Navigation – Plan du site

AccueilNuméros23Introduction

Introduction

Quelle(s) histoire(s) pour l’architecture industrielle ?
Audrey Jeanroy et Nicolas Pierrot
p. 9-37

Texte intégral

Le compas contre la roue dentée

  • 1 Vitale, 1947, p. 6.

En règle générale, le programme de construction de l’Usine comporte des bâtiments et du matériel. Le montage du matériel incombe toujours à l’industriel, les bâtiments étant édifiés par ses soins, ou même avec le concours d’un Architecte parfois1

1L’ingénieur et architecte François Vitale (1898-1962) pose ici le constat d’une opposition claire entre des acteurs et des mondes professionnels qu’il connaît bien. Voici posée la relativité de l’action de l’architecte et sa dépendance vis-à-vis de l’industriel, à la fois créateur et commanditaire, figure d’autorité démiurgique. S’agit-il pour autant d’invariants dans l’histoire de cette production d’édifices spécifiques ? Ces questions sont au centre de ce dossier qui, en privilégiant la microhistoire, interroge des postures individuelles, collectives et professionnelles, des performances, des espaces de tension, des mises en visibilité, mais également des récits persistants (mythe, modèle, condamnation), portés par une historiographie transdisciplinaire désormais solide et ramifiée.

  • 2 Cellard, Imbs, 2021.
  • 3 L’expression revient épisodiquement dans les articles scientifiques, comme dans la presse spécialis (...)
  • 4 Pierrot, 2024.

2Le contexte actuel nous y invite, au moins pour deux raisons. Tout d’abord, réinterroger les relations de l’architecte à l’usine, c’est donner voix à une crainte ancienne des « amis » et professionnels du patrimoine industriel : peut-on préserver une usine sans architecte, sans un nom-étiquette qui soutienne et personnifie l’objet lors des diverses procédures de mise en valeur ou de protection ? De fait, l’expérience le montre, la « signature-aura » demeure un atout, la patrimonialisation de l’usine, en particulier sa protection au titre des Monuments historiques, est souvent conditionnée par l’existence d’un architecte2. La seconde raison est plus conjoncturelle. Nous sommes entrés dans une phase de « ré-enchantement3 » de l’industrie, le récit de la « renaissance industrielle » – tour à tour numérique, nationale et verte – prenant le contrepied de la relégation symbolique de l’usine dans un contexte de crise environnementale. Plus que jamais, l’usine d’aujourd’hui apparaît comme un objet ambivalent, à la fois source de chaos (risques, pollutions) et facteur de prospérité, de puissance et d’indépendance. Or, les architectes sont amenés, une nouvelle fois, à contribuer à ce réenchantement, par nécessité administrative, usage, choix ou militantisme. Les projets neufs, pas toujours mis en avant par les agences, mériteraient d’ailleurs un inventaire précis : par exemple, pour deux usines de Jean Nouvel, dont celle de montage de montres Cartier à Saint-Imier (près de Berne) en 1993 et celle de Ferrari à Maranello (près de Modène) en 2006, combien de moulins « 4.0 » (sans architecte affiché) construits par Moulins Soufflet, vantés pour leurs installations immaculées et non pour leurs enveloppes4, et combien de réalisations modestes ou d’extensions passées – pour des raisons diverses – sous les radars ?

  • 5 Littré, 1874, p. 2402.
  • 6 Hesse, 1935, p. 1251.

3L’introduction qui suit interroge ce vaste champ de recherches et de valorisation patrimoniale en revenant sur plusieurs étapes clés de ce travail intellectuel, sans épuiser le sujet. Elle constitue une première approche transversale qui mérite d’être poursuivie afin de mieux saisir les mécanismes à l’œuvre lors de la reconnaissance, patrimoniale ou non, d’un artéfact dense : l’usine, en tant que géographie, espace, édifice, construction, caisson, machine. Tout d’abord, qu’entend-on, précisément, par « usine » ? Suivant la profession du locuteur, la définition oscille ordinairement entre la priorité accordée au contenu ou à son contenant. Les ingénieurs privilégient volontiers le premier sens indiqué par le Littré, « machine mue par l’eau5 », c’est-à-dire la définition médiévale de l’usine. Par exemple, J. Hesse en exergue de l’article « usine » publié en 1935 dans le Larousse de l’industrie et des arts et métiers propose : « Le mot usine a d’abord été employé pour désigner un établissement industriel marchant à l’aide de l’eau6 ». Les historiens des techniques et de l’industrie – singulièrement depuis l’essor de l’archéologie industrielle au cours des années 1970 – s’appuient fréquemment sur cette acception pour rappeler la primauté de la chaîne opératoire et de sa source d’énergie sur l’« enveloppe » architecturale :

  • 7 Daumas, 1980, p. 208. Voir aussi Woronoff, 2001, p. 15 ; Flück, 2017, p. 23 ; Fridenson, 2019, p. 1 (...)

L’usine est essentiellement, à l’origine, la « machine mue par l’eau » comme le dit Littré qui cite des emplois du terme en ce sens au xiiie siècle. L’usine était donc un équipement caractéristique de l’entreprise, c’est-à-dire la roue hydraulique et ses équipages de renvoi et de transmission du mouvement. À ce titre, le Code civil les a considérés comme biens meubles dans la mesure où ils n’étaient pas partie du bâtiment7.

  • 8 CNRTL, 2012.

4On note, en revanche, qu’un ingénieur-architecte comme François Vitale, formé à l’École centrale des arts et manufactures puis à l’École des Beaux-Arts, privilégie la racine latine du mot « usine » – officina, « atelier, fabrique8 » – pour mettre en évidence l’indissociable évolution, sur la longue durée, du programme industriel et de l’œuvre bâtie :

  • 9 Vitale, 1947, p. 5.

L’antique atelier latin, officina, dont “usine” est dérivé, s’est tapi durant des siècles sous son toit ; brusquement, il grandit, déborde tout […]. À cette même époque [celle des manufactures], l’Industrie quitte l’abri et le hangar pour s’étendre dans des constructions importantes, certaines monumentales9.

5Aussi éclairante qu’elle soit, la distinction s’efface dès lors qu’il est question de l’usine à l’âge industriel :

  • 10 Hesse, 1935, p. 1251.

Ce mot s’applique aujourd’hui à tout établissement où s’exécutent sur une grande échelle des ouvrages d’art et d’industrie, à toute fabrique où l’on emploie un plus ou moins grand nombre de machines ayant pour moteur l’eau, la vapeur, le feu, l’électricité10.

  • 11 Chatenet, Verdier (dir.), 2000, p. 137-140, passim. Le vocabulaire normé de l’Inventaire général pr (...)
  • 12 Gayot, 1998, p. 7.
  • 13 Flück, 2017, p. 229 : « Tout au long de ce chapitre, entendez “usine” dans sa sémantique la plus la (...)

6C’est donc à rebours, peut-être par facilité ou par souci normatif – on songe au vocabulaire de l’Inventaire général11 – et surtout par volonté de loger sous un seul terme « la pluralité des mondes industriels12 » que le terme « usine » en vient à couvrir l’ensemble du champ typologique et chronologique de l’industrie13.

  • 14 Fridenson, 2019, p. 15.

7On entendra donc ici l’usine comme un objet à géométrie variable et à l’obsolescence souvent programmée : un bâtiment servant de lieu de production et/ou de travail, accueillant des activités mécanisées ou artisanales, et nécessitant l’usage d’une force (humaine, naturelle) ou d’une énergie pour son plein fonctionnement. Dans le cadre de cette définition élargie et œcuménique subsiste l’opposition entre le meuble et l’immeuble, enjeu de recherches foisonnantes depuis la fin des Trente Glorieuses. L’aventure industrielle (c’est-à-dire le circuit, la performance, la stratégie, la série, la productivité, la maîtrise du temps et de l’espace, les mécanismes humains et matériels, la constance), ou l’usine comme « institution, organisation et microsociété14 », ne font toutefois pas directement l’objet de cette introduction. Nous nous intéressons davantage à l’actualité de certaines questions et concepts ainsi qu’à la construction historiographique qui les a fait émerger.

Quels chercheurs pour étudier l’architecture industrielle ?

  • 15 Ceci alors que des parcours et des carrières spécifiques d’historiens des techniques et du patrimoi (...)
  • 16 Nous pensons notamment aux recherches récentes menées par Victor Claass, Pascale Cugy, Charlotte Fo (...)
  • 17 Voir notamment les travaux de Stéphanie Dadour et de Stéphanie Bouysse-Mesnage sur les femmes archi (...)

8S’interroger sur l’historiographie de l’usine c’est d’abord se pencher sur la prosopographie de ses acteurs. À notre connaissance, aucune étude transversale n’a encore été menée sur ce point15. Si le regard prosopographique n’est pas neuf en histoire de l’architecture, et qu’il s’est déjà intéressé aux historiens de l’art16, il n’a pas encore atteint les historiens de l’architecture industrielle. Il peut sembler étrange de segmenter autant un corpus, en prenant en compte à la fois un métier ou une activité et un champ d’investigation (l’usine), alors que l’historiographie en langue française est tout juste en train de questionner les méfaits des mécanismes traditionnels de la mise en visibilité et son corollaire, l’invisibilisation17. S’il fallait esquisser les premiers contours de cette prosopographie, nous dirions tout d’abord que ses acteurs ne sont pas majoritairement des universitaires spécialistes d’histoire de l’art ou de l’architecture.

  • 18 Sans être exhaustifs, on songe à Louis André, Jean-François Belhoste (issu de l’Inventaire général) (...)
  • 19 Nous pensons ici à Françoise Hamon.
  • 20 Nous pensons notamment aux thèses de Lucas Monsaingeon (2024), Mariangela Carolina Licordari (2019) (...)

9Les spécialistes de l’espace industriel sont à l’image de leur objet, multiples, et s’inscrivent dans des disciplines différentes en s’intéressant au travail, à l’ouvrier, à la production, aux techniques, à l’ingénierie, aux matériaux, à l’architecture, à la construction, au développement du territoire, à l’histoire des entreprises ou encore à la géographie et aux politiques publiques. Si le monde universitaire, et de l’enseignement supérieur en général, est bien représenté18 et qu’il a pu être une sphère accueillante pour les spécialistes19, tous n’ont pas le même profil de carrière au départ (architecte, enseignant-chercheur, chercheur) et ne s’inscrivent pas dans les mêmes entités disciplinaires (histoire des sciences et des techniques, histoire de l’architecture, sociologie). Un regard très rapide sur les thèses soutenues depuis une trentaine d’années laisse à penser que le thème reste présent20 sans toutefois être significatif et que la question patrimoniale est emblématique du regard porté sur le corpus.

  • 21 Gasnier, 2011.
  • 22 Nous avons recensé 261 expositions organisées par l’IFA, d’abord dans les locaux de la rue de Tourn (...)
  • 23 Nous pensons notamment à « Du Bauhaus à l’industrie, Wilhelm Wagenfeld, objets quotidiens » (avril- (...)

10L’autre grand vivier de spécialistes est sans conteste celui formé par les chercheurs de l’Inventaire général qui, depuis les années 1980, s’est révélé d’une grande constance, malgré certains déséquilibres régionaux contextuels21. Le musée et ses acteurs (Bertrand Lemoine, Olivier Cinqualbre, Maurice Culot, Jean-Louis Cohen [1949-2023]) ont également joué un rôle important en mettant en valeur, par le biais de l’exposition et du catalogue des figures, des représentations et des édifices devenus emblématiques. Le Centre de création industrielle (CCI) et l’Institut français d’architecture (IFA) ont été les plus actifs, même si la thématique reste parfois anecdotique dans leur programmation. Entre 1981 et 2006, l’IFA a programmé trois expositions sur l’usine et l’espace du travail : « Marseille, le concours des Arsenaux » (décembre 1982-janvier 1983), « L’usine et la ville. 150 ans d’urbanisme, 1836-1986 » (juin-octobre 1986) et « Architecture industrielle, concours BMW » (avril-mai 1987)22. Cette courte liste, bien que parlante, est toutefois trompeuse puisque l’usine ou le lieu de production peuvent apparaître par touches dans des expositions thématiques, à l’instar de « Architecture de l’électricité » (mars 1992), ou des monographies d’architectes. Le biais est différent pour le CCI qui, par nature, s’intéresse au monde industriel via les objets (design) et les environnements, mais en intégrant la culture contemporaine au sens large. Entre 1969 et 1993, si l’usine est peu présente comme thème central d’une exposition, à l’exception de « L’usine. Travail et architecture » (mai-septembre 1973) et « Architecture et industrie. Passé et avenir d’un mariage de raison » (octobre 1983-janvier 1984), l’industrie en tant que processus, mode de production, contexte, culture et source d’inspiration irrigue, quant à elle, nombre de manifestations23.

11Plus importante encore que leur diversité disciplinaire ou d’approche est la non-fixité de ces professionnels dont les carrières évoluent dans et hors de leurs institutions d’origine. Si ce point reste à approfondir, il apparaît déjà que les connaissances acquises sur le monde industriel (architecture, technique, sociologie, etc.) sont sollicitées et trouvent bon accueil dans différents cadres qui favorisent, fabriquent et exposent, on le verra, la recherche dès les années 1970-1980.

Du contexte décisif de l’après-Mai 1968 à la désindustrialisation

  • 24 Curriculum vitae d’Olivier Cinqualbre transmis aux auteurs en novembre 2023.

12Afin de préciser cette exploration prosopographique, nous avons débuté un cycle d’entretiens avec des acteurs divers, chercheurs de l’Inventaire général, sociologues, historiens de l’architecture, ayant participé aux premières études sur le patrimoine industriel ou les lieux de travail dans les années 1980, mais aussi des chercheurs de la nouvelle génération ayant œuvré sur d’autres terrains. Au-delà de l’aspect fragmentaire de la démarche (certains interlocuteurs ne souhaitant pas ou n’ayant pu nous répondre), nous avons été interpellés par l’histoire de l’industrie personnelle qui s’offrait à nous. Cette histoire, presque intime, qui se dessinait à chaque fois telle des récits-îlots, était éloignée de la grande histoire de l’industrie mythifiée. Ils l’avaient façonnée à partir d’expériences de terrain, de collaborations, de circonstances économiques ou politiques, de parti pris, mais aussi de revendications personnelles et professionnelles. Pour beaucoup, le sentiment de l’inconnu historiographique était prégnant : « [cela revenait à] s’attaquer à un sujet totalement vierge24 ».

  • 25 Que l’on retrouve également en filigrane dans l’article de Payen, 1982.
  • 26 Concours d’architecture organisé par l’Agence national pour l’amélioration des conditions de travai (...)
  • 27 Entretien avec Thérèse Evette, mené par les auteurs le 24 novembre 2023 à Paris.
  • 28 Entretien avec Olivier Cinqualbre, mené par les auteurs le 10 novembre 2023 à Saint-Ouen-sur-Seine.
  • 29 Gasnier, 2011, p. 39-80.
  • 30 Entretien avec Paul Smith, mené par Nicolas Pierrot et Caroline Potel le 5 octobre 2023 à Paris.

13Pour les acteurs qui ont vécu l’après-Mai 1968, deux aspects ressortent fortement25 : s’intéresser aux lieux de production dans les années 1970-1980, c’est aller dans le sens du temps présent (celui de l’établi au début de la période, celui de l’amorce de la désindustrialisation à la fin) et y être conduit par un environnement favorable tel que les concours de l’ANACT26, mais aussi des collègues, des enseignants ou des étudiants, pour ceux qui encadrent des travaux dans les unités pédagogiques d’architecture. « Un esprit auquel on ne pouvait pas échapper », « un contexte extrêmement porteur » et un « milieu extrêmement politisé », selon les formules de Thérèse Evette27 qui adhère alors aux idées de la CFDT. Olivier Cinqualbre de son côté, adolescent en 1968, voit s’opérer « un changement radical de questionnements et d’intérêts […] qui n’atteint pas [que le sujet de l’architecture industrielle], mais toute ma vie28 ». Ce sont ensuite des enseignants, au lycée puis à UP1, comme Jean-Louis Cohen, et en parallèle son frère l’historien Yves Cohen, spécialiste de l’action de l’ingénieur Ernest Mattern (1880-1952) chez Peugeot, qui lui ouvrent la voie. Olivier Cinqualbre participe alors, au cœur de la désindustrialisation des années 1980, aux premières opérations de l’Inventaire général relatives au patrimoine industriel29. Évoquant ce nouveau contexte porteur, Paul Smith se souvient de l’émulation suscitée par la concordance d’une passion de chercheur avec les enjeux contemporains : « on ressentait une espèce d’élan, l’impression, au début de l’ère Jack Lang, que le patrimoine industriel était enfin reconnu30 ».

  • 31 Daumas, 2006.
  • 32 Simon Texier, professeur d’histoire de l’art contemporaine à l’université de Picardie Jules-Verne, (...)

14Pour les chercheurs qui ont achevé leur thèse au tournant des années 2000-2010, soit trente ans plus tard, l’esprit des « pionniers » a laissé place à une certaine prudence, suscitée par l’institutionnalisation du patrimoine industriel31 dont l’Inventaire a le leadership et par l’ampleur de l’historiographie interdisciplinaire. En outre, certains ont témoigné de la porosité des enseignements universitaires où les chercheurs de l’Inventaire, par réorientation de carrière ou sur invitation, ont eu leur place dans la diffusion du patrimoine industriel. L’historien de l’architecture Simon Texier se souvient ainsi que : « Françoise Hamon a été l’une des rares universitaires, parce qu’issue de l’Inventaire, à avoir intégré l’architecture industrielle dans son enseignement, j’ai suivi un séminaire de master sur ce sujet en 199332 ». Christel Palant, maîtresse de conférences à l’École nationale supérieure d’architecture (ENSA) Paris-Val de Seine, de son côté, se souvient :

  • 33 Témoignage de Christel Palant recueilli par les auteurs, le 15 novembre 2023.

À l’université de Tours, ma première approche du patrimoine industriel (et du patrimoine tout court) était enseignée en 1998 […] par l’ensemble des chercheurs du service de l’Inventaire du patrimoine de la Région Centre qui y enseignait un module entier sur un semestre. C’était super ! On y voyait aussi bien le patrimoine rural que le patrimoine industriel (c’était Patrick Léon à l’époque, qui [travaillait] beaucoup dans le Berry) […]. J’ai été estomaquée à de nombreuses reprises quand j’ai vu des vues aériennes de sites là où, à la fac, on ne nous montrait que l’image iconique : regarder la vue aérienne de Noisiel là où on ne nous montrait que le moulin, change énormément la vision des choses33.

  • 34 Gasnier, 2020.

15Ces témoignages démontrent que l’enseignement reçu et l’accompagnement à la recherche ont joué un rôle fondamental dans le « défrichage » de certains terrains de recherche à l’échelle individuelle. Cette dimension n’est pas à négliger même si des phénomènes plus globaux traversent et/ou structurent ces parcours, de l’autorité prise par l’Inventaire au contexte plus large du monde de la construction qui tend vers la question de la réhabilitation et de la reconversion. Il est également assez largement admis que l’usine a tout d’abord été, dans l’historiographie et la recherche, le reflet d’un patrimoine industriel dont il fallait faire une archéologie et dont les horizons se sont particulièrement élargis, comme le rappelle Marina Gasnier dans un article de 2020 : « étroitement lié au déclin industriel et à une prise de conscience de la disparition progressive de pans entiers d’activités humaines, ce nouveau champ disciplinaire a pour objectif l’étude et la valorisation des artéfacts issus de la civilisation industrielle34 ». Le sujet (la civilisation industrielle) est tellement vaste et dense que les bâtiments seuls ne peuvent pas rendre justice au phénomène. L’implication des acteurs (figures, formations, transmission, mémoire ouvrière), l’économie, la politique, l’évolution des territoires et le vaste champ de l’histoire des techniques (source d’énergie, savoir-faire, innovation) entrent naturellement en ligne de compte, multipliant d’autant les sources, les témoins et les spécialistes.

L’activité comme joyau, l’architecture comme simple « enveloppe » ? Le regard des historiens des techniques et de l’industrie

  • 35 Picon, 1988, p. 95.
  • 36 Dransy, 1789, p. 161 et suiv.
  • 37 Viel, 1804.

16Malgré le brassage des expériences, deux approches disciplinaires dominent dans l’étude de l’usine considérée à la fois comme contenu et contenant. Spontanément, l’histoire des techniques et de l’industrie accordera la première place aux installations de la chaîne opératoire dont devrait procéder l’architecture. Les lourdes contraintes des programmes (jusqu’au monument-machine) consacrent le règne des entrepreneurs-ingénieurs, des ingénieurs, des techniciens, des bureaux d’études et cantonnent dans les marges le besoin (le désir ?) d’architecture : façades et/ou entrée, supports d’une image de marque, bâtiments sociaux, renouvellement de l’image d’un site. À chacun son métier ? La position est fermement défendue, non sans de solides raisons. Parmi de nombreux exemples, retenons celui des moulins de Corbeil sous l’Ancien Régime, avant l’avènement de la vapeur. Au siècle des Lumières, alors que s’affirme la dissociation entre les professions d’ingénieur et d’architecte35, c’est à l’ingénieur du roi Pierre-Antoine Dransy36 (1733-1798) qu’est confiée en 1765, en raison de ses compétences en hydraulique et en mécanique, la construction du moulin et du grenier de la Réserve destiné à l’approvisionnement de Paris. En 1784, en revanche, c’est à l’architecte de l’Hôpital général, Charles-François Viel (1745-1819), qu’est confiée la conception de la halle aux grains. Point d’ingénierie ici, mais un travail d’architecte associant, selon la définition canonique de Vitruve (Ier siècle av. J.-C.) : « solidité, utilité et beauté ». En effet, la robuste construction, dont les fondations et la maçonnerie devaient « porter un fardeau extraordinaire de quatre cents muids de bled pesant douze cents milliers de livres37 », était non seulement un lieu de stockage, mais un bâtiment public, dont les frontons et les colonnades devaient agrémenter et dialoguer avec la nouvelle place royale.

  • 38 Voir par exemple André, 1996.

17Les grandes thèses sectorielles des années 1980 et 1990, sensibles à la démarche de l’archéologie industrielle, ont mis en évidence le rôle confidentiel, sinon inexistant, des architectes dans la conception des chapelets d’usines hydrauliques et à vapeur de la première industrialisation38. Soit l’exemple des forges à l’anglaise, approfondi par Serge Benoit :

  • 39 Benoit, 2020, p. 229.

Avec la filature du coton mécanisée, la minoterie dite à l’anglaise ou à l’américaine et la papeterie mécanique à machine continue, la forge à l’anglaise constitue l’un des archétypes de l’usine au sens moderne que ce terme a pris depuis la première industrialisation39.

  • 40 Flachat, Barrault, Petiet, 1846.
  • 41 Hamon, 1997.

18Or, ces forges – introduites en France après 1815 et supplantées par les aciéries à la fin des années 1860 – sont l’œuvre d’entrepreneurs et d’ingénieurs. Le schéma type est « centraliste » : fours disposés à la périphérie de la halle (dans ses « bas-côtés ») afin d’empêcher, explique l’ingénieur Eugène Flachat (1802-1873), « que [les] matières traversent l’atelier dont les travaux seraient ainsi dérangés à chaque instant40 ». Les machines, en revanche, sont massées au centre de la « nef » : moteur hydraulique et/ou à vapeur, cingleurs, cisailles et surtout les trains de laminoirs. La symétrie longitudinale se double ici d’une symétrie transversale. C’est l’avènement de l’usine-cathédrale, visible à Decazeville, Alès et Fourchambault. Leurs façades, quant à elles, sont ordonnancées et ouvertes de baies en plein cintre. Cette composition traduit-elle une volonté d’« anoblir » ou de dire qu’il s’agit bien ici d’un ensemble architectural ? On rappellera plutôt que les ingénieurs d’État ont, dès le début de leur formation, reçu un enseignement académique et architectural41.

  • 42 Pierrot, 2011, p. 10-13.
  • 43 Desmoulins, 2008a ; Fridenson, 2021.

19Il est aussi des cas de véritables collaborations, d’associations de compétences, l’ingénieur précédant toutefois l’architecte, malgré l’aspiration de ce dernier à demeurer le « chef d’orchestre ». À Champagne-sur-Seine, en 1901-1903, Paul Friesé (1917-1851) sait conserver les principes généraux de l’avant-projet conçu par l’ingénieur électricien Oscar Helmer pour la nouvelle usine de matériel électrique Schneider : un atelier de montage central et six ateliers annexes (depuis la menuiserie jusqu’au bobinage et à l’étuvage) nettement séparés pour éviter la propagation d’éventuels incendies. Il sait aussi le remanier profondément, en déplaçant le bâtiment administratif et la centrale électrique aux limites de la réserve foncière afin d’agrandir les ateliers et d’anticiper les agrandissements futurs42. Dans la même logique, à Flins-sur-Seine, nous expliquent Christine Desmoulins puis Patrick Fridenson, c’est le bureau interne de la régie Renault dirigé par l’ingénieur des arts et métiers Marcel Tauveron (1899-1985) qui, de 1946 à 1950, élabore les avant-projets. Cependant Bernard Zehrfuss (1911-1996), Grand Prix de Rome en 1939, proposé au PDG Pierre Le Faucheux (1898-1955) par Eugène Claudius-Petit (1907-1989) – alors ministre de la Reconstruction et de l’urbanisme – parvient à « ajuster » les plans, à dessiner les façades et à assumer la conception des bâtiments non industriels43. Des lieux qui incarnent parfois plus facilement la voix de l’architecture, car touchant à des programmes plus « conventionnels » : le réfectoire, la cantine, le pavillon d’accueil, l’immeuble de bureaux.

Promouvoir la qualité, dénoncer le « laisser-aller44 » : regards d’historiens de l’art et de l’architecture

  • 44 Hamon, 1988, p. 18.
  • 45 Nous pensons notamment et sans exclusive à Kenneth Frampton, Charles Jencks, Jacques Lucan, William (...)
  • 46 Cohen, Damish (dir.), 1993.

20L’usine n’a jamais été au centre de l’historiographie construite par les historiens de l’art et de l’architecture. Elle est davantage une lame de fond qu’un invariant. L’espace du travail en général est peu abordé, hors de contextes spécifiques, on l’a vu. Les programmes architecturaux qui portent le travail (immeuble de bureaux, atelier, usine, laboratoire, bourse, mairie, hôtel de département ou de région) sont bien présents dans l’historiographie, notamment dans les histoires de l’architecture du xxe siècle45 et dans les publications orientées, dont le conséquent Américanisme et modernité. L’idéal américain dans l’architecture dirigé par Hubert Damisch (1928-2017) et Jean-Louis Cohen46. À aucun moment, leur association à la notion de travail n’a été un handicap à l’étude, bien que le logement et ses programmes, objets emblématiques de l’effort constructif au xxe siècle, avec une forte accélération dans la seconde moitié, dominent l’historiographie. Toutefois, l’architecture du travail, en général, est peu étudiée pour elle-même.

21L’espace du travail s’insinue plus en réalité qu’il ne domine, hors du cadre des icônes que sont l’usine ou l’immeuble de bureaux. Il croise ainsi l’espace du service (banque, grand magasin, hôtel, commissariat), de l’enseignement (école, lycée, université, amphithéâtre), du loisir (théâtre, cinéma, parc, musée), du sport (stade, salle de sport, piscine), de l’alimentation (ferme, marché, hypermarché) ou de la consommation (boutique, centre commercial). Tous les programmes architecturaux sont des espaces du travail pour tout ou partie de leurs utilisateurs. Le logement fut longtemps lui-même un espace du travail pour la domesticité, avec une circulation spécifique et des pièces particulières. Si ce schéma n’a pas disparu, il se trouve aujourd’hui concurrencé par la large diffusion d’autres modèles qui impliquent une activité économique tels que le télétravail, le marketing de l’influence ou le persistant petit artisanat domestique. Mais, dès lors qu’il n’a pas d’espace spécifique (pièce, circulation, meuble), le travail peut-il intégrer le corpus de l’historien de l’architecture ? Non que l’historien qu’il est ne puisse pas observer et décrire le phénomène, mais son corpus restera toutefois dominé par un autre objet, extérieur à l’action propre du travail, là où d’autres spécialistes des sciences humaines (anthropologue, sociologue, historien des techniques, spécialiste de littérature) en feront leur objet.

  • 47 Entretien avec Olivier Cinqualbre, mené par les auteurs le 10 novembre 2023 à Saint-Ouen-sur-Seine.
  • 48 Entretien avec Dominique Hervier, conservateur général du patrimoine, premier chef du service régio (...)
  • 49 Entretien avec Antoine Le Bas, conservateur honoraire du patrimoine, en poste à l’Inventaire généra (...)

22En introduisant des hiérarchies de valeurs, des orientations théoriques et une définition réduite de l’objet architectural, une certaine histoire de l’art a pu un temps disqualifier l’usine. Olivier Cinqualbre parle à ce propos d’une « peur de l’usine »47 dépassant le cadre universitaire et se prolongeant jusqu’aux origines de l’inventaire du patrimoine industriel. Il le remarque au moment d’amorcer son œuvre pionnière consacrée aux Architectures d’usines en Val-de-Marne, alors qu’au même moment, la demande sociale et politique – de la part notamment de la majorité communiste du Conseil général48 – contribuait à « naturaliser » la thématique. Il a pu s’agir, par la suite, de disqualifier un certain type d’usines, symboliques d’un certain « laisser-aller » architectural, jugées négativement dans une perspective de valorisation patrimoniale. Antoine Le Bas se souvient que s’intéresser aux modestes bâtiments de PME – autre sujet pionnier – a pu, un temps, apparaître incongru dans un service de l’Inventaire général : « Ce n’est pas de l’architecture ! », lui opposaient les partisans d’un tri architectural draconien49.

  • 50 Fiblec, 1991.
  • 51 Lesquins, 1998.
  • 52 Rabreau, 2000.
  • 53 Texier, 1998, 2006.
  • 54 De Araujo, 2013, 2018.
  • 55 Jeanroy, 2016, 2022.
  • 56 Desmoulins, 2008a ; Lefrançois, Landauer, 2011.
  • 57 Devillers (dir.), 1977.
  • 58 Rebérioux (dir.), 1983, 1984.
  • 59 Voir à titre d’exemple CILAC (dir.), 2015 ; Hachez-Leroy, 2018.
  • 60 Kerouanton, 2021.
  • 61 Alletru, 2007.

23Pourtant, depuis les années 1970, un corpus de travaux se constitue par petites touches. Il est possible de distinguer, au premier rang, des monographies d’architectes, minoritairement dédiées à des spécialistes d’architecture industrielle – on songe à l’ouvrage d’Hugues Fiblec sur Paul Friesé50 – et majoritairement à ceux dont la trajectoire a rencontré un grand commanditaire industriel ou une politique d’État ciblée : Jean Le Couteur (1916-2020) par Noémie Lesquins51, Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) par Daniel Rabreau52, Georges-Henri Pingusson (1894-1978) par Simon Texier53, Auguste Perret (1874-1954) par Ana bela de Araujo54 ou encore Claude Parent (1923-2016) par Audrey Jeanroy55. Ce type d’approche donne également une place à l’usine lorsque les projets sont déterminants pour la compréhension de l’œuvre d’un architecte et/ou lorsque les archives, particulièrement de beaux dessins et plans, permettent sa mise en valeur. La foisonnante collection « Carnets d’architectes », aux Éditions du patrimoine, en offre un bon exemple56. La monographie de site industriel peut également jouer un rôle déterminant dans la connaissance et la compréhension de l’architecture, comme les trois numéros « incunables » de la revue Monuments historiques consacrés, par l’architecte Christian Devillers57 puis par Madeleine Rebérioux58 (1920-2005), aux architectures de l’industrie et aux nombreux articles de la revue du Comité d’information et de liaison pour l’archéologie (CILAC)59 ou de 30360. Déjà cités, les collections nationales ou régionales de l’Inventaire général comptent de nombreuses monographies de sites dont plusieurs ont fait date, à l’image de celle consacrée par Nelly Alletru à l’usine d’aviation Marcel Bloch de Déols, élevée sur les plans de l’architecte Georges Hennequin61 (1893-1969).

  • 62 Wieser-Benedetti, Culot (dir.), 1975.
  • 63 Grenier, Wieser-Benedetti, 1979.
  • 64 Réal, 2013 ; Halitim-Dubois, 2019 ; Maison-Soulard, Frigant, 2020 ; Favereaux, Poupart, 2021.

24Il faut enfin mentionner les approches territoriales qui n’ont jamais démenti leur capacité à faire émerger des figures d’architectes, des analyses d’espaces de travail et des catalogues de formes. Pour commencer par les incunables, il faut rappeler la publication du catalogue Le paysage de l’industrie62 dirigé en 1975 par Maurice Culot et Hans Wieser-Benedetti, ou des Châteaux de l’industrie, par Lise Grenier et Hans Wieser-Benedettien en 197963. C’est dans ce segment éditorial que se sont imposées, par nature, les publications de l’Inventaire général. Puisqu’il est impossible de toutes les mentionner, citons à titre d’exemple les synthèses régionales consacrées en 2013 par Emmanuel Réal à la reconversion du patrimoine industriel en Haute-Normandie, en 2019 par Nadine Halitim-Dubois au patrimoine industriel de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en 2020 par Laetitia Maison-Soulard et Vincent Frigant au patrimoine de l’industrie aérospatiale en Nouvelle-Aquitaine (mettant en exergue les architectes Georges Hennequin, Jean Fayeton [1908-1968] et l’agence Brunerie & Irissou) ou encore, en 2021, par Raphaël Favereaux et Laurent Poupard au patrimoine industriel de l’ancienne région Franche-Comté64.

Pour une histoire renouvelée de la conception des lieux de travail

  • 65 Bergeron, Maiullari-Pontois, 2000, p. 202.
  • 66 De Araujo, 2011.

25Cette historiographie abondante offre un premier éventail des rôles et partis pris adoptés par les architectes face aux programmes industriels : depuis ceux qui, à l’exemple d’Albert Kahn (1860-1940), conçoivent « un bâtiment industriel [devant] s’adapter rigoureusement aux exigences de l’entrepreneur65 », jusqu’à ceux à qui l’on demande d’extrapoler (comme Claude Parent), en passant par les signatures persistantes qui « anoblissent » l’usine par le biais d’une écriture caractéristique qui a fait leur auctorialité (Walter Gropius, 1883-1969), ce qu’Ana bela de Aurajo appelle « une ligne architecturale prégnante66 » à propos d’Auguste Perret (1874-1954) à Saclay. La seule présence de l’architecte suffit-elle cependant à atteindre cette dimension architecturale ?

  • 67 Debat, 1939.
  • 68 Nous pensons à l’École de Chicago ou au cas de la poste centrale du Louvre (Paris). Voir Lambert, 2 (...)
  • 69 Nous pensons par exemple à l’usine de tapis néo-vénitienne Templeton on the Green à Glasgow (1892).

26Il faut également prendre en considération le « désir d’architecture » des acteurs, un désir exprimé (lisible dans les sources) et/ou soutenu par le commanditaire, car participant au message de l’entreprise. Ce désir est essentiel, car c’est lui qui, le plus souvent, semble justifier l’éventuel coût supplémentaire suscité par le recours à un architecte ou, pour le moins, qui permet au commanditaire d’évaluer, sans préjugé, le rapport avantages/coûts des prestations offertes par l’architecte en regard de celles offertes par l’ingénieur seul ou en collaboration. C’est ce qu’exprime avec enthousiasme le médecin-entrepreneur François Debat (1882-1956) dans son célèbre article « L’usine heureuse », publié dans L’Architecture d’aujourd’hui en 193967. Ce message place volontairement la dimension architecturale comme l’une des attentes du projet. La présence d’une écriture spécifique, d’un vocabulaire identifiable et descriptible qui s’inscrit dans une histoire de l’architecture plus large, y participe également. Et ceci, que ce langage ait été vu comme un impératif contextuel (l’espace mécanisé ou de stockage en pleine ville)68, comme participant à une tradition constructive (la manufacture) ou comme un désir d’anoblissement d’un programme69 ou d’une branche (lors de l’émergence d’une industrie nouvelle par exemple). Enfin, la réception a son rôle à jouer dans cette perception. L’appréhension de l’espace industriel comme patrimoine a son importance, car elle guide l’observateur/visiteur vers un bâtiment reconnu comme un héritage, même si ce dernier ne repose pas toujours sur la dimension architecturale du projet. Cette réception dépend aussi de ceux qui se sont intéressés aux usines, aux univers disciplinaires et théoriques auxquels ils les ont confrontés, à la manière dont ils ont tenté d’en décortiquer les multiples accents et caisses de résonance. De ce point de vue, chacun peut saluer les efforts mis en œuvre depuis plus de cinquante ans pour positionner l’usine aux cœurs des débats esthétiques, techniques, patrimoniaux et architecturaux, pour avoir cherché sur les murs de l’usine ou dans les permis de construire les noms des architectes, des ingénieurs et des constructeurs, connus ou inconnus, et pour avoir patiemment fait l’effort d’une visualisation par la photographie de nombre de ces artéfacts.

  • 70 Pierrot, 2021.
  • 71 Entretien avec Jean-Baptiste Minnaert, mené par Nicolas Pierrot le 6 décembre 2023.
  • 72 Jean-Baptiste Minnaert songe en particulier au fonds, étudié dans sa thèse (1993), de l’architecte (...)
  • 73 Frapier, 2009.
  • 74 Laprade, 1949.

27Toutefois, le sentiment demeure d’un programme cantonné aux marges de la création architecturale. Très tôt pourtant, Olivier Cinqualbre en est convaincu, les programmes industriels sont investis par les architectes, en particulier au xxe siècle. Les Peter Behrens (1868-1940), Tony Garnier (1869-1948), Walter Gropius, Albert Kahn et Alvar Aalto (1898-1976) ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Tous les grands architectes et bien d’autres, confirme-t-il, ont conçu des usines. Le travail de « découverte » de cette production est loin d’être terminé, conforté par les enquêtes quotidiennes de terrain des chercheurs de l’Inventaire et par le dépouillement des revues d’architecture, notamment celles publiées après la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire au temps de l’obligation du permis de construire, et, plus que jamais, de la revendication des architectes libéraux à conquérir ce marché. Une conquête qui cherche dans les revues un soutien déterminant à la visibilité. Avec 862 articles et « dossiers de réalisation », les programmes industriels se révèlent être les plus publiés de la période70 ! On aurait donc tort de reproduire dans le champ académique, entre spécialistes de l’industrie et spécialistes de l’architecture, la division professionnelle entre ingénieurs et architectes. Certes, nous rappelle Jean-Baptiste Minnaert, « chacun de leur côté, les historiens de l’industrie et les historiens de l’architecture sont dépendants de la culture et des sources laissées par leurs champions respectifs71 ». Il songe alors aux nombreux fonds d’architectes qui ne conservent que de « beaux dessins72 », d’où parfois ce sentiment d’étrangeté réciproque des discours et des approches. D’où l’intérêt de travailler sur les lieux de formation croisée73, les interfaces professionnelles, les voyages, les phases collaboratives, c’est-à-dire ce fameux « travail en commun des architectes et des ingénieurs74 » promu par Albert Laprade (1883-1978) après son intervention sur le barrage de Génissiat. Ces temps collectifs peuvent évoluer selon les périodes, mais permettent de déceler ce qui relève, dans l’apport de chacun, du plan de masse, de l’agencement, de la façade, du choix des matériaux, etc.

  • 75 Le LET est créé au sein de l’unité pédagogique no 6, aujourd’hui ENSA Paris-La Villette, à l’époque (...)
  • 76 Entretien avec Thérèse Evette, cité plus haut. Voir aussi Evette, Cinqualbre (dir.), 1984 ; Evette, (...)

28À ce stade, l’influence des sciences humaines dans l’enseignement de l’après-Mai 1968 mérite ici d’être réexplorée, afin de questionner la corrélation entre l’évolution de l’espace industriel et l’introduction, pour son étude, de nouveaux savoirs disciplinaires. La sociologie appliquée aux espaces de travail, en particulier en sein du Laboratoire Espaces-Travail (LET) créé par François Lautier et Thérèse Evette en 1978, en fournit un exemple emblématique et stimulant, quoique limité au dernier tiers du xxe siècle75. Il s’agit fondamentalement, insiste Thérèse Evette, d’interpréter l’architecture industrielle (et plus largement l’architecture d’entreprise) selon ses conditions de production : aborder le bâtiment comme un produit immobilier, comme un lieu de production, comme un lieu de travail (l’architecture comme facteur déterminant des conditions de travail) et, enfin, comme porteur d’une symbolique, d’une image de marque, sollicitant fréquemment les compétences artistiques de l’architecte. Dans cette perspective, qui conçoit l’architecture ? Pas toujours et pas seulement l’architecte libéral mobilisé pour sa signature, car, à toutes les étapes, dans les bureaux d’études, sont employés des architectes. L’objectif de l’historien est donc, lorsque les sources sont disponibles, de traquer le rôle de chacun dans une organisation de la maîtrise d’œuvre parfois complexe. Du reste, la signature, le dessin, la création de l’image de marque demeurent fondamentaux. Pour une grande entreprise, pourquoi convoquer une signature ? On parle de « médiatisation croisée », bénéfique aux deux parties76 comme le montre le cas emblématique d’Olivetti. La rencontre, toutefois, n’est pas aisée : un choc de culture, de vocabulaire, d’impératifs pourra éventuellement naître entre, d’une part, l’architecte qui se vit parfois comme un artiste et un intellectuel, mais qui sait faire preuve de pragmatisme et de rationalisme, et, d’autre part, une équipe dirigeante qui parle le langage de l’entreprise (maîtrise des coûts, retour sur investissement) ; tout en notant la nécessité de déconstruire ce duel de positionnement. La relation se construit, d’où l’évocation fréquente dans nos études et dans les articles qui suivent de relations amicales préexistantes entre un architecte et un entrepreneur : Le Corbusier (1887-1965) et Jean-Jacques Duval, Jean Ginsberg (1905-1983) et les propriétaires de la Compagnie industrielle des bois de Bonneuil-sur-Marne, Bernard Zehrfuss ami d’enfance d’Alfred Mame (1909-1994) etc. – de relations confraternelles également – Jules Denfer (1839-1914) et Paul Darblay (1825-1908) à l’École centrale. De la nature de cette relation, de ce réseau de contraintes, naîtra une « esthétique de l’usine » qui ne saurait se résumer à quelques éléments caractéristiques (cheminée, sheds ou tuyaux) ancrés dans la culture populaire. Les critiques lors de l’ouverture du Centre Pompidou en 1977 l’ont montré. D’où l’importance de valoriser, par la recherche, l’image et la visite, la variété et l’inventivité de cette « esthétique » qui se réinvente en s’insérant aussi dans une culture plus large (clips musicaux, films, photographies).

Conclusion

  • 77 Casanelles Rahola, 2006.

29Le dossier d’articles qui suit explore des contextes de création peu connus ou revisités. Leurs auteurs, soucieux de transdisciplinarité, ont traqué l’acte collectif que représente la construction d’une usine, et suivi son évolution comme son impact sur les territoires, parfois sur le temps long, évaluant les statuts et les perceptions évolutives de ces édifices. Leur démarche révèle un acte de promotion toujours vivace. Près de cinquante ans nous séparent des premiers travaux français d’archéologie industrielle comme de la naissance de l’International Committee for the Conservation of the Industrial Heritage77 (TICCIH) et du CILAC (1978). Des organisations qui ont façonné la mise en visibilité et la transmission des savoirs de l’histoire industrielle au sens large. Le recul est aujourd’hui suffisamment important pour penser les dynamiques, la réception, la prosopographie des chercheurs, les approches, mais aussi l’impact que la tension entre industrialisation et désindustrialisation a pu exercer sur les territoires à différentes échelles (locale, globale, intersectionnelle). Cette question en particulier nous semble d’une grande actualité. Un constat reste pertinent : l’usine au sens large et l’architecture industrielle en particulier offrent encore un territoire d’étude aux dimensions indéfinies et dont la dignité, sinon historique et technique, mais plus encore esthétique – et partant de la pleine reconnaissance patrimoniale – semble toujours à reconquérir. Dans cette perspective, l’architecte demeure un allié et l’histoire une nécessité.

Haut de page

Sources et bibliographie

Alletru Nelly, L’usine d’aviation Marcel Bloch à Déols, Lyon / Orléans, Éditions Lieux Dits / AREP-Centre (Images du patrimoine, 240), 2007.

André Louis, Machines à papier. Innovation et transformations de l’industrie papetière en France, 1798-1860, Paris, Éditions de l’EHESS, 1996.

Araujo Ana bela (de), Auguste Perret, la cité de l’atome. Le centre d’études nucléaires de Saclay, Paris, Éditions du patrimoine / Centre des monuments nationaux (Monographies d’édifices), 2018.

Araujo Ana bela (de), Le centre d’études nucléaires à Saclay. L’architecture-système d’Auguste Perret à l’épreuve de la science, 1948-1951, thèse d’histoire de l’art, Paris, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2013.

Araujo Ana bela (de), « Le Centre d’études nucléaires à Saclay (1948-1954). L’architecture-système d’Auguste Perret à l’épreuve de la flexibilité et de l’obsolescence », Cahiers thématiques, no 10, 2011, p. 17.

Araujo Ana bela (de), Jeanroy Audrey (dir.), « Architectures françaises de l’industrie », Profils. Revue de l’association d’histoire de l’architecture, no 3, 2021.

Autissier David, « Le besoin de réenchanter l’entreprise », dans Autissier David, Bretones Luc, Jacquillat Emery, Sibieude Thierry, Martin Didier G. (dir.), Entreprises à mission et raison d’être. Changer l’entreprise pour un monde plus durable, Malakoff, Dunod, 2020, p. 3-14.

Belhoste Jean-François, Smith Paul, Architectures et paysages industriels, l’invention d’un patrimoine, Paris, Éditions de La Martinière, 2012.

Benalloul Gabriel, Buffa Géraud, Pauvarel Frédéric, Grasse, l’usine à parfums, Lyon, Éditions Lieux Dits (Cahiers du patrimoine, 113), 2015.

Benoit Serge, D’eau et de feu : forges et énergie hydraulique, xviiie-xxe siècle. Une histoire singulière de l’industrialisation française, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020.

Bergeron Louis, Maiullari-Pontois Maria Teresa, « Architecture et maîtrise des matériaux », dans Bergeron Louis, Maiullari-Pontois Maria Teresa (dir.), Le patrimoine industriel des États-Unis, Paris, Hoëbeke, 2000, p. 185-213.

Caignet Aurore, Représenter, réinterpréter et réimaginer le patrimoine industriel. La promotion du renouveau de la ville postindustrielle du Nord de l’Angleterre (1970-2010), thèse d’anglais, Rennes, Université Rennes 2, 2018.

Camus Colombe, Evette Thérèse, La conception des lieux de travail. Une ressource pour l’entreprise, Montrouge, Éditions de l’ANACT, 1991.

Casanelles Rahola Eusebi, « Le TICCIH, une association internationale pour la sauvegarde et l’étude du patrimoine industriel », dans Daumas Jean-Claude (dir.), La mémoire de l’industrie. De l’usine au patrimoine, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté (Les cahiers de la MSHE Ledoux, 4), 2006, p. 141-148, https://doi.org/10.4000/books.pufc.28074.

Cellard Pauline, Imbs Marjolaine, « L’ancienne usine des cafés Patin à Paris », Patrimoine industriel, no 78, 2021, p. 40-47.

Cenci Jérémy, La résilience des territoires industriels en mutation, le rôle de la valorisation du patrimoine. Étude de cas du bassin transfrontalier sambrien (France – Belgique), thèse d’aménagement et urbanisme, Lille / Mons, Université Lille 1 / Université de Mons, 2015.

Chaigneau-Normand Maogan, La rance industrielle au xixe siècle. Étude historique et archéologique, thèse d’histoire de l’art, Rennes, Université Rennes 2, 2001.

Chatenet Monique, Verdier Hélène (dir.), Thésaurus d’architecture, Paris, Éditions du patrimoine / Caisse nationale des monuments historiques et des sites (Documents & méthodes, 7), 2000.

CILAC (dir.), « Quarante ans de patrimoine industriel en France », Patrimoine industriel, no 66/67, 2015.

Cinqualbre Olivier, « La France et l’usine américaine. Voyages d’ingénieurs et tourisme industriel », dans Cohen Jean-Louis, Damisch Hubert (dir.), Américanisme et modernité. L’idéal américain dans l’architecture, Paris, Éditions de l’EHESS / Flammarion, 1993, p. 283-293.

Cinqualbre Olivier, « La mise en schémas de l’usine (1910-1930) », Le Mouvement social, no 125, 1983, p. 97-112, https://www.jstor.org/stable/3777684.

Cinqualbre Olivier, Hamon Françoise, Hervier Dominique, Architectures d’usines en Val-de-Marne, 1822-1939, Paris, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France / APPIF (Cahiers de l’Inventaire, 12), 1988.

Class Victor, Cugy Pascale, Foucher Zarmanian Charlotte, Martin François-René (dir.), En couple. Historiennes et historiens de l’art au travail, Paris, Éditions de la Sorbonne (Histoire de l’art), 2024.

CNRTL, « Usine », Trésor de la langue française informatisé, 2012, https://www.cnrtl.fr/definition/usine.

Cohen Jean-Louis, Scènes de la vie future. L’architecture européenne et la tentation de l’Amérique, 1893-1960, Paris / Montréal, Flammarion / Centre canadien d’architecture, 1998.

Cohen Jean-Louis, Damisch Hubert (dir.), Américanisme et modernité. L’idéal américain dans l’architecture, Paris, Éditions de l’EHESS / Flammarion, 1993.

Coley Catherine, Taveneaux Benoît, Buffa Géraud, Burtard Alexandre, Brasseries au temps de l’Art déco dans le Grand Est, Saint-Nicolas-de-Port, Édition Musée français de la Brasserie, 2024.

Daumas Jean-Claude (dir.), La mémoire de l’industrie. De l’usine au patrimoine, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté (Les cahiers de la MSHE Ledoux), 2006.

Daumas Maurice, L’archéologie industrielle en France, Paris, Robert Laffont, 1980.

Debat François, « L’usine heureuse », L’Architecture d’aujourd’hui, no 6, 1939, p. 36-39.

Desmoulins Christine, Bernard Zehrfuss, Paris, Éditions du patrimoine (Carnets d’architectes, 2), 2008a.

Desmoulins Christine, Bernard Zehrfuss, un architecte français (1911-1996) : une figure des Trente Glorieuses, thèse d’histoire de l’architecture, Versailles, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2008b.

Devillers Christian (dir.), « L’architecture industrielle », Monuments historiques, no 3, 1977.

Dewerpe Alain, « Produire en masse », dans Dewerpe Alain, Les mondes de l’industrie. L’Ansaldo, un capitalisme à l’italienne, Paris / Rome, Éditions de l’EHESS / École française de Rome, 2017, p. 351-382.

Doskočilová-Doležel Lucie, Politiques publiques et outils juridiques pour la reconversion des friches industrielles en France et en République tchèque. Études de cas : Prague, Lyon, Issy-les-Moulineaux et Paris-rive-gauche, thèse de savoir et pratique de l’urbanisme, Paris, Université Paris 12 Est Créteil, 2004.

Dransy, « Mémoire sur la construction des moulins à farine, sur les différentes manières de tirer le parti le plus avantageux des courans d’eau, et sur les meilleurs procédés pour la mouture des grains », dans Parmentier Antoine-Augustin, Mémoire sur les avantages que le royaume peut retirer de ses grains, Paris, Barrois, 1789, p. 156-216.

Evette Thérèse, « Un réseau : la recherche d’intérêts communs, des négociations permanentes », Cahiers Ramau. Revue du Réseau activités et métiers de l’architecture et de l’urbanisme, no 10, 2019, p. 143-147, https://cahiers-ramau.edinum.org/179?lang=en.

Evette Thérèse, « L’architecture d’entreprise, de la publicité au contrat social », dans Y a-t-il une architecture industrielle contemporaine ? Actes du colloque d’Arc-et-Senans, 6-7 mai 1999, Arc-et-Senans, Institut Claude-Nicolas Ledoux, 1999, p. 165-173.

Evette Thérèse, Cinqualbre Olivier (dir.), Conception des lieux de travail, Paris, Centre de création industrielle, 1984.

Evette Thérèse, Knapp Nicolas, L’architecture industrielle, acteurs et modes de conception, Paris, Éditions de La Villette, 1985.

Favereaux Raphaël, Poupart Laurent, Franche-Comté. Terre d’industrie et de patrimoine, Lyon, Éditions Lieux Dits, 2021.

Ferrier Jacques, Usines, 2 tome, Paris, Éditions du Moniteur, 1989, 1991.

Fiblec Hugues, Paul Friesé, 1851-1917. Architectures de l’âge industriel, Paris, Norma, 1991.

Flachat Eugène, Barrault Alexis, Petiet Jules-Alexandre, Traité de la fabrication du fer et de la fonte envisagée sous les rapports chimique, mécanique et commercial, Paris, Mathias, vol. 1, 1846.

Florent Françoise, La reconversion du bassin minier et les chambres de commerce et d’industrie de Béthune-Lens, Douai et Valenciennes, 1945-1983, thèse d’histoire contemporaine, Lille, Université Lille 3 Charles de Gaulle, 2001.

Flück Pierre, Manuel d’archéologie industrielle. Archéologie et patrimoine, Paris, Hermann, 2017.

Foucher Zarmanian Charlotte, Femmes, art et savoir. Historiennes de l’art en France (xviiie-xxe siècle), mémoire d’HDR, Paris, Laboratoire d’études de genre et de sexualité, 2021.

Frapier Christel, Les ingénieurs-conseils dans l’architecture en France, 1945-1975 : réseaux et internationalisation du savoir technique, thèse d’histoire de l’art et archéologie, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2009.

Fridenson Patrick, « Architecture, esthétique industrielle, art. Le nouveau Renault, 1945-1985 », dans Rot Gwenaële, Vatin François (dir.), L’esthétique des Trente Glorieuse. De la Reconstruction à la croissance industrielle, Deauville, Librairie des musées, 2021, p. 241-255.

Fridenson Patrick, « Pour une histoire de l’usine », dans Feiertag Olivier, Simon Marine (dir.), La vallée de la Seine et la seconde révolution industrielle, Rouen, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2019, p. 13-20.

Gasnier Marina, « De nouveaux horizons pour l’archéologie industrielle », e-Phaïstos. Revue d’histoire des techniques, vol. 8, no 2, 2020, https://doi.org/10.4000/ephaistos.7782.

Gasnier Marina, Le patrimoine industriel au prisme de nouveaux défis. Usages économiques et enjeux environnementaux, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2018.

Gasnier Marina, Patrimoine industriel et technique. Perspectives et retour sur 30 ans de politiques publiques au service des territoires, Lyon, Éditions Lieux Dits (Cahiers du patrimoine, 96), 2011.

Gasnier Marina, Le patrimoine industriel en Ille-et-Vilaine, xixe-xxe siècles. De l’inventaire à l’histoire, thèse d’histoire de l’art, Rennes, Université Rennes 2, 2001.

Gayot Gérard, Les draps de Sedan. 1646-1870, Paris, Éditions de l’EHESS / Terres Ardennaises, 1998.

Grenier Lise, Wieser-Benedetti Hans, Les châteaux de l’industrie. Recherches sur l’architecture de la région lilloise de 1830 à 1930, t. 2, Paris / Bruxelles, Archives d’architecture moderne / Ministère de l’Environnement et du cadre de vie, 1979.

Griveaud Léon, Traité pratique de construction et aménagement des usines, Paris / Liège, Librairie polytechnique Ch. Béranger, 1936.

Groupe ALT (dir.), « Usines, architecture et conditions de travail », Techniques et architecture, no 314, 1977.

Hachez-Leroy Florence (dir.), Le patrimoine industriel au xxie siècle, nouveaux défis. Actes du congrès TICCIH, Lille Région 2015, Paris, CILAC (Patrimoine industriel, hors-série 1), 2018.

Halitim-Dubois Nadine, Industries en héritage. Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon, Éditions Lieux Dits, 2019.

Hamon Françoise, Construire pour l’industrie. L’enseignement de l’architecture à l’École centrale des arts et manufactures, 1932-1914, thèse de doctorat, Paris, Université Paris 4 Sorbonne, 1997.

Hamon Françoise, « Introduction », dans Cinqualbre Olivier, Hamon Françoise, Hervier Dominique, Architectures d’usines en Val-de-Marne, 1822-1939, Paris, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France / APPIF (Cahiers de l’Inventaire, 12), 1988.

Hesse J., « Usine », dans Guillet Léon, de Toro Michel (dir.), Larousse de l’industrie et des arts et métiers, Paris, Libraire Larousse, 1935.

Jeanroy Audrey, Claude Parent. Les desseins d’un architecte, Marseille, Éditions Parenthèses (Architecture), 2022.

Jeanroy Audrey, Claude Parent, architecture et expérimentation, 1942-1996. Itinéraire, discours et champ d’action d’un architecte créateur en quête de mouvement, thèse d’histoire de l’art contemporain, Tours, Université de Tours, 2016.

Kerouanton Jean-Louis (dir.), « Mémoire industrielle », 303, no 165 (hors-série), 2021.

Kramářova Šárka, Patrimonialisation et reconversion de l’architecture industrielle du xixe et du xxe siècle dans les ports militaires de la façade atlantique. L’exemple de Brest, Lorient et Saint-Nazaire, thèse d’aménagement de l’espace et urbanisme, Brest, Université de Bretagne occidentale, 2010.

Lambert Guy, « Les monte-charge à la Poste dans la deuxième moitié du xixe siècle : débats sur la mécanisation de l’espace de travail », Revue d’histoire du xixe siècle, no 45, 2012, p. 143-158, https://doi.org/10.4000/rh19.4348.

Laprade Albert, « Le travail en commun des ingénieurs et des architectes », L’Architecture française, no 85-86, 1949, p. 5.

Licardari Mariangela Carolina, Le béton armé dans l’architecture portugaise du mouvement moderne : des édifices industriels à l’architecture civile (1925-1965), thèse d’histoire de l’art, Paris / Lisbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Nouvelle université de Lisbonne, 2019.

Littré Émile, « Usine », Dictionnaire de la langue française, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1874.

Lee Eun-Seok, L’architecture industrielle en France et son rayonnement depuis les années 1980. Technique et image, thèse d’art et d’archéologie, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 1996.

Lefrançois Dominique, Landauer Paul, Émile Aillaud, Gollio / Paris, Infolio / Éditions du patrimoine (Carnets d’architectes, 8), 2011.

Lesquins Noémie, Jean le Couteur. Architecte des Trente Glorieuses, thèse d’archivisme-paléographie, Paris, École nationale des chartes, 1998.

Minnaert Jean-Baptiste, Henri Sauvage, architecte (1873-1932), thèse d’histoire de l’art et archéologie, Paris, Université Paris 4 Sorbonne, 1993.

Maison-Soulard Laetitia, « La conception de l’usine Dassault de Mérignac dans l’histoire architecturale aéronautique française, de l’entre-deux-guerres à la guerre froide », In Situ. Revue des patrimoines, no 35, 2018, https://doi.org/10.4000/insitu.16459.

Maison-Soulard Laetitia, Frigant Vincent, L’industrie aérospatiale en Nouvelle-Aquitaine. Un siècle d’histoire et de patrimoine, Bordeaux, Le Festin (Cahiers du patrimoine, 120), 2020.

Martin-Langlet Anne, Georges Forest (1881-1932) : un pionnier de l’architecture industrielle dans les régions septentrionales, thèse d’histoire de l’art, Lille, Université Lille 3 Charles de Gaulle, 2007.

Monsaingeon Lucas, Faire projet dans le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais. Territoire, architecture et patrimoine post-industriel : des morts-terrains aux sols vivants, thèse d’architecture, Paris, Université Cergy Paris / ENSA Versailles, 2024.

Pașcu Gabriela, Le patrimoine industriel minier, facteur de développement territorial. Complexité et enjeux en Roumanie, en comparaison avec la France et la Grande-Bretagne, thèse d’architecture et histoire des temps modernes et contemporains, Saint-Étienne / Timisoara, Université Jean Monnet / Univeristatea Politehnica Timişoara, 2015.

Payen Jacques, « À propos de l’archéologie industrielle », Revue d’histoire des sciences, vol. 35, no 2, 1982, p. 158-162, https://doi.org/10.3406/rhs.1982.1822.

Picon Antoine, Architectes et ingénieurs au siècle des Lumières, Marseille, Éditions Parenthèses, 1988.

Pierrot Nicolas, « Les Grands moulins de Corbeil, un patrimoine entre réindustrialisation et reconversion », Patrimoine industriel, no 84, 2024, p. 18-33.

Pierrot Nicolas, « “Nul n’a le droit d’enlaidir la vie”. L’architecture industrielle dans la France d’après-guerre », dans Rot Gwenaële, Vatin François (dir.), L’esthétique des Trente Glorieuses. De la Reconstruction à la croissance industrielle, Deauville, Librairie des musées, 2021, p. 23-33.

Pierrot Nicolas, Champagne-sur-Seine. Et l’usine créa la ville…, Paris, Somogy (Parcours du patrimoine, 370), 2011.

Pierrot Nicolas, Les images de l’industrie en France. Peintures, dessins, estampes, 1760-1870, thèse d’histoire, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2010.

Rahmoun Mohammed, Les colonies de l’industrie en Algérie. Histoire et patrimoine de la cité minière de Béni-Saf (Mokta-El-Hadid, xixe-xxe siècle), thèse d’histoire, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2016.

Rabreau Daniel, Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). L’architecture et les fastes du temps, Bordeaux, William Blake & Co. / Art & arts, 2000.

Réal Emmanuelle, Reconversions : l’architecture industrielle réinventée, Rouen, Conseil régional de Haute-Normandie (Images du patrimoine), 2013.

Rebérioux Madeleine (dir.), « Colbert et les manufactures », Monuments historiques, no 128, 1983.

Rebérioux Madeleine (dir.), « Coups de Volant », Monuments historiques, no 134, 1984.

Rosenquist Marta, La réappropriation d’anciens espaces industriels par la création contemporaine : la Friche la Belle de Mai à Marseille, thèse d’arts plastiques, Marseille, Université Aix-Marseille, 2015.

Rot Gwenaële, Vatin François (dir.), L’esthétique des Trente Glorieuses. De la Reconstruction à la croissance industrielle, Deauville, Librairie des musées, 2021.

Smith Paul (dir.), « Le patrimoine industriel », Monumental, 2015-1, 2015.

Texier Simon, Georges-Henri Pingusson, architecte, 1894-1978. La poétique pour doctrine, Lagrasse, Verdier (Art et architecture), 2006.

Texier Simon, Georges-Henri Pingusson, architecte (1894-1978) : l’architecte comme « transcendance poétique du concret », ou l’impossible doctrine, thèse d’art et archéologie, Paris, Université Paris-Sorbonne, 1998.

Viel Charles-François, « Halle de Corbeil », dans Viel Charles-François, Des fondemens des bâtimens publics et particuliers, Paris, H. Perroneau, 1804, p. 27-28.

Vitale François, « Usines. Contribution à l’étude des construction industrielles », L’Architecture française, no 67-68, 1947, p. 5-14.

Wieser-Benedetti Hans, Culot Maurice (dir.), Le paysage de l’industrie. Région du Nord-Wallonie-Ruhr, catalogue d’exposition, Bruxelles, Éditions des archives d’architecture moderne, 1975.

Woronoff Denis, « Une architecture pour l’usine ? Remarques sur l’exemple français (xviie-xixe siècles) », dans Tabeaud Martine, Conte Richard, Toma Yann (dir.), L’usine dans l’espace francilien, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 15-21, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.30835.

Haut de page

Notes

1 Vitale, 1947, p. 6.

2 Cellard, Imbs, 2021.

3 L’expression revient épisodiquement dans les articles scientifiques, comme dans la presse spécialisée, pour parler de la situation des entreprises comme des lieux de travail à tel point que la notion peut faire concept (Autissier, 2020).

4 Pierrot, 2024.

5 Littré, 1874, p. 2402.

6 Hesse, 1935, p. 1251.

7 Daumas, 1980, p. 208. Voir aussi Woronoff, 2001, p. 15 ; Flück, 2017, p. 23 ; Fridenson, 2019, p. 13.

8 CNRTL, 2012.

9 Vitale, 1947, p. 5.

10 Hesse, 1935, p. 1251.

11 Chatenet, Verdier (dir.), 2000, p. 137-140, passim. Le vocabulaire normé de l’Inventaire général préfère, par exemple, « usine d’impressions sur étoffes » à « manufacture d’indiennes ».

12 Gayot, 1998, p. 7.

13 Flück, 2017, p. 229 : « Tout au long de ce chapitre, entendez “usine” dans sa sémantique la plus large (manufacture, fabrique, usine) ».

14 Fridenson, 2019, p. 15.

15 Ceci alors que des parcours et des carrières spécifiques d’historiens des techniques et du patrimoine industriel commencent à être analysés, à l’instar de Maurice Daumas, Charles Coulston Gillispie et Alexandre Herlea. Voir la journée d’études « Maurice Daumas (1910-1984), historien, conservateur et muséologue des sciences et des techniques », organisée par le musée des Arts et Métiers-CNAM et le CTHS, le 10 juin 2023.

16 Nous pensons notamment aux recherches récentes menées par Victor Claass, Pascale Cugy, Charlotte Foucher Zarmanian et François-René Martin autour des couples d’historiens de l’art (2024), à l’HDR de Charlotte Foucher Zarmanian sur les historiennes de l’art en France (2021) et aux travaux croisés autour de la figure de l’architecte de Shahram Abadie, Gauthier Bolle, Maxime Decommer, Amandine Diener et Anne-Marie Châtelet.

17 Voir notamment les travaux de Stéphanie Dadour et de Stéphanie Bouysse-Mesnage sur les femmes architectes.

18 Sans être exhaustifs, on songe à Louis André, Jean-François Belhoste (issu de l’Inventaire général), Louis Bergeron, Serge Benoit, Serge Chassagne, Ana bela de Araujo, Geneviève Dufresne, Gérard Emptoz, Thérèse Evette, Anne-Françoise Garçon, Marina Gasnier (issue de l’Inventaire général), Florence Hachez-Leroy, Audrey Jeanroy, Jean-Louis Kerouanton (issu de l’Inventaire général), Guy Lambert, Denis Woronoff.

19 Nous pensons ici à Françoise Hamon.

20 Nous pensons notamment aux thèses de Lucas Monsaingeon (2024), Mariangela Carolina Licordari (2019), Mohammed Rahmoun (2016), Nicolas Pierrot (2010), Eun-Seok Lee (1996), Aurore Caignet (2018), Maogan Chaigneau-Normand (2001), Marina Gasnier (2001), Gabriela Pașcu (2015), Marta Rosenquist (2015), Jérémy Cenci (2015), Šárka Kramářova (2010), Anne Martin-Langlet (2007), Françoise Florent (2001), Lucie Doskočilová-Doležel (2004).

21 Gasnier, 2011.

22 Nous avons recensé 261 expositions organisées par l’IFA, d’abord dans les locaux de la rue de Tournon (1981-2003) puis au palais de la Porte Dorée (2003-2006). La liste nous en a été transmise par la Cité de l’architecture et du patrimoine.

23 Nous pensons notamment à « Du Bauhaus à l’industrie, Wilhelm Wagenfeld, objets quotidiens » (avril-juin 1975), « Entre l’art et l’industrie, le Werkbund Allemand » (août-octobre 1978), « L’enseignement du design graphique et industriel » (octobre-décembre 1980), « Paysages » (juillet-octobre 1981), « Textile du Nord : culture et industrie » (février-avril 1984), « Textile : créer avec l’industrie, Geneviève Dupeux » (février-mai 1984), « Création industrielle et paysages. Ouvrages EDF en Nord/Pas-de-Calais » (septembre-octobre 1991), « Roger Tallon. Itinéraires d’un designer industriel » (octobre 1993-février 1994).

24 Curriculum vitae d’Olivier Cinqualbre transmis aux auteurs en novembre 2023.

25 Que l’on retrouve également en filigrane dans l’article de Payen, 1982.

26 Concours d’architecture organisé par l’Agence national pour l’amélioration des conditions de travail.

27 Entretien avec Thérèse Evette, mené par les auteurs le 24 novembre 2023 à Paris.

28 Entretien avec Olivier Cinqualbre, mené par les auteurs le 10 novembre 2023 à Saint-Ouen-sur-Seine.

29 Gasnier, 2011, p. 39-80.

30 Entretien avec Paul Smith, mené par Nicolas Pierrot et Caroline Potel le 5 octobre 2023 à Paris.

31 Daumas, 2006.

32 Simon Texier, professeur d’histoire de l’art contemporaine à l’université de Picardie Jules-Verne, témoignage recueilli par Audrey Jeanroy en novembre 2023.

33 Témoignage de Christel Palant recueilli par les auteurs, le 15 novembre 2023.

34 Gasnier, 2020.

35 Picon, 1988, p. 95.

36 Dransy, 1789, p. 161 et suiv.

37 Viel, 1804.

38 Voir par exemple André, 1996.

39 Benoit, 2020, p. 229.

40 Flachat, Barrault, Petiet, 1846.

41 Hamon, 1997.

42 Pierrot, 2011, p. 10-13.

43 Desmoulins, 2008a ; Fridenson, 2021.

44 Hamon, 1988, p. 18.

45 Nous pensons notamment et sans exclusive à Kenneth Frampton, Charles Jencks, Jacques Lucan, William J. R. Curtis et Gérard Monnier, compagnon de route du patrimoine industriel et attaché au xxe siècle.

46 Cohen, Damish (dir.), 1993.

47 Entretien avec Olivier Cinqualbre, mené par les auteurs le 10 novembre 2023 à Saint-Ouen-sur-Seine.

48 Entretien avec Dominique Hervier, conservateur général du patrimoine, premier chef du service régional de l’Inventaire général d’Île-de-France, mené par Nicolas Pierrot et Caroline Potel le 15 septembre 2023 à Paris.

49 Entretien avec Antoine Le Bas, conservateur honoraire du patrimoine, en poste à l’Inventaire général dans le Nord-Pas-de-Calais puis en Île-de-France, mené par Nicolas Pierrot le 26 octobre 2023 à Saint-Ouen-sur-Seine.

50 Fiblec, 1991.

51 Lesquins, 1998.

52 Rabreau, 2000.

53 Texier, 1998, 2006.

54 De Araujo, 2013, 2018.

55 Jeanroy, 2016, 2022.

56 Desmoulins, 2008a ; Lefrançois, Landauer, 2011.

57 Devillers (dir.), 1977.

58 Rebérioux (dir.), 1983, 1984.

59 Voir à titre d’exemple CILAC (dir.), 2015 ; Hachez-Leroy, 2018.

60 Kerouanton, 2021.

61 Alletru, 2007.

62 Wieser-Benedetti, Culot (dir.), 1975.

63 Grenier, Wieser-Benedetti, 1979.

64 Réal, 2013 ; Halitim-Dubois, 2019 ; Maison-Soulard, Frigant, 2020 ; Favereaux, Poupart, 2021.

65 Bergeron, Maiullari-Pontois, 2000, p. 202.

66 De Araujo, 2011.

67 Debat, 1939.

68 Nous pensons à l’École de Chicago ou au cas de la poste centrale du Louvre (Paris). Voir Lambert, 2012.

69 Nous pensons par exemple à l’usine de tapis néo-vénitienne Templeton on the Green à Glasgow (1892).

70 Pierrot, 2021.

71 Entretien avec Jean-Baptiste Minnaert, mené par Nicolas Pierrot le 6 décembre 2023.

72 Jean-Baptiste Minnaert songe en particulier au fonds, étudié dans sa thèse (1993), de l’architecte Henri Sauvage (18 Ifa) conservé au Centre d’archives d’architecture contemporaine à Paris.

73 Frapier, 2009.

74 Laprade, 1949.

75 Le LET est créé au sein de l’unité pédagogique no 6, aujourd’hui ENSA Paris-La Villette, à l’époque où se diffuse l’enseignement des sciences humaines dans les écoles d’architecture. Voir Evette, 2019.

76 Entretien avec Thérèse Evette, cité plus haut. Voir aussi Evette, Cinqualbre (dir.), 1984 ; Evette, Knapp, 1985 ; Camus, Evette, 1991 ; Evette, 1999.

77 Casanelles Rahola, 2006.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Audrey Jeanroy et Nicolas Pierrot, « Introduction »Artefact, 23 | 2025, 9-37.

Référence électronique

Audrey Jeanroy et Nicolas Pierrot, « Introduction »Artefact [En ligne], 23 | 2025, mis en ligne le 01 novembre 2025, consulté le 07 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/artefact/18568 ; DOI : https://doi.org/10.4000/152yr

Haut de page

Auteurs

Audrey Jeanroy

Audrey Jeanroy est docteure en histoire de l’art contemporain et maîtresse de conférences à l’université de Tours (laboratoire InTRu). Entre 2024 et 2025, elle est en résidence CNRS au Centre Pompidou et au Centre d’études supérieures de la Renaissance (Tours).

Articles du même auteur

Nicolas Pierrot

Nicolas Pierrot est docteur en histoire et conservateur en chef du patrimoine au service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France, en charge du patrimoine industriel. Inscrits dans une démarche de recherche-action, ses travaux portent sur l’architecture et les techniques industrielles, la mémoire du travail et les représentations de l’industrie du xviiie au xxe siècle.

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont susceptibles d’être soumis à des autorisations d’usage spécifiques.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search