Données scientifiques produites :
https://iswidegypt.wixsite.com/​iswid
https://www.ifao.egnet.net/​archeologie/​tell-el-iswid/​

1Depuis 2010, les fouilles se concentrent sur un secteur localisé dans la partie sud‑ouest du tell (secteur 4), où se développe une stratigraphie de 2,50 m. Cette formation est le fait d’occupations qui se succèdent depuis le début du IV^e millénaire avant notre ère, époque de la Culture de Basse Égypte (CBE, correspondant aux phases Bouto), jusqu’à la fin de l’époque prédynastique, au tout début du III^e millénaire. L’objectif est ici d’étudier les mécanismes qui se font jour au long du IV^e millénaire pour déboucher sur une monarchie et une culture unifiées à la fin de ce millénaire.

2Les opérations de terrain se sont donc essentiellement orientées, comme les années précédentes, vers une fouille fine extensive de l’habitat permettant l’analyse de ses transformations, études spécialisées à l’appui. Celles‑ci ont plus particulièrement porté cette année sur les mobiliers céramiques, les micro‑fossiles végétaux ainsi que sur différents petits objets.

1. Les opérations de terrain

Nathalie Buchez, Samuel Guérin, Rachid Elhajaoui, Mathilde Minotti et Julie Villaeys

3La mission 2021 avait deux objectifs :
– poursuivre la fouille au sud du secteur 4 où l’organisation des vestiges mis au jour en 2019 pour la période Bouto IIb apparaissait spécifique ;
– élargir à nouveau la fenêtre d’investigation se rapportant aux niveaux les plus anciens de l’occupation CBE (Bouto (Ib)‑IIa), qui sont les moins bien documentés à l’échelle du Delta. Pour ce faire, une zone de six carrés de 4 × 4 m (96 m²) a été ouverte vers l’est, en bordure de l’endroit où, à cette période, se développent plusieurs ensembles successifs de tranchées de construction. Sur ce nouveau secteur, la fouille a repris immédiatement sous les niveaux Nagada et la séquence d’occupation mise au jour comprend, en l’état, les phases Bouto IIIa et Bouto IIb (étudiée, pour cette dernière, sur une surface plus restreinte de 32 m²).

4Sur les deux secteurs, l’exploration des niveaux Bouto (Ib)‑IIa désormais accessibles pourra être rapidement engagée en 2022.

5Les principales avancées concernent indéniablement le début de la période Bouto IIb et le secteur sud où, à l’issue de la campagne 2019, le plan faisait état de tranchées réimplantées plus ou moins au même endroit, pour la plupart en connexion avec un retour à angle droit, matérialisant une limite forte en rapport avec un espace se développant à l’ouest. L’exploration de cet espace a conduit à la mise au jour d’une succession d’aires de combustion témoignant de sa spécialisation fonctionnelle (fig. 1). Ces structures se caractérisent par leurs dimensions, importantes par rapport à ce qui a pu être mis en évidence jusqu’ici sur le site quelle que soit la période, et leurs modalités de fonctionnement. On note peu d’altérations en rapport avec des atmosphères oxydantes et d’importantes accumulations de résidus cendreux. Les mobiliers récoltés et les études concernant la faune et les macro‑restes et micro‑fossiles végétaux devraient fournir des indices sur les activités pratiquées. Les aires de combustion qui se superposent et le système de tranchées plusieurs fois reconstruit supposent une certaine pérennité de fonctionnement. Le plan de ces tranchées prend la forme d’un enclos avec des aménagements aux angles. Dans une configuration initiale, un espace de 3,50 m sur 3 m est individualisé au sud‑est. L’angle sud‑ouest est probablement également aménagé et l’est à nouveau dans les configurations ultérieures, mais, pour autant qu’on puisse en juger à partir d’un plan incomplet de ce côté, c’est à l’angle nord‑ouest que prend place le principal agencement, de 4,30  sur 3,60 m. Les liens structurels entre l’enclos et les configurations qui se développent au nord‑est sont plus difficiles à déterminer (système distinct accolé ou également rattaché à l’enclos principal et aux activités qui y prennent place ?).

6Dans une étape ultérieure (fig. 2), on décèle plus clairement une partition est‑ouest comme l’indique l’espace vide longiligne bordé de palissades qui marque alors, à long terme, l’organisation spatiale. Cet aspect de la structuration du site est bien identifié depuis les débuts de nos travaux sur le secteur 4. L’extension, cette année, de la fenêtre de fouille vers l’est a permis de mieux en cerner la nature. Deux pôles d’occupation se dégagent du plan global des vestiges durant la phase Bouto IIb (extrême fin de la période exceptée) qui prennent place de part et d’autre de cet espace vide que l’on peut qualifier d’intermédiaire.

7La fouille du secteur a aussi fourni quelques clefs pour interpréter les constructions légères implantées en tranchée qui caractérisent le CBE. Certaines tranchées sont apparues postérieurement à d’autres : 6124, 6125, 6135 et 6142 étaient recouvertes, scellées, par une couche dans laquelle s’ouvrait 6043 puis par une autre dans laquelle s’ouvrait 6012 alors que la cohérence du plan suggère que les parois ou palissades implantées dans ces tranchées ont pu fonctionner ensemble ; 6043 est dans le prolongement de 6035 et 6012 démarre à l’aplomb de 6035 (fig. 2). À l’échelle du site, les élévations en matériau léger ne sont jamais conservées, même si on peut facilement imaginer que des accumulations d’origine naturelle (éolienne) et anthropique se sont formées à leur base, au moins dans certains cas. Après décomposition ou récupération des matériaux, les sédiments accumulés de part et d’autre de la paroi ou palissade se sont probablement partiellement mélangés, gommant la limite entre les couches lorsque celles‑ci sont similaires en couleur et texture. Seuls quelques exemples de limites rectilignes observées à l’aplomb des tranchées témoignent encore de l’emplacement des parois lorsque les couches situées de part et d’autre étaient très différentes (particulièrement noires et organiques d’un côté notamment). Sur la base de ces considérations, on peut proposer, pour notre ensemble de tranchées du secteur est, la chronologie suivante : mise en place des parois ou palissades (6124, 6125, 6135 et 6142) qui délimitent un espace de plan légèrement trapézoïdal de 4,30 m de long et 2,70 m à 3 m de large (construction A), puis prolongement de l’axe nord‑sud (6043) et finalement, installation d’un cloisonnement s’appuyant sur cet axe (6012). On notera, que la tranchée 6035 s’arrête un peu avant 6042, et 6012, un peu avant 6024, ménageant ainsi à chaque fois des possibilités de circulation. Le tracé courbe de 6012 peut s’expliquer techniquement – il est plus stable qu’un tronçon rectiligne s’agissant d’une construction en matériau léger – mais il est aussi plus fonctionnel, puisque la cloison assure ainsi une protection sans créer « un espace perdu » (long couloir). Sur la base des logiques du plan, on peut faire l’hypothèse que la construction A s’implante en s’insérant dans un enclos préexistant, en se greffant sur l’axe matérialisé par la tranchée 6059, en le remaniant ou non (reprise de 6059 par 6042 ?), le tronçon est 6037 étant déjà en place ou installé en même temps que A. D’autres configurations peuvent s’expliquer de la même façon, même si les plans sont plus morcelés du fait de perturbations ultérieures. Sur le secteur sud‑ouest, trois tranchées (5603, 5604 et 5608) circonscrivent un espace quadrangulaire sensiblement de même dimension que la construction A (3,30 m sur 2,70 m) si on tient compte d’une limite antérieure représentée par 5609, en considérant, donc, que le bâti 5603, 5604 et 5608 vient s’ajouter, là aussi, à un ensemble préexistant (fig. 2).

8Dès lors, une organisation générale transparaît, avec, en miroir de part et d’autre d’un espace intermédiaire, deux implantations du même type (A et B) qui, au vu de leurs dimensions, peuvent faire figure d’habitations. On manque cependant encore d’indices matériels pour étayer cette dernière proposition. Huit pesons en terre cuite (cf. infra) et des tessons réaménagés en rondelles percées (fusaïoles ?) découverts à l’angle des tranchées 6057 et 6059 évoquent un contexte domestique au sens strict, au moins pour une phase immédiatement antérieure à la mise en place de la construction A. Quelle que soit leur fonction, à l’est comme à l’ouest, des bribes de tranchées suggèrent que ces constructions prenaient place au sein d’enclos ou de systèmes plus vastes. D’un côté comme de l’autre, des structures profondes ayant pu fonctionner en anaérobie et être dédiées à un stockage à long terme (silos), sont attestées et accompagnées de fosses moins profondes relevant sans doute d’autres formes de stockage. Les découvertes de cavités plus ou moins vastes tapissées de vannerie (ex. 6020, fig. 3 et 4) se multiplient globalement dans les niveaux de la fin de la période Bouto IIb, de même que celles de vases entiers en surface de sols d’occupation (cf. infra, pour un vase en pierre), témoins des activités aux alentours. Toutefois, en l’état, les différentes structures de stockage, de même que ces reliquats d’activités, nous apparaissent plus conséquentes à l’ouest. Simple biais de lecture, la fouille étant plus étendue de ce côté ? Indice signalant que la vocation de ce secteur, où un aménagement en briques plano‑convexes (vestige de brasserie ? 4017, fig. 4) a été détecté, n’est pas tout à fait la même ? La question reste posée dans l’attente d’un développement de nos investigations dans ce secteur.

9Alors que durant toute la fin de la période Bouto IIb et à Bouto IIIa, à l’ouest, se succèdent une enceinte en brique crue et plusieurs ensembles plus ou moins complexes de tranchées de construction, côté est, les vestiges se résument tout d’abord à des lambeaux de couche argileuse et quelques possibles briques (14300, 12010, fig. 4), probables vestiges d’une aire de travail en rapport avec la construction de l’enceinte, puis à quelques silos et de rares traces d’activités (ou à des mobiliers en position de rejets ?). Le pôle est semble donc « disparaître » à la toute fin de la période Bouto IIb, alors qu’un mode architectural nouveau – la brique crue – « apparaît » à l’ouest.

10Les investigations qui se sont poursuivies sur ce secteur ouest ont permis de préciser la chronologie des aménagements immédiatement antérieurs à l’implantation de l’enceinte en brique crue. Il s’avère que toutes les tranchées de construction situées à l’aplomb des murs qui semblaient pouvoir constituer un plan cohérent en raison de leur largeur inaccoutumée à l’échelle du site ne sont pas synchrones. Il n’en reste pas moins que le mur est de l’enceinte de brique crue vient se caler sur un axe préexistant, s’inscrivant ainsi dans une organisation spatiale en place depuis longtemps. Son mur nord se superpose en outre exactement à une longue tranchée perpendiculaire, immédiatement sous‑jacente (cf. 5583, fig. 4), qui pourrait là aussi matérialiser une limite, sensible dans les phases antérieures, entre deux secteurs sud et nord, ce dernier étant plus dense en structures. L’extension de la fouille dans cette direction envisagée en 2022 devrait permettre d’apprécier plus précisément l’organisation de cette zone nord, mais les murs semblent bien être une reprise en brique de clôtures en matériau léger (palissades). La configuration d’ensemble, enclos ou enceinte en brique avec bâtiment d’angle, pourrait plus globalement découler de formes plus anciennes en matériau léger comme l’indiquent les similitudes avec le plan dégagé cette année pour le début de la période Bouto IIb, vaste enclos associé à des constructions d’angle (cf. supra).

2. L’étude de la céramique

Jade Bajeot, Nathalie Buchez et Sandy Ferri

11L’analyse technologique et morpho‑stylistique de la céramique engagée depuis 2017 ayant permis d’établir des groupes techno‑pétrographiques et stylistiques sur des bases solides, il restait à mettre en place un enregistrement global des mobiliers céramiques sur ces nouvelles bases.

12Cette année, 122 043 tessons issus de 124 US différentes ont ainsi été classés et enregistrés par grandes catégories techno‑pétrographiques (LEC‑VEG, NAQ‑MARL, FIBROUS, etc.), mais, en raison du temps imparti, les bords et fonds n’ont été triés et décomptés par catégories morphologiques que dans le cas des US les plus conséquentes (soit une trentaine) qui fournissent néanmoins un référentiel représentatif (de 69 083 tessons dont 3 524 bords et fonds) couvrant toute la séquence fouillée durant la campagne 2021 (soit une période allant du début Bouto IIb, voire de la transition Bouto IIa/IIb, au Bouto IIIa, la phase (Ib)‑IIa ayant été seulement effleurée cette année). L’alimentation et l’exploitation de cette base de données devraient permettre à court terme d’affiner le phasage et, à plus long terme, de contribuer à la compréhension de l’organisation spatiale de l’habitat.

14L’objectif de l’étude était notamment de documenter ce groupe de pots de petites et moyennes dimensions qui apparaît relativement brutalement à la période Bouto IIb pour disparaître au cours de la période Bouto IIIa. Ces pots portent, de façon récurrente à la différence des autres catégories de vase de l’époque, des traces carbonées, ce qui suppose des modalités d’utilisation particulières. Ces traces sont toujours localisées sur toute la hauteur des surfaces externes du vase, à l’exception du bord et du fond. Si, en l’absence de filiations évidentes à l’intérieur de la sphère culturelle CBE, on saisit mal l’origine des décors, l’étude technologique confirme qu’il s’agit bien d’une production de tradition CBE dont la chaîne opératoire est basée sur la technique du colombinage avec pose par pincement (LEC‑VEG). Le traitement en cours du corpus des décors devrait apporter de nouveaux éléments de réflexion sur le phénomène, caractérisé à la fois par un mode décoratif majoritaire et l’occurrence de divers types minoritaires.

17Ce mode de montage des colombins propre à la tradition NAQ confirme en outre l’appartenance des « bols » ou « proto moules à pain » Bouto IIIa à cette tradition.

18Ceux‑ci font probablement partie de ces mobiliers de tradition NAQ importés de Moyenne/Haute Égypte (jarres et pots en rapport avec le transport des denrées notamment) qui deviennent plus conséquents à la période Bouto IIIa et témoignent d’échanges accrus, mais ils peuvent aussi relever de contacts plus directs impliquant des déplacements d’individus. Quoi qu’il en soit de la nature des contacts à l’origine de l’apparition de ces récipients liés à une activité technique spécifique dans le Delta, cela suggère que de nouvelles façons de produire sont alors en train de se mettre en place.

3. L’étude du petit mobilier

Mathilde Minotti

3.1. Un vase en basalte

3.2. Un harpon en os

20Comme rappelé dans différents rapports, la conservation du matériel osseux est relativement mauvaise sur le site de Tell el‑Iswid. L’industrie osseuse est rarement identifiable. Toutefois, dans les niveaux plus sableux à la base de la séquence CBE une meilleure conservation permet de mettre en évidence la présence de ce type d’industrie dans l’habitat.

23La description de l’objet et son observation à fort grossissement permettent de restituer partiellement la chaîne opératoire de fabrication et de reconnaître son mode d’utilisation. Le matériel est observé à l’aide d’un microscope numérique DinoLite© en utilisant des grossissements allant de × 20 à × 70.

24Le harpon ISW18‑003 en os découvert à Tell el‑Iswid est complet et très bien conservé. Il mesure 11,9 cm de hauteur, 2,4 cm de largeur maximale et 1 cm d’épaisseur (fig.  9‑1). Il a été découvert dans un silo appartenant à la séquence Bouto IIb dont la base atteint et recoupe les niveaux sableux Bouto IIa (4935, fig. 2). Il présente une partie distale tranchante à mousse et une seule barbelure vient prolonger la partie vulnérante. La barbelure est aplatie et convexe. L’extrémité de la barbelure est fracturée. Le fût – partie mésiale – est rectiligne et individualisé. L’embase cuboïde – partie proximale – présente une rupture avec le fût, elle est marquée par l’aménagement de deux rainures sur sa circonférence. Ces rainures permettaient probablement la ligature de la ligne.

3.3. Des pesons en terre cuite

4. L’étude des micro‑fossiles végétaux

Aline Emery‑Barbier

28Les prélèvements en vue de cette étude, finalisée cette année et qui concerne les grains de pollen et d’amidon, les micro‑fossiles non polliniques (MNPs), les fibres et les phytolithes, avaient été réalisés en 2019 dans différents types de structures (petites fosses aménagées d’argile, silos, tranchées de construction et murs de brique, foyers) avec pour objectif de documenter les pratiques agricoles et de stockage, les matériaux et techniques de construction ainsi que les types de combustibles utilisés. L’échantillonnage de pâtes céramiques s’intégrait par ailleurs à l’axe d’étude développé depuis 2017 concernant la caractérisation des chaînes opératoires.

29Les résultats décrivent pour la période Bouto un univers technique dans lequel le végétal tient une très grande place. Il trouve son utilisation première au niveau des foyers, sous des formes diverses. Les Poaceae sauvages, les résidus de traitement des céréales (paille, balle) et des fèces d’animaux ont été utilisés comme combustibles ; la présence des arbres étant très limitée.

30Il est incorporé à l’argile et au limon pour la fabrication des briques crues et pour modeler des céramiques dont les formes et la finesse sont diverses. Les matières organiques utilisées ont très souvent pour origine les résidus de traitement des céréales, mais elles ont aussi été récoltées autour du site dans des milieux humides. Le dégraissant utilisé est le même quelle que soit la forme, et donc l’usage, de la céramique pour ce qui est du groupe LEC‑VEG de tradition CBE.

31Les végétaux ligneux ont été travaillés et utilisés à l’élaboration du bâti comme l’indiquent les données obtenues pour les sédiments issus des tranchées de construction. Nous les observons également dans les grandes structures de stockage creusées dans les niveaux anthropiques du tell constitués de limons et sables ; ils en consolident les parois et les fonds et protègent les contenus. Ces fosses cylindriques ou piriformes de type silo sont tapissées de vanneries et les fonds, où un placage argileux plus ou moins fin a parfois été noté par les archéologues, sont plus riches en bois.

32Ces modalités d’aménagement sont similaires à ce qui a été observé dans le cas de plus petites fosses dont la morphologie est peu caractéristique d’une fonction ou d’une autre (« mud‑holes »). Un lit d’écorce et/ou de branchages, associé à une épaisseur d’argile plus ou moins importante, pouvait isoler le contenu de la fosse en le préservant et branchages et roseaux pouvaient la recouvrir. Le pourcentage de phytolithes de céréales, contenu dans les dépôts indurés blanc souvent trouvés au fond de ces structures, ou la présence d’amidon évoquent également des structures de stockage. L’apport de l’étude des micro‑fossiles végétaux à l’identification de la fonction de ces petites fosses – ces « mud-holes » considérées dans la littérature sur le Prédynastique comme l’une des caractéristiques des habitats CBE – est essentiel.

5. Conclusion

34Ce phénomène prend place alors que les contacts indirects et sans doute directs avec les populations de Moyenne/Haute Égypte vont croissant – l’étude de la céramique comme celle des petits mobiliers le souligne – créant probablement de nouveaux besoins parmi celles de Basse Égypte, et affectant leurs modes de vie. Il témoigne d’une dynamique qui aboutit, un peu plus tard, aux changements économiques et sociaux radicaux qui accompagnent l’unification politique. Si les différentes études engagées à Tell el‑Iswid contribuent à jeter un éclairage tout à fait nouveau sur les évolutions propres à la période Bouto IIb, la documentation dont nous disposons pour la période antérieure, Bouto IIa, ne nous permet pas encore d’en apprécier les spécificités et de répondre aux questions posées en début de quinquennal, sur les modalités de stockage et leur évolution par exemple. En fournissant de solides arguments à l’identification de certaines petites fosses comme structure de stockage, l’étude des micro‑fossiles végétaux ouvre cependant des pistes de réflexions. Particulièrement nombreuses à la période Bouto (Ib)‑IIa, ces petites fosses tendent à disparaître ensuite, à Bouto IIb, alors que les structures de plus grande dimension, indéniablement des silos dans la plupart des cas, se multiplient. L’objectif premier de la campagne de fouille 2023 est de poursuivre l’exploration des secteurs est et sud ouverts cette année où ces niveaux anciens sont désormais directement accessibles.

6. Publications

35J. Bajeot, N. Buchez, « The evolution of Lower Egyptian Culture During the Formative Stages of the Egyptian State at Tell el‑Iswid: The Contribution of Ceramic Technology », AAR 38, 2021, p. 113‑146, doi.org/10.1007/s10437-020-09421-7

36N. Buchez, J. Gerez, S. Guérin, M. Minotti, « The emergence of mudbrick architecture in Egypt in the 4th millennium BCE. Reflection based on recent discoveries at Tell el‑Iswid (Eastern Delta) », ArchéoNil 31, 2021, p. 111‑134.

37N. Buchez, J. Bajeot, G. Bréand, S. Guérin, M. Minotti, « À la découverte d’une préhistoire ignorée. Questions de méthodes », dans N. Buchez, Y. Tristant (éd.), Égypte antérieure. Mélanges de préhistoire et d’archéologie offerts à Béatrix Midant‑Reynes par ses étudiants, collègues et amis, OLA 304, Louvain, Paris, Bristol, 2021, p. 133‑150.

38B. Midant‑Reynes, N. Buchez, « A predynastic settlement in the eastern Delta », dans B. van den Bercken (éd.), Egyptian Delta Archaeology: Short Studies in Honour of Willem van Haarlem, Leiden, 2021, p. 27‑32.

39N. Buchez, B. Midant‑Reynes, J. Bajeot, J. Gerez, R. el‑Hajaoui, S. Guérin, M. Minotti, « The construction characteristics of Lower Egyptian Cultures: data from the excavations of the site of Tell el‑Iswid (Eastern Delta) », dans E.‑C. Köhler, N. Kuch, F. Junge, A.‑K. Jeske (éd.), Egypt at its Origins 6. Proceedings of the Sixth International Conference “Origin of the State. Predynastic and Early Dynastic Egypt”, Vienna, 10th‑15th September 2017, OLA 303, Louvain, Paris, Bristol, 2021, p. 83‑94.

40S. Guérin, « Identification and interpretation of Naqadian combustion structures (Tell el‑Iswid, Eastern Delta) », dans E.‑C. Köhler, N. Kuch, F. Junge, A.‑K. Jeske (éd.), Egypt at its Origins 6. Proceedings of the Sixth International Conference “Origin of the State. Predynastic and Early Dynastic Egypt”, Vienna, 10th‑15th September 2017, OLA 303, Louvain, Paris, Bristol, 2021, p. 183‑196.

41N. Mazzucco, « First Insights into the Lower Egyptian Culture Stone Tools: A Traceological Analysis of the Tell el‑Iswid Lithic Assemblage», dans E.‑C. Köhler, N. Kuch, F. Junge, A.‑K. Jeske (éd.), Egypt at its Origins 6. Proceedings of the Sixth International Conference “Origin of the State. Predynastic and Early Dynastic Egypt”, Vienna, 10th‑15th September 2017, OLA 303, Louvain, Paris, Bristol, 2021, p. 543‑554.

42B. Midant‑Reynes, N. Buchez (éd.), « Kôm el‑Khilgan – La nécropole prédynastique », FIFAO 87, Le Caire, 2021.