Remerciements : Nous tenons à remercier de leur aide et appui la Surintendante architecte Anita Guarnieri, l’assistant de fouille Franco Racano, le fonctionnaire restaurateur Salvatore Patete, la Soprintendenza Archeologia, Belle Arti et Paesaggio per le provincie di Barletta-Andria-Trani e Foggia. Les recherches à Arpi sont financées par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (Mission archéologique « Italie du Sud »), le CNRS et l’École française de Rome. Les opérations ont été réalisées dans le cadre d’un Protocollo d’intesa signé avec la Surintendance en novembre 2022.
Données scientifiques produites :
Arpi. Formes et modes de vie d’une cité italiote
Notices archéologiques dans le BAEFE :
https://journals.openedition.org/baefe/7214
1Depuis 2014 nous travaillons au programme Arpi. Formes et modes de vie d’une cité italiote, à travers deux approches conjointes : – une étude de la documentation de fouille et du matériel pour la reconstruction des phases de la structuration de cette très grande agglomération daunienne ; – une enquête d’archéologie des paysages, confiée à l’université de Salerne en collaboration avec l’université du Molise.
2Puisque l’étude des formes d’implantation et des rythmes du développement de cette agglomération n’aurait pas de sens sans la prise en compte des zones situées au‑delà de l’agger, nous avons décidé d’ouvrir en 2023 un nouveau volet sur les marges de la ville.
3La recherche prend appui sur trois secteurs situés dans les parties sud‑ouest et sud‑est, et au nord‑ouest du site. Les deux premiers, Masseria San Nicola d’Arpi (Prospections et fouilles A. Salvini, années 50 et 60) et l’ONC 37 (Fouilles M. Mazzei, 2004), connus grâce aux fouilles anciennes encore inédites, présentent des traces d’occupation relatives à des activités artisanales et à des pratiques funéraires entre le ve et le iiie siècle av. J.‑C.
4Le troisième secteur est celui situé dans une dépression au nord‑ouest de la ville (la Marana d’Arpi) et qui pourrait avoir servi de point d’accès au site depuis le fleuve Celone1.
5Rappelons que l’agglomération d’Arpi a été fondée entre deux rivières, le Celone au nord et le Faraniello au sud. L’habitat délimité par l'agger prend place sur deux terrasses, toutes deux inclinées vers le nord‑est, séparées par un léger dénivelé. Sur les deux terrasses se trouvent de microreliefs appelés localement Montarozzi qui dominent légèrement, d’un mètre ou deux, le niveau moyen de la plaine (fig. 1).
Fig. 1. Détail de l’orthophoto de 2006 avec la zone de San Nicola d’Arpi.
Servizio wms SIT Puglia ; élab. L. Radaelli, UniSa, DiSPaC.
6Ce nouveau volet du programme sur Arpi a donc porté sur ces aires situées de part et d’autre des limites urbaines, pour vérifier la nature et la fonction de ces espaces par rapport au système défensif et aux voies d’accès, et par rapport aux logiques de structuration de l’établissement. Ces dossiers offrent plusieurs cas comparables à d’autres situations connues dans le reste de la ville.
7Dans le droit fil de nos précédents travaux sur les archives de la Surintendance, au cours de l’année 2024 nous avons pu étudier la documentation, en grande partie inédite, qui concerne l’intervention réalisée par un particulier dans les années 1957-1958 et 1960-1961 entre deux localités situées au sud‑ouest de l’agger, Posta Grande et Masseria San Nicola d’Arpi (fig. 2).
Fig. 2. Le site d’Arpi avec les indications des découvertes réalisées par A. Salvini.
Élab. L. Radaelli, UniSa, DiSPaC, à partir de données LIDAR fournies par le Ministero dell’Ambiente e della Sicurezza Energetica (MASE).
- 2 Stazio 1966, p. 281‑282 ; Marin 1970, p. 41, 46‑47 ; Tinè Bertocchi 1970, p. 80, fig. 82 ; Mazza, F(...)
- 3 Salvini 1960.
8Cette documentation n’avait fait l’objet que de simples signalements dans la littérature archéologique2. Elle comprend un rapport signé par Aldo Salvini et daté du mois de décembre 1960, ainsi qu’une série de tirages photographiques des contextes identifiés et du matériel archéologique, des croquis topographiques avec la localisation de l’aire de la nécropole et des autres découvertes sporadiques réalisées à partir de 1939, conformes à la légende de la carte archéologique (fig. 3)3.
Fig. 3. Carte du site d’Arpi réalisée par A. Salvini au 1/25.000.
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio del Museo archeologico di Taranto
- 4 L’étude des résultats de la recherche archéologique a été accompagnée, conformément à la méthodolog (...)
9Le secteur de Masseria San Nicola d’Arpi, situé à l’ouest du grand site daunien et au sein d’un système vallonné complexe reliant les contreforts orientaux de l’Apennin daunien au Tavoliere, s’étend sur une terrasse de confluence fluviale entre le torrent Celone et son affluent, le torrent Laccio. Ce secteur est principalement composé de dépôts alluviaux de graviers et de sables datant du Pléistocène supérieur à l’Holocène.
10Aujourd’hui, les deux cours d’eau présentent un tracé extrêmement régulier grâce aux travaux de canalisation réalisés au xixe siècle, qui ont atténué les caractéristiques typiques du réseau hydrographique du bas Apennin daunien et du Tavoliere. Dans ce contexte, bien que leur profil longitudinal présente une faible pente, ces cours d’eau conservent un caractère torrentiel, car leur alimentation dépend presque exclusivement des précipitations. Ils alternent des tronçons à forte sinuosité avec des segments rectilignes et s’écoulent dans des vallées à fond plat, bordées de versants escarpés.
11Des traces du régime hydrographique antérieur à ces aménagements sont encore visibles dans ce secteur à travers l’analyse des cartes historiques. Elles se manifestent sous forme d’anomalies d’humidité du sol, qui révèlent la présence d’anciens lits de rivière (paleoalvei) et de vestiges de bords de terrasses fluviales délimitant l’aire de Masseria San Nicola d’Arpi sur trois côtés.
12La terrasse présente une forme allongée selon un axe sud-ouest/nord-est, avec une longueur maximale d’environ 1,3 km et une largeur variant entre 200 et 500 m. Elle atteint une altitude de 56 m au‑dessus du niveau de la mer (des altitudes similaires à celles relevées à l’intérieur de l’agger d’Arpi), tandis que les secteurs vallonnés avoisinent les 45 m d’altitude.
- 5 Ces sites feront l’objet d’une prochaine mission d’étude à Foggia en 2025.
13Dans le cadre de cette notice, nous laisserons pour le moment les vestiges provenant des secteurs situés à l’intérieur de l’agger (à savoir ceux qui correspondent aux points « C » et « H » du croquis topographique de Salvini, situés au sud‑ouest des Fonds nos 17 et 18 de l’Azienda Filiasi)5 pour nous concentrer sur les découvertes systématiques (à savoir une nécropole indiquée par le point « B » sur le croquis) et celles sporadiques (c’est‑à‑dire les sites indiqués par les lettres « D‑E‑F‑G ») qui ont été effectuées plus ou moins dans l’aire située entre le secteur sud‑ouest de l’agger et le cours (actuel) des fleuves Celone et Laccio.
Fig. 4. La zone de Masseria San Nicola d’Arpi et les vestiges archéologiques mis au jour. Modèle numérique de terrain (DTM) reclassifié : chaque variation de couleur correspond à une différence d’altitude de 1 m.
Élab. L. Radaelli, UniSa, DiSPaC, à partir de données LIDAR fournies par le Ministero dell’Ambiente e della Sicurezza Energetica (MASE).
- 6 Pour les mobiliers d’accompagnement, nous avons renuméroté les différents éléments en indiquant, en (...)
- 7 Pour les caractéristiques de la nécropole, voir Salvini 1960, p. 8‑19.
14L’aire funéraire décrite par Aldo Salvini a été localisée et en partie fouillée le long de la rive gauche actuelle du fleuve Celone, à proximité de la localité Posta Grande (fig. 5). Les fouilles, menées entre 1957 et 1961, ont concerné 7 sépultures, dont 5 seulement ont été explorées intégralement7. Les structures funéraires A, B et C furent mises au jour en 1957-1958, tandis que les suivantes D, E et F furent découvertes en 1960 et la dernière, G, en 1961.
Fig. 5. San Nicola d’Arpi. L’aire de la nécropole (site « B »).
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio Sopr. Naz. Patrimonio Subacqueo (Taranto).
15Les sépultures analysées appartiennent toutes à la typologie des inhumations en fosse (type II). En moyenne, les fosses mesurent environ 150 cm de longueur pour 70 cm de largeur. Elles sont caractérisées par un remplissage de terre, un lit pour la déposition de petits galets de rivière disposés régulièrement et des couvertures composées de dalles calcaires, parfois posées sur plusieurs niveaux. Elles sont orientées en majorité NNE‑SSO, plus ou moins parallèlement au cours du Celone dans ce secteur précis. Aucune information n’est fournie sur l’éventuelle présence d’une contre-fosse.
16Les sépultures contiennent des sujets uniquement adultes. Les individus sont déposés en décubitus avec les membres supérieurs fléchis sur le thorax ou le bassin et les membres inférieurs fléchis, avec le crâne à l’est. Les tombes étaient à une profondeur comprise entre 1 et 3 m du talus, entre les berges supérieures et inférieures de la rive.
- 8 Inventaire réalisé par G. Fazia, directrice du Museo Civico de Foggia.
17Le mobilier a été retrouvé dans les dépôts du Museo Civico de Foggia. Il a été partiellement restauré et inventorié dans les années 80, sans toutefois avoir fait l’objet d’une étude approfondie8.
18La chronologie donnée par les assemblages permet de dater les sépultures entre les dernières décennies du Ve (tombe D : fin ve; tombes B et C : deuxième moitié du ive siècle) et le iiie siècle av. J.‑C. (tombe A : première moitié du iiie siècle), à savoir à l’époque du plein développement d’Arpi. Le mobilier n’est généralement composé que de quelques objets. Au nord ou au sud du crâne, en outre, a été souvent retrouvée une olla en céramique achrome avec un vase de petite taille à l’intérieur, en général une petite cruche.
19Signalons aussi la présence de vases à vernis noir, à vernis rouge, de céramique avec décoration à bandes et de céramique dorée, d’armes et autres instruments en fer.
20La céramique à figures rouges n’est illustrée que par un fragment de coupe provenant du matériel sporadique de la nécropole (n. 39, une partie du corps et d’une jambe d’une figure nue, probablement un satyre dansant ?)9.
21Notons, en particulier, la tombe D qui, de dimensions plus importantes que les autres, a restitué, à côté des récipients en céramique, un ensemble d’objets en métal comprenant deux vases en bronze, un bassin et une cruche, ainsi qu’un couteau et des broches en fer. Ces objets évoquent la pratique aristocratique du banquet, attestant ainsi du rang élevé du défunt.
22Le mobilier d’accompagnement était composé de 12 vases, dont deux en bronze, d’instruments et armes en fer et de quelques éléments d’ornement. Les vases 2 et 3, au moment de la découverte, étaient couverts d’une pierre.
231 (26) – Cratère en cloche avec décoration à bandes ou en style mixte (?) (proche de la forme II, type 2 de De Juliis) ;
2 (27) – Petite oinochoé à vernis noir (Morel F5335) ;
3 (28) – Bassin en bronze (Bottini type C2) ;
4 (29) – Oinochoé à bouche arrondie en bronze ;
5 (30) – Kantharos à vernis rouge (à l’intérieur de l’olla) (De Juliis forme XX, type 5) ;
6 (31) – Pointe de lance ( ?) en fer ;
7 (32) - Couteau en fer avec manche en os ;
8 (33) – Assiette sur haut pied avec décoration à bandes ;
9 (III/26) - Broches en fer (32 fragments) ;
10‑11 – (36‑36bis) Perles en ambre ou en pâte de verre (?) ;
12* – (?) Olla
24La tombe se distingue par la présence de deux vases de provenance étrusco-italique : un bassin (3) et une cruche (4) en bronze. Le bassin à rebord non décoré est bien attesté dans les contextes du ve siècle av. J.‑C. dans la basse et moyenne vallée de l’Ofanto, notamment à Canosa, Lavello, Banzi e Melfi (D’Ercole 2002, p. 252‑260). Ces deux vases trouvent des parallèles précis avec des exemplaires de la collection Sansone de Mattinata datés du milieu – deuxième moitié du ve siècle (Montanaro 2015).
25Le cratère en cloche (1), dont la surface très abîmée ne permet pas une lecture correcte de la syntaxe décorative, apparaît dans les contextes dauniens dès la fin du ve siècle av. J.‑C., avec une présence plus marquée au cours de la première moitié du ive siècle. Pour l'instant, il semble s’agir de la seule attestation à Arpi, bien que cette donnée puisse être biaisée par le faible nombre de tombes fouillées pour la période comprise entre la seconde moitié du ve siècle et la première moitié du ive siècle av. J.‑C.
26L’assiette sur haut pied à bandes (8) est également documentée sur une longue période chronologique, allant des dernières décennies du ve siècle (cf. SAFAB t. 28a) jusqu’à la seconde moitié du ive siècle av. J.‑C., notamment dans les contextes proches de San Severo.
27Dans la tombe est présente aussi l’association du couteau (7) et des broches en fer (9) et il faut noter la présence d’une arme offensive (6).
28Le contexte est datable entre les dernières décennies du ve siècle et les premières décennies du ive siècle av. J.‑C.
Fig. 6. San Nicola d’Arpi. La tombe D et son mobilier funéraire.
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio Sopr. Naz. Patrimonio Subacqueo (Taranto).
29Le mobilier d’accompagnement était composé de 11 vases et d’un objet en fer.
301 (12) – Petite cruche avec décoration à bandes (De Juliis forme VII, types 20‑21) ;
2 (13) – Petite cruche avec décoration à bandes (De Juliis forme VII, types 20‑21) ;
3 (14) – Petite cruche à vernis rouge, partiellement vernissée, déposée à l’intérieur de l’olla (Morel F5221) ;
4 (15) – Petite cruche à vernis noir avec décoration surpeinte monochrome, déposée à l’intérieur de l’olla (Morel F5331) ;
5 (16) – Kylix à vernis noir avec palmettes estampillées à l’intérieur de la vasque (Morel F4221) ;
6 (17) – Coupe à deux anses à vernis noir (Morel F4121) ;
7 (18) – Assiette en céramique dorée ;
8 (19) – Assiette en céramique dorée ;
9 (20) – Assiette en céramique dorée ( ?) ;
10 (21) – Kantharos à vernis brun-rouge (Morel F3722) ;
11* - Olla achrome ;
12 (I/12) – Broches ( ?) en fer (14 fragments).
31Les vases de la tombe B forment un ensemble cohérent, présentant des associations de mobilier similaires à celles observées à Arpi dans plusieurs contextes du milieu – troisième quart du ive siècle av. J.‑C. Le mobilier d’accompagnement s’organise autour de l’olla (11), à l’intérieur de laquelle était placée une petite cruche à vernis rouge (3), proche de la forme Morel F5221.
32À côté de ces éléments se trouve un groupe de récipients à vernis noir. La kylix à vernis noir (5) d’importation coloniale, ornée de palmettes estampillées à l’intérieur de la vasque, est bien attestée à Arpi dans des contextes du milieu du ive siècle av. J.‑C. (cf. SAFAB, t. 3, 36, 43, 44, datées entre le deuxième et le troisième quart du ive siècle av. J.‑C.). Elle est accompagnée d’une coupelle à deux anses à vernis noir (6), de forme Morel F4221, bien documentée sur ce site (cf. SAFAB t. 10, 22, 36 et 43 ; Fouilles Guaitoli 2005, t. 1), ainsi que d’un kantharos (10) à vernis brun, de production locale et proche de la forme Morel F3722 (cf. SAFAB t. 10, 18, 44).
33La petite cruche à vernis noir, ornée d’une décoration surpeinte monochrome, peut être datée du milieu du ive siècle av. J.‑C. (cf. SAFAB t. 9).
34Les assiettes à « colorazione giallo-ocra della creta » peuvent probablement être rattachées à la céramique dorée, bien attestée à Arpi. Elles sont représentées ici sous deux variantes :
- l’assiette (7) avec bord mouluré (cf. SAFAB t. 25, L ; ONC28, t. 525, et unités stratigraphiques issues des remblais des « citernes ») ;
- l’assiette (8) à profil sinueux et bord arrondi (cf. ONC28, t. 525 et unités stratigraphiques issues des remblais des « citernes » ; Fouilles Guaitoli 2005, t. 1).
Fig. 7. San Nicola d’Arpi. Les mobiliers funéraires des tombes B et C.
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio Sopr. Naz. Patrimonio Subacqueo (Taranto).
35Le mobilier d’accompagnement était composé de 5 vases.
361 (22) – Petite cruche à vernis rouge (à l’intérieur de l’olla) (Morel F5221) ;
2 (23) – Assiette en céramique dorée ;
3 (24) – Coupe à deux anses à vernis noir (Morel F4221) ;
4 (25) – Cruche à vernis noir (Morel F5335) ;
5* – Olla achrome.
37La présence de la cruche à vernis noir (4) Morel F5335 et de la coupe à deux anses (3) proche de la forme Morel F4221, fréquemment associées dans les mobiliers funéraires d’Arpi, ainsi que de l’assiette en céramique dorée (2), permet de dater le contexte de la seconde moitié du ive siècle av. J.‑C., probablement autour du troisième quart, comme c’est le cas pour la tombe B des fouilles de Salvini.
38Le mobilier d’accompagnement était composé de 10 vases.
391 (1) – Amphore à engobe blanc ;
2‑3 (2‑3) – Pyxide avec couvercle (une patère, Morel F1742) à engobe blanc ;
4 (4) – Petite cruche (déposée à l’intérieur de l’olla) ;
5 (5‑6) – Mascherone de cratère à volutes à engobe blanc (?) ;
6 (7) ‑ Kylix à vernis noir (Morel F4221) ;
7 (8) – Oinochoé à engobe blanc (?) ;
8 (9) – Oinochoé à engobe blanc (?) ;
9 (10) – Coupelle à engobe blanc (Morel F2424) ;
10 (11) – Cruche à vernis noir (Morel F5335) ;
11* – Olla achrome.
40La présence significative de céramiques à engobe blanc, parmi lesquelles figurent un cratère à mascheroni (5), deux oinochoai (7‑8), une coupelle concave-convexe (9) et une pyxide (2‑3), permet de dater la tombe de la première moitié du iiie siècle av. J.‑C.
41Dans les mobiliers funéraires d'Arpi, le cratère est systématiquement associé à des oinochoai et à des coupelles (SAFAB t. 6, t. 25 ; Arpi, « tomba a camera bianca »).
42La petite pyxide cylindrique (2‑3) aux parois légèrement convexes est comparable à un vase de la collection Sansone de Mattinata (inédit), dont la provenance est inconnue. Toutefois, une origine arpane ne peut être exclue.
43En revanche, la kylix (6) à vernis noir (forme Morel F4221) et la cruche à vernis noir (10) (forme Morel F5335) semblent étrangères à la composition du mobilier funéraire principal. Il n'est pas exclu qu’elles appartiennent à une sépulture plus ancienne. Par comparaison avec d’autres contextes d’Arpi (cf. supra, la tombe B), ces vases peuvent être datés du milieu du ive siècle av. J.‑C.
Fig. 8. San Nicola d’Arpi. Le mobilier funéraire de la tombe A.
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio Sopr. Naz. Patrimonio Subacqueo (Taranto).
44En 1960, Salvini identifia deux autres tombes, E et F, à fosse, qui ne furent pas fouillées mais seulement identifiées.
Fig. 9. San Nicola d’Arpi. Les tombes E et F.
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio Sopr. Naz. Patrimonio Subacqueo (Taranto).
45Le mobilier d’accompagnement se limite à un unique vase. Selon Salvini, et compte tenu également de sa position stratigraphique, cette sépulture constitue la plus récente du lot.
461 (41) – Cruche achrome à une anse.
47Aux vestiges de cette nécropole « B », on peut ajouter, dans la même zone du secteur périurbain sud-occidental de San Nicola d’Arpi, les découvertes sporadiques mentionnées par Salvini dans son rapport et qui sont à mettre en relation avec des formes d’occupation10.
48Les sites, identifiés par la présence de vestiges ou matériel archéologique, ont été mis au jour sur des terrains perturbés par des travaux d’agriculture intensive réalisés au cours des dernières décennies, assez éloignés des berges du Celone.
- A. Salvini positionne le site « D » près de la localité Podere n. 12 Azienda Filiasi, face à la nécropole « B », sur la rive opposée du fleuve. Les vestiges qu’il mentionne consistent en un « petit pilier en pierre » creusé au scalpel (n. 40), un bassin en terre-cuite à fond creux (n. 46) et un grand fragment de plaque de terre cuite en forme de fer à cheval (n. 58).
- Sur la rive gauche au nord du cours actuel du Celone (la même que la nécropole « B »), en revanche, d’autres vestiges sporadiques ont permis d’identifier d’autres aires archéologiques, parmi lesquels le site « E », situé près du Podere n. 8 Azienda Filiasi. Les vestiges les plus significatifs qui sont illustrés sont un krateriskos à vernis noir (n. 48), datable du iiie siècle av. J.C., proche de la forme Morel F3511, avec une inscription sous le pied, probablement ce qui reste d’un mobilier funéraire plus abondant ; un bloc de pierre blanche calcaire en forme de prisme avec une coupe creusée au sommet (n. 59).
- Non loin, plus à l’ouest dans un secteur isolé, le site « F » pour lequel nous disposons d’une antéfixe circulaire à tête de Méduse (n. 52) et d’un moule de terre cuite décoré de trois têtes en creux disposées en pyramide et portant des traces d’exposition au feu (n. 53).
- Légèrement au‑delà, vers le sud‑ouest, en continuant le long du cours actuel du Celone, on trouve un autre site (site « G ») pour lequel nous ne disposons que d’informations générales liées à la présence d’un mur antique en briques (un édifice rural peut‑être d’époque romaine ?).
Fig. 10. San Nicola d’Arpi. Les « découvertes sporadiques » (sites « D‑E‑F‑G »).
D’après Salvini 1960. MiC – Archivio Sopr. Naz. Patrimonio Subacqueo (Taranto).
- 11 Alvisi 1970, p. 61‑64 ; Volpe 1990, p. 90.
49L’importance du site de San Nicola d’Arpi est probablement liée à sa position stratégique le long d’un axe de circulation majeur reliant la région de Lucera et, plus largement, la zone de l’Apennin daunien au golfe de Manfredonia. Cet itinéraire a été officialisé à l’époque romaine avec la création de la via Aecis-Sipontum11, une branche de la via Appia qui reliait l’actuelle Troia à la colonie maritime de Sipontum.
50Grâce aux traces bien visibles sur les orthophotos et les images satellites, le tracé routier identifié par Alvisi est facilement reconnaissable dans la section Lucera-Arpi, notamment à proximité de la station d’Arpi (au‑delà du torrent Laccio), où la route effectue un virage marqué vers le sud‑est, se dirigeant vers l’intérieur de l’agger et le Podere n. 17 Azienda Filiasi.
51La présence des deux vallées fluviales, les phénomènes de divagation des cours d’eau et les récentes opérations de canalisation ont altéré la conservation et la lecture du tracé routier, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives sur l’emplacement exact où la route pénétrait dans l’agger. Il s’agissait probablement de l’un des principaux points d’accès à la ville, compte tenu de l’importance de cette voie.
- 12 Il ne semble pas possible d’identifier le pont mentionné par Alvisi (1970) avec les vestiges en bri (...)
52De même, bien que l’emplacement précis des vestiges d’un pont mentionné par Alvisi et associé à cet itinéraire ne soit pas connu12, il est possible d’en envisager la présence dans la zone comprise entre Masseria San Nicola d’Arpi et Posta Grande, qui apparaît comme un passage obligé.
53Le site de Masseria San Nicola d’Arpi semble s’inscrire dans le lent processus évolutif qui a marqué les principaux centres dauniens, de la fin de l’époque archaïque jusqu’au iiie siècle av. J.‑C. Ce processus se caractérise par le passage de vastes établissements polynucléaires à des formes plus réduites, plus proches du modèle urbain traditionnel. Dans ce contexte, son implantation le long d’un axe majeur de communication régionale et interrégionale, à proximité d’un point de passage obligé de la vallée du torrent Celone, a probablement constitué un facteur déterminant.
- 13 Mazzei 1995, p. 37‑38.
54La zone de Masseria San Nicola d’Arpi constitue un élément clé dans l’organisation de l’agglomération d’Arpi durant la période daunienne. Les recherches menées par A. Salvini ont mis en évidence la présence d’une zone à vocation funéraire, située à proximité du cours du Celone et datée des ive et iiie siècles av. J.‑C., ainsi que la découverte de matériaux sporadiques suggérant l’existence de structures résidentielles13.
- 14 Arch. SAFAB BAT‑FG : A. de Leo, S. Mucciolo, Comuni di Foggia e San Severo. Sorveglianza archeologi (...)
55Des investigations récentes en archéologie préventive (2019), à l’occasion des travaux de réalisation du parc photovoltaïque, ont permis d’étendre la nature et la chronologie de l’occupation de ce secteur, grâce à l’identification d’un four de potier, de vestiges de sols pavés associés à des espaces extérieurs, de structures en pierre et tegulae et d’une tombe à fosse, datés entre la fin du ve et le milieu du iiie siècle av. J.‑C.14
- 15 Arch. SAFAB BAT‑FG, STBA136 D 2101, Strada Statale 16 "ADRIATICA"‑ Relazione archeologica, p. 65, I (...)
56Plus au nord‑est, dans la localité de Posta Grande, des prospections réalisées en 2020 ont révélé des concentrations de fragments céramiques d’époques dauno-romaine et tardo-antique, témoignant de la continuité de l’occupation du site au‑delà de la limite du iiie siècle av. J.‑C.15