Exploitation du grès
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Site
Sauchy-Lestrée/Marquion
Pas-de-Calais
Date
2010
Superficie
156 hectares
1Les 70 kilomètres de tranchées de diagnostic effectués sur l’emprise de la future plateforme multimodale permettent d’appréhender l’évolution d’un pan de terroir depuis la période néolithique jusqu’à nos jours (constructions du néolithique final, monuments funéraires de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer, habitats et fermes laténo-romaines avec leurs voiries, leurs systèmes parcellaires et leurs lieux de sépulture). Ce choix des populations de s’implanter sur le long terme dans cette zone semble reposer (en dehors des aspects purement topographiques) sur le caractère attractif des imposants tertres de l’âge du Bronze coiffant des tombes de parfois plus de 50 mètres de diamètre qui ont dû être des éléments très marquants dans le paysage ; phénomène bien identifié ailleurs, notamment dans la région d’Arras. Un des autres critères de sélection de ce lieu de vie serait la présence d’une roche sédimentaire exploitée depuis fort longtemps dans cette région : le grès. Cette pierre abrasive assez facile à extraire se trouve sur le site de manière naturelle puisqu’elle est l’une des composantes des formations de sables tertiaires qui contiennent des plaquages gréseux, ici, les fameux « grès landéniens ».
2À ce jour, plus de 200 fosses d’extraction de grès ont été recensées sur les 18 sites archéologiques de la plateforme (3 autres sites seront fouillés l’année prochaine) [ill. 1]. Ces fosses présentent des tailles variables et procèdent à l’évidence de modes d’extraction variés et diachroniques. On trouve de nombreuses fosses rectangulaires à parois droites comblées par des centaines d’éclats de taille, mais également des creusements plus irréguliers, réalisés au gré de la forme et de la taille des dalles ou des massifs gréseux [ill. 2].
1. Fosses d’extraction de grès (en beige) sur les communes de Marquion et Sauchy-Lestrées.
DAO : Sylvain Rassat, Inrap.
2. Fosse d’extraction de grès, dont le comblement est composé d’une grande quantité d’éclats de taille délaissés par les exploitants.
Le contexte chronologique est ici difficile à préciser mais pourrait être antérieur à l’Antiquité.
Photo : M. Talon, Inrap.
3L’exploitation initiée ici depuis la fin du néolithique s’intensifie au cours de la période gallo-romaine. On trouve du grès sous formes d’éclats ou de blocs dans les fondations des maisons, des bâtiments domestiques et/ou voués au stockage, dans le parement des caves, dans les radiers de fondations des édifices thermaux, dans les murs d’enceinte …. L’extraction du matériau, que l’on peut estimer ici à plusieurs dizaines de tonnes, s’effectue directement sur place comme l’attestent les centaines de fosses regroupées au sud des occupations et concentrées directement au contact des espaces habités. Ces éléments architecturaux sont réutilisés dès l’Antiquité tardive, notamment dans le village mérovingien de Bourlon (en cours de fouille), distant d’environ un kilomètre. À partir du Moyen Âge, le grès est abondamment utilisé pour les revêtements des voies dans toute la région Nord Pas-de-Calais pour assurer le « confort » et la pérennité des routes. Ainsi, la voie gallo-romaine reliant les deux établissements agricoles (encore en usage aujourd’hui) est maintes fois réparée avant de recevoir, à l’époque moderne, un revêtement de pavés de grès. Au Moyen-âge, les briseurs de grès étaient surnommés « croqueteux », vocable qui provenait, par onomatopée, du bruit que faisait les marteaux contre la pierre. Ces travailleurs formaient une véritable communauté dans le Douaisis. Ils opéraient dans des carrières à ciel ouvert ou après avoir sondé le sol à la barre à mine et réalisé des tranchées de reconnaissance, ils débitaient les blocs à l’aide de pics. Les éclats de taille étaient soit abandonnés directement sur le lieu d’extraction, soit revendus aux « cauchieurs » pour le pavage des routes. En général, l’extraction se déroulait l’hiver pendant la saison où la majeure partie des travaux agricoles était fortement ralentie. L’histoire du grès s’achève, d’ailleurs, il y a seulement quelques années à Sauchy-Lestrée Marquion puisque les hommes exploitaient sur cette zone cette pierre pour le pavage des routes dont certaines portions font aujourd’hui l’objet de toutes les attentions pour assurer le succès des courses cyclistes comme le Paris-Roubaix, le célèbre « Enfer du Nord » [ill. 3].
Table des illustrations
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| Titre | 1. Fosses d’extraction de grès (en beige) sur les communes de Marquion et Sauchy-Lestrées. |
| Crédits | DAO : Sylvain Rassat, Inrap. |
| URL | http://journals.openedition.org/archeopages/docannexe/image/17639/img-1.png |
| Fichier | image/png, 414k |
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| Titre | 2. Fosse d’extraction de grès, dont le comblement est composé d’une grande quantité d’éclats de taille délaissés par les exploitants. |
| Légende | Le contexte chronologique est ici difficile à préciser mais pourrait être antérieur à l’Antiquité. |
| Crédits | Photo : M. Talon, Inrap. |
| URL | http://journals.openedition.org/archeopages/docannexe/image/17639/img-2.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 800k |
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| Titre | 3. Portion de route pavée de grès empruntée lors de la course cycliste Paris-Roubaix. |
| Crédits | Photo : Gilles Prilaux, Inrap. |
| URL | http://journals.openedition.org/archeopages/docannexe/image/17639/img-3.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 775k |
Pour citer cet article
Référence papier
Gilles Prilaux, « Exploitation du grès », Archéopages, 33 | 2012, 104-105.
Référence électronique
Gilles Prilaux, « Exploitation du grès », Archéopages [En ligne], 33 | 2011 [2012], mis en ligne le 08 avril 2024, consulté le 12 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeopages/17639 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeopages.17639
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