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Crédits : Cliché auteur inconnu

• Gisèle Krauskopff
  « Ethno-graphies » des figures du pouvoir [Texte intégral]
  Writing about power figures [Texte intégral | traduction | en]
• Bibliographie de Philippe Sagant [Texte intégral]

• Dialogues posthumes…

  Posthumous dialogues…
  • Olivia Aubriot
    Des bâtisseurs de rizières aux migrations de travail : apports des thèses de Philippe Sagant [Texte intégral]
    From “builders of rice fields” to labour migrations: noteworthy contributions by Philippe Sagant [Texte intégral | traduction | en]
  • Catherine Warner
    The power of movement [Texte intégral]
    Philippe Sagant’s contribution to the history of migration in the Eastern Himalaya
    La puissance du mouvement : contribution de Philippe Sagant à l’histoire des migrations dans l’est de l’Himalaya
  • Gisèle Krauskopff
    De la mobilité des paysans tharu et de leurs chefs [Texte intégral]
    On the mobility of Tharu farmers and on their headmen
  • Marc Gaborieau
    « À qui appartenait la terre ? » dans le royaume hindou du Népal [Texte intégral]
    Conversations à bâtons rompus à travers ethnies et religions en Himalaya
    “To whom did the land belong?” in the Hindu kingdom of Nepal: Discursive conversations about ethnic groups and religions in the Himalayas
  • Mélanie Vandenhelsken
    « Ils ont transformé la divinité Yuma en Dieu ! » [Texte intégral]
    Recompositions religieuses et dissensions chez les Limbu du Sikkim
    “They turned the deity Yuma into a god!”: Religious reconstructions and dissensions among the Limbu of Sikkim
  • Pascale Dollfus
    Les dés sont jetés ! [Texte intégral]
    Le jeu de dés, ses enjeux et son double langage à Kharnak, une communauté de pasteurs nomades du Ladakh
    The dice have been cast!: The dice game, its stakes and its dual language in Kharnak, a community of nomadic herdsmen in Ladakh
  • Tanka Subba
    Being an assistant to a shaman [Texte intégral]
    An autobiographical essay
    Être l’assistant d’un chamane : un essai autobiographique

• … avec les écrits de Philippe Sagant

  … with writings by Philippe Sagant
  Français English

  Faire entendre une voix, trop tôt étouffée par la maladie, près de vingt ans avant son décès en 2015 : les écrits de Philippe Sagant qui suivent dialoguent avec les contributions en son hommage tout en illustrant les strates temporelles et stylistiques de ses travaux, du premier terrain en 1966, à l’est du Népal, à une vision distanciée et comparative des figures du pouvoir en Himalaya et au delà.

  Un domaine, une époque, un style personnel : des pages non publiées éclairent certains silences de l’œuvre scientifique et ses aspirations, dévoilant le laboratoire intérieur de l’ethnologue en quelque sorte. Si ces textes posent le problème de la construction du savoir anthropologique à partir de son écriture, les étapes qu’ils dévoilent s’inscrivent dans l’évolution de la discipline et plus spécifiquement du champ des études himalayennes depuis l’époque pionnière à laquelle Sagant participa dans les années 1960. Les formes scripturales qu’il adopte se transforment, en réponse à son souci majeur : la recherche d’une écriture ethnologique et ce qu’elle révèle de la discipline et des questions que pose sa pratique.

  On lira d’abord des extraits d’ouvrages sur le vécu de ses amis Limbu autour de deux thèmes, les migrations et le jeu, en dialogue avec les contributions proposées dans ce volume. Trois textes sur les migrations, sujet sur lequel il travailla dans les années 1970, nous font vivre le départ saisonnier des scieurs de long en Assam, mais aussi les forces et violences sociales conduisant à des exils parfois définitifs. Ils ancrent l’organisation sociale dans une instabilité continue et ancienne.

  Les textes traitant du jeu sont extraits d’un projet d’histoire de vie — un genre ethnographique qu’il affectionnait mais auquel il fut réticent à donner forme — sur Mundhunge, un grand chef limbu et quasi roi de la vallée de la Mewa. Il s’appuyait, comme la plupart de ses travaux, sur les récits des villageois autour d’une figure marquante. L’un décrit les échanges de l’ethnologue, au cours d’un voyage vers une vallée de culture tibétaine au nord du pays Limbu, avec ses amis limbu qui l’initient à leur passion du jeu. Il rend présent l’ethnologue dans sa pratique et dans la relation ethnographique. L’autre est une synthèse, non narrative cette fois, qui dit comment, grâce au jeu et à l’argent ainsi accumulée, Mundunghe entama sa carrière de grand chef devenant une figure à la fois crainte et admirée,en quelque sorte un héros local.

  Associant textes, dessins et photographie, les extraits d’un manuscrit sur les funérailles et les rites du cycle de vie témoignent d’un genre ethnographique que l’on ne pratique plus, mais qui a marqué la formation de Philippe Sagant au musée de l’Homme : la monographie descriptive.

  Philippe Sagant ne fut pas seulement un spécialiste des Limbu comme le voulait l’ethnologie de cette époque. Sa largesse de vue l’entraîna dès ses débuts à s’intéresser aussi bien aux Tibétains de Tokpe qu’aux Newars des bazars avec qui les Limbu partageaient leur quotidien, aux relations des chefs avec les autorités centrales qu’à l’histoire de l’implantation des familles sherpa ou indo-népalaises pour saisir la vie d’une vallée dans le temps et dans l’espace. L’ethnologue ne doit pas « chouchouter » sa tribu, disait-il avec humour. La comparaison était indispensable.

  S’attachant aux figures de chefs et à la fragmentation de leur pouvoir, il orienta sa recherche sur la question du « double pouvoir » en Himalaya au tout début des années 1980. Deux articles, publiés dans les années 1990, sont traduits en anglais dans ce volume : l’un traite des rituels liés à la centralisation politique à Nyishang, une région de culture tibétaine du Népal, l’autre analyse le pouvoir délégué des chefs Yakthumba (ou Limbu), au travers de la fête royale et nationale de Dasaĩ. L’ethnographie y tient une place centrale, associée à des sources textuelles concernant la Chine, le Tibet ou l’Inde à des fins comparatives en contexte hindou et bouddhiste. Ce faisant, il montre comment le « double pouvoir » a transformé des institutions anciennes, tout particulièrement le modèle du chef « élu des dieux » qu’il analysa avec Samten Karmay chez les Sharwa de l’Amdo tibétain.

  Si Philippe Sagant ne publia rien sur les jeux d’argent chez les Limbu, « le jeu » fut, dans la dernière phase de ses travaux, une préoccupation majeure autour des joutes et des chasses rituelles qui véhiculaient les valeurs de l’exploit au cœur de sa réflexion sur le chef « élu des dieux » et sur la « chance » conduisant à cette élection. Les deux inédits qui clôturent ce volume illustrent l’analyse globale qu’il envisageait au moment où la maladie le terrassa, une comparaison qu’il voulait « débridée » et débarrassée du carcan académique. Si l’appel à des récits villageois est toujours de mise, l’écriture est différente. Ces textes inspirés donnent à voir une autre logique, une conception autre du temps et de l’espace.

  Bringing back a voice silenced too soon by illness, twenty years before his death in 2015: the following writings by Philippe Sagant converse with contributions in his honour, while also illustrating the temporal and stylistic strata of his works, from his first field study in 1966 in eastern Nepal, to a distanced and comparative view of power figures in the Himalayas and beyond.

  A field, an era, a personal style: unpublished pages shed light on some of the silences of his scientific work as well as its aspirations, in a sense revealing the ethnologist’s inner laboratory. Although these texts posit the problem of the how to construct anthropological knowledge through writing, the stages they reveal stem from the evolution of the discipline, and more specifically of the field of Himalayan studies since the pioneering era in which Sagant participated in the 1960s. The written forms he adopted changed, because of his major concern: the search for an ethnological writing and what it reveals about the discipline and about the issues that its practice raises.

  We will first read extracts from books on the experiences of his Limbu friends, revolving around two themes, migration and play, in dialogue with the contributions presented in this volume. Three texts on migration, a subject he worked on in the 1970s, allow us to experience the seasonal departure of pit sawyers in Assam, as well as social forces and violence leading to exiles that were sometimes permanent. They root the social organisation in a continuous, ancient instability.

  The texts dealing with play are extracted from a life history project—an ethnographical genre he was fond of, but was reluctant to give shape to—on Mundhunge, a great Limbu headman and quasi-king of the Mewa valley. Like most of his works, it was based on villagers’ personal accounts about a striking figure. One of the texts describes the ethnologist’s conversations during a journey to a culturally Tibetan valley in northern Limbu country, with Limbu friends who initiated him into their passion for play. He gives a sense of the ethnologist’s presence in his practice and his ethnographic relationship. The other is a text (non-narrative this time) that explains how, thanks to play and the money thus accumulated, Mundunghe began his career as a great headman, becoming a figure who was both feared and admired, a local hero of sorts.

  Combining texts, drawing and photography, extracts from a manuscript on funerals and life-cycle rituals show an ethnographic genre that is no longer practiced, but was part of Philippe Sagant’s training at the Musée de l’Homme: the descriptive monography.

  Philippe Sagant was not just a specialist on the Limbu, as the ethnology of that time would have had it. From his early days, his broad vision led him to take an interest not only in the Tibetans of Tokpe, in the Newars of bazars with whom they shared their day-to-day life, and in headmen’s relationships with the central authorities, but also in the history of Sherpa or Indo-Nepalese family settlements, to understand the life of a valley in time and space. He used to humorously say that the ethnologist should not “coddle” his tribe. Comparison was indispensable.

  Closely studying headman figures and the fragmentation of their power, he oriented his research toward the question of “dual power” in the Himalayas at the beginning of the 1980s. Two articles published in the 1990s appear in this volume in English translation: one deals with rituals linked to political centralisation in Nyishang, a culturally Tibetan region of Nepal, while the other analyses the delegated power of Yakthumba (or Limbu) headmen, through the national royal festival of Dasaĩ. Ethnography holds a central place in them, combined with textual sources concerning China, Tibet and India for comparative purposes in Hindu and Buddhist contexts. In so doing, he shows how “dual power” transformed ancient institutions, particularly the model of the “gods’ chosen headman” which he analysed with Samten Karmay among the Sharwa of Tibetan Amdo.

  Although Philippe Sagant published nothing about money games among the Limbu, in the final phase of his work, “play” was a major focus, revolving around ritual joust and hunts that conveyed the feat values at the heart of his reflection on the “gods’ chosen headman” and on the “luck” leading to this choice. The two unpublished texts at the end of this volume illustrate the broad analysis he was planning when illness struck him down, a comparison that he wanted to be “unbridled” and free of academic fetters. Although the use of villager accounts is still in vogue, the writing is different. These inspired texts show another logic, a different conception of time and space.

  • Pages d'archives

    Le vécu des Limbu
    Archive pages: The life of the Limbu
    • Philippe Sagant
      Migrations et émigration au Népal oriental [Texte intégral]
    • Philippe Sagant
      Le jeu [Texte intégral]
    • Philippe Sagant
      Dambar Doj (Mundhunge) et le monopole du jeu [Texte intégral]
    • Gisèle Krauskopff
      Ethno-graphie des funérailles [Texte intégral]

  • Traductions

    Translations
    • Philippe Sagant
      The drums of Nyishang (Nepal) [Texte intégral]
      Rituals and political centralisation
      Les tambours de Nyi-shang (Népal) : rituel et centralisation politique
    • Philippe Sagant
      Dasaĩ and dual power among the Yakthumba [Texte intégral]
      Dasaĩ et le double pouvoir chez les Yakthumba

  • Inédits

    Unpublished writings
    • Philippe Sagant
      La mort d’un chef ou la logique des chamanes [Texte intégral]
      Death of a headman or the shaman’s logic [Texte intégral | traduction | en]
    • Philippe Sagant
      Les chasses rituelles [Texte intégral]
      Éducation des enfants et transgression d’interdit

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