1L’usage du détecteur ne s’est généralisé que depuis une dizaine d’années chez les archéologues en Auvergne, toutes institutions confondues. À l’exception de rares collègues maniant le détecteur ou collaborant avec de « bons » prospecteurs, la défiance vis-à-vis de cette pratique était telle que celle-ci était simplement « diabolisée », absente dans les prescriptions, dans les discussions et les publications.

3L’emploi du détecteur a été réalisée lors du décapage, puis, de façon occasionnelle, lors de décapages complémentaires et lors d’enlèvements de remblais de démolition comblant les bâtiments, lors des trois fouilles sur des surfaces d’environ 1 000 m² pour les deux premières et 2 000 m² pour la troisième. Les occupations étudiées sont antérieures au XIII^e siècle et réparties sur une double pente peu prononcée. La partie haute – emprise des deux premières fouilles – est pourvue d’une faible sédimentation recouvrant le substrat marno-calcaire. Seules les structures en creux (bâtiments, silos, fosses, structures parcellaires) sont conservées : 93 objets y ont été recueillis. Les objets trouvés en détection proviennent essentiellement des colluvions situés sous une couche de 20 cm située sous la terre végétale et du remblaiement du bâtiment excavé enlevé à la pelle mécanique. La partie en bas de pente – emprise de la dernière fouille – a livré 287 objets, dont 72 par la détection. Elle est occupée par quatre bâtiments, des structures en creux de même type que dans la partie haute, mais également par un cimetière de 350 tombes (VII^e-IX^e siècle), dépourvues de mobilier. La stratigraphie est logiquement plus développée et plus complexe. Si le passage du détecteur sur les coupes stratigraphiques et sur les structures en cours de fouille s’est révélé décevant, l’utilisation de cet outil sur les colluvions s’est une fois de plus révélée positive. L’intérêt de récupérer des objets dans des niveaux postérieurs aux occupations – ici des colluvions – ne va pas de soi. Ils ne sont pas hors stratigraphie stricto sensu, mais leur situation, déconnectée des occupations anciennes, ne vaut a priori guère mieux. Ces artefacts sont mélangés et appartiennent à des périodes diverses dont l’époque contemporaine ; il n’est pas toujours aisé de les dater, certains d’entre eux gardant la même forme sur le temps long. Comment assurer dans ce cas un lien crédible avec les occupations anciennes sous-jacentes ? La forte probabilité de l’appartenance à une occupation sous-jacente ne pourra être proposée qu’au cas par cas à partir des données intrinsèques de l’objet et des relations avec le mobilier en contexte stratigraphique, en collaboration bien sûr avec le spécialiste du mobilier métallique. Parmi les objets de l’instrumentum découverts, plusieurs ensembles sont à distinguer.

4Le premier est constitué de quatre spatules à biliaires et trois fiches à bélière, trouvées dans les comblements d’un bâtiment excavé et de fosses silos. Les fiches à bélière sont relativement fréquentes durant le haut Moyen Âge, aussi bien en contexte funéraire qu’en contexte d’habitat. Leur fonction, objet de plusieurs hypothèses (outil de vannerie, de chirurgie…), n’est toutefois pas clairement établie ; en revanche la dimension polyvalente de l’outil est assurée. Les spatules sont plus rares. Celles de Riom sont munies d’une bélière perpendiculaire au plat du tranchant [ill. 1]. Notons que c’est la première attestation régionale de ce type de mobilier, qui pourrait éventuellement être associé à la pratique de la viticulture ( ?), une des rares activités avérée sur le site par l’association de pépins et de charbon de vignes.

1. Les spatules de Saint-Don.

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Ces outils, connus dès l’époque antique, plus rarement au haut Moyen Âge, sont supposés être utilisés pour le travail de matériaux plastiques (cire, argile, voire mortier). Nous n’avons en tout cas aucune trace d’activité de potier ou de bronzier sur le site.

F. Gauthier, Inrap

5On peut mentionner également les 13 agrafes à double crochet trouvées lors de la troisième fouille, alors qu’aucune n’avait été repérée dans la partie haute lors des deux premières interventions et qu’aucune n’a été récupérée dans le comblement des structures en creux. Légères, elles peuvent se décrocher facilement du vêtement et être déplacées par les bioturbations. Synchrones avec la fourchette d’occupation du village, elles participaient clairement à l’habillement des habitants du site. Les objets découverts présentent également l’intérêt de documenter des secteurs extérieurs à l’emprise. Ainsi à Riom, certains objets proviennent logiquement de terrains situés plus haut dans la pente, où l’on suppose la présence de vignes.

6Enfin, certaines monnaies, hors contexte, attestent l’utilisation d’émissions de certains seigneurs régionaux : l’évêque de Clermont et l’évêque du Puy au sud, mais également le prieur de Souvigny et le comte de Nevers au nord pour les phases d’occupation médiévales les plus récentes. Des monnaies carolingiennes sont également présentes, en particulier une obole uniface de Charlemagne frappée à Melles qui constitue l’exemplaire le plus méridional attesté à ce jour.

7En résumé, s’il n’y a pas à Saint-Don d’objets « extraordinaires », les artefacts recueillis en quantité grâce à l’utilisation du détecteur contribuent à documenter significativement la vie quotidienne, les activités et les échanges.