Nos remerciements les plus sincères sont adressés à Tommaso Casci Ceccacci et Ilaria Venanzoni (Soprintendenze Archeologia Belle Arti e Paesaggio per le province di Ascoli Piceno, Fermo e Macerata, e per le province di Ancona, Pesaro e Urbino), Vanna Bianconi (Maire-adjointe de San Severino Marche), Elio Antonini (Prospecteur), Massimo Pennacchioni. Merci en particulier à Piero Sileoni (Géomètre, commune de San Severino Marche) e Fabio Fusco (Palynologue).
Les recherches 2023 sur le Paléolithique des Marches sont financées par l’École française de Rome, le laboratoire CNRS CEPAM UMR 7264 et l’Université de Ferrare.
1Dans le cadre du programme de recherche structurant de l’École française de Rome 2022-2026 « L’Italie paléolithique » et de l’axe portant sur les Abruzzes et les Marches1, une première campagne de sondages mécaniques a été réalisée sur la commune de San Severino Marche en juillet et septembre 2023. Elle a mené à la découverte d’un site du Paléolithique supérieur au lieu‑dit « Chigiano U Pia2 » (CUP). Elle fait suite à un travail en archives, bibliothèques et musées, à partir des carnets manuscrits du Docteur Domenico Pascucci qui a consigné avec minutie la découverte de près de 2 000 industries lithiques à la fin du xixe et au début du xxe siècle sur le territoire de la commune3. La superposition de la carte géologique aux lieux de découverte a permis de cibler des terrains à sonder, dans l’objectif de mettre au jour des sites inédits du Paléolithique et d’affiner le cadre géochronologique et paléoenvironnemental régional pour le Pléistocène.
- 4 Broglio et al. 2005 ; Peresani 2003 ; Parenti et al. 2005.
2Les dépôts sédimentaires superficiels qui ont retenu notre attention sont les dépôts de versants notés MTIa sur la carte géologique et les terrasses et les dépôts alluviaux pléistocènes notés ACBn ou MUSb (fig. 1). Les sondages sont à visée diagnostique pour déterminer l’âge, l’extension et la qualité de conservation d’éventuelles occupations préhistoriques. Le territoire de San Severino Marche présente une abondance de ressources siliceuses, en particulier de la Scaglia Rossa4.
3Six sondages mécaniques ont été effectués les 3 et 4 juillet 2024 à Stigliano puis trois autres, les 12 et 13 septembre 2024 à Chigiano, sous concession du MiC.
Fig. 1. San Severino Marche, Localisation des sites retenus pour les sondages exploratoires.
Extraits et assemblage des feuilles n° 302‑060, 070, 100, 110, 140, 150 de la carte géologique régionale 1 : 10 000e et vues des zones à explorer. 1. Stigliano “Campo dell’Ara”, MUSb2, c. 500 m d’altitude. 2. Stigliano – Capo, MTIa, vers 570 m d’altitude. 3. Cesello, MTIbn, environ 460 m d’altitude. 4. Et 5. Chigiano, ACBn, c. 480 m d’altitude.
© E. Nicoud/EFR 2023.
4Un transect longitudinal des parcelles a été réalisé (fig. 2). Le terrain, orienté NO‑SE présente une pente vers le sud interrompue par un replat en son milieu, suggérant la présence d’une terrasse. La carte géologique indique des formations MUSb2, colluvions et éluvions. Aucun vestige n’est apparu.
Fig. 2. San Severino Marche, Stigliano.
Localisation des parcelles (feuillet 132, n° 23 et 128) où les sondages St1 à St6 ont été effectués par rapport au cadastre (A) et à la feuille 302100 de la carte technique régionale 1 : 10 000e (B). C. Localisation des six sondages exploratoires selon un axe NO‑SE.
© V. Villa/EFR 2024.
5Le premier sondage (St1) a été positionné sur le premier replat, dans une zone qui, de par sa géométrie, suggérait la présence possible d’une séquence alluviale sous une couverture de dépôts de pente. Il n’a traversé qu’une épaisse couche de colluvions qui contenait des fragments de terre cuite arrondis et peu nombreux jusqu’à 5 m de profondeur. Un horizon de sol hydromorphe bleu (gley) est apparu à la base et les eaux souterraines ont commencé à s’infiltrer (fig. 3A et B). Le sondage a été refermé.
6St2 se situe à une vingtaine de mètres en contrebas de la pente, à l’extrémité du replat supérieur (fig. 3C et D). L’apparition immédiate d’argiles et marnes argileuses ante-quaternaires (formation de la Scaglia cinerea notée SCC sur la carte géologique) sous les labours a été une surprise. Cela confirme que les replats étagés de la parcelle ne sont pas dus à des terrasses alluviales. St3 a permis de vérifier l’absence d’alluvions. L’argile ante-quaternaire est apparue à une profondeur de 50 cm (fig. 3E et F). St4 est en limite sommitale nord de la parcelle (fig. 3G). Le substrat est apparu immédiatement sous le labour. St5 (fig. 3H et I) a permis de vérifier la géométrie du substrat et l’épaisse couche de colluvions identifiée en St1. Ici, elles sont épaisses d’1,9 m et recouvrent le substrat. St 6 est situé dans la partie basse de la parcelle (fig. 3J et K), à proximité d’une source d’eau entourée d’un petit bosquet. Le sondage a été interrompu à 1,80 m, après avoir traversé la couche de colluvions jusqu’à l’apparition de la nappe phréatique.
Fig. 3. San Severino Marche, Stigliano.
A et B, Sondage 1, un gley apparaît à la base. C et D, Sondage 2, les formations ante-quaternaires sont sub-affleurantes. E et F, Sondage 3, tranchée de drainage et coupe NO‑SE. G, Sondage 4. H et I, Sondage 5, apparition des argiles tertiaires et coupe NO‑SE. J et K, Sondage 6.
© E. Nicoud/EFR 2023.
7Trois sondages ont pris place sur un terrain en légère pente d’orientation SO‑NE, marqué par une rupture de pente dans sa partie basse (fig. 10). La carte géologique indique des terrasses alluviales notées ACBn dans le bassin versant du Musone qui coule à proximité. Le terrain sondé se situe entre 30 et 5 m au‑dessus de l’incision actuelle d’un affluent du Musone (Musone 1634).
Fig. 4. San Severino Marche, Chigiano U Pia.
Localisation des parcelles (feuille 57, n° 94 et 165) où les sondages ont été effectués par rapport au cadastre (A) et aux feuilles 302100 au sud) et 302060 (au nord) de la Carte Technique Régionale au 1 : 10 000e (B). La position exacte des 3 sondages (Ch1 à Ch3) est également indiquée sur la figure (B).
8Le sondage 1 de Chigiano (Ch1) a été effectué dans la partie inférieure de la parcelle, au bord de l’incision de la rivière (fig. 5A et B). Des silex taillés découverts en surface nous avaient été signalés par Elio Antonini. À une profondeur d’environ 1,10 m, au‑delà de la profondeur atteinte par les labours, un épais paléosol est apparu et un premier niveau archéologique a été mis au jour. Afin de limiter notre intervention à des fins de diagnostic et de laisser la surface aussi intacte que possible pour des fouilles futures, nous avons limité l’ouverture manuelle de la fouille à 2 mètres carrés, désignés E et F. La position des vestiges a été relevée en trois dimensions et les pièces ont été numérotées. Après un premier décapage nommé « Sol A » (couche 17), d’une épaisseur de 5 cm et constitué de limons argileux à graviers fins, une fine couche de gravier est apparue. La fouille du carré F a été interrompue et nous avons continué à travailler exclusivement sur le carré E. D’autres vestiges lithiques et de très rares restes fauniques sont apparus dans les limons argileux à graviers fins (« Sol B », couche 19). Une bâche a été placée sur la surface de fouille et recouverte de terre afin de retrouver le niveau lors de futures fouilles.
9Ch 2 voulait déterminer l’extension du dépôt découvert lors du sondage 1 à une profondeur de 1,10 m (fig. 5B et C). Il a été interrompu à 35 cm suite à la découverte de nombreux vestiges dans une motte de terre argileuse enfouie dans la terre arable. Cette motte, qui mesurait 30 × 50 cm et 8 cm d’épaisseur, a livré plus d’une centaine d’industries lithiques, dont une grande partie d’éléments laminaires. Compte tenu du contexte de découverte, il n’a pas été possible d’enregistrer en détail la position d’origine des différentes pièces. Le sondage a été immédiatement clos. Ch3, en amont de la rupture de pente visible sur le terrain, a révélé la présence du substrat argileux ante-quaternaire à une profondeur de 50 cm (fig. 5E).
Fig. 5. San Severino Marche, Chigiano U Pia.
A et B, Sondage 1 et fouille en cours. C et D, Sondage 2, des vestiges sont sub-affleurants dans une motte remaniée. E, Sondage 3, les argiles affleurent.
10La séquence présente une succession de paléosols à texture argilo-limoneuse avec des inclusions de graviers fins calcaires profondément incisés par une surface d’érosion en pente vers le nord (unités pédo-stratigraphiques 19 à 15, fig. 6). Cette incision est comblée par une série de dépôts de graviers et de limons calcaires stratifiés horizontaux (unités 14 à 2). Au sommet de la succession se trouve une épaisse couche d’argile limoneuse brun clair qui correspond au sol actuel (unité 1), perturbé en profondeur par les activités agricoles.
11Les horizons pédologiques inférieurs (unités 19 et 17) conservant les niveaux archéologiques, (Sol B et Sol A) sont séparés par une fine couche d’argile sableuse à graviers fins (unité 18). Nous n’avons pas pu observer l’unité 19 en détail car le sondage a été interrompu à son sommet, mais il est évident qu’il s’agit d’un sol évolué à structure polyédrique développée.
12L’unité 18 atteste de la reprise de la sédimentation alluviale avec une faible énergie et la mise en place de sédiments fins qui ont recouvert les vestiges du sol B sans perturber l’organisation du niveau archéologique. Cette observation s’applique également au sol A, situé au toit de l’unité 18 et recouvert par des dépôts à texture argilo-limoneuse.
13Le sol 17 a une structure prismatique bien développée et présente des caractéristiques hydromorphes marquées, de nombreux nodules de fer et de manganèse et des marbrures rougeâtres. Il s’agit d’un sol évolué qui a été soumis à des conditions de saturation temporaire répétées au fil du temps, probablement en raison de la fluctuation saisonnière de la nappe phréatique. La présence d’artefacts en silex dans l’unité indique que la sédimentation s’est poursuivie dans le temps, mais assez lentement, de sorte que les processus pédogénétiques sont restés actifs. Les caractéristiques hydromorphes se poursuivent dans les sols supérieurs, les unités 16 et 15, qui sont archéologiquement stériles.
14Une surface d’érosion traverse cette séquence d’horizons pédologiques. Les dépôts suivants (unités 14, 12, 10, 6, 5, 3) se distinguent par la présence de graviers et de rares galets calcaires arrondis, bien triés et disposés horizontalement en lits parallèles. Ces caractéristiques indiquent qu’il s’agit de sédiments alluviaux déposés par des courants à haute énergie. La présence de niveaux fins, argileux et limoneux (unités 13, 11, 9, 8, 7, 4 et 2), intercalés entre les unités grossières, prouve que ces courants étaient intermittents et peuvent être attribués à des épisodes d’inondation de la plaine alluviale avec sédimentation par décantation. Les échantillons micromorphologiques (2) et sédimentologiques (16) prélevés tout au long de la séquence fourniront davantage d’informations sur la dynamique morpho-sédimentaire de la terrasse alluviale et sur les environnements dans lesquels l’occupation humaine s’est déroulée.
Fig. 6. San Severino Marche, Chigiano U Pia.
Relevé et description de la coupe stratigraphique Est.
© V. Villa/E. Nicoud/EFR 2023.
15Les sondages 1 et 2 de Chigiano U Pia ont livré 526 artefacts en silex, auxquels s’ajoutent 58 fragments sub-centimétriques (débris), deux blocs de calcaire de taille moyenne trouvés à proximité des artefacts en silex et dont le rôle reste à préciser, ainsi qu’un bloc identifié comme étant de la marcassite. Le mobilier est appréhendé ici comme un tout (tableau 1). Le sondage 1 a permis de récolter 413 artefacts lithiques, dont 28 provenant de la terre arable, 105 du sol A, 228 du sol B et 52 du niveau intermédiaire entre les deux paléosols (fig. 7). 287 artefacts appartiennent au carré E, 46 au carré F, tandis que 52 fragments ont été collectés lors de la fouille des deux carrés et regroupés. Le sondage 2 a livré 113 artefacts.
Tableau 1. San Severino Marche, Chigiano U Pia.
Catégorie
|
Nombre
|
Dont Entiers
|
Dont Fragments
|
Nucleus/Blocs testés
|
32
|
24
|
8
|
Pièces retouchées
|
22
|
14
|
8
|
Éclats
|
241
|
128
|
113
|
Lames
|
86
|
33
|
53
|
Lamelles
|
57
|
18
|
39
|
Tablettes
|
7
|
3
|
4
|
Fragments
|
81
|
-
|
81
|
Total
|
526
|
220
|
306
|
Sondages 1 et 2. Décomptes des industries lithiques par grandes catégories typo-techniques.
© R. Discosti/EFR 2023.
Fig. 7. San Severino Marche, Chigiano U Pia.
Sondage 1. Localisation des carrés de fouille, vue de la fouille en cours du carré E, plan des vestiges.
Crédits E. Nicoud/EFR 2023.
16La série se caractérise par sa composante laminaire importante. 152 pièces sont deux fois plus longues que larges y compris certaines lames retouchées. Les produits de plus de 12 mm de largeur sont inclus dans les lames. Le taux de fragmentation est élevé mais une partie importante de l’industrie provient des labours. 172 pièces portent des altérations, principalement des patines (n = 91), des concrétions, des traces d’oxydes, des cristaux ou des incrustations (n = 88), tandis que dans de très rares cas une thermo-altération a pu être détectée (n = 9).
17Les nucléus sont généralement de grande taille et peu exploités. On peut parfois parler de blocs testés et transportés sur le site (fig. 8A et B). Des nodules arrondis sont exploités et plus rarement, des plaquettes ou des éclats (fig. 8C). Les produits corticaux et semi-corticaux sont très nombreux : 86 pièces ont au moins 50% de la face supérieure couverte de cortex (39 pièces avec 80% ou plus), auxquels s’ajoutent 70 pièces dont le cortex couvre entre 20 et 50% de la face supérieure.
18La production d’éclats ou de lames est attestée (fig. 8). Les nucléus semblent abandonnés à un stade précoce, en raison d’accidents de taille. La préparation de crêtes est visible sur certains produits laminaires (n = 6). Les grandes lames corticales ou semi-corticales, dont certaines remontent sur des nucléus, suggèrent que des arêtes naturelles, en particulier sur les nucléus aplatis ont permis d’initier le débitage. Les plans de frappe sont parfois préparés par esquillement et abrasion de la corniche et ravivés par des tablettes. La surface de débitage peut être réorientée comme l’indiquent des négatifs antérieurs. Les produits d’initialisation et de gestion (lorsqu’il est possible de distinguer leur rôle) sont bien représentés. Les produits de plein débitage sont les plus nombreux. 88 lames présentent des négatifs unipolaires, suggérant qu’il s’agit de la méthode de débitage majoritaire. Une exploitation bipolaire est visible sur 19 lames et 2 nucléus (fig. 8C). Des débitages orthogonaux ou polydirectionnels sont également attestés (n = 8). La méthode reste inconnue dans 34 cas.
- 5 Wierer 2013.
- 6 Digan 2008.
19La percussion organique semble employée (présence de lèvres prononcées). On ne saurait exclure à ce stade l’utilisation d’un percuteur de pierre tendre en plus de la pierre dure comme cela a déjà été mis en évidence pour d’autres sites gravettiens italiens et français tels que Grotta Paglicci5 et La Vigne Brun6. Les outils sont rares (n = 20). Une pseudo-retouche non comptée ici, apparaît sur les pièces issues des labours. Le taux de fragmentation est élevé (c. 36%). Les deux grattoirs présents sont réalisés sur des lames allongées et épaisses (fig. 8E), et l’un d’eux présente une cassure latérale partiellement oblitérée par le front retouché, ce qui pourrait suggérer une utilisation antérieure comme burin. Le seul burin identifié présente un enlèvement provenant du talon (fig. 8F). Les deux pièces à dos sur lamelles sont fragmentaires (fig. 8G et H). L’une est une lamelle à dos partiellement retouché, constituant peut‑être une microgravette en cours de production. La seconde est un fragment de lamelle à dos à troncature oblique. Les dos sont rectilignes et assez épais, sans être envahissants.
20La matière première prédominante est le silex de la Scaglia rossa puis celle de la Maiolica, les deux étant abondantes dans la région.
Fig. 8. San Severino Marche, Chigiano U Pia.
A. et B. Blocs testés ou entamés. C. Nucléus à lames bipolaires sur plaquette abandonné pour cause d’accident et nucléus à lamelles sur éclat. D. Lames de diverses phases de la chaîne opératoire. E. Grattoirs sur lames épaisses et burin senestre. G. Lamelle mésiale à dos partiel, possiblement une microgravette en cours de confection. H. Lamelle à dos et troncature oblique.
© R. Discosti/EFR 2023.
21La présence de nucléus de grandes dimensions, l’abondance de supports corticaux et semi-corticaux même parmi les lames et la rareté des outils convergent à donner au site le statut d’atelier de taille où prennent place les premières phases de production laminaire et de confection des outils. Le taux de fragmentation élevé et l’abondance des accidents de taille, les nombreux produits de gestion des nucléus et de réaménagement des surfaces, la présence de remontages et la densité du mobilier dans le sondage 1 vont également dans ce sens. Les nombreux accidents de taille ont causé l’abandon des nucléus. La résolution de ces accidents peut avoir été un investissement technique jugé non nécessaire face à l’abondance de la matière première disponible à proximité. L’objectif de la production est incontestablement la production de supports laminaires et lamellaires, transformés en outils (grattoirs, burins, lamelle à dos). Leur éventuelle utilisation sera déterminée ultérieurement par l’étude fonctionnelle.
- 7 Peresani et al. 2021 ; Ruiz-Redondo et al. 2022.
- 8 Lollini et al. 2005.
- 9 Cancellieri 2015.
- 10 Silvestrini, Cancellieri, Peresani 2008.
- 11 Ruta, Rots, Mussi 2022.
- 12 Palma di Cesnola 2004.
22Des comparaisons seront effectuées avec les sites de la plaine du Pô et du versant adriatique de la Péninsule attribués à la période suivant le dernier maximum glaciaire (LGM) et attribués au Gravettien final ou à l’Épigravettien ancien7. Citons les sites de référence de Ponte di Pietra8, Fosso Mergaoni9 ou Madonna dell’Ospedale10dans les Marches, Grotta del Pozzo11 (Abruzzes) ou Grotta Paglicci12 (Pouilles). Dans les Marches, les sites de la fin du Gravettien et du début de l’Épigravettien se situent essentiellement en contexte de terrasses alluviales, sur les contreforts des Apennins, à proximité des affleurements primaires ou secondaires de silex. La découverte de Chigiano permet d’enrichir ce cadre contextuel des installations de la période, structurées par des sites de plein air, destinés à la production lithique. Ils sont certainement complémentaires de sites en plaine, aujourd’hui immergés suite à la transgression post-glaciaire.
23Chigiano U Pia constitue une nouveauté rare dans le panorama du Paléolithique supérieur des Marches. Le contexte de découverte et l’étude préliminaire de l’industrie lithique (issue de 2 m² seulement), suggèrent que le site bénéficie d’un bon état de conservation. À partir de la position stratigraphique et de la typo-technologie des industries, les occupations humaines sont attribuées au complexe culturel du Gravettien final ou de l’Épigravettien ancien (c. 22 000 ans avant nous). Les vestiges feront l’objet d’analyses approfondies et des datations 14C sont en cours de réalisation. Enfin, une fouille extensive est envisagée.
24La découverte du site de Chigiano U Pia souligne l’efficacité d’une approche intégrée mêlant études de collections et d’archives, cartographie géologique et opérations de terrain, même à partir d’un cadre prédictif sommaire en raison de la rareté des sites du Pléistocène en stratigraphie dans la région. Ce cadre devra donc être complété en y ajoutant tous les indices disponibles et les recherches de terrain méritent d’être poursuivies.