Site
Pianliancheng
Jilin
Chine
Date
12 août-22 septembre 2017
Surface fouillée
1 020 m²
Équipe
Anthropologie
Kan Hou, Université du Shanxi
Elizabeth Berger, University of California, Riverside
Gwendal Guegen, Nantes Métropole, UMR 6566 « CReAAH »
1La Mission archéologique franco-chinoise dans le nord-est de la Chine (MAFNEC) est une équipe pluridisciplinaire montée en partenariat avec le CNRS, l’Inrap, l’université d’Oxford, l’Institut de recherches archéologiques de la province du Jilin et l’université du Jilin. Entre 2017 et 2020, dans le cadre du projet intitulé « hommes et environnement dans la vallée de la rivière Dongliao », l’équipe s’est consacrée à l’étude de l’occupation humaine de cette région sur la longue durée. En 2017, de fortes pluies ayant mis au jour plusieurs sépultures à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte de la ville médiévale de Pianliancheng, la MAFNEC a réalisé une fouille de sauvetage sur ce site classé « trésor national » depuis 2006 [ill. 1].
1. Carte de localisation du site de Pianliancheng dans la plaine de Mandchourie.
P. Sebillaud, CNRS
2Il s’agit d’un site fortifié traditionnellement daté des dynasties Liao (916-1125) et Jin (1115-1234), correspondant à l’ancienne cité Jin de Hanzhou (Jilin, 1984 ; Duan, 1985). En 1956, six tombes à chambres en brique (ovales et rectangulaires, certaines à inhumation et d’autres à incinération) ont été fouillées. De nombreuses prospections ont suivi et beaucoup d’objets ont été découverts : sceaux (Tian, 2013), statuettes, miroirs et cloches en bronze, étriers en fer, céramiques, grès à couverte, terres cuites architecturales, objets en os (Jilin, 1958 ; Jilin, 1963), etc. En 2015, la réfection de la route et du fossé d’évacuation d’eau situés au centre de la ville a donné lieu à une opération de carottage et à la fouille d’une parcelle de 500 m².
3Le mur d’enceinte en terre damée, encore conservé sur 6 à 7 m de hauteur, forme un parallélépipède d’un peu plus d’un kilomètre de côté [ill. 2], ouvert par une porte à peu près placée au centre de chaque côté (nord, sud, est et ouest) et munie d’une barbacane (wengcheng). Les quatre angles de l’enceinte étaient pourvus de tours rondes. L’enceinte est protégée par un large fossé mesurant environ 20 m de large. Étant donné l’ampleur du mur, le site n’a jamais été oublié par la population locale, et la toponymie reflète l’empreinte de la ville dans le parcellaire : deux villages se nomment « village de la porte nord », « village de Pianliancheng ».
2. Vue satellite du site de Pianliancheng.
La forme particulière de l’enceinte, en carré « déformé », a donné le nom actuel de Pianliancheng (qu’on pourrait traduire littéralement comme « la ville au visage de biais »).
Google Earth
4Trois secteurs ont été ouverts en 2017 [ill. 3] : 25 m² à l’intérieur de la ville près de la porte nord, 85 m² à l’extérieur de l’enceinte au sud-ouest et 1 010 m² au sud du parking aménagé à l’extérieur de la porte ouest.
3. Plan du site indiquant l’emplacement des différentes opérations et structures répertoriées précédemment.
Les rectangles rouges indiquent les secteurs fouillés en 2017 par la MAFNEC.
P. Sebillaud, CNRS
5À l’intérieur de la ville, une tombe individuelle à coffrage rectangulaire en pierre (pillée récemment) a été dégagée. Elle contenait les restes d’un individu très mal conservés. Son architecture est très proche de la sépulture fouillée dans la même zone en 1983 (Jilin, 1984). On peut la dater, par comparaison, de l’époque Liao (Xe-XIe siècle).
6Sur le secteur sud à l’extérieur de l’enceinte, une voie de circulation, correspondant à une route médiévale reliant l’angle sud-ouest de la ville (route de l’actuelle ville de Lishu menant vers la rive de la Zhaosutai) à sa porte ouest, a été découverte. Cette voie recouvrait une sépulture à chambre en brique (pillée) datée par ses caractéristiques architecturales et son mobilier de la première moitié du XIIe siècle (dynastie Jin). Sa rampe est recoupée par le fossé d’enceinte bordant la muraille, et, en faisant l’hypothèse que le fossé d’enceinte est contemporain de son mur, on peut estimer que la construction de l’enceinte n’est pas antérieure au XIIe siècle.
