• 1 Le diagnostic a été mené sous la direction de C. Beurion entre mai et août 2014.

1Nous avons fait appel au détecteur de métaux lors de travaux archéologiques menés en 2016 à Saint-Riquier-ès-Plains et Ocqueville (Seine-Maritime), communes localisées dans le pays de Caux à quelques kilomètres du bord de mer. Les parcelles concernées par les travaux d’aménagement d’un terrain de golf couvrent 75 ha et s’étendent sur un plateau à couverture limoneuse et des versants boisés, incisés à l’ouest par la vallée de la Durdent. Cette vaste surface a fait l’objet d’un diagnostic qui a révélé une succession d’installations humaines témoignant d’une longue tradition agricole sur ces parcelles1. Dès La Tène moyenne/finale, cet espace est ainsi fortement structuré autour de plusieurs enclos dont un perdure et évolue jusqu’à la seconde moitié du IIe ou le début du III^e siècle de notre ère. Divers aménagements agraires médiévaux et modernes témoignent également d’une exploitation agro-pastorale aux époques plus récentes. Cette pratique se maintient jusqu’à nos jours, avec pour seule interruption la période de la seconde guerre mondiale. Il persiste en effet des vestiges liés aux diverses installations militaires réalisées à partir de 1939 lorsque ce secteur géographique devient un point stratégique, entraînant la construction d’un terrain d’aviation sur la commune voisine de Paluel.

• 2 Fouille du 27 juillet au 20 novembre 2015 et suivi archéologique des travaux du 29 mars au 20 avril (...)

2La prescription archéologique a été établie dans la perspective d’une fouille exhaustive couvrant une superficie totale de 25 ha répartie sur quatre secteurs indépendants. Cependant, elle offrait la possibilité à l’aménageur de mettre en œuvre des mesures conservatoires sur une partie des zones prescrites, à savoir une modification des cotes de terrassement prévues dans le projet d’aménagement. Cette option a été retenue et seuls trois secteurs cumulant une superficie de 5,3 ha ont fait l’objet d’une fouille exhaustive2. Ailleurs les travaux se sont limités à l’enlèvement de la terre végétale sous surveillance archéologique, en amont des aménagements paysagers. Dix-sept secteurs, couvrant une superficie de près de 7 ha, ont ainsi fait l’objet d’une telle approche technique [ill. 1]. L’archéologue en charge de cette surveillance était muni d’un détecteur de métaux – outil en effet indispensable pour extraire un maximum d’artefacts de la couche superficielle, souvent délaissée et rapidement évacuée lors des travaux archéologiques habituels alors qu’elle est susceptible de renfermer du mobilier en rapport avec l’histoire du site. La découverte de structures archéologiques nous paraissait, au départ, peu probable lors de cette intervention. Or, les résultats obtenus à l’issue des travaux ont largement excédé nos attentes. Ainsi, près de quatre cents objets métalliques, dont la datation s’étend principalement du Moyen Âge à l’époque contemporaine, ont été découverts dans la couche végétale : 177 pièces de monnaie, bon nombre d’accessoires vestimentaires militaires et civils (boucles, ardillons, boutons), ainsi que d’autres objets de petites dimensions qui devaient se perdre facilement (clefs de montre, dés à coudre, plombs de scellé, lests de filets de pêche…) [ill. 2]. De plus, de façon inattendue, une dizaine de structures archéologiques ont été repérées grâce au mobilier en métal qu’elles contenaient et ont ainsi pu faire l’objet d’une fouille détaillée. Parmi elles, on retient notamment deux sépultures à incinération – une tombe à armes laténienne et une incinération du I^er siècle de notre ère accompagnée de trois vases en céramique et d’un miroir en bronze. Par ailleurs, une grande fosse-dépotoir datée de 1944-1945 s’est révélée riche en objets dont la plupart sont de provenance américaine (bouteilles, flacons, encriers en verre encore remplis, ustensiles de toilette, vaisselle, pot de conserve, gourde, compas...).