- 1 Sous la direction d’Alban Horry, Inrap, en septembre 2015.
1La fouille archéologique préventive réalisée au lieu-dit le Puisoz à Vénissieux (Rhône)1 a permis d’étudier un mobilier très abondant provenant d’un grand dépotoir collectif [ill. 1] mis en place entre 1927 et 1930 lors de l’abandon et du comblement d’un ancien fossé défensif de la fin du XIXe siècle (Horry, Brouillaud, Constantin, 2016). L’étude de cet assemblage singulier permet d’avoir une approche à la fois sociale, culturelle et économique d’une société de consommation en cours de développement. Les objets découverts constituent de véritables morceaux choisis du quotidien en Lyonnais pendant, notamment, les Années folles [encadré]. Au sein de ces objets, une part non négligeable révèle la production locale et livre des informations précieuses sur la consommation d’alcool au début du XXe siècle. Bouteilles en verre, pichets en grès, pyrogènes ou encore vaisselles de bistrot constituent alors les éléments pour aborder l’analyse des habitudes des consommateurs lyonnais et mettre en évidence quelques spécificités.
1. L’échantillon représentatif de mobilier archéologique prélevé sur la fouille est constitué de plus de 35 000 restes de céramiques et 3 600 restes d’objets en verre, dont la chronologie est comprise entre 1850 et 1930.
Cet ensemble constitue un référentiel significatif pour la connaissance de la culture matérielle régionale à la période contemporaine. Les objets sont l’illustration de la vie domestique (cuisine, alimentation, boisson, manières de table, jeu, hygiène, santé...) ou commerciale (brasseries lyonnaises, restaurants, pharmacies…).
R. Étienne, Item, Inrap
Convivialité et morale dans les assiettes
Au sein des milliers de tessons de faïence fine découverts dans le dépotoir, une part est constituée de fragments à décor imprimé issus des manufactures de Sarreguemines, Gien ou Choisy-le-Roi. Certains appartiennent à une catégorie dénommée « assiettes parlantes », très en vogue dans la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle. Ils font partie de séries qui mettent en scène la vie quotidienne, notamment la consommation d’alcool. Si certains de ces « morceaux choisis » illustrent la convivialité à la maison (a, b, c, d, e) ou en contexte militaire (e), d’autres sont plus dramatiques (d) ou issus d’assiettes moralisatrices. Dans cette catégorie, un fragment de marli (f) représente une bouteille d’absinthe, une de vermouth, un verre à absinthe, des dés et des objets destinés au jeu. Ce tesson provient d’une série consacrée à l’épargne (manufacture de Choisy-le-Roi) où la consommation d’alcool et le jeu sont présentés comme néfastes.
1 [encadré]. Tessons d’assiettes du XIXe siècle issus d’opérations archéologiques menées dans la région lyonnaise.
![1 [encadré]. Tessons d’assiettes du XIXe siècle issus d’opérations archéologiques menées dans la région lyonnaise.](docannexe/image/5608/img-2-small480.jpg)
A. Horry, Inrap
- 2 Quantité d’alcool contenue dans un liquide et exprimée en pourcentage dans une boisson ou en gramme (...)
2De nombreux contenants et objets découverts lors de la fouille sont intimement liés à la consommation d’alcools divers dans la métropole lyonnaise, entre la fin du XIXe siècle et les trente premières années du XXe siècle. La lecture des chiffres et statistiques concernant Lyon ou le reste de la France révèle des aspects parfois singuliers et l’impact de l’alcool sur la société. Il semble utile ici de présenter quelques données chiffrées essentielles pour contextualiser les éléments archéologiques du dépotoir de Vénissieux : entre 1830 et 1900, le nombre de débits de boissons en France passe de 282 000 à 435 000 (Bernard, 1984). En 1873, la consommation de vin par habitant (moyenne française) est de 119,2 l par an ; elle est de 188 l pour le Rhône et la ville de Lyon (Quétel, Simon, 1988). La consommation d’alcool à 100° par habitant est de 2,84 l (moyenne française) ; elle est de 2,33 l en moyenne à Lyon et pour le département du Rhône (Quétel, Simon, 1988). En 1895, la consommation d’alcool pur2 est de 1 500 000 hl en France, ce à quoi il faut ajouter une consommation de vin représentant 3 900 000 hl d’alcool pur (soit un total de 5 400 000 hl d’alcool pur) (Delahaye, 1988) ; entre 1901 et 1910, 17 l d’alcool pur sont consommés en France, par personne et par an (contre 15 l en Italie, 12,5 l en Belgique, et 11,5 l en Suisse) (Berlivet, 2007).
3Ces données constituent une sorte de constat sur ce que l’on connaît de Lyon et de sa région. Elles permettent par ailleurs de mettre en avant une consommation d’alcool excessive aux alentours de la fin du XIXe siècle, en totale inadéquation avec les législations d’aujourd’hui où la modération est largement instituée.
4Au sein du très abondant mobilier en verre prélevé lors de la fouille, la profusion de bouteilles portant des marques de bière indique, entre autres, la place de l’activité brassicole à Lyon, entre la fin du XIXe et le tout début du XXe siècle [ill. 2], qui est quelque peu oubliée aujourd’hui. Cette boisson étant traditionnellement attribuée aux « pays de l’Est », il pouvait paraître surprenant d’avoir une production lyonnaise très importante.
2. Aux côtés des productions lyonnaises, le dépotoir a révélé nombre de bouteilles qui témoignent aussi de la circulation de bières d’origines diverses.
Bières régionales ou étrangères comme par exemple celles fabriquées à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Saint-Étienne (Loire), Gannat (Allier), Melun (Seine-et-Marne), Vienne (Isère), Schiltigheim (Bas-Rhin) ou encore la bière de Munich en Bavière, commercialisée par un distributeur lyonnais.
A. Horry, Inrap
5De nombreux brasseurs cohabitent alors dans la ville ou dans sa périphérie. Si certains d’entre eux, d’origine allemande, se sont installés dans la ville dès le XVIIIe siècle (Thinon, 2016), l’annexion de l’Alsace-Moselle par la Prusse en 1871 va engendrer un flux migratoire, et des familles de brasseurs trouvent refuge en région lyonnaise. Parmi les objets les plus récurrents dans le dépotoir de Vénissieux, on mentionnera les bouteilles monogrammées « BG » ou qui portent la mention « CETTE BOUTEILLE EST INVENDABLE PROPRIETE DE LA BRASSERIE GEORGES » [ill. 3]. Ces vestiges mobiliers sont les témoins de l’histoire de la célèbre brasserie Georges, créée à Lyon en 1836 par Georges Hoffherr. Cette adresse côtoie d’autres enseignes localisées dans la ville : Béledin et Radisson créée en 1871, Winckler créée en 1878, Rinck fondée en 1885, les Brasseries de la Méditerranée Velten connues dès 1881 ou encore les Brasseries et Malteries de Vaise, fondées en 1897 [ill. 4].
3. Plusieurs objets, en particulier des bouteilles de bière, ont permis d’identifier une des plus célèbres brasseries de Lyon, la Brasserie Georges.
Des pichets tronconiques en grès qui portent les initiales H ou GH (Hoffher ou Georges Hoffher, manufacture de Pont-des-Vernes, en Saône-et-Loire) ainsi que des assiettes en porcelaine font partie des vaisselles utilisées dans le restaurant.
A. Horry, Inrap
4. Cette affiche de Géo Blott datée de 1896 est une publicité pour les Brasseries et Malteries lyonnaises.
Puissante entreprise d’une capacité de brassage de 30 000 hl annuels et localisée dans le quartier de Vaise. Une production industrielle remplace alors progressivement la production artisanale des années 1830-1860.
Bibliothèque municipale de Lyon (AffM0345)
6La production, le commerce et la consommation de bière explose donc à partir de cette époque. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, une douzaine de brasseries artisanales assurent la production (André, 2006, p. 18-19). Les bières lyonnaises sont qualifiées de fortes et elles sont ambrées ou brunes. En fin de siècle (1892), 66,6 % des bières bues à Lyon y sont brassées (Thinon, 2016) et leur succès participe amplement à la montée de l’alcoolisme dans la métropole. Enfin, la présence récurrente d’une étoile à six branches, gravée sur les bouteilles, associée aux marques de bière découvertes à Vénissieux complète les informations sur l’activité brassicole [ill. 5].
5. L’hexagramme présent sur cette bouteille de bière de la Brasserie Georges est une représentation de l’Étoile des brasseurs, signe alchimique qui remonte au XVe siècle.
La plus ancienne représentation iconographique de ce symbole, conservée à la Bibliothèque nationale de Nuremberg, date de 1428. On lui attribuait un pouvoir prophylactique sur la préparation de la bière.
A. Horry, Inrap
- 3 Le dépotoir de Vénissieux a livré une quantité très importante de bouteilles de vins divers, sans d (...)
7Les marques Cusenier, Pernod Fils ou Gde Absinthe C.P & Cie [ill. 6] mises en évidence sur les bouteilles issues du site du Puisoz permettent d’évoquer l’alcool le plus populaire de cette fin de XIXe et début du XXe siècle : l’absinthe, inventée en Suisse à la fin du XVIIIe siècle et utilisée initialement comme élixir thérapeutique. Le major Dubied et son gendre Henri-Louis Pernod rachètent la formule et créent la première fabrique d’absinthe en 1798 à Couvet en Suisse (Delahaye, 1988). L’élixir sera désormais distillé pour devenir une boisson apéritive ; la première distillerie française est fondée en 1805 à Pontarlier (Doubs) sous le nom de Pernod Fils (Delahaye, 1988). Dès la seconde moitié du XIXe siècle, l’absinthe rencontre un vif succès dans le milieu intellectuel et artistique de la capitale et devient l’alcool à la mode. De Degas à Verlaine en passant par Toulouse-Lautrec ou Apollinaire, tous ont contribué au succès de cette boisson désormais baptisée « la fée verte » [ill. 7]. Entre 1870 et 1910, la consommation de l’absinthe en France explose. Elle passe de 7 000 hl en 1874 à 360 000 hl en 1910 (Delahaye, 1988). La ville de Marseille détient le record de consommation avec 3 l d’absinthe pure par an et par habitant. Elle est suivie de près par les départements du sud de la France et Paris avec 2,5 l par habitant. Vu le succès rencontré, les fabriques se multiplient et la ville de Pontarlier compte à elle seule 25 distilleries en 1905 (Delahaye, 1988). Malgré les idées reçues, sa consommation reste donc très localisée ; elle concerne le sud de la France, les départements franc-comtois et la capitale. La région lyonnaise ne connaît pas cet engouement en raison, surtout, de sa forte production de vin3. Le faible nombre de bouteilles d’absinthe découvertes dans le dépotoir constitue probablement un bon indicateur.
6. La consommation d’absinthe apparaît au travers de plusieurs bouteilles mais aussi sur tous les supports publicitaires de l’époque comme les pyrogènes ou porte-allumettes présents sur les comptoirs de bistrots et brasseries.
Deux d’entre eux découverts à Vénissieux évoquent les marques Berger et Absinthe Quenot Paris 1889.
A. Horry, Inrap
7. Outre les bouteilles de bière et de vin, le dépotoir a mis en évidence la présence de nombreux contenants ou objets qui illustrent l’essor des boissons spiritueuses « composées ».
Cette liste de produits ne représente qu’une petite proportion de toutes les boissons de ce type commercialisées alors aux côtés de boissons spiritueuses « simples » comme le rhum par exemple.
Inrap
8Très vite, l’absinthe devient la cible du mouvement antialcoolique de la fin du XIXe siècle. Cette boisson titre à cette époque entre 68 et 72°. La « fée verte » devient « l’alcool qui rend fou », accusée de tous les maux, de l’aliénation à la criminalité en allant jusqu’à la tuberculose ! (Petitpierre, 1871). La ligue antialcoolique obtiendra plus tard gain de cause, puisque, le 16 mars 1915 (Raymond Poincaré est alors président de la République et Aristide Briand est garde des sceaux), le parlement français promulgue la loi « d’interdiction de fabrication, de vente en gros et au détail, ainsi que de la circulation de l’absinthe et des liqueurs similaires ». Cette loi vise l’absinthe et ne concerne aucun autre spiritueux ou vins, très abondamment consommés à l’époque, et qui engendraient pourtant les mêmes pathologies. L’absinthe a-t-elle aussi été victime du lobby des vignerons français, qui avaient à lutter contre la grave épidémie de phylloxéra depuis 1864 ? On sait aujourd’hui que les ravages provoqués par cette boisson étaient surtout dus à une consommation trop forte, à un degré d’alcool trop élevé et non pas à l’absinthe en tant que plante. Près de 100 ans après son interdiction, la fabrication, la commercialisation et la consommation d’alcool d’absinthe sont de nouveau autorisées en France, depuis le 17 mai 2011.
9L’abondante publicité pour l’alcool entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle peut paraître aujourd’hui surprenante. Présentes dans tous les journaux, sur les nombreuses affiches placardées dans les rues et dans tous les débits de boisson, ces publicités vantaient très étonnamment les bienfaits de l’alcool et de certaines préparations. Le célèbre Coca Mariani, mais aussi le Kola Monavon de Lyon (vin médicinal) ou certains alcools de moines (Bénédictine, Chartreuse, Arquebuse) étaient autant vendus en pharmacie que dans les bistrots. On leur attribue alors les vertus les plus diverses. Ainsi, le vermouth Dubonnet était antipaludéen, le Cointreau avait des vertus toniques et digestives, la liqueur La Raphaëlle était apaisante avec des bienfaits stomachiques, les quinas Mugnier, Bonnal ou Brunier étaient fébrifuges. L’apéritif le Saint-Raphaël a quant à lui été inventé en 1830 par un médecin, le docteur Adhémar Juppet. La publicité le recommandait aux vieillards, aux convalescents, et aux anémiques ! La devise présente sur l’affiche publicitaire de la liqueur du Père Kermann, fabriquée à Bordeaux vers 1900, est très explicite : « Avec une morale saine et une hygiène rationnelle, l’homme ne meurt que de vieillesse ». De nombreuses bouteilles en grès issues du dépotoir révèlent l’importance et le succès remporté aussi par les liqueurs digestives à base de plantes. De la mignonette jusqu’à la grande bouteille [ill. 8a], l’Elixir Gaulois [ill. 8b] occupe une place de choix aux côtés de produits importés dont certains des Pays-Bas comme les genièvres d’Amsterdam et Rotterdam. Les produits fortement alcoolisés sont vendus jusque dans des commerces de santé. On le voit par exemple sur une photographie, vers 1910, de la devanture de la pharmacie Gabriel Villard à Grenoble, où est vendue la fameuse Chartreuse « Spécialités hygiénistes et médicinales des Pères Chartreux » (Steinmetz, 2006, p. 58), alcool qui titre tout de même à 55°. On sait aujourd’hui que toutes ces boissons étaient avant tout consommées pour leur forte teneur en alcool, beaucoup plus que pour leurs réelles vertus médicinales, quelque peu contestables. Le Coca Mariani en est l’un des exemples les plus significatifs (Helfand, 1980) et sa forte représentation au sein des bouteilles mises au jour lors de la fouille mérite d’être signalée (Brouillaud, Horry, 2016, p. 75-76). Inventée par Angelo Mariani (1838-1914) et produite entre 1874 et 1910, cette préparation à base de vin de Bordeaux et de feuilles de coca rencontra un tel succès qu’elle fut exportée dans le monde entier. Appréciée des milieux politiques, artistiques et intellectuels, elle fut consommée avant tout pour ses vertus enivrantes et hallucinogènes. Pourtant les publicités de l’époque, sous couvert d’un célèbre professeur en médecine, vantaient les bienfaits de cette boisson, pour le système nerveux, pour le larynx, et recommandaient un verre de Coca Mariani après chaque repas pour les enfants !
8. En 1895, la maison Fillion, implantée dans le quartier de Vaise à Lyon, commercialise sa nouvelle liqueur « l’Elixir Gaulois » avec le thème du Gaulois très utilisé à la fin du XIXe siècle.
(a). Les bouteilles en grès (b) aussi représentées sur l’affiche portent une marque qui permet de les distinguer des contenants de ce type dont l’identification est parfois difficile en raison de la disparition des étiquettes. Ces bouteilles, dont une grande partie est issue d’ateliers localisés dans la vallée du Rhône ou en Bourgogne, ont parfois eu une seconde vie comme bouillotes.
a) A. Horry, Inrap ; b) Bibliothèque municipale de Lyon (AffG0134)
10Très vite, sans doute sous l’impulsion des mouvements hygiénistes, les méfaits de l’alcool sont également mis en avant et souvent associés à la démence. Ainsi, entre 1874 et 1876 en France, 14,36 % des « cas de folie » sont associés à l’alcoolisme (Quétel, Simon, 1988). Le pourcentage moyen pour la ville de Lyon et le département du Rhône atteint 24,14 % (soit un interné sur quatre). Il est l’un des plus hauts de France (Quétel, Simon 1988). La très forte consommation de tous ces produits « ambigus » a largement contribué aussi à l’augmentation de l’alcoolisme (notamment infantile) en France durant cette période. Il faudra attendre le milieu des années 1950 pour que Pierre Mendès-France commence à lutter, non sans opposition, contre la consommation abusive de l’alcool, notamment chez les enfants.
11Le mobilier archéologique étudié à Vénissieux a permis en outre de révéler la présence d’ustensiles très particuliers dont l’utilisation est bien sûr amplement liée à la consommation d’alcool. Certains portent le nom des nombreux spiritueux, vins ou boissons apéritives de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, période où règnent les quina, quinquina, Vraikina et autres. Ces alcools sont illustrés évidemment par les bouteilles, les carafes en grès cérame, mais sont surtout attestés sur les nombreux pyrogènes (Delahaye, 2013) découverts dans le dépotoir [ill. 9a, c, d]. L’iconographie ne manque pas d’exemples de représentations de ces objets qui partagent la table avec les verres à absinthe, coupelles en porcelaine, carafes en verre ou encore bouteilles siphons. Les œuvres de Jean Béraud (1849-1935) sont parmi les plus marquantes avec ses fameuses « scènes de café », mais on peut aussi citer Edgar Degas, Édouard Manet ou encore André Devambez (1867-1944) avec son tableau Les Incompris (Musée de Quimper). Les pyrogènes sont également des supports publicitaires très usités, parmi lesquels deux grandes catégories ont pu être mises en évidence : une première livre foule de noms de boissons et spiritueux et une seconde fait la publicité de grossistes (que l’on appelle aussi porcelainiers) en verres, porcelaines ou fournitures pour hôtels, restaurants et cafés. Ils sont réalisés la plupart du temps en porcelaine dure, mais aussi en faïence fine ou en grès cérame. Ils partagent la table des bistrots avec les tasses à café très particulières en porcelaine, les brûlots, les coupelles de prix (coupelles en porcelaine qui portent le montant de l’addition sur le bord) (Bertin, 2010, p. 103) ou encore des coupelles publicitaires en barbotine [ill. 9b].
9. La publicité est en plein essor en ce début de XXe siècle et contribue amplement à la diffusion et à la consommation des boissons alcoolisées. Des supports très divers sont alors utilisés.
On le voit en particulier sur les pyrogènes (9a, c, d), mais aussi sur ce vide poche publicitaire (9b) en barbotine qui porte le nom d’une grande marque de champagne.
A. Horry, Inrap
12L’étude des objets découverts dans le dépotoir de Vénissieux, encore en cours, livre quelques enseignements et permet donc d’illustrer des aspects divers liés aux boissons alcoolisées et à leur consommation à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Leur présence en abondance témoigne de l’importance qui leur est accordée à l’époque dans le quotidien lyonnais à l’instar des autres régions de France. L’analyse exhaustive de l’assemblage fournira des éléments significatifs sur la culture matérielle en pleine période contemporaine.
![1 [encadré]. Tessons d’assiettes du XIXe siècle issus d’opérations archéologiques menées dans la région lyonnaise.](docannexe/image/5608/img-2-small580.jpg)
