rouges (grenats ?). Trois peignes composites en os à double denture proviennent de la sépulture masculine et de deux sépultures féminines.

3Des offrandes funéraires avaient été déposées dans les moitiés sud de chacune des cinq tombes. Des céramiques avaient été placées dans les deux tombes masculines et dans deux autres féminines. Ces dernières comportaient également chacune un gobelet en verre. Des dépôts alimentaires, composés d’œufs et de restes de faune, avaient quant à eux été déposés dans les quatre tombes documentées lors de la fouille. Deux fusaïoles, objets typiquement féminins parfois liés à l’inhumation habillée, ont ici été retrouvées dans l’espace dédié aux offrandes, à hauteur des épaules des défuntes.

4Contrairement à la sépulture testée lors du diagnostic, le mobilier des quatre tombes ouvertes à la fouille est riche et varié. Il permet de proposer, pour chacune d’entre elles, une datation située entre le dernier tiers du vi^e s. et le début du vii^e s.