Données scientifiques produites :
https://www.ifao.egnet.net/​recherche/​archeologie/​kom-ombo/​

1L’équipe du projet Kôm Ombo est endeuillée par le décès survenu le 15 juin 2022 de Shafia Bedier, professeur à l’université de Ayn Chams, codirectrice de la mission Kôm Ombo, un savant dévoué, une amie très chère.

2En raison des circonstances, la mission 2021 a réuni une équipe réduite, gérée sur place par Ali Abdelhalim Ali, comprenant les ouvriers suivants : Mohammed Husein, Ayman Hosni Ali, Ramadan Mohamed Ali, Karam Ahmed et Walid Shafie (constructeurs du mastaba), Singab Abdelrahman Mohamed, Emad Hamdy Abdelrahman et Walid Mohamed Yosef (techniciens de l’échafaudage), Lashin Ahmed, Hassan Metwally, Ihab Awad Mohamed et Ahmed Ragab (responsables de l’intendance).

Problématique et bilan des principaux résultats

3La mission poursuit les travaux épigraphiques qui avaient été interrompus par le décès d’Adolphe Gutbub. Un volume est paru en 2021 à l’Ifao, consacré au décor de la salle médiane et de ses annexes latérales, sous le titre Kôm Ombo II. Un deuxième volume (Kôm Ombo III) est en préparation, consacré à la petite salle hypostyle (PM VI, 186, salle B). Le chantier actuel a pour objet principal le pronaos, dont la couverture photographique est assurée par Gaël Pollin.

4Au projet épigraphique relancé en 2010 s’ajoutent trois points : 1) à la demande du ministère du Tourisme et des Antiquités, construire des socles destinés à exposer les blocs restés épars dans le secteur au nord du temple ; 2) commencer une étude architecturale du monument majeur ; 3) poursuivre l’étude architecturale du mammisi.

1. Installation des socles d’exposition

Ali Abdelhalim

5Un neuvième mastaba (400 × 100 × 40 cm, fig. 1‑2) a été érigé dans le lapidarium du secteur nord‑est de l’aire du temple et plusieurs blocs décorés ont été répartis dessus.

6La partie inférieure d’un pressoir à huile en granit rouge, pesant trois tonnes environ, avait été déterrée lors de la saison 2020 et conservée in situ à l’est des mastabas. La partie supérieure (environ une tonne) a été récupérée parmi les débris rejetés derrière le tell à l’est du temple de Kôm Ombo ; les ouvriers l’ont halée et ramenée dans le lapidarium auprès de son complément (fig. 3).

2. Relevés photographiques et étude épigraphique du monument majeur

8Gaël Pollin a commencé le relevé du pronaos et photographié quatre colonnes (fig. 6). Le protocole de prise de vue de colonnes du pronaos a été conçu en collaboration avec Emmanuel Laroze.

9Plusieurs inscriptions de la petite salle hypostyle, destinées à être publiées dans Kôm Ombo III (en préparation), ont été contrôlées.

3. Inventaire des blocs épars

Marion Claude

10L’objectif de cette mission était de répertorier les blocs présents aux abords du temple. Des photographies générales ont été prises, en affectant des numéros temporaires aux blocs (fig. 7). Environ 1 000 blocs ont ainsi été repérés, dont une centaine comportent une inscription ou un décor. D’autres sont des blocs architecturaux (fûts de colonnes, chapiteaux, éléments de corniche...), tandis que d’autres encore ne comportent pas d’élément caractéristique permettant d’identifier leur fonction.

11Une première campagne de photographies a permis de faire une couverture complète de 40 blocs et partielle de 25 autres. 94 blocs ont été mesurés et leur description est en cours.

12Les données concernant le lapidaire ont vocation à venir enrichir une base de données, initialement prévue pour l’architecture gallo‑romaine. Il s’agit de la base « Ornementation architecturale des gaules » (OrAG), développée à l’IRAA (USR 3155) par Alain Badie et Dominique Tardy (http://labexmed.fr/​fr/​project/​orag/​index.html). Cette saison a été l’occasion de tester la base de données et son adéquation avec les informations contenues sur les blocs, afin de l’adapter au lapidaire égyptien pour la saison prochaine.

4. Relevé topographique dans le temple majeur

Aurélie Terrier

13Financée par le fonds national Suisse pour la recherche (FNS) dans le cadre d’un postdoctorat, Aurélie Terrier, responsable de l’étude architecturale et archéologique du temple, a continué son travail. Il s’agissait de terminer, en collaboration avec le topographe Mohamed Gaber (fig. 8), la mise en place du réseau de stations topographiques couvrant l’intégralité des zones du temple. L’édifice étant implanté selon un axe nord‑est/sud‑ouest, la création d’un réseau local facilitera le travail lors du relevé architectural qui devrait commencer dès l’année prochaine. Les coordonnées ont ainsi été calées sur l’axe longitudinal (x) du temple (entre les deux axes de circulation), dont les valeurs commencent à 500 m afin d’éviter les valeurs négatives. Les valeurs orthogonales (y), à partir de 1 000 m, ont été calées à partir d’un zéro créé sur l’assise supérieure entre les deux portes d’entrée de la cour.

14Une grande partie du temple étant détruite, les textes dédicatoires mentionnant les dimensions des espaces dans l’expression de la valeur antique n’existent plus. Les gabarits de chaque pièce du temple ont donc été relevés au théodolite afin de retrouver l’unité de mesure d’origine, en coudées.

15Un relevé photographique a également été réalisé dans la partie nord du pronaos, afin de procéder à un test de la méthode de travail envisagée pour le relevé des structures qui commencera dès l’année prochaine.

16Enfin, Aurélie Terrier a réalisé la description des structures et procédé à quelques observations sur les systèmes de mise en place des espaces.

17Le travail de modélisation débutera dès l’année prochaine avec un relevé photogrammétrique de l’intégralité du temple complété par un laser scanner. Puis, nous commencerons le relevé architectural en partant du naos.

5. Le mammisi

Emmanuel Laroze

18Emmanuel Laroze a fait des observations intéressantes sur la partie avant du mammisi, qui devait être une cour, aménagée avec des banquettes (voir coupe jointe, fig. 9), peut‑être pour écouter la musique et assister aux parades à l’ombre. La restitution des dimensions globales a pu également être affinée. Grâce à cinq photos fournies par les inspecteurs, il a pu comprendre et estimer la profondeur des fondations du temple, et constater que le mammisi était construit sur des vestiges ptolémaïques d’après le type de maçonnerie employé.

19Enfin, il a relevé la position des différentes constructions encore visibles pour faire un plan schématique d’ensemble, afin d’étudier la position du mammisi dans son environnement.