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Technique,Technologie
Écrire la technique et la technologie : acteurs et auteurs

Lucien Febvre lu par Maurice Daumas :
comment écrire une histoire des techniques au xxe siècle

Maurice Daumas reader of Lucien Febvre
Valérie Tesnière
p. 281-298

Résumés

Deux registres d’action se croisent sans se recouper complètement dans la pensée de Maurice Daumas, directeur scientifique et auteur de l’Histoire générale des techniques, parue aux Presses universitaires de France de 1962 à 1979, déjà auteur d’une Histoire de la science parue chez Gallimard, dans l’Encyclopédie de la Pléiade, en 1957. D’une part, le fait que, pour Daumas, l’invention technique « est le résultat d’une expérience collective sans cesse accumulée », ce qui explique la simultanéité des inventions. Ce constat pourrait être mis en parallèle avec L’apparition du livre, publié par Lucien Febvre et Henri-Jean Martin en 1958. D’autre part, les conditions de production d’une histoire des techniques sont indissociables d’une collaboration entre différents types de contributeurs, comme le montre le numéro spécial « Les techniques, l’histoire et la vie » publié dans les Annales d’histoire économique et sociale en 1935. L’article interroge les renvois entre ces différentes publications et les concepts à l’œuvre sur la technique entre 1935 et 1979, sans oublier le fait que Febvre et Daumas sont également des entrepreneurs d’édition scientifique, pour qui la réflexion sur la technique ne se dissocie pas d’une certaine expérience pratique.

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Texte intégral

  • 1 Daumas, 1962a, 1965, 1968, 1978a, 1979.

1Maurice Daumas est connu comme l’un des principaux promoteurs de l’histoire des techniques en France au cours du xxe siècle. Il a dirigé deux synthèses scientifiques qui ont fait date : une Histoire de la science, publiée en 1957 chez Gallimard dans l’Encyclopédie de la Pléiade, et l’Histoire générale des techniques, parue aux Presses universitaires de France de 1962 à 1979. Celle-ci est le pendant de l’Histoire générale des sciences dirigée par René Taton quelques années auparavant chez le même éditeur1. Dans cette œuvre de synthèse d’une ampleur considérable et qui réunit de nombreux collaborateurs, Daumas écrit lui-même des essais importants. Il s’y réclame de son directeur de thèse, Gaston Bachelard, et de l’un des pères fondateurs de l’histoire des sciences, George Sarton, mais il fait également référence à Lucien Febvre.

  • 2 Febvre, 1935. Voir aussi Bloch et Febvre, 1935.
  • 3 Daumas, 1962b (« Préface générale »).
  • 4 Daumas, 1978b.
  • 5 Daumas,1962c. Cet article est issu d’une communication aux Semaines de synthèse.
  • 6 Daumas, 1969.

2Cet article explore les liens intellectuels entre les deux historiens, Daumas et Febvre, qui ont été aussi bien de grands entrepreneurs éditoriaux. Co-fondateur des Annales avec Marc Bloch en 1929, Febvre est le maître d’œuvre du chantier scientifique d’une autre encyclopédie, l’Encyclopédie française, lancée dans la décennie 1930. L’analyse que nous proposons s’appuie sur l’article « Réflexions sur l’histoire de la technique » publié par Lucien Febvre dans les Annales en 1935, auquel Maurice Daumas se réfère explicitement2. Le corpus de textes sur lesquels nous nous appuyons comprend donc cet article des Annales, et, pour Daumas, deux textes de préfaces dont d’abord celui qui introduit Les origines de la civilisation technique, premier tome de l’Histoire générale des techniques3. En 1978, Daumas revient sur sa « Préface générale » de 1962 dans l’« Introduction » du quatrième tome, Les techniques de la civilisation industrielle, qui est une sorte de dialogue avec le texte programmatique de Febvre de 19354. Bien entendu, ces deux préfaces de Daumas sont indissociables d’autres textes publiés antérieurement : son important essai d’« Esquisse d’une histoire de la pensée scientifique » publié dans l’Histoire de la science en 1957, l’article intitulé « Rapports entre sciences et techniques » paru en 1962 dans la Revue de synthèse5, et enfin l’article intitulé « L’histoire des techniques, son objet, ses limites, ses méthodes” » de 19696.

  • 7 Febvre et Martin, 1958, titres des chapitres iv et viii.

3Notre article approfondit in fine la problématique de la diffusion des techniques qui intéresse les deux historiens. Sont en effet publiées de manière concomitante l’Histoire de la science, de Daumas, et L’apparition du livre, de Lucien Febvre et Henri-Jean Martin. Un axe de recherche est alors en cours de construction : l’histoire du livre entendue comme histoire matérielle (« Le livre, cette marchandise ») autant qu’histoire intellectuelle (« Le livre, ce ferment »)7. À la fois proche et lointain de la pensée de Febvre, Daumas fait des emprunts et des références qui reflètent le climat intellectuel fécond des décennies 1950-1970. Conservateur adjoint du musée du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), ayant une connaissance intime des bibliothèques, c’est un auteur qui a réfléchi à l’histoire du livre, à la question des conditions matérielles de production mais aussi aux conditions de la circulation des textes savants, notamment à travers les revues et ce qu’il désigne peu à peu comme des « flux d’information ». Inscrit dans la mouvance de l’école d’histoire économique et sociale, autour d’Ernest Labrousse, qui a alors le vent en poupe, le premier aspect, la production, est connu sur le plan historiographique. Le second, la diffusion, l’est beaucoup moins. L’idée de fluidité est pourtant centrale dans son œuvre d’historien des techniques. On peut la rapprocher de certains choix du tome XVIII de l’Encyclopédie française, La civilisation écrite, paru en 1939 et dirigé par Julien Cain, sous la férule de Lucien Febvre. Mais ces ouvertures seront éclipsées en partie par l’historiographie dominante de l’après-guerre, et ne reviendront qu’avec les prémices de la révolution numérique dans les années 1980-1990.

  • 8 Febvre, 1935, p. 534 ; Daumas, 1969, p. 6.
  • 9 Centre de documentation d’histoire des techniques de l’École pratique des hautes études.

4Qui plus est, il ne faut pas oublier que Febvre autant que Daumas sont des entrepreneurs d’édition. Pour mener à bien des œuvres éditoriales collectives d’ampleur, leurs pratiques de mobilisation des compétences sont en effet très voisines. Elles suscitent chez l’un comme chez l’autre une réflexion théorique appliquée à l’écriture de l’histoire de la technique : « collaborer, qu’est-ce ?8 ». Febvre constitue toute une documentation avec ses collaborateurs d’horizons variés de l’Encyclopédie française, dont le noyau est le Centre international de synthèse, comme Daumas quelques décennies plus tard s’appuiera sur le centre de documentation qu’il créé lui-même en 1960 et qu’il dirige, sous le triple patronage de l’EPHE, du CNAM et du CNRS9. Les liens entre publication, documentation et centre ou « foyer de recherche » sont alors une évidence au milieu du xxe siècle, mais ils demeurent implicites. La collaboration qui préoccupe les deux historiens est d’abord la capacité de production d’une réflexion collective sur la technique en réunissant des spécialistes de différents horizons.

Maurice Daumas :
de l’
Histoire de la science à l’Histoire générale des techniques

  • 10 Il est crédité d’une collaboration rapprochée avec Paul Angoulvent pour la collection « Que-sais-je (...)
  • 11 Daumas est employé au Laboratoire municipal de la Préfecture de police de Paris de 1935 à 1942 avan (...)
  • 12 Taton, 1984.

5Un rappel sur le parcours de Maurice Daumas n’est pas superflu. Chimiste de formation, Daumas a publié deux biographies, de Lavoisier (1941) et d’Arago (1943), la première de grande diffusion aux PUF, la deuxième chez Gallimard : il est déjà introduit dans ces deux maisons d’édition par ces ouvrages10. Secrétaire de rédaction à l’INED jusqu’en 194711, il est ensuite nommé conservateur adjoint du musée du CNAM, tout en continuant d’animer une chronique scientifique dans Combat où il collabore depuis 1945. Il a alors publié à Bruxelles l’ouvrage intitulé L’acte chimique, essai sur l’histoire de la philosophie chimique, dont le retentissement, selon René Taton, ne fut pas aussi grand qu’il le méritait12. C’est en 1946 qu’il fait la connaissance de Taton par l’entremise de Pierre Brunet au Centre international de synthèse, foyer intellectuel créé par Henri Berr où Lucien Febvre et Abel Rey sont très actifs.

  • 13 Daumas, 1953, 1955.
  • 14 Schaer, 1996.
  • 15 Daumas, 1957.
  • 16 Taton, 1984.
  • 17 Tesnière, 2001, p. 393-394.

6En 1952, Daumas soutient sa thèse dirigée par Gaston Bachelard. Elle donne naissance à deux ouvrages, le premier sur l’instrumentation scientifique en 1953 et le second sur Lavoisier en 1955, édités aux Presses universitaires de France dans la collection Bibliothèque de philosophie contemporaine13. Dans la foulée, il publie une Histoire de la science dans l’Encyclopédie de la Pléiade en 195714. C’est par Combat qu’il a dû entrer en contact avec Raymond Queneau, directeur de la collection, mais Daumas a déjà ses entrées chez Gallimard. En plus de la préface et de diverses contributions, il y livre un long essai, Esquisse d’une histoire de la pensée scientifique15, témoignant, toujours selon René Taton, « de l’étendue de sa culture et de son intérêt constant pour la vie sociale de la science16 ». Pilier des PUF, Gaston Bachelard propose les noms de René Taton et de Maurice Daumas pour prendre la direction des deux grandes synthèses en histoire des sciences et en histoire des techniques projetées par l’éditeur. La commande s’inscrit dans le droit fil de la collection de Maurice Crouzet, Histoire générale des civilisations, qui s’est révélée un succès de librairie17.

7La suite de son parcours se confond avec le CNAM et la mise en œuvre de l’Histoire générale des techniques. En 1960, il obtient le poste en titre de conservateur du Musée national des techniques et une chaire à l’université de Nancy. En 1969, une chaire d’histoire des techniques est ouverte pour lui au Conservatoire national des arts et métiers. Il quitte la charge de conservation du CNAM en 1976, et la chaire est supprimée à son départ également. La publication des PUF n’est toujours pas achevée à son départ : elle se clôt en 1979 et aura occupé plus de vingt ans de sa vie. Premier secrétaire général de l’International Committee for the History of Technology en 1968 et organisateur du premier congrès en 1970, il fonde la revue Archéologie industrielle en France (1976), contribue à la publication de la correspondance de Lavoisier et effectue des recherches sur Marc Seguin jusqu’à sa mort en 1984.

  • 18 Gille, 1978.

8L’Histoire de la science est le cinquième volume de l’Encyclopédie de la Pléiade. L’Histoire des techniques, confiée ultérieurement à Bertrand Gille, est distincte dans la collection18. Préparé de longue date, ce volume a une dette intellectuelle explicite : Daumas se réfère à son maître Bachelard, en invoquant la recherche d’« un nouvel humanisme ». D’une part, la diffusion de « l’esprit scientifique » est plus que jamais une nécessité quand des événements comme Hiroshima rendent la science impopulaire. D’autre part, contre une spécialisation excessive, l’histoire des sciences est à même de réconcilier les humanités et les disciplines scientifiques. L’auteur dresse un panorama de l’histoire des sciences depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, dont la finalité diffère de celui proposé par Taton. Chez ce dernier, la reconnaissance de la discipline d’histoire des sciences en tant qu’enseignement et programme de recherche est la première motivation. Taton sera d’ailleurs nommé directeur de recherche au CNRS à la suite de la publication de l’Histoire générale des techniques. Pour Daumas, le constat de départ est identique : en France, aucune faculté des sciences n’a d’enseignement historique, l’histoire des sciences restant jusque lors une affaire de philosophes et logiciens. L’enseignement de Paul Tannery au Collège de France est resté dans les mémoires. La discipline est mieux enseignée à l’étranger.

9L’enjeu dépasse toutefois l’histoire des sciences proprement dite, qui n’est qu’un moyen de faire comprendre la science. Là où Taton fait appel à une nécessaire organisation de la science, c’est-à-dire de la recherche, structurée par l’État et par les institutions, en l’occurrence le CNRS ou ses équivalents, Daumas rappelle opportunément la manière dont s’est organisée la diffusion scientifique par les voyages et les bibliothèques, à commencer par le foyer représenté par Alexandrie, puis pour la période moderne et contemporaine par les académies et les revues animées par différentes sociétés. Il insiste notamment sur le rôle des voyages et des publications (pamphlets, placards, brochures, traités, etc.). Au xviiie siècle, les premières revues contribuent au développement de la science autant que les progrès de l’instrumentation et la modernisation progressive des institutions.

  • 19 Rasmussen, 1995.

10Attentif à la vie de la science, Daumas procède à une analyse précise des différentes typologies de publications et de leurs rôles respectifs : résumés, veille bibliographique, compléments des communications originales. La dimension collective qui caractérise les lieux d’activité scientifique que sont les laboratoires et les publications, se reflète aussi au tournant du xxe siècle dans l’organisation internationale de la science (congrès)19. On notera que l’outillage de la science est ici pris en compte dans une acception très large où les conditions de circulation de la science importent autant que celles de la production. L’Histoire de la science est donc chez Daumas d’abord une histoire des rapports mutuels entre circulation et production dans un contexte social et économique donné. Le chimiste, l’historien des techniques, le conservateur-bibliothécaire, l’éditeur scientifique qu’il est tout à la fois se démarque des conceptions alors répandues chez les historiens des sciences, plus sensibles aux individus et à la liberté créatrice qu’au caractère collectif du travail scientifique et à ses dimensions matérielles.

11Parce que Daumas réfléchit aussi à l’histoire des techniques, où cet aspect est moins évident, parce qu’il prend en compte les liens et les tensions complexes que la technique entretient avec la « science », la nécessité de s’adjoindre la compétence de spécialistes, tout particulièrement des techniques, lui apparait comme une nécessité. L’expérience quotidienne de conservateur au CNAM renforce sa conviction. L’invention technique ne se dissocie pas d’un débouché ou d’une application qui permet non seulement d’en garantir la diffusion mais d’en accroitre la performance. La réception sociale de l’invention est-elle toujours à la hauteur ?

  • 20 Daumas, 1957, p. xxxv-xxxvi.

Nous avons besoin de mieux connaître les rapports de la science avec les conditions économiques et techniques de chaque siècle et de chaque pays. En ce qui concerne les conditions économiques, nous ne possédons que des données très incertaines, même pour l’époque contemporaine. Quant aux liaisons de la science et de la technique, il règne sur ce sujet des idées toutes faites qui doivent toutes être remises en question. Ces liaisons sont beaucoup plus complexes que les simples relations de cause à effet. Elles revêtent la forme de tensions s’exerçant entre plusieurs domaines en un réseau multiple dont les constantes transformations ont pour résultat de maintenir un équilibre interne. Les phénomènes qui déterminent cet équilibre sont encore mal connus, car leur étude nécessite la collaboration de spécialistes qui n’ont encore eu que peu d’occasions de se rencontrer.20 

12L’histoire des techniques est alors une discipline jeune qui appelle des compétences bien au-delà des milieux académiques.

« Mais collaborer, qu’est-ce ? »

  • 21 C’est en novembre 1953 que Lucien Febvre donne à Henri-Jean Martin le plan d’un ouvrage qu’ils doiv (...)

13En écrivant ces propos, Daumas est proche des conceptions développées par Lucien Febvre au fil des volumes de l’Encyclopédie française et surtout du volume que ce dernier projetait d’écrire avant son décès en 1956, et qui sera achevé en 1958 par Henri-Jean Martin. L’apparition du livre est en effet une histoire matérielle des conditions économiques, sociales (et religieuses) de l’émergence d’une invention/procédé, l’imprimerie, et de sa diffusion21.

  • 22 Le premier volume paru en 1935, le dixième tome, est consacré à L’État moderne, suivi du tome xvi, (...)

14En ce qui concerne l’histoire des techniques, il faut en effet remonter en amont et à l’Encyclopédie française. En 1934, Febvre s’est lancé officiellement dans cette œuvre collective à la demande d’Anatole de Monzie, alors ministre de l’Éducation nationale. Les premiers volumes sont sortis simultanément en 193522. La même année, Lucien Febvre a publié avec Marc Bloch un numéro spécial des Annales : « Les techniques, l’histoire et la vie », déjà cité. Néanmoins, pour l’historien, les conditions ne sont pas encore réunies pour réaliser une histoire des techniques. Le sujet se trouvera d’ailleurs dispersé dans les différents tomes de l’Encyclopédie française : dans le premier tome, intitulé L’outillage mental (1937), pour certaines des problématiques épistémologiques, et dans les tomes dirigés par Gaston Berger parus après-guerre selon un plan classique par discipline : La civilisation quotidienne, en 1955 ; La physique et l’astronomie, en 1956 ; La vie, en 1960. Consacré à La civilisation de l’écrit, le tome XVIII paru en 1939 est dirigé par Julien Cain, administrateur de la Bibliothèque nationale. Le volume ne satisfait pas complètement Febvre qui aurait voulu y adjoindre d’autres médias que l’écrit, particulièrement le son et l’image. Il remplit cependant son office dans la mesure où le livre n’y est pas le point central et où d’autres médias, en particulier la presse et les revues, y figurent en bonne place. La matière du volume est en effet issue de l’observatoire des pratiques de production et de circulation de l’écrit qu’est la Bibliothèque nationale, au moyen notamment du dépôt légal qui n’établit pas de hiérarchie entre les différents supports. L’idée d’une étude consacrée à l’apparition de l’imprimerie continue de faire son chemin chez Febvre.

15Deux registres réflexifs se croisent sans toutefois se recouper dans les différents écrits de Daumas cités dans l’introduction et qui servent de corpus à notre analyse.

  • 23 Daumas, 1962a, p. viii.

16D’une part, le fait que l’invention technique « est le résultat d’une expérience collective sans cesse accumulée23 » explique la simultanéité des inventions et aussi l’importance des techniciens. Le lien avec les problématiques développées dans L’apparition du livre est ici manifeste. Daumas précise sa pensée appliquée à la question des processus d’innovation technique :

  • 24 Daumas, 1962a, p. x.

Lorsqu’on peut commencer à écrire l’histoire, on constate donc que les peuples les plus divers non seulement possèdent des connaissances techniques à peu près équivalentes, mais qu’ils ont établi entre eux des relations pour échanger les procédés de fabrication, des produits élaborés et surtout des matières premières.24

17L’invention n’est jamais le fait d’un homme seul mais le produit d’une époque, d’un milieu dans des circonstances historiques déterminées, ce qui explique la simultanéité. Daumas ne croit pas aux précurseurs et considère que le développement technique est le résultat d’une expérience collective sans cesse accumulée. L’accroissement démographique du nombre de techniciens a été un facteur négligé par les historiens. Or, il influe sur le rythme du développement technique (activité et efficacité) dans lequel il joue autant que l’organisation commerciale et financière ou industrielle.

  • 25 Daumas, 1978b.
  • 26 Febvre, 1935, p. 531.
  • 27 Febvre, 1935, p. 532.
  • 28 Febvre, 1935, p. 534.

18D’autre part, le fait que les conditions de production d’une histoire des techniques, donc d’une publication sur ce sujet, reposent sur une collaboration entre plusieurs types de contributeurs de statuts divers. C’est là que l’on retrouve la référence à l’article des Annales25. En 1935, Lucien Febvre a assigné trois tâches à quiconque souhaitant « faire l’histoire des techniques ». D’abord, constituer une histoire technique des techniques, « œuvre de techniciens nécessairement, sous peine d’erreurs graves, de confusions forcées, de complète méconnaissance des conditions générales d’une fabrication » ; « ... suivre les techniques dans leurs voyages à travers le temps comme à travers l’espace.26 » Ensuite, évaluer la « Part de la science dans l’invention technique » et l’« Insertion de l’invention technique dans la série des faits scientifiques. » Enfin, « L’activité technique ne saurait s’isoler des autres activités humaines.27 » La faisabilité d’une histoire des techniques n’est pas assurée pour autant : « Mais collaborer, qu’est-ce ?28 », interroge Lucien Febvre. S’il n’est pas facile de trouver des techniciens historiens, il en existe néanmoins quelques-uns. Il faut une collaboration entre les deux compétences, c’est-à-dire entre techniciens, savants et historiens des civilisations à l’esprit synthétique et problématique, sous peine de voir leur travail demeurer insuffisant et sans portée.

19En 1978, pour Daumas, le programme de Febvre conserve toute sa valeur. Depuis le milieu du xxe siècle, il y a eu beaucoup de défricheurs et des travaux nombreux, mais la spécialisation demeure trop forte. Beaucoup de contributions sont en outre excessivement « nationalistes », surtout quand elles émanent de techniciens. L’abondance de documentation pour la période contemporaine peut également constituer une difficulté, en contraste avec la pénurie pour les périodes plus reculées. Pour ne retenir que les conditions d’une collaboration intellectuelle éminemment souhaitable entre historiens des sciences et historiens des techniques, Daumas estime que tout le monde a négligé ce conseil de Febvre : « collaborer », et la réponse qu’il a donnée à sa question : « Mais collaborer, qu’est-ce ? ». Febvre écrivait en effet :

  • 29 Febvre, 1935, p. 535.

Collaboration, oui : autour du problème à étudier, et que chaque collaborateur doit étudier pour sa part, sans doute – mais avec l’obligation de confronter ensuite les résultats par lui obtenus, les idées par lui dégagées avec les résultats et les idées obtenus dans les mêmes conditions par les coopérateurs du grand œuvre.29

20Peut-être conviendrait-il, dit Daumas, de :

  • 30 Daumas,1969, p. 10.

prendre en considération un domaine nouveau d’activité créatrice dans lequel sciences et techniques sont si étroitement associées qu’il est difficile de faire la part de ce qui revient aux unes et aux autres. Le terme de technologie pourrait servir à désigner ce domaine, de plus en plus important à mesure que s’achève le xixe siècle et que se déroule le xxe. L’étude des rapports science-technologie-technique se substituerait à celle des rapports directs science-technique.30

  • 31 Daumas, 1978b, p. xx-sqq.

21Si l’on observe, poursuit-il, des progrès du côté des historiens des civilisations, on reste loin du compte pour la période contemporaine. En 1978, Daumas revient sur la révolution industrielle telle qu’analysée par les historiens de l’économie, à partir de l’exemple de l’électromagnétisme et à propos de l’articulation des moyens et des besoins31. L’application immédiate de cette découverte à la transmission des signaux a-t-elle fait naître un besoin de l’accélération des informations ? La technique devance les besoins. Il serait nécessaire de mettre en évidence la logique interne propre de l’évolution des techniques.

La problématique de la diffusion
dans l’histoire des techniques

22Prenons l’exemple de la diffusion de l’imprimerie. Dans quelle mesure peut-on rapprocher la conception de Febvre et Martin sur le développement de l’imprimerie de celle de Daumas ? Pour ce dernier, l’histoire des techniques n’est pas celle des inventions mais une histoire de la créativité technique, qui ne peut s’exercer sans facteurs exogènes, comme par exemple les marchés, mais qui demande à être analysée en tant que fait seul, si l’on veut saisir au plus près le processus de la création technique elle-même. Daumas se réclame des apports de l’histoire économique et sociale développée par Labrouste et Braudel, mais, en se tenant à distance de la figure de l’inventeur, il cherche à capter le processus même d’innovation (création) technique en tant que fait, fait social notamment mais pas seulement.

  • 32 Voir le plan de L’Apparition du livre dans Tesnière, 2014.

23Dans L’apparition du livre, c’est ce que Febvre cherche à cerner aussi pour l’imprimerie avec Martin. Les préoccupations de l’historien relatives à « cette chose qu’on appelle livre32 » sont d’abord d’ordre technique. Elles portent sur la fabrication, le lien avec le problème du papier, la technique (caractères mobiles, matières premières, presses), la production et le commerce du livre. L’histoire technique, économique et sociale occupe la plus grande part de l’ouvrage publié en 1958.

  • 33 Tesnière, 2006.

24Mais Febvre s’intéressait également aux conditions de diffusion de l’innovation, pas seulement sous l’angle du commerce de la librairie. Cette problématique faisait écho au rôle du livre dans la diffusion de la pensée abordé dans l’Encyclopédie française. Le titre envisagé pour le tome XVIII était d’ailleurs Transferts de pensée, abandonné dans le contexte de la montée des dictatures et de la défense de la liberté de pensée au profit de La civilisation écrite33. À cet égard, le huitième chapitre de L’apparition du livre, consacré au développement de l’humanisme, intitulé « Le livre, ce ferment », répond en partie au programme tracé par Febvre. On retrouve aussi l’idée de l’objet livre comme vecteur de circulation de la pensée dans le volume déjà mentionné de l’Encyclopédie de la Pléiade de Daumas.

25Mais des évolutions majeures des techniques vont capter l’attention de ce dernier, qui reprend cette piste d’une manière différente dans les tomes quatrième et cinquième de l’Histoire générale des techniques. Conçus en diptyque pour traiter de la période contemporaine, ils sont largement plus exploratoires que les tomes précédents qui capitalisent les acquis scientifiques sur l’Antiquité et les xviie et xviiie siècles. De prime abord, il s’agit d’une réflexion sur l’apport des techniques à la communication au sens large, réalisant pour une part l’ambition que Julien Cain n’avait pas portée jusqu’au bout dans le tome XVIII. Si le terme de « Transferts » n’est pas repris à la lettre par Daumas, l’idée de transformation et de mouvement y est présente, de même que le niveau de conceptualisation auquel aspirait Febvre. Les titres (tome IV, Les techniques de la civilisation industrielle. Énergies et matériaux ; tome V, Les techniques de la civilisation industrielle. Transformation. Communication. Facteur humain) renvoient bien évidemment à des aspects concrets des techniques (industries de transformation, par exemple), mais il est possible de les comprendre dans une acception plus large.

26Daumas écrit en effet :

  • 34 Daumas, 1978b, p. xxv-xxvi.

La particularité de ces grandes techniques du vingtième siècle est de présenter un caractère de “fluidité” qui les rend aptes à investir l’ensemble du complexe technique qui s’est édifié au cours des quatre ou cinq dernières décennies. Dans les époques antérieures l’objet technique, ou le produit, ou la méthode ne possédait qu’un pouvoir d’investissement limité. La fonte, par exemple, ne se prêtait pas à de multiples usages et son utilisation n’intéressait que des domaines, assez nombreux certes, mais bien déterminés. Il en a été de même pour le fer, puis pour l’acier quand on a su le produire en grande quantité de façon économique. Les possibilités d’emploi des métaux sont demeurées relativement rigides jusqu’au moment où, disposant d’une gamme plus étendue, le cuivre en grande quantité ainsi que l’aluminium devenu un produit commun, puis le chrome, le nickel, plus tard le tungstène, le titane et les “petits” métaux, des séries d’alliages pratiquement illimitées se sont multipliées. La préparation des alliages a connu, depuis le début de notre siècle, une telle prodigalité que l’ensemble des produits de la métallurgie a acquis cette fluidité qui lui a permis une pénétration intime du complexe technique que nous connaissons aujourd’hui.34

27Le concept de « fluidité » décliné pour la métallurgie s’applique aussi à d’autres champs des techniques qui s’appuient d’ailleurs sur ces nouveaux alliages de métaux. Le traitement de l’information, par exemple, dans la troisième partie du cinquième tome en relève manifestement. Daumas y insiste dans son introduction au quatrième tome :

  • 35 Daumas, 1978b, p. xxviii.

L’autre point fort de notre civilisation technique est la saisie de l’information, sa transmission et son traitement. Nous avons étendu, assurément non sans raison, la notion d’information aux problèmes d’enregistrement et de diffusion de l’image et des sons. La pièce maîtresse de cette partie est naturellement constituée par le développement des radiocommunications et l’essor de l’électronique, ce qui conduit à la genèse des ordinateurs.35

28Le directeur de la publication y ajoute le facteur humain cher aux historiens de la société et de l’économie (main-d’œuvre, organisation du travail, etc.). Cette partie d’histoire sociale (Facteur humain) est confiée à Michelle Perrot.

29En 1978, sous la plume de Maurice Daumas, se déploie un double mouvement : le principe de fluidité des techniques industrielles est ce qui correspond à un mouvement quasi irrépressible de la pensée et à une même fluidité de son expression matérielle (des revues aux calculateurs et aux ordinateurs). En 1962, dans la préface du premier tome, les notions de flux d’information étaient déjà présentes, bien que non explicitées en ces termes. En bref, la révolution technique des communications est une préoccupation sous-jacente chez les historiens tels que Febvre et Daumas, attentifs aux mutations des supports autant qu’aux modalités de circulation de l’invention. Febvre s’intéresse au son et à l’image autant qu’à l’écrit ; les enjeux de production et de diffusion sont pour lui d’une égale importance ; il pointe enfin les indispensables conditions d’une synthèse en histoire des techniques, à savoir l’association d’historiens et de spécialistes, de la capacité de conceptualisation unie à l’expérience de la pratique. Daumas partage cette analyse, en y introduisant des points de comparaison entre les évolutions techniques contemporaines, caractérisées par la fluidité. Le développement des techniques de communication après 1945 l’autorise à certains parallèles encore inimaginables auparavant. Ces rapprochements rejoignent ce que Febvre désignait sous le terme de « Transferts de pensée » dans ses dimensions à la fois conceptuelles et matérielles.

30Tous les éléments d’une synthèse sont présents dans l’Histoire générale des techniques que met en œuvre Daumas. Ils restent juxtaposés. Mais on ne la lit que sous la plume de son directeur scientifique, pas complètement aboutie, peut-être un peu seul du côté des historiens. L’Histoire générale des techniques, « essai de bilan des connaissances actuelles », participe de la construction intellectuelle appelée de ses vœux par Febvre, avec les limites conceptuelles de la décennie 1970, très marquées par les préoccupations dominantes de l’histoire économique et sociale. Elle est fille de son temps.

31En dépit des interruptions ou du caractère inabouti de certaines réflexions, chez Febvre et chez Daumas, la réflexion d’ordre épistémologique sur le fait scientifique et technique ainsi que sur les conditions de la production et de sa diffusion reste indissociable de la pratique concrète d’une entreprise intellectuelle, à laquelle chacun des deux s’adonne, en l’occurrence, comme éditeurs d’œuvres collectives de grande ampleur (revue et encyclopédie chez le premier, deux encyclopédies chez le second). Cette collaboration bien comprise des techniciens et des savants continue de s’inscrire dans l’ambition encyclopédique de Diderot. Sa mise en œuvre au xxe siècle est-elle possible ? À cette question, les deux historiens ont apporté intuitivement des hypothèses de travail et de recherche qui se sont révélées fécondes bien plus tard.

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Sources et bibliographie

Bibliographie

Bloch Marc et Febvre Lucien (dir.), « Les techniques, l’histoire et la vie », Annales d’histoire économique et sociale, n° 36, [30 novembre] 1935, p. 531-655.

Daumas Maurice, Les Instruments scientifiques aux xviie et xviiie siècles, PUF, Paris, 1953.

Daumas Maurice, Lavoisier théoricien et expérimentateur, PUF, Paris, 1955.

Daumas Maurice, « Esquisse d’une histoire de la pensée scientifique », dans Daumas Maurice (dir.), Histoire de la science, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, n° 5, Paris, 1957, p. i-xlviii.

Daumas Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1962a, tome I, Les origines de la civilisation technique.

Daumas Maurice, « Préface générale », dans Daumas Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1962b, tome I, p. v-xvi.

Daumas Maurice, « Rapports entre sciences et techniques : étude générale du point de vue de l’histoire des sciences et des techniques », Revue de synthèse, vol. 83, n° 25, 1962c, p. 15-37.

Daumas Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1965, tome II, Les premières étapes du machinisme : xve-xviiie siècle.

Daumas Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1968, tome III, L’expansion du machinisme : 1725-1860.

Daumas Maurice, « L’histoire des techniques, son objet, ses limites, ses méthodes », Revue d’histoire des sciences et de leurs applications, tome XXII, n° 1, 1969, p. 5-32 [Documents pour l’histoire des techniques, cahier n° 7].

Daumas Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1978a, tome IV, Les techniques de la civilisation industrielle. Énergies et matériaux.

Daumas Maurice, « Introduction », dans Maurice Daumas (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1978b, tome IV, p. vii-xxviii.

Daumas Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, 5 tomes, PUF, Paris, 1979, tome V, Les techniques de la civilisation industrielle. Transformation. Communication. Facteur humain.

Febvre Lucien, « Réflexions sur l’histoire des techniques », Annales d’histoire économique et sociale, n° 36, [30 novembre] 1935, p. 531-535.

Febvre Lucien et Martin Henri-Jean, L’Apparition du livre, Albin Michel, Bibliothèque de l’Évolution de l’humanité, Paris, 1958.

Gille Bertrand, Histoire des techniques : technique et civilisations, technique et sciences, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, n° 41, Paris, 1978.

Rasmussen Anne, « L’Internationale scientifique (1890-1914) », thèse d’Histoire sous la direction de Jacques Julliard, EHESS, Paris, 1995.

Schaer Roland, Tous les savoirs du monde : encyclopédies et bibliothèques, de Sumer au xxie siècle, Bibliothèque nationale de France/Flammarion, Paris, 1996 [exposition, Bibliothèque nationale de France, Paris, du 20 décembre 1996 au 6 avril 1997].

Taton René, « Nécrologie : Maurice Daumas (1910-1984) », Revue d’histoire des sciences, tome 37, n° 3-4, 1984, p. 334-338.

Tesnière Valérie, Le Quadrige, un siècle d’édition universitaire : 1860-1968, PUF, Paris, 2001.

Tesnière Valérie, « L’Encyclopédie française de Lucien Febvre », dans Vigna Xavier, Vigreux Jean et Wolikow Serge (dir.), Le Pain, la paix, la liberté : expériences et territoires du Front populaire, Éditions sociales, Paris, 2006, p. 149-164.

Tesnière Valérie, « Filiation et dialogues : Lucien Febvre, Henri-Jean Martin et l’École pratique des hautes études », dans Varry Dominique (dir.), Cinquante ans d’histoire du livre : 1958-2008, Presses de l’Enssib, Villeurbanne, 2014, p. 27-42.

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Notes

1 Daumas, 1962a, 1965, 1968, 1978a, 1979.

2 Febvre, 1935. Voir aussi Bloch et Febvre, 1935.

3 Daumas, 1962b (« Préface générale »).

4 Daumas, 1978b.

5 Daumas,1962c. Cet article est issu d’une communication aux Semaines de synthèse.

6 Daumas, 1969.

7 Febvre et Martin, 1958, titres des chapitres iv et viii.

8 Febvre, 1935, p. 534 ; Daumas, 1969, p. 6.

9 Centre de documentation d’histoire des techniques de l’École pratique des hautes études.

10 Il est crédité d’une collaboration rapprochée avec Paul Angoulvent pour la collection « Que-sais-je ? » des Presses universitaires de France. On n’en trouve cependant trace nulle part dans les archives, hormis le titre qu’il a lui-même écrit, Les matières plastiques, en 1941.

11 Daumas est employé au Laboratoire municipal de la Préfecture de police de Paris de 1935 à 1942 avant de rejoindre le Laboratoire de recherches des établissements Doiteau (Corbeil) de 1942 à 1943, puis la Fondation Alexis Carrel (1944) et l’INED.

12 Taton, 1984.

13 Daumas, 1953, 1955.

14 Schaer, 1996.

15 Daumas, 1957.

16 Taton, 1984.

17 Tesnière, 2001, p. 393-394.

18 Gille, 1978.

19 Rasmussen, 1995.

20 Daumas, 1957, p. xxxv-xxxvi.

21 C’est en novembre 1953 que Lucien Febvre donne à Henri-Jean Martin le plan d’un ouvrage qu’ils doivent écrire ensemble pour la collection L’Évolution de l’humanité d’Henri Berr. Voir le plan initial de l’ouvrage dans Tesnière, 2014.

22 Le premier volume paru en 1935, le dixième tome, est consacré à L’État moderne, suivi du tome xvi, toujours en 1935, intitulé Arts et littératures dans la société contemporaine. Matériaux et techniques, sous la direction de Pierre Abraham. Paul Rivet dirige le septième tome, L’espèce humaine, qui paraît en 1937, en même temps que le premier tome, L’outillage mental, dirigé par Abel Rey, Antoine Meillet et Paul Montel, et le tome xvii, Arts et littératures (Œuvres et interprétations) dirigé également par Pierre Abraham.

23 Daumas, 1962a, p. viii.

24 Daumas, 1962a, p. x.

25 Daumas, 1978b.

26 Febvre, 1935, p. 531.

27 Febvre, 1935, p. 532.

28 Febvre, 1935, p. 534.

29 Febvre, 1935, p. 535.

30 Daumas,1969, p. 10.

31 Daumas, 1978b, p. xx-sqq.

32 Voir le plan de L’Apparition du livre dans Tesnière, 2014.

33 Tesnière, 2006.

34 Daumas, 1978b, p. xxv-xxvi.

35 Daumas, 1978b, p. xxviii.

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Pour citer cet article

Référence papier

Valérie Tesnière, « Lucien Febvre lu par Maurice Daumas :
comment écrire une histoire des techniques au xxe siècle »
Artefact, 15 | -1, 281-298.

Référence électronique

Valérie Tesnière, « Lucien Febvre lu par Maurice Daumas :
comment écrire une histoire des techniques au xxe siècle »
Artefact [En ligne], 15 | 2021, mis en ligne le 22 février 2022, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/artefact/11748 ; DOI : https://doi.org/10.4000/artefact.11748

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Auteur

Valérie Tesnière

Valérie Tesnière, conservatrice générale des bib

liothèques, directrice d’études à l’EHESS, a publié Le Quadrige, un siècle d’édition universitaire 1860-1968, PUF, 2001 et Au bureau de la revue, une histoire de la publication scientifique xixe-xxsiècles, Editions de l’EHESS, 2021.

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