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Résumés des conférences

Histoire monétaire du monde romain

Sylvia Nieto-Pelletier
p. 186-188

Résumé

Programme de l’année 2019-2020 : Numismatique, archéologie et histoire monétaires de l’Europe celtique (1).

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Texte intégral

1Centré sur l’Europe celtique, cet enseignement s’inscrit parallèlement et de façon complémentaire à l’atelier de numismatique des mondes celtique et romain organisé par A. Hostein et au séminaire commun autour des questions d’iconographie en numismatique antique (coord. A. Hostein et F. de Callataÿ) qui s’est tenu en 2020.

2Deux thèmes principaux ont retenu notre attention cette année : 1. Numismatique et monnayages celtiques, une introduction ; 2. Apparition et premiers développements des monnayages celtiques en or dans le contexte des sociétés protohistoriques des ive-iiie s. av. n. è.

I. Numismatique et monnayages celtiques, une introduction

3Il s’agit ici de proposer une initiation à la numismatique celtique et de présenter un panorama des monnayages celtiques entre le iiie et le ier s. av. n. è. en intégrant des données variées (iconographie, métrologie, compositions métalliques, circulations) à la lumière des grandes orientations actuelles de la recherche qui peuvent être regroupées en quatre grands champs :

  • 1 Par exemple S. Verger, « Société, politique et religion en Gaule avant la Conquête. Éléments pour u (...)
  • 2 O. Buchsenschutz (dir.), L’Europe celtique à l’âge du Fer (VIIIe-Ier siècles), Paris, PUF, 2015.
  • 3 O. Buchsenschutz et al., « L’âge d’or de l’aristocratie celtique, ive et iiie siècles av. J.-C. », (...)
  • 4 P.-M. Guihard, Monnaie et société chez les peuples gaulois de la basse vallée de la Seine. Recherch (...)

4L’étude des monnaies celtiques est actuellement davantage intégrée dans le contexte des sociétés celtiques au sens large : les dimensions politiques, diplomatiques, militaires mais aussi sociales en plus de celles relevant du champ économique sont désormais prises en compte. Cette orientation amène aujourd’hui à des interrogations et interprétations nouvelles étroitement liées à l’approche anthropologique1. Les récentes publications, par exemple l’ouvrage dirigé par O. Buchsenschutz sur l’Europe celtique à l’âge du Fer paru en 20152 ou l’article de O. Buchsenschutz, K. Gruel et T. Lejars sur l’aristocratie celtique paru en 20123, les publications des thèses de P.‑M. Guihard en 2012 ou celle de S. Martin en 20154, montrent combien la prise en compte des contextes dans leur ensemble est essentielle à la compréhension du fait monétaire gaulois dans sa globalité, depuis son apparition en relation avec le monde gréco-macédonien jusqu’à sa disparition progressive avec son intégration au monde romain. Cela pose plus largement la question des enjeux liés aux lieux (de décision, de production, d’approvisionnement…), aux espaces et aux réseaux (de circulation, d’interrelations) et aux usages.

5La chronologie des émissions. Ce champ de la numismatique celtique a été considérablement renouvelé et enrichi ces dernières années grâce notamment aux travaux de K. Gruel mais également à plusieurs thèses récemment soutenues pour lesquelles les monnaies de fouilles ont constitué l’objet d’étude central. C’est le cas de la thèse de Stéphane Martin pour le Nord de la Gaule, de Pierre-Marie Guihard pour la basse vallée de la Seine, de Murielle Troubady pour les Turons et les Carnutes, de Julia Genechesi pour la vallée du Rhône, d’Eneko Hiriart pour le Sud-Ouest et d’Élodie Paris pour le Sud. L’étude des monnaies est de plus en plus fermement attachée aux contextes archéologiques et cette démarche est à l’origine d’avancées majeures.

  • 5 A. Hartmann, E. Nau, « Über die spektralanalytische Untersuchung einiger griechischer Philipp-und A (...)
  • 6 Par exemple K. Gruel, Le trésor de Trébry (Côtes-du-Nord), Ier siècle avant notre ère. Contribution (...)
  • 7 M. Blet-Lemarquand et al., « L’or et l’argent monnayés », dans P. Dillmann et L. Bellot-Gurlet (dir (...)

6L’approche archéométrique. Depuis les premiers travaux menés dans les années 19705 les études de composition métallique des monnaies celtiques se sont considérablement développées en France et à l’étranger. Enrichis des progrès des méthodes d’analyses qui ont ouvert de nouvelles perspectives de recherche, ces travaux ont contribué au renouvellement des problématiques6. Lorsqu’elle s’inscrit dans une démarche archéologique et historique globale, l’étude des compositions métalliques permet d’interroger la production monétaire dans sa relation avec le pouvoir émetteur, les techniques de fabrication ou les chronologies des émissions. En outre, l’étude des impuretés, c’est-à-dire des éléments présents en très petites quantités et qui constituent l’empreinte chimique de l’alliage monétaire, permet aujourd’hui d’appréhender la circulation voire l’origine des stocks métalliques employés au sein des ateliers7.

7Humanités numériques et nouveaux outils d’analyses. Ces dernières années, des progrès décisifs ont été réalisés dans le domaine de la numérisation et de la publication en ligne des collections numismatiques muséales permettant la constitution de thésaurus numériques en Linked open data. Si jusqu'à présent ces initiatives ont surtout concerné les monnayages grecs et romains, le retard se comble progressivement pour les monnayages celtiques : un groupe de travail s’est constitué en 2018 pour intégrer les monnaies celtiques au programme Nomisma.org, la numérisation du fonds celtique de la BNF a été réalisée et est versée à la base Gallica8 ; des bases de données intégrant des monnaies celtiques ont déjà vu le jour et d’autres sont en cours9. Ces données numériques, auxquelles s’ajoutent les outils de traitement et de modélisation de l’information spatiale, accompagnent de manière essentielle les grandes orientations de la recherche actuelle.

II. Apparition et premiers développements des monnayages celtiques en or dans le contexte des sociétés protohistoriques des IVe-IIIe s. av. n. è.

8Après quelques rappels sur l’introduction de la monnaie frappée dans les territoires gaulois à partir de Marseille, le propos est centré sur l’apparition de la monnaie d’or celtique dans la première moitié du iiie s. av. n. è.

  • 10 Par exemple S. Scheers et J.-N. Barrandon, « Les imitations du statère de Philippe II de Macédoine  (...)

9L’introduction de la monnaie d’or frappée en Gaule au iiie siècle av. n. è. est repensée à la lumière des travaux les plus récents. Ainsi, les émissions grecques qui ont servi de modèles à l’introduction de la monnaie en Gaule ont été inventoriées, les statères gréco-macédoniens découverts en France au xixe et xxe siècle ont été recensés et les émissions celtiques les plus anciennes ont été étudiées. Une attention particulière a été consacrée aux rares contextes archéologiques connus. La notion d’« imitation » a également fait l’objet d’une réflexion dans ce contexte. La distinction entre le modèle et l’imitation est-elle toujours aisée ? Jusqu’où peut-on parler d’imitation ? Autrement dit quel est le seuil, pour autant qu’il puisse être précisément défini, au-delà duquel on considèrera que la monnaie n’est pas ou plus une imitation ? Rarement défini, le terme « imitation » est entendu de façon diverse selon les auteurs et, de fait, les contours du corpus peuvent différer, parfois de façon considérable, d’une étude à l’autre10. Le choix d’une définition stricte du terme « imitation » (pour les statères celtiques qui reprennent fidèlement les modèles imités) a notamment pour corollaire d’« émanciper » le développement des premiers monnayages d’or gaulois des émissions gréco-macédoniennes. Il invite également à considérer les évolutions stylistiques et typologiques non pas comme des « dégradations » ou « altérations » d’une iconographie monétaire gréco-macédonienne, comme cela a souvent été présenté, mais comme la mise en place d’un répertoire iconographique monétaire original et propre étroitement lié aux autorités émettrices gauloises.

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Notes

1 Par exemple S. Verger, « Société, politique et religion en Gaule avant la Conquête. Éléments pour une étude anthropologique », Pallas, 80 (2009), p. 61-82, et P. Pion, « La monnaie mercenaire : une approche anthropologique des premiers monnayages celtiques du Nord-Ouest du complexe nord-alpin (iiie siècle av. J.-C.) », dans B. Formoso et P. Pion (dir., avec la coll. de R. Étienne), Monnaie antique, monnaie moderne, monnaies d’ailleurs… Métissages et hybridations, Paris, De Boccard, 2012, p. 151-164.

2 O. Buchsenschutz (dir.), L’Europe celtique à l’âge du Fer (VIIIe-Ier siècles), Paris, PUF, 2015.

3 O. Buchsenschutz et al., « L’âge d’or de l’aristocratie celtique, ive et iiie siècles av. J.-C. », Annales. Histoire, Sciences sociales, 67, 2 (2012), p. 295-324.

4 P.-M. Guihard, Monnaie et société chez les peuples gaulois de la basse vallée de la Seine. Recherches sur les usages monétaires d’une région entre le début du IIIe et la fin du Ier siècle avant J.-C., Montagnac, Éditions Monique Mergoil, 2012 ; S. Martin, Du statère au sesterce. Monnaie et romanisation dans la Gaule du Nord et de l’Est (IIIe s. a.C. – Ier s. p.C.), Bordeaux, Ausonius, 2015.

5 A. Hartmann, E. Nau, « Über die spektralanalytische Untersuchung einiger griechischer Philipp-und Alexander-Statere sowie deren keltischer Nachprägungen », dans Beiträge zur süddeutschen Münzgeschichte. Festschrift zum 75-jährigen Bestehen des Württembergischen Vereins für Münzkunde e.V., Stuttgart, 1976, p. 7-34 ; K. Castelin, Keltische Münzen. Katalog der Sammlung des Schweizerischen Landesmuseums Zürich, I, Stäfa, s. d., 1978.

6 Par exemple K. Gruel, Le trésor de Trébry (Côtes-du-Nord), Ier siècle avant notre ère. Contribution à l’histoire du monnayage des Coriosolites : méthodes physiques et mathématiques en numismatique, Paris, 1981 (Annales de l’université de Besançon, 260) ; J.-N. Barrandon et al., L’or gaulois. Le trésor de Chevanceaux et les monnayages de la façade atlantique, Paris, 1994 (Cahiers Ernest-Babelon 6) ; C. Sillon, « Fabrication, circulation et usages de l’or monnayé dans le Nord de la Gaule (iiie-ier s. av. J.-C.) », Revue numismatique, 173 (2016), p. 231-270.

7 M. Blet-Lemarquand et al., « L’or et l’argent monnayés », dans P. Dillmann et L. Bellot-Gurlet (dir.), Circulation et provenance des matériaux dans les sociétés anciennes, Paris, Éditions Archives contemporaines, 2014 (Sciences archéologiques) , p. 133-159.

8 http://gallica.bnf.fr/html/und/objets/monnaies.

9 BaseFer Aoroc, http://www.archeo.ens.fr/spip.php?article680 ; Base Nummus Craham, https://www.unicaen.fr/crahm/Nummus/. En cours : base Aema « Archéométrie et monnaies antiques » (Iramat UMR 7065).

10 Par exemple S. Scheers et J.-N. Barrandon, « Les imitations du statère de Philippe II de Macédoine », dans J.‑N. Barrandon et al., L’or gaulois. Le trésor de Chevanceaux et les monnayages de la façade atlantique, Paris, 1994 (Cahiers Ernest-Babelon 6) ; J. Sills, Gaulish and Early British Gold Coinage, Londres, 2003.

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Pour citer cet article

Référence papier

Sylvia Nieto-Pelletier, « Histoire monétaire du monde romain »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 153 | 2022, 186-188.

Référence électronique

Sylvia Nieto-Pelletier, « Histoire monétaire du monde romain »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 153 | 2022, mis en ligne le 10 juin 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/ashp/5290 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ashp.5290

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Auteur

Sylvia Nieto-Pelletier

Chargée de conférences, École pratique des hautes études — section des Sciences historiques et philologiques

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Droits d’auteur

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