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Résumés des conférences

Épigraphie latine du monde romain

François Bérard
p. 170-179

Résumé

Programme de l’année 2017-2018 : I. L’administration provinciale romaine d’après le dossier de la Lyonnaise et des autres provinces gauloises (suite) : gouverneurs, procurateurs, affranchis impériaux et autres employés. — II. Nouvelles inscriptions concernant les élites romaines, l’armée et le monde des cités.

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Texte intégral

I. L’administration provinciale romaine d’après le dossier de la Lyonnaise et des autres provinces gauloises (gouverneurs, procurateurs, affranchis impériaux et autres employés)

1Après l’étude des légats juridiques en 2016-2017, on a repris l’examen des carrières des gouverneurs des provinces gauloises à partir du milieu du iie siècle, et notamment de ceux de la Lyonnaise. Nous sommes d’abord revenus sur le premier légat attesté épigraphiquement à Lyon, Ti. Claudius Quartinus, dont la carrière, que nous avions étudiée deux ans plus tôt, n’est connue que par deux copies anciennes (CIL, XIII, 1802 ; cf. Annuaire, 148, 2015-2016, p. 116-117). L’examen direct du manuscrit Lugdunum priscum, conservé à la bibliothèque historique de la faculté de médecine de Montpellier, a montré que la copie de Claude Bellièvre, mal reproduite dans l’édition de 1846, était sur de nombreux points plus exacte que celle de Spon, en particulier aux lignes 4-5, où au lieu de la mauvaise lecture Pan/noniae, qu’en fait elle ne donne pas, elle permet de restituer q(uaestori) ur[b]an(o) et [curi]oni. Bellièvre est aussi le seul à avoir reconnu à la dernière ligne le nom des légions [II Traiana] fortis et III Cyre[naica], sans qu’on puisse savoir s’il s’agit d’un poste de légat régulier ou d’un commandement extraordinaire que lui aurait confié Hadrien. Au total Bellièvre, sans proposer de lecture décisive ni résoudre les plus grosses difficultés, a le mérite de fournir le texte le plus exact de la pierre, qui il est vrai se trouvait dans le jardin de sa maison de Saint-Georges.

2Le légat suivant, T. Vitrasius Pollio, n’a laissé aucune inscription à Lyon ni dans la province, mais est attesté comme gouverneur de Lyonnaise par une lettre de la fin du règne d’Hadrien (Dig., 27, 1, 15, 17) ; sur ce personnage, qu’une carrière brillante conduira au proconsulat d’Asie en 151-152 apr. J.-C., voir désormais PIR2, VIII, 2, V 768. Il appartenait à une famille de Calès, en Campanie, et comptait parmi ses ancêtres un autre Vitrasius Pollio, que nous avions étudié l’année précédente, car il avait été procurateur d’Aquitaine et de Lyonnaise sous Tibère avant d’accéder à la préfecture d’Égypte (CIL, X, 3871 ; cf. PIR2, V 767 et Annuaire, 149, 2016-2017, p. 147). Nous nous sommes aussi intéressés à un autre membre de la famille, L. Vitrasius Flamininus, consul en 122, dont la parenté avec le légat de Lyonnaise ne peut être exactement précisée : une inscription élevée par son fils dans leur patrie de Calès fait connaître une carrière consulaire particulièrement intéressante, qu’après avoir été un des consulaires chargés par Hadrien de l’administration de l’Italie, avec la charge de la Transpadane, il couronna par le proconsulat d’Afrique à l’extrême fin du règne d’Hadrien (CIL, X, 3870 ; cf. G. Camodeca, Epigrafia e ordine senatorio, I, p. 529-536 = I ceti dirigenti… della Campania romana, 2008, p. 137-147, et désormais PIR2, V 765). Enfin nous avons rappelé la brillante carrière du fils du légat de Lyonnaise, T. Pomponius Proculus Vitrasius Pollio, qui a épousé une cousine de Marc Aurèle et après plusieurs gouvernements, dont celui de Mésie inférieure, accompagna le prince dans ses guerres germaniques et fut récompensé par une double série de décorations et un second consulat ordinaire en 176 : tous honneurs connus par la dédicace d’une des deux statues qui lui furent élevées à Rome, sur le forum de Trajan, en habit militaire, et devant le temple d’Antonin, en tenue civile (CIL, VI, 1540 = 41145 ; cf. PIR2, V 770). Mais on a étudié aussi l’autel que son épouse Annia Fundania Faustina a offert aux Nymphes Griselicae de Gréoux-les-Bains, où elle avait peut-être une propriété (CIL, XII, 361 = ILN, Riez, 38).

3La carrière de T. Flauius Longinus Q. Marcius Turbo est connue par une inscription de Tomis qui lui a été élevée quand il était légat de Mésie inférieure (IScM, II, 57). Ce gouvernement étant bien connu par plusieurs inscriptions, dont deux sont datées de l’année 155 (IScM, I, 75, 151, 152), et par deux diplômes militaires délivrés en 154 (AE, 2001, 2163 = RMD, V, 414 et 2009, 1817), celui de Lyonnaise, qui sera suivi du consulat et de la curatèle romaine des opera publica, doit être placé dans la seconde moitié des années 140. Il terminait une carrière prétorienne très rapide, marquée par la faveur impériale depuis que cet ancien préfet de cohorte auxiliaire avait été admis dans l’ordre sénatorial et nommé questeur d’Aelius César. Pendant longtemps T. Flauius Longinus Q. Marcius Turbo a été presque unanimement considéré comme un fils adoptif du préfet du prétoire d’Hadrien, Q. Marcius Turbo, bien que la formule onomastique suggère d’autres solutions ; mais une étude récente a remis en cause cette hypothèse discutable et suggéré qu’au contraire il pourrait être un fils du préfet du prétoire adopté par un T. Flauius Longinus après la disgrâce de son père : cf. I. Piso. « Der Prätorianerpräfekt Q. Marcius Turbo und seine Söhne », ZPE, 150, 2004, p. 270-280, qui propose une adoption analogue pour deux autres fils de Turbo, T. Flauius Priscus Gallonius Fronto Marcius Turbo et C. Gallonius Fronto Marcius Turbo, qui portent également, conformément à l’usage, le gentilice et le cognomen du préfet du prétoire à la fin de leurs noms. Nous avons étudié successivement les carrières du premier, qui contrairement à son frère est resté dans l’ordre équestre et est connu comme gouverneur de Dacie inférieure, puis de Maurétanie Césarienne sous Antonin (AE, 1911, 108 ; 1931, 35 et 1980, 970 ; cf. I. Piso, Fasti provinciae Daciae, II, 2013, p. 151-159), et du second, qui est attesté en 152 comme légat de Thrace, où il dédie des postes fortifiés (burgi et praesidia) dans la région de Serdica (AE, 1957, 279 = ILBulg, 211 et Archeologija, 6, 1964, p. 29-30). C’est vraisemblablement ce dernier qui apparaît, sans doute avec son fils, sur une belle inscription funéraire découverte près de la porta Flaminia, à Rome, et qui devait appartenir à un grand monument familial situé dans le voisinage (CIL, VI, 31714 ; cf. p. 4778) ; mais la localisation exacte garde quelque incertitude, tout comme la chronologie, qui pourrait être un peu plus haute, et l’ordre des générations : cf. E. Papi, dans LTUR, IV, p. 289 ; G. Alföldy, ad CIL, VI, p. 4778 ; B. Adembri, F. Taglietti et M. G. Granino Cecere, RPAA, 74, 2001-2002, p. 127-176.

4Le successeur de C. Gallonius Fronto, C. Iulius Commodus Orfitianus, a également construit des burgi et praesidia ob tutelam prouinciae Thraciae, comme en témoignent deux inscriptions que nous avons étudiées, l’une latine, datée de 155 (AE, 1927, 49), et l’autre grecque (AE, 1951, 257). Ce fut l’occasion de préciser la carrière de ce sénateur (PIR2, I 271), dont le consulat, qui suivit immédiatement le gouvernement de Thrace, est désormais bien daté de 157, grâce à de nouveaux diplômes militaires : RMD, II, 51/104, III, 170 (= AE, 1988, 905) et IV, 275 (= AE, 1995, 1182) et désormais AE, 2004, 1907 ; cf. W. Eck, D. MacDonald et A. Pangerl, « Neue Militärdiplome… », REMA, 1, 2004, p. 91-95. La carrière consulaire n’est pas moins intéressante, avec un poste de curateur des opera publica en 161 (CIL, VI, 1119b) et deux commandements provinciaux importants, en Syrie Palestine (CIL, III, 6645 et désormais AE, 2003, 1803 = CIIP, II, 1228), puis en Pannonie supérieure (CIL, III, 10595). Même si la légation d’Afrique mentionnée sur une inscription de Simitthus (ILTun, 1259), qui ne paraît pas être le commandement de la légion IIIe Auguste, garde quelque obscurité (cf. B. E. Thomasson, Legatus. Beiträge zur römischen Verwaltungsgeschichte, p. 78, et Fasti Africani, p. 152-153, qui envisage, à la suite de H.-G. Pflaum, une mission extraordinaire), c’est une carrière remarquablement bien connue, alors qu’on ne dispose d’aucun cursus, mais seulement d’une belle série de dédicaces locales dans les différents postes occupés.

5Cette carrière a été l’occasion de nous intéresser aux légats chargés par l’empereur de missions extraordinaires, qui n’entrent pas exactement dans le cadre des titulatures habituelles. On dispose pour cela d’un article de H.-G. Pflaum, « Légats impériaux à l’intérieur des provinces sénatoriales », paru en 1962 dans les Mélanges Grenier, et d’un chapitre du livre de B. E. Thomasson sur les légats, notamment p. 73-84. L’un des exemples concerne directement l’administration de la Gaule, puisque, très certainement sous le règne de Marc Aurèle, C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes a été leg(atus) Aug(usti) rationibus putandis trium Galliarum : nous avons étudié dans le détail cette belle inscription de Thuburbo Maius (ILAfr, 281), qui présente une exceptionnellement longue série de neuf postes prétoriens, parmi lesquels on trouve aussi une autre légation ad ordinandos status insularum Cycladum, un des premiers juridicats italiens et un commandement légionnaire lui aussi un peu extraordinaire puisque le texte précise cum iurisdicatu Pannoniae superioris : manifestement ce militaire expérimenté qui commandera des vexillations de l’armée de Pannonie et sera décoré dans la guerre germano-sarmatique de Marc Aurèle était aussi un spécialiste des affaires juridiques. Si cet homme nouveau, qui a commencé sa longue carrière par des milices équestres, était probablement originaire et en tout cas installé à Thuburbo Maius, il reste difficile de dire quelle était sa parenté exacte avec M. Vettius Latro, dont la belle carrière équestre, illustrée par des décorations dans la guerre dacique de Trajan et couronnée par le gouvernement de la Maurétanie Césarienne, est connue également par une inscription de Thuburbo Maius (ILTun, 720 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, 104, M. Corbier, dans Epigrafia e ordine senatorio, II, p. 734-735, et tout récemment PIR2, V 476 et 485). Les autres missions de contrôle financier comparables à celle de Vettius Sabinianus concernent la moitié orientale de l’empire, comme celles de L. Burbuleius Optatus Ligarianus, logistes Syriae (CIL, X, 6006), que nous avions étudiée l’an dernier (voir Annuaire, 149, 2016-2017, p. 142), et de P. Pactumeius Clemens, legatus diui Hadriani ad rationes ciuitatium Syriae putandas après avoir été légat du même empereur dans les cités d’Athènes, Thespies et Platées (CIL, VIII, 7059 = ILAlg, II/1, 645 ; cf. PIR2, P 37).

6Après Pactumeius Clemens, nous nous sommes intéressés à T. Prifernius Paetus Rosianus Nonius Geminus Laecanius Bassus Fronto, dont il avait été deux fois le légat, lors de ses proconsulats d’Achaïe, puis d’Afrique (140-141). Sa carrière, qui était surtout connue par la correspondance de Pline, dont il avait été questeur, ou par des sources indirectes, a été précisée par de nouvelles inscriptions, à Archelaïs, en Cappadoce, où il était légat en 129 (AE, 1976, 675), à Patras, ce qui confirme son proconsulat d’Achaïe (AE, 1989, 660 ; cf. PIR2, P 938), et surtout à Trebula Mutuesca, sa patrie, avec une grande plaque appartenant à un imposant monument offert par une cité africaine dont il était patron (AE, 2003, 579 ; cf. M. G. Granino Cecere, dans Usi ed abusi epigrafici, Rome, 2003, p. 1-28). Selon la reconstruction la plus généralement admise, il était le fils adoptif de T. Prifernius Paetus, consul en 96 (PIR2, P 934), qui aurait également adopté T. Prifernius Paetus Memmius Apollinaris, un chevalier originaire de Reate qui fit sous le règne de Trajan une belle carrière militaire et procuratorienne couronnée par le gouvernement du Norique (CIL, IX, 4753 ; cf. PIR2, P 936). Un troisième fils adoptif pourrait être T. Prifernius Paetus C. f. Settidianus Firmus, récemment révélé par une inscription de Nesactium, dont il était patron, mais qui appartenait à une famille connue de Tergeste et de Pola (AE, 2005, 542 = 2014, 483 ; cf. I. Rodà, Epigraphica, 67, 2005, p. 269-277, et C. Zaccaria, dans Epigrafia e ordine senatorio 30 anni dopo, Rome, 2014, p. 299-311). Mais ces reconstitutions familiales gardent une part d’incertitude, la transmission des noms pouvant aussi passer par des mariages, comme ce fut peut-être le cas pour A. Pomponius Augurinus T. Prifernius Paetus, lui aussi décoré dans la guerre dacique de Trajan (ILS, 8863 ; SEG, XI, 778 et Corinth, VIII, 3, 134 ; cf. PIR2, P 935).

7On a terminé l’année en examinant la carrière de L. Dasumius Tullius Tuscus, consul en 152, puis comes dans la guerre germanique de Marc Aurèle, avec lequel il était lié par sa mère, à laquelle il doit sans doute le gentilice Dasumius (PIR2, D 16 et t. VIII, 1, p. 121-122). C’est une inscription de Tarquinia, la patrie de son père, le consul de 127 P. Tullius Varro (PIR2, T 394), qui pour l’essentiel fait connaître son cursus, particulièrement bien rempli avec les deux gouvernements de Germanie et de Pannonie supérieures et une double appartenance aux prestigieux collèges des sodales Hadrianales et Antoniniani : CIL, XI, 3365 = ILS, 1081 ; cf. W. Eck, Statthalter, p. 63-64. Cet influent personnage est également connu comme patron de la colonie de Lyon, qui lui a selon l’usage élevé une statue dans sa maison de Rome (CIL, VI, 1526 = 41107) : mais cet honneur est bien antérieur à celui qui lui sera rendu à Tarquinia, puisqu’il ne mentionne que l’augurat : même si l’inscription, fragmentaire, pouvait contenir d’autres titres, elle remonte certainement à une époque où il n’était encore qu’un jeune sénateur prétorien. Une seconde inscription a été élevée à Rome par les Lyonnais à un M. Dasumius L. f. Stellatina Tullius Varro qui ne peut être que le fils de L. Dasumius Tullius Tuscus, honoré vraisemblablement en même temps que son père (CIL, VI, 1400 et p. 4692 ; cf. PIR2, D 17). Le fils, sans doute encore très jeune, ne porte aucun titre, mais son inscription, qui a été découverte près de Saint-Jean de Latran, permet de localiser la maison familiale dans ce quartier du Caelius. Quant aux liens de la famille avec la colonie de Lyon, ils peuvent s’expliquer, comme l’a supposé G. Alföldy, par un gouvernement de Lyonnaise qu’aurait exercé dans le passé un de ses membres, mais aussi par un patronat judiciaire ou simplement par l’influence dont elle jouissait auprès de la famille impériale (cf. F. Chausson, Bull. Soc. hist., arch. et litt. de Lyon, 34, 2004-2005, p. 11-20).

II. Nouvelles inscriptions concernant les élites romaines, l’armée et le monde des cités

8Une inscription fragmentaire découverte il y a quelques décennies en Corse (AE, 1984, 450) et republiée dans la CAG 2A-2B, 2013, p. 106-107 et 167, fait connaître un anonyme, sans doute [proc(urator) ludi Matu]tini et bestiarum, qui avait assuré la restauration d’un édifice endommagé. On met parfois en rapport la fonction avec des jeux qui se seraient déroulés en Corse, par exemple dans l’amphithéâtre d’Aléria, mais les lacunes du texte et le doute concernant la provenance exacte de la pierre interdisent toute certitude. Le seul point assuré est en fait le titre du dédicant : on le considère en général comme un procurateur équestre, chargé du ludus Matutinus, la deuxième caserne de gladiateurs de Rome, qui était spécialisée dans les combats d’animaux, les uenationes (ainsi M. Buonocore, EAOR, III, 4 ; R. Zucca, La Corsica romana, Oristano, 1996, p. 272-273 ; sur le ludus Matutinus, dit aussi bestiarum, voir G. Ville, La gladiature en Occident, p. 280-286). La mention est d’autant plus intéressante qu’il s’agirait d’un des premiers titulaires de la fonction, dont l’attestation la plus ancienne se situe sous le règne de Trajan, dans le cursus bien daté de Ti. Claudius Classicus.

9Nous avons donc réexaminé la célèbre inscription éphésienne (AE, 1972, 574 = I Eph, 852) qui fait connaître la carrière de cet a cubiculo et proc(urator) castrensis de Titus devenu proc(urator) a uoluptatibus de Nerva, puis de Trajan, sous le règne duquel il fut aussi procurateur du ludus Matutinus. Selon notamment G. Boulvert (ZPE, 43, 1981, p. 31-41) et H.-G. Pflaum (ad AE, 1972, 574 et Supplément, p. 24-26, no 70), Ti. Claudius Classicus était alors devenu, malgré ses origines, chevalier ; mais il est difficile de comprendre comment les rédacteurs de l’inscription d’Éphèse auraient pu, dans ce cas, conserver l’appellation d’Aug(usti) lib(ertus), et il est plus probable que c’était toujours un affranchi impérial, comme encore lors de la fonction suivante de proc(urator) Alexandreae (cf. en ce sens W. Eck, RE, Suppl. 14, 100 ; S. Demougin, Ordre équestre, p. 652, n. 247, et C. Bruun, ZPE, 82, 1990, p. 271-285, avec une argumentation détaillée). Par comparaison, nous avons examiné l’inscription romaine d’un des rares affranchis impériaux promus dans l’ordre équestre, L. Aurelius Nicomedes, qui avait été précepteur de Lucius Verus avant d’accéder à des procuratèles et notamment à la préfecture des véhicules, qui impliquait une grande proximité avec la famille impériale : CIL, VI, 1598 et p. 4717 = ILS, 1740 = EDR, 111394 ; S.H.A., Ver., 2, 8 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 163. La perte du début de l’inscription empêche toute certitude, mais rien ne prouve que l’indication Aug(usti) lib(ertus) ait figuré dans le nom du défunt. Dans ces conditions, rien n’empêcherait que l’anonyme de Corse, dont l’inscription est très lacunaire, ait été lui aussi, comme Ti. Claudius Classicus, un affranchi. Mais il faut rappeler que la date de ce texte reste très incertaine et en conséquence conclure plutôt à l’incertitude.

10Les premiers procurateurs équestres épigraphiquement attestés à la tête du ludus Matutinus ne sont pas antérieurs à la seconde moitié du iie siècle. Le mieux connu est T. Flauius Germanus, qui exerça la fonction au début du règne de Marc Aurèle, avant d’être nommé à la tête du ludus Magnus, puis à deux autres importants postes ducénaires par Commode, qui le chargea aussi l’organisation de son triomphe germanique, en 180 (CIL, XIV, 2922 = EAOR, IV, 3 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 183). M. Claudius Restitutus, connu par une inscription de Cirta (CIL, VIII, 7039 = ILAlg, II/1, 665) exerça peut-être la charge plus tôt, puisqu’on place souvent, à la suite de Pflaum (Carrières, no 158) et de Devijver (PME, P 178), son activité autour de 140 apr. J.-C. ; mais cette date, qui repose sur un rapprochement avec la carrière du légat Pactumeius Clemens, qui aurait pu l’avoir comme adjoint dans sa mission de contrôle financier des cités syriennes (voir supra), est fragile et une époque nettement plus tardive a également été envisagée. Quoi qu’il en soit, le point important est que la charge est dans la seconde moitié du iie siècle incontestablement de rang équestre et même de niveau centenaire.

11Le tableau des Carrières (III, p. 1028) comporte encore deux procuratores ludi Matutini pour le iiie siècle, P. Bassilius Crescens, honoré en 218 comme proc(urator) annonae à Ostie, et un Alexandrin anonyme dont le cursus n’est pas antérieur à l’époque sévérienne (CIL, XIV, 160 et IGUR, II, 1060 = EAOR, IV, 5 et 22 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, nos 318 et 312).

12Dans la seconde moitié de l’année la deuxième heure de la conférence a été consacrée aux procurateurs équestres chargés du cens dans les provinces gauloises, à partir de l’article de F. Jacques (Ktema, 2, 1977, p. 285-328), qui les répertorie selon l’ordre chronologique, en même temps que les légats sénatoriaux dont ils dépendaient. On sait en effet que ces procuratèles ad census accipiendos, selon la titulature la plus fréquente, étaient une fonction de début de carrière qui devait le plus souvent impliquer un traitement de 60 000 sesterces et dans laquelle le chevalier était l’adjoint d’un légat censiteur de rang sénatorial. Mais, si la chronologie des cens gaulois est assez bien connue, il reste des incertitudes sur le ressort géographique de ces procurateurs, dont l’étendue pouvait varier. Parfois l’inscription précise le cadre politique de leurs activités, par exemple une cité ou plus fréquemment un groupe de cités, laissant penser que le légat chargé d’une province donnée était assisté par plusieurs auxiliaires équestres. Mais il arrive aussi qu’il n’y ait d’autre précision que le nom de la province, et on peut alors se demander si le procurateur avait compétence dans toute cette province, ou s’il avait en charge un groupe de cités qu’on a jugé inutile de préciser.

13C’est le cas par exemple pour L. Dudistius Nouanus, un Marseillais sans doute originaire de la colonie d’Aix auquel la conférence s’était intéressée il y a quelques années en raison de son titre de pontife des Laurentes (CIL, XII, 408 et Annuaire, 143, 2010-2011, p. 94) et qui après une milice avait été adiutor ad census prouinc(iae) Lugudun(ensis). On remarquera le titre d’adiutor, que Pflaum et Jacques considèrent comme caractéristique du ier siècle, avant la généralisation de celui de procurator ad census accipiendos, qu’ils attribuent aux réformes d’Hadrien (cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 82 et F. Jacques, Cens, no 7) : mais même s’il n’est sans doute pas tout à fait équivalent à celui de procurateur, il devait impliquer un rang analogue, puisque Nouanus fut ensuite nommé procurateur des Alpes Cottiennes, fonction à laquelle on attribue généralement un rang centenaire. Le titre de procurator ad census accipiendos in prouincia Gallia Lugudunensi est attesté pour un nommé [---]milius Victorinus, dans un cursus de Tibur que la mention résumée des milices permet de situer, à l’autre bout de l’échelle chronologique, à l’époque sévérienne (CIL, XIV, 4250 = I It, IV, 1, 148 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 346 et F. Jacques, Cens, no 22) ; mais il n’est pas non plus possible de dire si sa mission couvrait l’ensemble de la province ou s’il s’agit là aussi d’une forme abrégée.

14Un titre encore plus général est celui de T. Statilius Optatus, qui fut proc(urator) ad census Gallorum après ses milices et une première fonction comme proc(urator) ad census Brit(tonum ?) (CIL, VI, 31863 = 41272 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 119 ; F. Jacques, Cens, no 8 ; PIR2, S 838) : on observe que, comme dans le cas de Victorinus, qui avait aussi été chargé du cens pour la province de Thrace, la fonction peut être exercée plusieurs fois, toujours semble-t-il au niveau d’une fonction sexagénaire de début de carrière. Selon F. Jacques, il s’agit de la seule mention du cens d’Hadrien, peut-être vers 125/126, date assez vraisemblable, mais en faveur de laquelle on n’a pas d’indice très précis (cf. G. Alföldy, ad CIL, VI, 41272, avec une proposition de datation un peu plus haute, et A. R. Birley, Government, p. 322-323, qui envisage au contraire la seconde moitié du iie siècle). Un autre chevalier qui a exercé successivement deux missions censitaires est L. Sempronius Senecio, qui après avoir été préfet des ouvriers fut proc(urator) Aug(usti) a censib(us) prouinc(iae) Thrac(iae) et Aquitan(icae) (AE, 1975, 849 ; cf. J.-P. Rey Coquais, Mél. Un. Saint-Joseph, 46, 1970-1971, p. 245-264, F. Jacques, Cens, no 4, et M. Le Glay, « Les censitores provinciae Thraciae », ZPE, 43, 1981, p. 181). Encore une fois le titre mentionne seulement la province, cette fois l’Aquitaine, pour laquelle des censiteurs équestres sont connus dès le ier siècle avec C. Aemilius Fraternus et peut-être aussi L. Volusenus Clemens (CIL, II2, 14, 2, 1110 et XI, 6011 ; cf. Annuaire, 149, 2016-2017, p. 146-147). Mais la date est beaucoup plus précise, le personnage étant connu comme ami et héritier d’un sénateur établi à Ibiza, dans les Baléares, et impliqué dans un procès devant le tribunal de Trajan (CIL, II, 3661 et Pline, Ep., VI, 31, 7-12 ; PIR2, S 369) : la mission peut donc être attribuée au cens de Trajan, dont le légat pour l’Aquitaine était l’ami de Pline C. Iulius Cornutus Tertullus, vers 110/112 apr. J.-C., et la formulation proc(urator) Aug(usti) a censib(us) pourrait éventuellement s’expliquer par cette date haute, avant la généralisation du titre procurator ad census accipiendos. C’est sans doute également au cens de Trajan qu’il faut attribuer la carrière du Viennois D. Iulius Capito, qui après une carrière municipale complète et une milice fut censor ciuitatis Remorum foederatae avant d’être nommé procurateur d’Asturie-Galice du même Trajan (ILN, Vienne, 62-64 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 79 ; F. Jacques, Cens, no 6 ; Y. Burnand, Primores Galliarum, II, 150). On notera la formulation différente, avec le mot censor, et surtout le fait que l’activité du procurateur censiteur est cette fois limitée à une cité, mais une des cités importantes de la province de Belgique, celle des Rèmes. Contrairement à ce qui est dit parfois, ce n’est pas le seul exemple de cens limité à une seule cité, mais la rareté des attestations ne permet pas de définir une règle générale.

15L’exemple le plus intéressant de ce point de vue est sans doute celui de Q. Domitius Marsianus, dont la belle base de Bulla Regia est célèbre pour donner un extrait d’une lettre de nomination de l’empereur Marc Aurèle : AE, 1960, 167 = 1962, 183 ; cf. H.-G. Pflaum, BJ, 171, 1971, p. 349-366, et Fastes de Narbonnaise, p. 117-124 ; F. Jacques, Cens, no 12. Si ces codicilli concernent la dernière promotion du notable de Bulla Regia, celle qui lui attribua la procuratèle ducénaire de Narbonnaise, le texte est également très circonstancié pour le poste de proc(urator) Aug(usti) ad census in Gallia accipiendos, puisqu’il précise prouinc(iae) Belgicae per regiones Tungrorum et Frisauonum et Germaniae inferioris {et} Batauorum. Même si la répartition des peuples, qui pose quelques problèmes, est erronée ou incomplète, elle n’en montre pas moins que le cadre normal du recensement était la cité, mais que les opérations pouvaient être regroupées et même, le cas échéant, concerner deux provinces voisines. Le cursus confirme aussi qu’il s’agit d’une fonction de début de carrière procuratorienne, après une milice et avant la procuratèle des mines de fer, à laquelle on attribue en général un niveau centenaire. Quant à la date, elle pose elle aussi de difficiles problèmes, notamment en ce qui concerne les titulatures impériales, une majorité de spécialistes plaçant ce cens de Marc Aurèle autour des années 175-176 apr. J.-C.

16Par une curieuse coïncidence, une autre série de districts censitaires belges apparaît dans une inscription fragmentaire d’Ostie qui donne le cursus d’un proc(urator) ad census accipiendos trium c[iuitat(ium)], Ambianorum, Murrinorum, Atreba[tium] : CIL, XIV, 4468-4470 = ILS, 9501 = AE, 1960, 163. La même énumération se retrouve dans l’inscription romaine AE, 1960, 164 = CIL, VI, 41277, qui doit être attribuée au même personnage, mais est malheureusement elle aussi acéphale. On dispose ainsi d’un deuxième groupe de cités, cette fois toutes situées en Belgique, mais il n’est pas sûr qu’il s’agisse encore là du cens de Marc Aurèle. L’hypothèse a certes été formulée, mais en partie à cause d’une identification du censiteur avec Plautien qui est aujourd’hui abandonnée. On peut tout aussi bien penser au cens de Septime Sévère (ainsi cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 271 et F. Jacques, Cens, no 13), qu’il faut préférer si le personnage doit être identifié avec Q. Marcius Dioga, comme l’a proposé M. Christol (CCG, 2, 1991, p. 165-188).

17Une hésitation analogue a concerné T. Aurelius Calpurnianus Apollonides, que deux inscriptions grecques font connaître comme procurateur du cens dans la Gaule Aquitaine, après deux tribunats légionnaires et avant une belle carrière procuratorienne qui le conduira de la Mésie inférieure jusqu’au poste important d’idiologue d’Égypte (IGRR, I, 1107 = ILS, 8850 et III, 41 = IK, 9, 58, à Nicée). Alors que son activité était généralement attribuée au cens sévérien de 197-198 (cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 268 et F. Jacques, Cens, no 16), une inscription découverte à Chersonèse a montré qu’il était procurateur de Mésie inférieure en 174 et donc que le cens d’Aquitaine doit être celui de 161, ou éventuellement le suivant, s’il eut lieu avant 174 (AE, 1996, 1359 = SEG, XLV, 985).

18S’il perd ainsi un censiteur équestre pour l’Aquitaine, le cens sévérien de 197-198 en a gagné un pour la province de Belgique en la personne de T. Flauius Geminus, procurateur des Alpes Atrectiennes dont nous avions étudié l’an dernier la base, découverte en place sur le forum d’Aime-en-Tarentaise (AE, 1995, 1021 ; cf. F. Bérard, Gallia, 52, 1995, p. 343-358, et Annuaire, 149, 2016-2017, p. 151). C’est au sortir de la guerre parthique de Septime Sévère, dans laquelle il a été décoré, que cet officier expérimenté a été nommé proc(urator) ad census acceptandos in prouincia Belgica, avant d’être promu à la procuratèle alpine, qui était sans doute centenaire. S’il s’agit, comme on peut le supposer, de la première expédition parthique, celle qui suivit, en 195, la campagne contre Pescennius Niger, le cens peut être daté dans les années 197-198, immédiatement après la défaite d’Albinus, qui dut entraîner de nombreuses confiscations. Geminus aurait alors été un adjoint équestre de L. Valerius Publicola, légat a<d?> census prouinciae Belgic(a)e dont le beau cursus patricien a été découvert quelques années plus tard à Lauinium (AE, 1998, 280 ; cf. D. Nonnis, RPAA, 68, 1995-1996, p. 239-247, et désormais PIR2, V 182). Un autre est connu, comme on l’a vu, pour les Ambiens, Morins et Atrébates, qu’il s’agisse ou non de Q. Marcius Dioga (voir supra). Mais cela ne suffit pas à assurer que Geminus avait lui aussi un groupe de cités à recenser, car il est également possible qu’il ait secondé le légat dans l’ensemble de la province. La documentation épigraphique ne permet malheureusement pas de trancher cette question.

19L’incertitude est encore plus grande pour Tib. Antistius Marcianus, honoré à Lyon d’une statue équestre par les trois provinces gauloises (CIL, XIII, 1680 ; cf. H.-G. Pflaum, Carrières, no 272 ; F. Jacques, Cens, no 17). Si la dédicace précise qu’il fut le premier procurateur du cens à obtenir un tel honneur, elle n’indique pas quel fut le ressort géographique de sa mission. On peut naturellement penser à la province de Lyonnaise, pour laquelle aucun censiteur équestre n’est connu, la date de la carrière de Victorinus restant incertaine (voir supra), mais aussi à l’Aquitaine, qui est dans le même cas depuis que celle d’Apollonides a été redatée, et il est aussi possible que Marcianus ait opéré dans une cité ou dans un groupe de cités. Son origine africaine invite à le ranger parmi les hommes de confiance de Septime Sévère, mais sa troisième milice dans une aile de Germanie inférieure suffit à expliquer sa nomination, les censiteurs équestres étant souvent choisis dans les armées voisines : car c’est encore un exemple de censiteur nommé au sortir des milices. Le plus intéressant est la mention des mandata impériaux, conférant la nomination, mais sans doute aussi des instructions sur cette mission de recensement particulièrement délicate (cf. J.-P. Coriat, Les constitutions des Sévères, I, 2014, p. 162 et no 49). Si l’inscription mentionne seulement la présence de deux Augustes, sans les nommer, conformément à l’usage, on s’accorde unanimement à la mettre en rapport avec le cens de 197-198, au tout début du principat commun de Septime Sévère et de Caracalla.

20Le cens sévérien s’avère être ainsi, et de loin, le mieux documenté, puisqu’on connaît désormais les trois légats consulaires, Q. Hedius Rufus Lollianus Gentianus pour la Lyonnaise (CIL, II, 4121 ; cf. PIR2, H 42), M. Valerius Bradua Mauricus pour l’Aquitaine (CIL, V, 7783 ; cf. PIR2, V 48) et désormais L. Valerius Publicola Messala Heluidius Thrasea Priscus Minicius Natalis pour la Belgique, et au moins autant d’adjoints équestres avec Tib. Antistius Marcianus, T. Flauius Geminus et le censeur des Ambiens, Morins et Atrébates. Cette abondance s’explique sans doute par l’importance politique de ce recensement, au lendemain de la défaite d’Albinus, mais il reste difficile de dire comment le travail était réparti entre les adjoints équestres. Enfin, la documentation invite à une grande prudence en ce qui concerne les titulatures, dont les variations n’ont pas forcément toujours un sens chronologique ou institutionnel : si censitor et ad census accipiendos restent les formes les plus courantes, on trouve aussi a censibus pour Tib. Antistius Marcianus, mais aussi déjà pour L. Sempronius Senecio, et même un curieux a<d ?> census pour L. Valerius Publicola ; en revanche, le fréquentatif acceptandos, qui figure dans l’inscription de Geminus, s’explique sans doute par l’évolution de la langue au début du iiie siècle.

21On a terminé l’année par l’examen de quelques notices du dernier tome de la PIR2, dont la publication, en 2015, a clos cette belle série. On y trouve en particulier un procurateur-gouverneur du Norique, Usenius Secundus (V 1016), connu depuis longtemps par les ex-votos de deux bénéficiaires, dont l’un est daté de l’année 158 apr. J.-C. (CIL, III, 5162 et 5166 = CBI, 221 et 242), ainsi que par l’épitaphe d’un troisième (CIL, III, 11826 = CBI, 251), mais qui est désormais attesté aussi par un fragment de diplôme militaire (AE, 2012, 1080), qui ne permet malheureusement pas de préciser les dates de son gouvernement. Comme le montre un autre autel de Celeia (CIL, III, 5161 = CBI, 220), l’un des bénéficiaires avait déjà servi sous son prédécesseur, Ulpius Victor, lui aussi répertorié désormais dans la PIR2 (V 868) : ce qui indique que, comme l’a bien noté J. Nelis-Clément (Beneficiarii, p. 83-84), le détachement des bénéficiaires ne prenait pas fin avec les fonctions de leurs supérieurs.

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Pour citer cet article

Référence papier

François Bérard, « Épigraphie latine du monde romain »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 150 | 2019, 170-179.

Référence électronique

François Bérard, « Épigraphie latine du monde romain »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 150 | 2019, mis en ligne le 11 juin 2019, consulté le 18 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/ashp/2988 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ashp.2988

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Auteur

François Bérard

Directeur d’études, M., École pratique des hautes études — section des Sciences historiques et philologiques

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