• 1 Sous la responsabilité de L. Beuchet, Inrap, d’août 2014 à février 2015.

1L’utilisation du détecteur de métaux sur les opérations de fouille et de diagnostic est généralisée en Bretagne depuis une dizaine d’années. Toutefois, l’abondance inhabituelle de mobilier métallique dans des niveaux humides lors de la fouille de la place Saint-Germain, à Rennes1, nous a amené à mettre en place un protocole particulier de détection systématique. Ceci s’est révélé particulièrement utile pour la datation et la compréhension d’une occupation courte et très remarquable de la rive droite de la Vilaine. Une des particularités du terrain était sa situation en contexte urbain et en bordure de la Vilaine, qui a entraîné une accumulation de dépôts d’origines anthropique et naturelle, assimilables à des terres noires, sur une forte épaisseur (plus de 1 m) en milieu resté humide.

• 2 Étude Nicolas Portet, LandArc.
• 3 CNRS, UMU 6273 « CRAHAM ».

3Plus de 530 objets métalliques ont été recueillis dans ces niveaux2 [ill. 1-2]. Les résultats sont évidemment spectaculaires concernant la numismatique, d’abord, avec un lot de 68 monnaies datables des X^e-XIII^e siècles, dont certaines inédites. On connaît l’importance de l’approche statistique dans la composition des assemblages monétaires et la bonne représentativité des lots étudiés grâce à l’utilisation du détecteur a été fortement soulignée par Thibault Cardon3, chargé de l’étude. Certains objets renseignent sur le trafic sur le pont enjambant ces prairies : pièces de harnachement, éléments de charrettes, enseignes de pèlerin. D’autres types d’objets sont en rapport avec l’occupation en bordure de voie (habitat et artisanat) qui se développe du XII^e au XIV^e siècle : couteaux, gaffes de batellerie, miroir de poche, cuiller notamment, mais également de petits éléments indécelables sans le détecteur, dont plusieurs dents de peignes textiles et d’alènes. Un lot attire particulièrement l’attention par son ampleur (près de 200 objets), la grande homogénéité de sa datation dans la seconde moitié du XI^e siècle et la prédominance des éléments équestres (fers d’équidé, mors, éperons, étriers) et d’armement (pointes de javelines, haches de combat, pointes de flèche, fragments d’épée, plaques de broigne notamment). Le positionnement de ces éléments dans une stratigraphie riche, parfaitement datée par de nombreuses analyses dendrochronologiques et le recoupement avec l’étude des sources documentaires a permis de mettre en évidence le stationnement temporaire d’une troupe en lien avec une fortification comtale entre 1066 et 1077.