I. Quantifier les politiques monétaires séleucides : une introduction méthodologique (25 mars 2021)

1La structure administrative du royaume séleucide fut telle que de nombreux ateliers produisirent des séries monétaires différentes et variées soit dans la synchronie soit de manière successive. Certains de ces ateliers, comme e. g. celui d’Antioche, furent l’objet d’une étude de coins détaillée offrant les données nécessaires et fiables pour la quantification de la production monétaire à l’échelle du royaume. D’autres ateliers aussi importants qu’Antioche, tel que Séleucie du Tigre, n’ont jamais été étudiés de manière aussi approfondie. Afin de combler le manque de données quantificatives et quantifiables, une méthode, dite d’extrapolation, est proposée. Elle se base sur une analyse des « grandes données » (big data) de 253 trésors monétaires séleucides. La fiabilité de cet échantillon est mise à l’épreuve statistique ; les conclusions qui se basent sur cette méthode permettent ainsi de quantifier le pourcentage de la richesse métallique transformée en monnaie par les autorités royales, d’avancer des débuts de réponse concernant la monétarisation de l’économie, de la vélocité de la circulation monétaire ou de comparer les fluctuations économiques observées à travers les monnaies avec d’autres types de sources, telles que les catalogues de prix en Mésopotamie séleucide.

II. L’apport des monnaies de fouilles à la compréhension des politiques monétaires (1^er avril 2021)

2L’étude des monnaies de fouilles constitue un des principaux domaines pour la compréhension de la circulation monétaire, des rapports entre les différents ateliers, des réseaux d’influence d’un type monétaire, etc. La constitution d’une base de données de plus de 8 000 monnaies séleucides provenant des fouilles scientifiques ou des trouvailles fortuites (stray finds) sert de point de départ pour comprendre une série de phénomènes monétaires : la composition de ces trouvailles (à plus de 99 % des bronzes), les aires de circulation de la monnaie de bronze (des polygones de Voroney dressent une image représentative de l’influence plutôt locale de chaque atelier majeur et des distances parcourues par les monnaies de bronze), les reformes qui passeraient inaperçues sans l’apport d’une large documentation. Une version améliorée de la méthode dite de Ravetz permet également de dresser le « profil numismatique » pour les sites archéologiques et de proposer, à la suite de Richard Reece et de Philippa Walton, une « moyenne monétaire séleucide ». Le modèle méthodologique proposé est comparé avec des données recueillies pour d’autres dynasties, en particulier avec les Ptolémées, afin de comprendre les structures différentes ou similaires qui caractérisaient les différents royaumes ou l’usage varié et variable de la monnaie de bronze par les autorités locales.

III. Est-il possible de quantifier l’iconographie numismatique : études de cas (8 avril 2021)

3Les bases de données constituées pour les monnayages séleucides (trésors et monnaies de fouilles) permettent un traitement fin des questions iconographiques. Une série d’études de cas montre que la valeur de la quantification « iconographique » reste considérable pour des questions de politique religieuse ou de « propagande » royale. En particulier, les monnaies dites « divines », i. e. celles représentant les rois avec des attributs divins, témoignent de la discrétion du phénomène religieux de l’association et / ou de l’identification du roi avec le divin. De plus, la comparaison quantitative avec d’autres média iconographiques, e. g. les crétules de Séleucie du Tigre, permet de mieux déterminer les différents publics visés par les différentes dénominations monétaires et les sceaux.

IV. La Phénicie séleucide : une économie fermée, un monde unifié (15 avril 2021)

4À la suite de la cinquième guerre de Syrie et de la victoire d’Antiochos III à la bataille de Paneion (200 avant notre ère), la Phénicie fut incorporée au royaume séleucide. Pour des raisons de Realpolitik monétaire et économique, la province fut intégrée de manière « marginale » au reste du royaume : durant presque un demi-siècle à la suite de la conquête, les rois séleucides renoncèrent à leur droit souverain de frapper monnaie d’argent faisant appel aux monnaies lagides d’étalon réduit (dit « lagide » ou « phénicien ») émises par les Ptolémées dans la province avant 200. Ils se limitèrent, dans un premier temps, à l’émission des bronzes (surtout à Tyr) avant d’émettre des monnaies d’argent à partir du règne d’Antiochos V et, surtout, sous le règne d’Alexandre Ier Balas. Cette décision est à comprendre dans le cadre de l’implication lagide dans les affaires du royaume séleucide. Les études de coins menées pour les ateliers de Tyr, de Sidon et de Bérytos sous les derniers séleucides offrent les outils nécessaires pour mieux saisir les politiques monétaires des différents rois séleucides dans la région. Elles permettent aussi de cerner les changements d’importance monétaire et économique entre les différentes villes (sous des dynasties et des souverains différents) dont la compétition fut légendaire depuis des temps immémoriaux.