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AccueilNuméros43Chronique des fouilles médiévales...I. – Construction et habitats civ...I 1. – Opérations de terrainVire (Calvados). La Mercerie

Chronique des fouilles médiévales en France en 2012
I. – Construction et habitats civils – environnement rural et urbain
I 1. – Opérations de terrain

Vire (Calvados). La Mercerie

Responsable d’opération : Hélène Dupont
p. 196-197

Texte intégral

1La fouille concerne un site identifiable, sur le cadastre napoléonien de Neuville (1833), au hameau de la Ruaudière. Cet écart concentre une série de bâtiments appartenant à une exploitation agricole et bâtiments dispersés sur un « plant », une organisation de l’habitat couramment rencontrée dans le bocage virois. Au début du xixe s., le secteur étudié, la partie est de la Ruaudière, est un pré vide de bâtiments.

2Dans la partie ouest de l’emprise, une première occupation datée du xiie s. prend la forme d’un enclos fossoyé curviligne d’environ 700 m². Aucune structure bâtie ne lui est associée. La parcelle présente des divisions fossoyées non visibles sur le cadastre du xixe s. L’étude archéogéographique a mis en relation les limites fossoyées trouvées en fouille et l’organisation parcellaire, régulière et quadrillée, présente sur un espace compris entre la rive gauche de l’Allière et le versant nord de la barre de granite de Vire. La mise en place de la trame générale de cette organisation paraît antérieure au réseau médiéval de circulation tandis que l’abandon des fossés situés dans l’emprise semble se situer entre le xive et le xve s.

3Six bâtiments ont été dégagés : cinq sont orientés N-S, deux d’entre eux sont alignés sur un faisceau de fossés. Une première campagne de construction correspond à la création, au nord de l’emprise, d’un bâtiment quadrangulaire maçonné en moellons de schiste (12,5 m x 7,5 m), divisé en deux espaces de 41 et 15 m², auquel s’ajoute une petite cave maçonnée divisée en trois compartiments d’environ 2 m² chacun (A). La pièce principale comporte une canalisation qui aboutit à un fossé d’évacuation longeant la façade du bâtiment. La seconde pièce est interprétée comme un cellier ou une laiterie au regard de sa relation directe avec la cave située au nord et dont les compartiments sont recouverts d’un enduit au mortier hydraulique. L’idée d’une laiterie est renforcée par la présence dominante de vaisselle en grès du Mortainais-Domfrontais liée à la transformation du lait. Associée à ce bâtiment, une cour excavée et remblayée communique avec une parcelle vide de construction à l’ouest. La période d’occupation de cet ensemble se situe entre le xve et le xviie s.

4Une deuxième campagne de construction semble se situer plutôt au xvie s. : deux bâtiments sont construits en respectant l’orientation des fossés et les comblent (C, E). Un troisième bâtiment complète l’ensemble (B). Leurs dimensions et leur mode de construction semblent comparables à ceux de la première campagne de construction. Une cour excavée et remblayée de blocs de schiste est associée à ces bâtiments maçonnés dont il ne subsiste que des tranchées de récupération de murs et un lambeau de niveau de sol en terre battue. C’est surtout la fouille de la cour qui permet d’envisager une datation de l’ensemble pour les xvie et xviie s. Un cinquième bâtiment (D) est construit au centre de la parcelle, peut-être lors de cette campagne de construction. Enfin, une dernière phase permet la création d’un corps de logis à l’emplacement de celui situé au sud de l’emprise, orienté S-N. Les fondations d’une tourelle d’escalier saillante en forme de fer à cheval ont été dégagées à l’angle SO de la construction. L’orientation O-E de l’édifice appartenant à cette dernière phase correspond à celle observée par deux bâtiments encore en élévation – une boulangerie et une grange – présents sur le cadastre napoléonien dans la partie est de la Ruaudière, hors de l’emprise de la fouille. La maison à tourelle semble être occupée au moins jusqu’au début du xviiie s.

5Cette exploitation agricole dont le bâtiment d’habitation était, au xve s., plutôt situé au nord se voit donc complétée, au xvie s., par une série de bâtiments dont les fonctions précises, si elles sont sans nul doute liées à l’activité agricole, sont à ce stade indéterminées. L’habitat semble se déplacer vers le sud sans que la maison d’origine soit abandonnée : il s’agirait plutôt d’une modification de la fonction du bâtiment que d’un abandon total. Cette partie de la Ruaudière est ainsi délaissée au milieu du xviiie s. au profit de la parcelle située le plus à l’est.

6Le statut de cette ferme de moyenne importance, exploitée sans doute par un laboureur – propriétaire ? exploitant ? –, reste à déterminer. L’exploitation a une position intéressante dans le terroir de Neuville entre un micro-plateau labourable et la proximité de la rivière de la Mercerie propice au pâturage ou au pré de fauche. La ferme se place également au cœur d’un circuit d’échanges commerciaux pour d’éventuels surplus de production et de transformation du lait : de la poterie en grès produite à Ger, au marché de Vire et jusqu’à Isigny pour la production de beurre, activité centrale du bocage normand durant l’époque moderne.

Vire, la Mercerie, plan général des vestiges.

Vire, la Mercerie, plan général des vestiges.

Vire, la Mercerie, cave à compartiments du premier bâtiment d’habitation, vue du nord (xve-xviie s.).

Vire, la Mercerie, cave à compartiments du premier bâtiment d’habitation, vue du nord (xve-xviie s.).

Cl. H. Dupont-Inrap

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Table des illustrations

Titre Vire, la Mercerie, plan général des vestiges.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/9935/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 461k
Titre Vire, la Mercerie, cave à compartiments du premier bâtiment d’habitation, vue du nord (xve-xviie s.).
Crédits Cl. H. Dupont-Inrap
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/9935/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 891k
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Pour citer cet article

Référence papier

Hélène Dupont, « Vire (Calvados). La Mercerie »Archéologie médiévale, 43 | 2013, 196-197.

Référence électronique

Hélène Dupont, « Vire (Calvados). La Mercerie » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 43 | 2013, mis en ligne le 15 mai 2018, consulté le 14 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/9935 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.9935

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Responsable d’opération

Hélène Dupont

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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