Données scientifiques produites : https://www.cealex.org/​

2Dans le but de développer un programme structurant au sein de l’archéologie française en Égypte, le programme « Arts du feu : six millénaires d’artisanat du feu en Égypte (III^e millénaire av. J.‑C.‑époque contemporaine) », qui vise à fédérer le réseau de chercheurs étudiant les structures artisanales de cuisson, a été élaboré en partenariat avec l’Ifao (quinquennal 2022‑2026).

4Fanny Alliaud, secrétaire générale du CEAlex depuis 2008, a effectué une mobilité vers le laboratoire Iusti (UMR 7343), Sophie Philippot Le Camus a pris ses fonctions de secrétaire générale le 23 mai 2021. Philippe Soubias, photographe‑vidéaste du CEAlex depuis 2014 a effectué une mobilité vers le Centre Camille Jullian (UMR 7299), Étienne Forestier a été recruté en CDD au 1^er septembre 2021. Thomas Faucher, chargé de recherche au CNRS, a été affecté au CEAlex pour une durée de deux ans à compter du 1^er septembre 2021.

5La convention de coopération scientifique liant l’EFA et le CEAlex a été renouvelée pour une période de cinq ans (2021‑2025). L’IRN P‑XRFCUN (2021‑2025) que le CEAlex pilote a entamé ses travaux en 2021. Outre les réseaux professionnels liés à Frantiq, qu’il s’agisse du réseau de bibliothécaires ou de celui d’archivistes, le CEAlex est désormais partenaire du GIS‑MOMM. Il a été sollicité pour faire partie du consortium Huma‑Num DISTAM (DIgital STudies Africa, Asia, Middle East), piloté par Marie Bizais, Benjamin Guichard et Mercedes Volait ; Marie‑Dominique Nenna et Cécile Shaalan sont les co‑animatrices avec Estelle Senna (IAO, Lyon) du groupe de travail 3 (GT3, « Exposition de données visuelles, spatiales, sérielles enrichies »).

1. Kôm Bahig

Aude Simony, Walid Abd El‑Bary, Mennat‑Allah El Dorry, Kathrin Machinek, Nicolas Morand, Essam Ahmed Soliman, Georges Soukiassian

Responsable d’opération : Aude Simony, archéologue‑céramologue (CNRS, UAR 3134 CEAlex) assistée par Shady Morsi et Khaled Mohamed, contremaîtres (CEAlex) avec une vingtaine d’ouvriers.

Participants : Kathrin Machinek, archéologue‑architecte (CNRS, UAR 3134 CEAlex) ; Georges Soukiassian, archéologue (CEAlex) ; Cécile Shaalan, ingénieur topographe‑cartographe (CNRS, CEAlex) ; Ismaël Awad, ingénieur topographe‑cartographe (CEAlex) ; Ragab Wardani, assistant topographe (CEAlex) ; Philippe Soubias, photographe (CNRS, CEAlex) ; Mahmoud Fathy, en charge des relevés de terrain (CEAlex) ; Sherine El Sayed et Aly Ahmed, en charge de la supervision de l’opération de levage et de déplacement des blocs calcaires.
Le traitement du matériel archéologique (lavage, marquage, enregistrement, conditionnement, stockage) a été systématiquement réalisé en parallèle de la fouille par Hisham Aboud (CEAlex). Le tri, le comptage et l’étude de la céramique ont été effectués par Walid Abd El‑Bary (céramologue) et Aude Simony, tandis que les dessins de céramiques et d’amphores ont été réalisés par Ahmed El‑Naggar (dessinateur, CEAlex).
Différents spécialistes sont également intervenus pour des périodes plus courtes : Nicolas Morand, archéozoologue ; Mennat-Allah El Dorry et Essam Ahmed Soliman Ali, archéobotanistes ; et enfin Valérie Pichot, archéologue et paléométallurgiste (CNRS, CEAlex).

Autorité nationale présente : Le ministère du Tourisme et des Antiquités (MoTA) était représenté entre le 17 mai et le 16 juin 2021 par Mohga Ramadan Abdel Kader Abdel Kamy (secteur 2), entre le 6 juin et le 5 juillet par Dina Ahmed Mohamed Saïd Mazharj (secteur 4) et entre le 16 juin et le 15 juillet 2021 par Sara Mahmoud Abdel Menem Saad Allam (secteur 2). Enfin, le transfert de l’ensemble du matériel vers le magasin de fouilles de Shallalat (Tabiyet el‑Nahassin) a été effectué le 14 juillet.

Organismes financeurs : Les travaux menés sur le site de Kôm Bahig bénéficient du soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE, quadriennal 2020‑2023).

8La sixième campagne de fouilles sur le site de Kôm Bahig s’est déroulée entre le 17 mai et le 15 juillet 2021. Deux secteurs ont fait l’objet de fouilles : le secteur 2, localisé dans la vallée centrale du site et fouillé depuis 2016, et le secteur 4, situé à l’extrémité sud du kôm oriental dans le but d’accueillir les étudiants de l’école de fouille (fig. 1).

1.1. Levage et étude architecturale des blocs de pierres du secteur 2

Kathrin Machinek

9Au cours de la campagne de 2021, nous avons effectué le levage des sept derniers blocs monumentaux qui demeuraient encore dans le secteur 2 (fig. 2). Pour mener à bien cette tâche, nous avons fait appel à une grue mobile et un semi‑remorque. Nos spécialistes ont attaché les sangles correspondant au poids des blocs pour un levage en sécurité.

10Un premier levage de quatre gros blocs en calcaire du secteur 2 a été réalisé le 23 mai, afin de pouvoir fouiller les couches scellées jusqu’alors par ces blocs. Les quatre blocs monumentaux pèsent entre 2,9 et 15,50 tonnes (tableau 1). Ils ont été disposés à l’entrée du site, le long de la piste des véhicules qui traverse le site du sud au nord.

Tableau 1. Dimensions et poids des blocs monumentaux déplacés le 23 mai 2021 (A. Simony).

Bloc	Longueur (cm)	Largeur (cm)	Hauteur (cm)	Poids (t)
20006	350	160	100	15,50
20033	146	102	122	4,90
20051	150	135	53	2,90
20068	118	95	150	4,50

11Le 22 juin, trois nouveaux blocs ont été extraits du secteur (fig. 3‑5). Ils pèsent entre 12 et 20 tonnes (tableau 2) et ont été également disposés à l’entrée du site.

Tableau 2. Dimensions et poids des blocs monumentaux déplacés le 22 juin 2021 (A. Simony).

Bloc	Longueur (cm)	Largeur (cm)	Hauteur (cm)	Poids (t)
20027	360	150	130	20,00
20070	260	145	128	13,00
20105	250	150	120	12,20

12Nous avons retourné les onze blocs monumentaux disposés à l’entrée du site en 2020, afin de continuer les relevés architecturaux de leurs faces à l’échelle 1:20^e. Une opération de photogrammétrie de chaque bloc a été effectuée par Philippe Soubias dans le but de créer des modèles 3D virtuels. Ensuite, nous avons effectué la couverture quasiment complète des sept derniers blocs (20006, 20033, 20051, 20068, 20027, 20070 et 20105). Les relevés architecturaux de 31 faces individuelles en échelle 1:20^e ont été menés (fig. 6‑7). De plus, plusieurs relevés restés inachevés en raison de la position défavorable des blocs dans le sondage ont été complétés.

1.2. La fouille du secteur 2

Aude Simony et Georges Soukiassian

1.2.1. Fouille de la zone 20000 sud

14Les niveaux archéologiques situés dans la partie sud, notamment la couche de débris calcaires 20076 et le niveau sableux d’abandon 20013, ont été totalement dégagés cette année. La fouille de ces niveaux a notamment permis de montrer que le dallage 20014 se poursuivait 2 m plus au sud. Par ailleurs, deux marches (20092) sont apparues dans la berme située à l’extrémité sud du sondage (fig. 9). Ces marches, composées de dalles calcaires remployées de taille irrégulière, sont relativement épaisses (environ 65 cm de large) et présentent une contremarche basse (7 cm d’épaisseur). La marche inférieure repose directement sur le dallage 20014, tandis que la marche supérieure est fondée sur une couche sableuse de nivellement (20093).

1.2.2. Fouille de la zone 20000 est et nord‑est (extensions 2021)

15L’extraction des gros blocs de calcaire situés dans la partie orientale du sondage, ainsi que le démontage de la canalisation moderne située dans la vallée centrale du site et longeant le sondage dans sa partie orientale, ont permis de réaliser une extension de celui‑ci de 3,5 m vers l’est, sur toute sa longueur.

1.2.2.1. L’édifice en forme de podium à escalier 20121

1.2.2.2. Les structures circulaires faites de blocs en remploi

17Plus à l’est, à l’angle sud‑est de la berme, des blocs en remploi disposés de manière circulaire forment trois structures superposées (les arcs de cercle se superposent et leur tracé se coupe) partiellement prises dans la berme (20107, 20122 et 20137). Le niveau inférieur (20137) est associé à un sol sableux compact contenant de petits fragments de calcaire et de charbon (20123). Ce sol couvre partiellement la première marche dégagée de l’escalier 20121 (fig. 11). Un sol d’abandon (20124), également associé à la partie sud du niveau inférieur (20137), correspond à la base de la dernière marche dégagée de l’escalier 20121. Vu sa position et sa fouille partielle, on ne peut proposer d’interprétation pour l’instant de cette structure.

1.2.2.3. Le mur 20144

18Au nord, le sol 20123 vient buter contre le mur 20144. Conservé sur près de 5 m de longueur, et suivant une orientation est‑ouest, ce mur est constitué de pierres calcaires de remploi. Il repose dans sa partie nord sur un ensemble de blocs situés en bordure est du dallage 20014 (20019) et au sud sur une série de dalles calcaires (20022) partiellement dégagée lors de la campagne de 2016 (fig. 12‑13).

1.2.2.4. La fosse de récupération 20077

19La fosse 20077, qui avait déjà été identifiée lors de la campagne précédente, a été entièrement vidée cette année. Elle coupe les structures 20075, les dallages 20014 et 20022, le soubassement 20019 et le sol 20081, témoignant ainsi d’une activité de récupération des matériaux dans ce secteur. La fouille a permis d’atteindre le sol géologique (20160) et la nappe phréatique à 7,95 m. En bordure nord de la fosse 20077, une grosse dalle de calcaire (20158), posée à plat et probablement en place, a été découverte (fig. 14). Dans l’alignement de la dalle 20158, la structure 20080, qui avait été partiellement mise au jour lors de la dernière campagne, a été totalement dégagée (fig. 15). Elle repose à l’est sur le nivellement de nature sableuse 20135 (équivalent à l’US 20021 partiellement dégagée en 2016).

1.2.2.5. Structures autour de la grande fosse 20054

20En poursuivant plus au nord, deux nouveaux blocs de calcaires (20104 et 20105) ont été dégagés en début de campagne, le long de la nouvelle limite orientale du sondage et sous une épaisse couche de démolition composée de débris calcaires (20117) (fig. 16). L’enlèvement de ces blocs 20104 et 20105 a permis la découverte d’un petit puisard rectangulaire (20130) et de son niveau de sol associé (20131) en bordure orientale de la fosse 20054 (fig. 17). Le puisard se compose de deux dalles de calcaire remployées sur le côté ouest et de petits blocs calcaires de forme irrégulière sur le pourtour. Ces derniers sont disposés à plat ou de chant et délimitent ainsi l’espace rectangulaire du puisard. Dans l’angle sud‑est, un col d’amphore importée a été mis au jour. Directement sous le niveau de sol du puisard, se trouve le niveau de circulation 20142 auquel sont associées des dalles de calcaires posées à plat (20138, 20143, 20147, 20157), un mur de soutènement réalisé en pierres calcaires et bordant la fosse 20054 au nord (20134), une série de fonds de jarres rasées et remplis de cendres (20146, 20150, 20153), ainsi qu’un petit terre‑plein (20151). Ces différents éléments illustrent une phase d’occupation ou de réoccupation de la zone. Le sol 20142, qui recouvre au sud le sol 20141 est, quant à lui, associé à une petite bordure d’orientation nord‑sud (20154) composée d’une seule assise de briques crues (22 × 52 cm) qui longe la partie est du dallage 20014 et soutient le niveau de limon argileux 20152 (fig. 18).

1.2.2.6. L’épais mur en briques crues 20047

21Enfin, la fouille de la grande fosse 20054 a pu être effectuée suite à l’extraction du bloc 20027, permettant ainsi le dégagement des vestiges du mur de briques crues 20047. Cet épais mur, qui avait déjà été repéré en 2019, est malheureusement très endommagé. Il se poursuit dans la partie nord‑est du sondage, au nord du mur 20134 et s’étend jusqu’à ses limites est et nord ; il a lui aussi fait l’objet de spoliations, à l’ouest il est coupé par une récupération, mais on est sans doute peu éloigné de sa limite occidentale (fig. 19‑20).

1.2.3. Fouille de la zone 20000 nord‑ouest (extensions 2020)

22La zone ouest du sondage (extension réalisée en 2020) a également été fouillée en début de campagne. La couche de démolition 20065, composée de moellons et de débris calcaires, a été entièrement dégagée. Ce niveau est coupé par la fosse 20100 qui contenait de gros fragments de dalles de calcaire et dans laquelle un petit foyer (20103) et les niveaux cendreux associés (20087) étaient installés (fig. 21).

1.2.3.1. Un petit édifice installé sur le dallage nord

23Par ailleurs, l’extraction du bloc 20033 a permis le dégagement de la structure 20090 (fig. 22). Composée d’un ensemble de huit dalles de calcaire posées à plat, elle est fondée au nord et à l’est sur un état antérieur du dallage : 20029 d’orientation nord‑sud et 20109 d’orientation est‑ouest. Cinq dalles avaient basculé (20098) vers le sud. Ces dalles, qui devaient à l’origine appartenir à 20090, ont vraisemblablement été déplacées au moment de la récupération du soubassement. Enfin, à l’ouest, deux dalles posées à plat (20099), correspondant certainement à un second état de la structure, reposent sur le niveau sableux 20095. 20090 pourrait ainsi constituer le soubassement d’un petit édifice installé directement sur le dallage nord.

1.2.3.2. Les structures de combustion 20036 et 20119

Valérie Pichot

25La structure la mieux conservée est la structure inférieure (20119) qui montre plusieurs phases. Seule la phase 2 est présentée ici (fig. 24‑25), les autres phases étant en cours d’interprétation. Il s’agit d’un foyer‑fosse composé de trois parties : une fosse rectangulaire associée à deux structures en creux de forme ellipsoïdale situées de part et d’autre. La structure, dont la partie sud n’est pas conservée car coupée par l’installation de la fosse 20038, est orientée est‑ouest et mesure environ 2,25 m de longueur sur 0,88 m de largeur.

26Le muret nord (environ 1,15 m de longueur sur 0,45 m de largeur) est composé de briques cuites plates de remploi qui s’organisent ainsi : une rangée de quatre briques sur trois assises conservées (20119), associée à deux rangées de briques sur chant englobées dans une épaisse couche d’argile rubéfiée dont l’aspect laisse supposer au moins une phase de réfection qui a diminué de 0,16 m la largeur de la fosse initiale. La dernière rangée de briques posées de chant forme la paroi nord de la fosse rectangulaire dans son état final (20116). Un muret similaire devait border la fosse rectangulaire au sud ; il n’en reste que des fragments de pierres calcaires chauffées, des restes d’argile rubéfiée et deux empreintes de briques arrachées lors de la destruction de la zone. La fosse rectangulaire, de profil en U, dont le fond est constitué d’une couche d’argile lissée, mesure environ 1,40 m de longueur sur 0,27 m de largeur (état final). Sa profondeur est de 0,28 m.

27L’ouest de la fosse rectangulaire s’ouvre sur une fosse légèrement rubéfiée (20044) de forme ovale (0,55 m nord‑sud sur 0,70 m est‑ouest), au profil évasé, aménagé dans le sol 20106. À l’est, la fosse rectangulaire est fermée par un bourrelet d’argile rubéfiée et des pierres et/ou briques. À l’extrémité nord‑est, une ouverture dans la paroi met en connexion la fosse rectangulaire avec une fosse (20120) oblongue (0,54 m nord‑sud sur 0,37 m est‑ouest) très similaire à la fosse précédente. Le fond et les parois de cette fosse aménagés dans le sol 20106 ont été lissés à l’argile et portent des traces de rubéfaction importantes. Un trou de piquet au niveau de l’ouverture nord‑est de la fosse rectangulaire a été noté.

28Ce type de structure de combustion est utilisé dans le contexte domestique pour la cuisson sur gril, à l’étouffée sous les braises et/ou à la broche (le trou de piquet pourrait indiquer l’utilisation d’un support de broche). Le mobilier associé à cette structure, qui se compose de céramiques et de faune (l’étude archéozoologique, en cours, note déjà la présence d’os de bœuf et de petits oiseaux), en confirme la fonction.

29Les braises étaient préparées dans une des fosses attenantes et étaient utilisées pour alimenter la fosse rectangulaire pendant la cuisson. Les cendres éteintes étaient retirées régulièrement dans la seconde fosse. Ce système permettait d’alimenter en combustible la fosse rectangulaire de cuisson sans mettre les aliments au contact des flammes.

30Au nord du foyer‑fosse 20119, une autre structure de combustion (20062), elle aussi associée au sol 20106, a été découverte. Endommagée par le creusement de la fosse 20053 à l’ouest, il n’en reste que l’alandier qui a été entièrement fouillé (fig. 26). Si son état de conservation ne permet pas de définir le type exact auquel elle appartient, sa fonction semble être à mettre en relation avec l’activité de cuisson d’aliments comme le foyer‑fosse 20119 qui lui est contemporain.

1.2.3.3. Le dallage 20161

31Sous une épaisse couche limoneuse (20133), correspondant vraisemblablement à un premier nivellement de la zone nord‑ouest antérieur à l’installation des fours, un dallage de briques crues (20161) a été découvert (briques en argile de couleur brun‑orangé) en fin de fouille (fig. 27). Ce sol, qui se compose d’au moins huit rangées de briques (42 à 44 × 18 × 10 cm), est percé par quatre petites fosses peu profondes (20162) et présente des traces de rubéfaction (briques rougies sur leur face supérieure). Dans la partie nord‑est, le dallage 20161 est recouvert par les vestiges de l’épais mur en briques crues 20047 (fig. 28).

1.3. Études du matériel archéologique issu du secteur 2

1.3.1. Étude archéozoologique

Nicolas Morand

32L’étude des restes fauniques archéologiques (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et coquillages) a été engagée en 2021. Afin d’évaluer le potentiel du site, des échantillons de sédiments ont été prélevés pour chaque couche du secteur 2 : couches d’abandon, foyers, niveaux de sol. Plusieurs protocoles ont été mis en place avec les archéobotanistes, afin de collecter les plus petits restes archéologiques : graines, charbons, mais aussi restes de poissons et d’oiseaux. Pour ce faire, nous avons fait construire et avons utilisé une machine à flottation (fig. 29).

33Les os d’animaux, qui ne flottent généralement pas, ont été collectés par le filtre de la machine. Deux mailles ont été utilisées : 1 ou 2 mm. Nous avons adapté le protocole en fonction de la richesse de la couche. Durant les quatre semaines de cette campagne d’étude, l’objectif de l’intervention des bioarchéologues était de maintenir à jour le traitement des sédiments.

34Toutes les couches ont livré des ossements animaux et des coquillages avec un total de 24 échantillons flottés et tamisés pour 682 litres de sédiments (tableau 3). L’ensemble sera étudié dans le dépôt archéologique de Shallalat, car il est nécessaire d’utiliser un microscope pour trier les vestiges et identifier les espèces. En parallèle de ce protocole, tous les ossements animaux recueillis à la main lors de la fouille ont été analysés séparément. Leur étude révèle déjà une grande diversité d’espèces dans la zone du site.

Tableau 3. Liste des échantillons flottés et tamisés pour les études archéobotanique et archéozoologique (l’ordre des échantillons suit l’arrivée des prélèvements sédimentaires) (N. Morrand).

Box	mesh	layer	liter	box	mesh	layer	liter	collected by hand
1	1 mm	20013	40	2	2 mm	20106_9	10	20001
1	1 mm	20065_17	10	2	2 mm	20106_10	10	20054
1	1 mm	20088_1	10	2	2 mm	20106_11	10	20003_67
1	1 mm	20089_1	10	2	2 mm	20106_14	10	20032_12
1	1 mm	20086_1	30	2	2 mm	20106_25	10	20034_4
1	1 mm	20086_2	10	2	2 mm	20120_5	10	20041_18
1	1 mm	20094_14	10	3	2 mm	20062_1	10	20062_4
1	1 mm	20095_2	10	3	2 mm	20041_20	10	20063_3
1	1 mm	20034_44	10	3	2 mm	20041_23	10	20063_3
1	1 mm	20087_1	10	3	2 mm	20041_23	10	20066_5
1	1 mm	20087_2	10	3	2 mm	20041_27	10	20094_9
1	1 mm	20087_1	10	3	2 mm	20041_33	10	20095_12
1	1 mm	20094_4	10	3	2 mm	20041_24	10	20095_4
1	1 mm	20094_5	5	3	2 mm	20041_11	10	20095_7
2	2 mm	20094_6	10	3	2 mm	20102_1	10	20110_33
2	2 mm	20094_7	10	3	2 mm	20110_1	10	20110_43
2	2 mm	20094_8	10	3	2 mm	20110_6	20	20110_59
2	2 mm	20041_18	10	3	2 mm	20110_40	27	20117_16
2	2 mm	20135_6	30	3	2 mm	20110_41	20	20117_19
2	2 mm	20127_1	20	3	2 mm	20111_2	10	20117_24
2	2 mm	20044_1	10	3	2 mm	20111_6	10	20127_3
2	2 mm	20106_3	10	3	2 mm	20111_9	10	20135_8
2	2 mm	20106_1	10	3	2 mm	20111_10	20
2	2 mm	20106_2	10	3	2 mm	20111_17	20
2	2 mm	20106_4	10	3	2 mm	20115_2	10
2	2 mm	20016_5	10	3	2 mm	20123_1	10
2	2 mm	20106_8	10	3	2 mm	20123_2	20
Total							682

35Les animaux domestiques sont les plus fréquents, tels que les moutons, les chèvres et les bovins. Le niveau de richesse en ossements est très variable selon les couches. Celles associées à des fours (couches 20106, 20127) ont, par exemple, livré plusieurs dizaines d’ossements de mammifères brûlés (calcinés ou brûlés). Leur analyse détaillée nous permettra de mieux comprendre la nature de ces déchets osseux.

36Le tamisage des sédiments a également permis de récolter de nombreux restes de poissons (dents, éléments de crâne, vertèbres), dont plusieurs espèces du Nil (couche 20110). Les spécimens sont très petits, probablement des spécimens juvéniles. Ces ossements permettent de documenter les activités de pêche à proximité du site et d’analyser l’importance de ces produits dans le régime alimentaire des habitants.

37Enfin, dans les niveaux d’abandon du site (couches 20135, 20065, 20086), les ossements animaux appartiennent à des espèces sauvages non consommées par les populations humaines : chauve‑souris, gerboise, petits oiseaux, rats, etc. (fig. 30). Quelques fragments de coquilles d’œufs d’oiseaux sauvages complètent l’ensemble des données.

1.3.2. Étude archéobotanique

Essam Ahmed Soliman Ali, Mennat‑Allah El Dorry

38Over a two‑weeks period, archaeobotanical analyses were conducted at the site of Kom Bahig. Between May 23rd‑30th, flotation and sorting were carried out with the support of Dr Mennat‑Allah El Dorry. A total of 69 samples were assessed and floated for their botanical content. Of these, 22 samples contained plant material and were sorted in detail.

1.3.2.1. Methodology

1.3.2.2. Results

40Preservation of the material was minimal, with an average density of 2.5 items per litre; for reference: some archaeological sites may have 12 or 20 items per litre or even more. All the material is charred. The material is dominated by weeds, typical of winter cereal production (N=253, over half of the entire assemblage). Cereal grains (N=78) and grape remains (N=78) are the next largest groups. The other groups, cereal chaff, olives, figs and indeterminate material represent smaller quantities that are very similar to each other (fig. 31).

41Over half of the cereal grains are not attributable to either barley or wheat (and thus generically referred to as Cerealia). Barley grains are more numerous than cereal grains, but the situation is reversed for chaff: wheat chaff is higher than barley (fig. 32).

1.3.2.3. Discussion

42It seems that, as many of the contexts studied are related to abandonment, these plant remains are blown in post‑abandonment. This would explain the very low density of the material. With such a small amount of samples, it is difficult to make sweeping statements about plant assemblage formation processes and the activities that resulted in the presence of these plants in the archaeological record. With further work on the phasing and further samples in the future, the activities at Kom Bahig will be clearer to interpret and understand.

1.3.3. Étude de la paléomanufacture métallique

Valérie Pichot

43Le mobilier métallique découvert dans le secteur 2 pendant la mission 2021 est peu abondant et fragmentaire. Excepté une boucle d’oreille composée d’une perle en verre piriforme enfilée sur un fil en base cuivre (BAH21.20110.13), un poinçon (BAH21.20086.4) et un fragment d’épingle en base cuivre (BAH21.20066.3), ce mobilier se résume en éléments d’objets démontés ou cassés lors d’activités anciennes de récupération de matériaux. On note ainsi la présence de quelques rivets et clous‑rivets en fer (BAH21.20106.27) ou en base cuivre (BAH21.20001.49, BAH21.20054.17, BAH21.20110.25, BAH21.20110.46), d’une agrafe en fer (BAH21.20041.1), de clous de menuiserie en fer (BAH21.20128.3) ou en base cuivre (BAH21.20077.10, BAH21.20126.6), de fragments de tôles en base cuivre (BAH21.20110.57, BAH21.20142.4) parfois rivetées (BAH21.20106.6, BAH21.20129.1, BAH21.20153.4), d’un fragment de petite cornière (BAH21.20117.12), de douille (BAH21.20041.34) et d’un clou de chaussure (BAH21.20035.36) en base cuivre.

44Le secteur a livré aussi des déchets d’atelier. En quantité restreinte mais récurrents dans certaines US, ils proviennent de niveaux d’abandon ou de destruction/démolition (US 20001, 20003, 20035, 20094, 20110, 20117, 20145, 20155), de remplissage de fosse (US 20077), de nivellement (US 20041, 20133), ou de bouchage (US 20126) et leur présence indique l’existence d’activités métallurgiques à proximité. Ces déchets d’atelier sont pour la plupart des scories de petites tailles, souvent fragmentaires, qui portent des inclusions de base cuivre, des petits résidus de coulée (base cuivre) et de fragments de chutes métalliques (fragments de tôles et des tiges qui portent des traces de découpe ou de pliage résultant d’une opération de récupération pour la refonte). On note aussi la présence de deux petits culots de forge fragmentaires dans les US 20035 et 20094. L’ensemble de ces déchets présente un faciès de travail de fonderie et forge de petits objets. Au vu des importantes activités de démontage et de récupération antiques identifiées dans le secteur, ces déchets pourraient provenir d’ateliers provisoires de forgerons qui réparaient les outils des carriers.

1.3.4. Étude du matériel archéologique

Walid Abd El‑Bary et Aude Simony

46Les épaisses couches de débris calcaires couvrant la partie nord du dallage 20029 (20028) et les structures situées au sud‑est du sondage (20117) ont livré un matériel céramique assez similaire. Celui‑ci est composé d’éléments datés des périodes ptolémaïque (amphores AE 2), romaine et romaine tardive (amphores AE 3, AE 4, MAU XXVII/XXVIII, cratère égyptien d’imitation chypriote, marmites à bord évasé et amphores LRA 1). La présence de ces fragments datés de la période romaine tardive correspond donc à l’une des dernières phases de destruction de la zone.

47Les niveaux d’occupation situés dans la zone des fours 20061 et 20062 ont livré un matériel exclusivement daté du Haut‑Empire romain (amphores AE 3, amphores crétoises, MAU XXVII/XXVIII, cratère d’imitation Paphos 40, coupe carénée). En revanche, les niveaux de circulation 20142 et 20145 associés à la bordure 20154 sont clairement associés à un matériel daté de l’époque ptolémaïque (amphore AE 2, bol convexe, œnochoé).

48Nous noterons également la présence, dans la couche sableuse d’abandon 20110 recouvrant la structure à escalier 20121, d’un fragment de tête de faucon en pierre calcaire (BAH21.20110.11), ainsi que de deux fragments de stèles inscrites en grec (BAH21.20110.29, BAH21.20110.39). Un troisième fragment de stèle (BAH21.20126.9) a été trouvé dans le système de bouchage situé au nord de 20121. Trois monnaies ont également été découvertes. Elles proviennent de contextes liés à la réoccupation romaine (?) du secteur (BAH21.20123.5, BAH21.20133.16, BAH21.20145.8).

1.4. Remarques conclusives

49La campagne 2021 a permis de disposer d’une vue plus ample de ce secteur grâce au levage des blocs monumentaux, à la fouille de la zone à l’ouest entamée en 2020 et à l’extension vers l’est (fig. 33).

50Les différents éléments mis au jour ont enrichi en complexité la proposition de phasage émise à l’issue de la campagne 2020, sans pour autant la remettre en question (tableau 4). La fouille a confirmé les intenses campagnes de récupération dont ce complexe cultuel a fait l’objet à l’époque romaine tardive, marquées par les multiples fosses et démontages aussi bien des dallages que des petits édifices qui y prenaient place, et également par la présence de déchets de forge qui pourraient provenir d’ateliers provisoires de forgerons qui réparaient les outils des carriers. La phase de réaménagement, sans doute à l’époque romaine, a gagné en caractérisation avec la présence d’un dispositif de cuisson, le foyer‑fosse, jamais identifié en Égypte jusqu’alors. Pour la période antérieure dont on sait qu’elle se clôt à la fin de l’époque ptolémaïque, attestée par les dallages en pierre 20014, 20029 et 20109, vient s’ajouter l’originale structure à double escalier qui semble précéder l’installation du dallage 20014, ainsi que la bordure en briques crues 20154 qui suit le même alignement et les sols qui lui sont associés. Enfin, les structures les plus anciennes comportent l’épais mur en briques crues 20047 et le dallage en briques crues 20161 qui semble lui être contemporain, ou légèrement antérieur.

Tableau 4. Récapitulatif des différentes phases identifiées lors de la fouille du sondage 20000 (A. Simony).

Installation de la zone	Dallage de briques 20161 Mur 20047
Occupation liée aux dallages	Dallages 20014, 20022, 20029, 20109 Structures 20090, 20121 Mur 20144 Muret 20154 Sol 20152
Réaménagements de la zone	Structures de cuisson 20036, 20119 Sols 20081, 20041, 20116 Aménagements 20075, 20078, 20079, 20080, 20084, 20085, 20125, 20126 Dalles 20099, 20138, 20143, 20147, 20157 Structures circulaires 20107, 20122, 20137
Abandon	Couches sableuses 20003, 20013, 20110, 20135
Destruction	Couches de débris 20028, 20056, 20057, 20065, 20066, 20067, 20076, 20077, 20096, 20117. Fosses 20053, 20054, 20074, 20077 Foyer 20103 Gros blocs de pierres

1.5. La fouille du secteur 4

Romain Séguier

51Le secteur 4 a été ouvert pour la première fois en avril 2018 de manière à accueillir un chantier‑école pour la formation de terrain d’inspecteurs égyptiens du MoTA, ainsi que des étudiants de l’université d’Alexandrie. Le terrain avait été choisi pour sa topographie plane, tout en offrant l’opportunité de sonder un espace sur le kôm oriental de Bahig, dans sa partie sud.

1.5.1. Délimitation du secteur

52La surface de fouille ouverte en 2018 était initialement de 5 × 4 m et a été augmentée à 8 × 7 m, soit 56 m² (fig. 34). En 2021, la zone a été doublée, avec une extension d’environ 5 m vers le sud, pour atteindre un peu moins de 120 m². Les mesures actuelles du secteur 4 sont celles d’un quadrilatère irrégulier : 13,50 m de longueur côté ouest et 12,20 m à l’est ; respectivement 8,30 m et 8,50 m de largeur au nord et au sud (fig. 35). Les raisons qui ont poussé à cette extension sont à la fois pratiques et logiques : il s’agissait d’offrir aux inspecteurs en formation un aperçu du travail initial d’une fouille archéologique, en conservant l’avantage de la planimétrie du terrain et aussi d’identifier certaines limites de structures mises au jour en 2018. Un ramassage systématique de surface a tout d’abord été opéré (US 40000). Puis, un décapage manuel (US 40001) a permis de mettre au jour plusieurs structures et niveaux archéologiques (fig. 36‑37).

1.5.2. La partie ouest du secteur 4

53Le mur d’orientation nord‑sud 40002 est bâti en pierres (modules petits à moyens) liées à un mortier de terre, d’un calcaire local souvent rugueux et de mauvaise qualité (détritique, avec de fortes inclusions de malacofaune et du sable), comme pour les autres vestiges construits du secteur. Il divise en deux la zone de fouille et correspond à une limite spatiale forte par ses dimensions. À ce jour, sa longueur est assurée sur 10 m. Sa largeur varie en fonction de son tracé et de sa hauteur de conservation. Elle est d’environ 1 m à 1,10 m dans la partie centrale et peut atteindre 1,60 m au sud, pour des raisons non déterminées : soit il est conservé au niveau de sa fondation, supposée plus large que l’élévation comme au nord du secteur, soit il a été renforcé du côté ouest.

54Au nord, selon ce qui avait déjà été documenté en 2018, le mur 40002 est chaîné avec la structure 40014 à l’ouest, elle‑même liée au mur 40015 parallèle à 40002 côté ouest. Cet aménagement, d’une emprise de 3,10 m (nord‑sud) par 2,70 m (est‑ouest) au minimum, semble composer le cœur des deux maçonneries en les joignant, formant une sorte de puissant contrefort, ou encore une plateforme dont il ne resterait qu’une partie de la fondation (pour un escalier ?). Son angle nord‑ouest a difficilement été mis en évidence, arraché dans la pente. La structure est susceptible de se poursuivre vers l’ouest.

55Quant au mur 40015, la fouille de 2021 a confirmé sa récupération partielle vers le sud. Le mur est distinguable sur 1,80 m de longueur nord‑sud et fait 0,80 m de largeur, mais cette dernière n’est pas totalement assurée du fait de la proximité de la limite ouest de fouille. Il n’est dégagé que sur une assise, mais la présence de la tranchée de récupération 40016 au sud montre qu’il est plus profond d’au moins 0,45 m. Cette dernière a été fouillée sur 3,50 m de longueur nord‑sud. Elle semble réaliser un retour perpendiculaire vers l’est sur 1,50 m de longueur, mais la fouille s’est arrêtée, empêchant d’assurer complètement cette observation.

56À partir du contact avec la tranchée de récupération 40016, il est envisageable de retrouver un aménagement similaire à 40014 au sud‑ouest de la zone, susceptible d’expliquer la largeur plus importante du mur 40002 à cet endroit. La difficulté à lire le terrain, constitué d’un enchevêtrement de blocs liés par un mortier terreux (comme pour 40002), ainsi que l’arasement de la zone lié à la pente est‑ouest, empêchent de confirmer cette hypothèse pour le moment.

57Il est possible en revanche d’être plus affirmatif quant à la présence, à cet endroit, d’au moins une autre maçonnerie d’orientation est‑ouest, en limite sud de la fouille de 2021, qui viendrait perpendiculairement au contact du mur 40002. Les relations stratigraphiques et leurs limites n’étant pas encore claires, il n’a pas été donné de numéro de structure. La zone demande à être étendue plus au sud et à être fouillée au sud‑ouest afin de déterminer plus précisément ces relations. Il faut noter que le mur 40002 paraît chaîné avec le départ d’un autre mur perpendiculaire vers l’est, sous l’aménagement 40023.

1.5.3. La partie est du secteur 4

58L’aménagement 40023 a été mis au jour au sud durant cette campagne. Il correspond à celui dénommé 40007, qui avait été rencontré au nord‑est de la zone de fouille en 2018. Il s’agit d’une maçonnerie formant un rectangle (délimitation d’une pièce ?) chaîné à l’ouest avec le mur 40002. Les limites est et sud de la structure sont prises dans les bermes, mais son tracé est bien cerné.

59Le massif 40023 est constitué d’un sédiment argilo‑sableux de couleur brun, homogène et très induré, marqué par des empreintes de blocs récupérés (40021) à une époque postérieure. Les empreintes, correspondant au négatif des blocs taillés de l’assise supérieure, ont une moyenne de 50 × 25 cm. Un exemplaire complet a d’ailleurs été retrouvé dans le comblement de la tranchée de récupération (40019), dalle calcaire de 44 × 25 × 12 cm présentant des traces de mortier de chaux sur trois de ses faces (fig. 38). La régularité de l’aménagement, avec des blocs soigneusement taillés et disposés à plat, indique une maçonnerie bien bâtie, liée au mortier de chaux, qui se trouve à la jonction avec le mur 40002. Comme avec 40007, les deux structures se rejoignaient au niveau de ce qui a été interprété comme le ressaut de la fondation de 40002. À cet endroit, la connexion entre 40002 et 40023 présente une ligne de mortier d’une dizaine de centimètres d’épaisseur, incluant quelques petits fragments de blocs, visible sur 1,10 m de longueur nord‑sud. Cette dernière dimension donne, selon toute vraisemblance, la largeur moyenne de 40023.

60L’aménagement (40023) est visible sur 4,20 × 1,20 m au nord (orientation est‑ouest), puis perpendiculairement vers le sud sur 3,90 × 0,90 m (largeur incomplète), et enfin encore perpendiculairement d’ouest en est sur 4 × 1,15 m. Ici, la connexion avec 40002 est arasée (absence de mortier de chaux et de la semelle argileuse indurée), si bien qu’il est possible de voir la fondation sous 40023 qui semble chaînée avec 40002.

62Au nord de 40023, se distingue un niveau (40024) qui correspond soit au comblement de la tranchée de fondation en lien avec la construction de 40023, soit à celui d’une récupération antérieure. Il se caractérise par la présence de nombreux blocs et fragments de blocs calcaires, ainsi que de quelques gros galets, de 10‑20 cm de côté. Il se repère sur une longueur est‑ouest de 4 m, avec une largeur moyenne de 0,50 m, pour au minimum 0,45 m de profondeur. Une ligne similaire (40025), bien que moins fournie en blocs, a été constatée au sud de l’aménagement 40007.

63Entre les deux aménagements 40023 au sud et 40007 au nord, un espace se développe sur 3,80 m de largeur nord‑sud pour un minimum de 4,80 m de longueur est‑ouest. Sa limite est se poursuit sous les limites de fouille, alors qu’à l’ouest il est délimité par le mur 40002. Suite à l’extension sud de cette année, cet espace a fait l’objet d’un début de fouille. Après décapage (40001), il a été mis en évidence un sol temporaire (40004) exposé à la pluie et à l’érosion éolienne d’1 cm d’épaisseur au maximum. Il recouvre un sédiment de nature hétérogène entre abandon (sablo‑limoneux, de couleur brun foncé) et activité issue de la récupération (40021, 40003) alentours. Sous 40004, ce qui s’apparente à un niveau de démolition a été également fouillé (40018). Le sédiment était sablo‑limoneux, de couleur beige‑orangé, compact et homogène, composé essentiellement de briques crues décomposées comprenant des inclusions de calcaire blanc induré de 0,5 à 1,5 cm. Aussi, la présence de charbon, d’un peu de cendres, de céramique et d’os est à relever. Ce niveau appartient à l’époque ptolémaïque selon les premières analyses céramologiques. Il en va de même pour le sol (40020) (fig. 39) sur lequel la fouille de 2021 s’est arrêtée. Composé d’un sédiment limono‑sableux brun‑gris, il était recouvert d’une quinzaine de fragments de céramiques posés à plat. Les couches 40018 et 40020 semblent contemporaines ou antérieures à l’ensemble du bâti formé par les murs 40002, et les aménagements 40007 et 40023. Leurs relations stratigraphiques demandent à être affinées par la poursuite du travail de terrain.

64Il est enfin à noter que les différentes récupérations observées dans le secteur (US 40006, 40016, 40021) ont des comblements (US 40003, 40017, 40019) datés de l’époque romaine (Haut‑Empire). Ces éléments soulignent l’activité de récupération opportuniste des matériaux de construction, comme pour le secteur 2.

65Les perspectives de la prochaine école de fouille sont d’ores et déjà toutes tracées. Les participants seront amenés à étendre le secteur vers l’est et le sud. Cela permettra de définir les limites des récupérations est‑ouest et des espaces concernés, ainsi que celles du mur 40002 et des structures qui pourraient lui être associées. En parallèle, la fouille sera poursuivie plus en profondeur dans le but d’appréhender davantage les restes des occupations jusqu’alors observées, mais également d’atteindre les phases antérieures.

1.5.4. Étude céramologique

Walid Abd el‑Bary et Aude Simony

66Le matériel céramique issu de la fouille du secteur 40000 a été traité dans son intégralité lors de cette campagne. Les niveaux de surface du sondage (40000 et 40001) comprenaient un matériel daté entre la Basse Époque (jarres de stockage et jattes rubannées, amphores de Chios), l’époque ptolémaïque (amphores rhodiennes, amphore de type AE 2 et bols convexes) et le Haut‑Empire (amphore de type AE 3, cratère égyptien d’imitation chypriote). Le mobilier correspondant aux niveaux de sol 40018 et 40020, peu abondant, forme en revanche un ensemble homogène daté de la période ptolémaïque (remontant vraisemblablement à la fin du iii^e siècle av J.‑C.). L’assemblage est constitué d’amphores égyptiennes (de type AE 2) et importées : amphores rhodiennes, de petites formes ouvertes (bols à bord rentrant, bol à lèvre aplatie) ou fermées (flacons).

67Nous noterons enfin que le niveau de comblement de l’une des récupérations (40019) comprenait des fragments de céramique datés du Haut‑Empire (amphores de type AE 3 et AE 4, cratère égyptien imitant la forme Paphos 40).

2. Carte archéologique de Maréotide

Valérie Pichot, avec la collaboration d’Aude Simony, Ismaël Awad et Cécile Shaalan

Responsable d’opération : Valérie Pichot (IR CNRS, archéologue).

Participants : Aude Simony, céramologue, ingénieure de recherches (CNRS, UAR 3134 CEAlex) ; Cécile Shaalan, ingénieurtopographe‑cartographe, ingénieure d’études (CNRS, CEAlex) ; Ismaël Awad, ingénieur topographe‑cartographe (CEAlex).
L’équipe d’inventaire et de documentation du mobilier était composée de Khaled Moustapha Mohamed Abd El Aziz (inventaire) et d’Hisham Mohamed Mohamed  Aboud (photographies et dessins). L’expertise des quelques anses timbrées amphoriques trouvées pendant la mission a été effectuée sur photographie par Gonca Cankardeş-Şenol, professeure (université Ege d’Izmir).

Autorité nationale présente : Le MoTA était représenté par Iman Yousri Saad Mohamed (Département des Antiquités sous‑marines d’Alexandrie) du 6 septembre au 17 novembre 2021, par Iman Ibrahim Ahmed Saleh (Département des Antiquités d’Alexandrie) du 6 au 29 septembre, par Amani Shaban Mohamed Abdelaal (Département des Antiquités d’Alexandrie) du 18 au 27 octobre et par Mona Mourad Mohamed Ahmed Eldomyaty (Département des Antiquités d’Alexandrie) du 19 octobre au 17 novembre, qui ont participé activement à la mission sur le terrain.

68Le projet de carte archéologique mené par le Centre d’études alexandrines a pour but de récolter des informations sur la Maréotide ancienne, région qui connaît actuellement une phase d’urbanisation et d’industrialisation accrue qui menace les sites archéologiques, pour les mettre ensuite à la disposition du ministère du Tourisme et des Antiquités de l’Égypte (MoTA) sous la forme d’un Système d’information géographique (SIG). La prospection sur le terrain est indispensable et urgente pour identifier les sites anciens et les documenter. Nous avons en particulier porté nos efforts sur les sites à proximité de la ligne de chemin de fer menant à Marsa Matrouh, qui va être transformée en ligne à grande vitesse dans les années à venir.

69L’autorisation de prospection accordée par le ministère du Tourisme et des Antiquités de l’Égypte pour 2021 couvre les sites le long de la rive sud du lac Mariout (au nord de la route Amreya – Borg el‑Arab), les îles à proximité de cette rive et les sites entre la route Amreya – Borg el‑Arab – El Hammam et le sud de la ride V (fig. 40).

70La mission s’est déroulée du 6 septembre au 16 novembre 2021 à raison de 3 à 4 jours de travail sur le terrain par semaine, les jours restants étant dédiés au traitement des données de terrain (photographies, description des sites, mise au propre des informations récoltées, etc.). Du 6 au 29 septembre et du 18 au 27 octobre, le travail a été dédié aux prospections sur les sites ; du 28 octobre au 16 novembre, il s’est concentré sur la gestion du mobilier (inventaire, photographies) et sur le dessin d’une partie du mobilier céramique. Le mobilier archéologique sélectionné a été transféré au dépôt de fouille de Shallalat le 17 novembre 2021.

71La mission de prospections 2021 avait pour objectif de continuer de documenter le secteur situé entre Bahig et Huwareya qui avait déjà fait l’objet d’une première prospection en 2017. Les choix préalables se sont portés sur quatre secteurs distincts (fig. 41) :
– le long de la ligne de chemin de fer au sud de la zone de prospection (GMR209 à GMR0214) ;
– le long de la route Amreya – Borg el‑Arab (GMR0064, GMR0215 à GMR0226) ;
– un secteur à environ 1,5 km à l’est de Kôm Bahig (GMR0208) ;
– deux secteurs de petite taille au sud‑est de Kôm Bahig (GMR0207, GMR0169 partie occidentale).

72Au total, 22 nouveaux sites ont été prospectés (tableau 5).

Tableau 5. Liste des sites prospectés en septembre‑novembre 2021.

2.1. Présentation des sites prospectés le long de la ligne de chemin de fer au sud de la zone de prospection

2.1.1. GMR0209 – Tell Dabweni (Cultnat 110315 ; région d’Al‑Mithaq)

73À un peu plus de 3 km du rond‑point d’Huwareya, le site préservé s’étend sur plus de 190 m est‑ouest et 170 m nord‑sud. Situé en bordure sud de la ligne de chemin de fer qui relie Alexandrie à Marsa Matrouh, il est entouré de champs cultivés dont la mise en place a détruit une partie du site initial. En effet, il correspond à l’angle sud‑ouest d’un karm (KR0685) de 845 m nord‑ouest – sud‑est sur 470 m nord‑est – sud‑ouest, repéré sur la carte satellite Corona 1965 et aujourd’hui disparu.

74Divisé lors de la prospection en 15 secteurs différenciés, le site est rythmé par une succession de kôms de tailles diverses qui révèlent une certaine homogénéité d’aspect (fig. 42). De nombreux blocs épars associés à des fragments d’enduit et parfois de mortier hydraulique couvrent l’ensemble du site. On note aussi la présence de nombreuses concentrations de céramiques le plus souvent sur les pentes et/ou en bas des pentes des kôms. Dans le sédiment de surface, quelques lignes d’enduits et/ou quelques alignements de blocs indiquent la présence de structures bâties enfouies. Des bâtiments sont aussi décelables par la présence de petits monticules formés par des effondrements de murs en briques crues. Mais les fonctions de ces vestiges restent difficiles à identifier. Nous pouvons néanmoins mettre en évidence deux secteurs remarquables.

76Le secteur 15, au nord‑ouest du site, se présente sous la forme d’un grand kôm allongé nord‑sud (fig. 45) associé à une zone plane au sud. L’ensemble présente en surface un matériel très abondant daté du début de la période islamique : de nombreux rejets de fours (scories, fragments de parois, briques crues chauffées) et de nombreux fragments d’amphores LRA 5/6 surcuites. Ces éléments indiquent la présence d’un dépotoir d’ateliers d’amphores tardives à cet emplacement, associés à quelques jattes à pâte calcaire et cruches Egloff 227‑228 (fig. 46‑47).

77Le matériel retrouvé en surface de Tell Dabweni (fig. 48) correspond majoritairement à la fin de la période romaine tardive et au début de la période islamique (amphore spatheion, LRA 5/6, LRA 1, sigillées LRD et ARSW, Groupe K, marmite à bord biseauté, LRC, Groupe O). Toutefois, quelques rares fragments datés de la période ptolémaïque (amphore AE 2, amphore cnidienne, amphore de Cos, amphore rhodienne, ESA) et du Haut‑Empire (amphores AE 3, AE 4, Tripolitaine) sont à signaler dans certains secteurs (secteurs 1, 2, 3, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14), presque exclusivement en contrebas des kôms. On note aussi la présence sur le site de quelques fragments de vaisselle en pierre (secteur 2), d’un fragment de figurine de cavalier en terre cuite d’époque romaine tardive (secteur 3), de fragments de meules à grains en granit (secteur 15) et en basalte (secteurs 5, 8, 9, 12, 13, 14) dans différents secteurs.

2.1.2. GMR0210 – KR0682 (région d’Al‑Mithaq)

78À environ 400 m à l’ouest de GMR0209, le site GMR0210 se compose des vestiges d’un karm (KR0682) dont une petite partie du talus sud est topographiée sur la carte du Survey of Egypt de 1914 (environ 358 m de long sur 100 de large). Ce karm est dans l’ensemble très dégradé, décaissé et aplani pour la mise en culture de la zone.

79Seul vestige remarquable dans le paysage, le talus sud (fig. 49), orienté nord‑est – sud‑ouest, est encore en partie conservé (166 m de long sur 15 m de large en moyenne sur plus de 4 m de haut à certains endroits). Il a été traversé longitudinalement par l’installation du chemin de fer qui relie Alexandrie à Marsa Matrouh, d’un canal et de routes/pistes qui longent le chemin de fer et le canal. Les restes de ce talus se distinguent en partie dans la stratigraphie du canal et sont repérables sur environ 122 m à l’est de l’extrémité orientale du talus conservé. Mais d’après la carte satellite Corona 1965, ce talus s’étendait à 128 m plus à l’est. Peu de matériel est visible dans ce secteur du karm. Très fragmenté, il se compose surtout de panses datées de la période romaine tardive au début de la période islamique (amphores LRA 1 et LRA 5/6).

80Au nord du canal, plusieurs anomalies de terrain repérées grâce à la prospection de surface ou aux images Google Earth permettent de restituer en partie ce karm.

81Le talus oriental du karm a totalement disparu. Seul subsiste une partie de l’angle nord‑est du karm, visible sur les images Google Earth, sous la forme de deux languettes de 4 à 6 m dont l’une, orientée nord‑est – sud‑ouest de 35 m de long, correspond à la partie est du talus nord et l’autre, orientée nord‑ouest – sud‑est de 47 m de long, aux restes de la partie nord du talus oriental.

82La partie centrale du talus nord est en partie identifiable (fig. 50). Détruit dans son épaisseur, une petite partie de ce talus est préservée et sert de chemin surélevé et non rectiligne au milieu des parcelles agricoles qui l’entourent. Le matériel observé en surface est très fragmenté et érodé. Il est daté de la période ptolémaïque (amphore AE 2), du Haut‑Empire (amphore rhodienne tardive, AE 3), de l’époque romaine tardive et du début de la période islamique (amphore LRA 1).

83À environ 40 m au sud, un secteur quadrangulaire d’environ 60 m est‑ouest sur 50 m nord‑sud ainsi que le chemin qui y mène depuis l’ouest font aussi partie du talus nord. Arasé et aplani, ce secteur est légèrement surélevé par rapport aux champs labourés qui l’entourent et est occupé dans sa partie sud‑ouest par un bâtiment agricole abandonné. Il livre en surface de nombreuses traces de bâtiments enfouis (alignements de blocs et mortier) dans sa partie orientale ainsi qu’à l’ouest du bâtiment moderne. On note la présence d’un ancien cimetière dans sa partie nord‑est. Le matériel y est abondant et assez fragmenté. Il est daté de la période romaine tardive au début de la période islamique (amphores LRA 1, sigillées LRD, Groupe K), avec peut‑être la présence d’un fragment daté du Haut‑Empire (?).

84À environ 100 m au nord de ce secteur, un petit promontoire rocheux sans aucune structure visible en surface, livre un peu de matériel plutôt bien conservé qui couvre une fourchette chronologique de la période ptolémaïque ancienne (amphore de Cos) au Haut‑Empire (ESA, amphores AE 4, AE 3).

85Entre la partie centrale du talus nord encore identifiable et la languette qui forme l’angle nord‑est du karm, une zone aplanie s’étendant sur 178 m vers le sud est couverte à certains endroits d’un sédiment typique des karms. Elle est vraisemblablement le résultat de la destruction et de l’étalement d’une partie du talus nord du karm. Le matériel sur ce secteur du karm est peu abondant, très fragmenté et non identifiable.

86Le talus occidental du karm a totalement disparu. À environ 380 m à l’ouest de l’extrémité occidentale du talus sud encore conservé, un monticule allongé d’environ 147 m de long (orienté nord‑ouest – sud‑est) est le résultat de la destruction du talus, aplani et étalé vers l’ouest. En effet, d’après l’image satellite Corona 1965, le talus occidental se situait à 145 m plus à l’est et a été détruit lors de l’implantation d’une petite route et d’un canal orientés nord‑ouest – sud‑est et la mise en culture du secteur.

2.1.3. GMR0211 (région de Bahig)

87À environ 2,5 km au sud‑ouest de GMR0209, sur la même ligne en bordure de la ligne de chemin de fer, ce site consiste en un promontoire rocheux (fig. 51) sur lequel sont installés des bâtiments contemporains dont certains sont effondrés (partie orientale). Les monticules disséminés sur l’ensemble du promontoire indiquent clairement qu’il a été largement décapé à une période récente. Aucun vestige n’a été détecté en surface excepté une anomalie dans la partie occidentale du promontoire qui pourrait être un ancien puits (?). Sur ce site, le matériel est peu abondant, très fragmenté, très érodé et parfois non identifiable. Il provient essentiellement des parties orientales et occidentales du promontoire. Il est daté du Haut‑Empire (amphores AE 4) et de la période romaine tardive/début de la période islamique (amphores LRA 1), mélangé à beaucoup de matériel de la période moderne/contemporaine.

2.1.4. GMR0212 – Tell Gewali (Cultnat 110314 ; région de Bahig)

89La partie orientale, la plus grande, se compose d’un kôm (fig. 52) avec quatre petites proéminences sur lesquelles de nombreux blocs épars indiquent la présence de bâtiments enfouis. Dans l’ensemble, ce secteur livre peu de vestiges visibles en surface. Au sud‑ouest, on note la présence d’un alignement de blocs. Au sud, la partie supérieure de la pente livre les vestiges d’une structure massive construite en briques cuites et mortier hydraulique (citerne, bains ?) (fig. 53). Peu de céramique a été trouvé sur ce secteur. Le matériel est assez fragmenté, mais les tessons sont peu érodés. Il est daté de la fin de la période ptolémaïque/Haut‑Empire (ESA, marmites) à la période romaine tardive/début de la période islamique (amphores LRA 1, LRA 4, LRA 5/6, marmites et plats de cuisson).

90La partie occidentale, la plus haute, a été préservée grâce à la présence d’un ancien cimetière (fig. 54). Au sud du cimetière, on trouve les vestiges d’un bâtiment antique (blocs alignés) sous un amas de blocs dans lequel on distingue des fragments détachés d’une structure en briques cuites et mortier hydraulique. Au nord‑ouest du cimetière, des alignements de blocs, des lignes de mortier ainsi que des sols en mortier apparaissent en surface (fig. 55). Quelques lignes de mortier et d’enduit sont aussi visibles dans les parties planes au sud et à l’ouest du secteur. Le matériel est assez abondant (surtout au sommet) et moyennement fragmenté. Il est daté du Haut‑Empire (amphores AE 4), et surtout de la période romaine tardive et du début de la période islamique (amphores AE 3T, LRA 1, LRA 5/6, LRA 4, sigillées LRD). On note la présence de quelques fragments de verre sur ce secteur.

2.1.5. GMR0213 – Tell Fergani (Cultnat 110319 ; région de Bahig)

91À un peu moins de 2 km au sud‑est de Kôm Bahig, ce grand site est localisé en bordure sud de la ligne de chemin de fer qui relie Alexandrie à Marsa Matrouh. Il est divisé en deux parties séparées par une zone décaissée d’environ 180 m de large qui est occupée par des champs cultivés : la partie orientale, la plus importante, se développe sur environ 285 m nord‑sud sur plus de 330 m est‑ouest, tandis que la partie occidentale ne mesure que 138 m nord‑sud sur 97 m est‑ouest. Ce site a largement été détruit par la mise en culture du secteur, l’installation des lignes de chemin de fer (au nord et à l’ouest) et d’un canal (au sud du site).

92Divisé lors de la prospection en 25 secteurs différenciés (23 sur la partie orientale, deux pour la partie occidentale), le site est rythmé par une succession de nombreux kôms de tailles diverses, parfois de grandes tailles, qui révèlent une certaine homogénéité d’aspect (fig. 56). De nombreux blocs épars associés à des fragments d’enduit et parfois de mortier hydraulique couvrent l’ensemble du site. Un grand cimetière utilisé encore de nos jours se développe sur quatre kôms dans sa partie orientale (secteur 9). On note aussi la présence de nombreuses concentrations de céramiques le plus souvent sur les pentes et/ou en bas des pentes des kôms. Dans le sédiment de surface, de nombreuses lignes d’enduits et/ou alignements de blocs (murs) indiquent la présence de nombreuses structures bâties enfouies. Des bâtiments sont aussi décelables par la présence de petits monticules formés par des effondrements de murs en briques crues dans lesquels apparaissent des lignes d’enduit et qui livrent des fragments d’enduits peints en surface parfois en grande quantité. Mais les fonctions de ces vestiges restent difficiles à identifier. Nous pouvons néanmoins souligner quelques secteurs remarquables.

93Dans la partie orientale du site, deux secteurs livrent les vestiges d’ateliers de production d’amphores LRA 5/6 (datées du début de la période islamique). Le secteur 8, situé dans la partie est du site à proximité ouest du grand cimetière (secteur 9), est formé de trois petits monticules. Le monticule nord‑ouest livre peu de matériel en surface. Quelques alignements de blocs et d’enduits apparaissent dans le sédiment formé par l’effondrement de murs en briques crues et indiquent la présence d’un bâtiment enfoui. Le monticule nord‑est et le monticule sud (fig. 57) livrent en surface de nombreux éléments indiquant un probable dépotoir d’ateliers de potiers tardif (céramiques et/ou amphores). De nombreuses scories, fragments de parois de four et fragments d’argile cuite couvrent la surface des deux kôms. Le matériel est abondant, très fragmenté et concassé, et daté du début de la période islamique (LRA 1, LRA 5/6, cruches Egloff 227‑228, jattes à pâte calcaire, LRD).

94Le secteur 20, situé au nord‑ouest de la partie orientale du site, à environ 160 m du secteur 8, est un grand kôm allongé orienté est‑ouest (fig. 58). L’ensemble est peu lisible en surface, mais il semble formé en partie par des bâtiments enfouis. Des concentrations de matériel sont présentes sur les pentes et en bas des pentes, surtout dans les parties nord et ouest. De nombreux blocs épars et fragments d’enduits couvrent la surface du versant sud du kôm. Les zones à fortes concentrations de matériel des versants nord et ouest présentent un net faciès de dépotoir d’ateliers de potiers (nombreuses scories, fragments de parois de four, tessons surcuits, déformés) qui produisaient des amphores LRA 5/6 et des petits couvercles (fig. 59). Le matériel de ce secteur est daté du début de la période islamique (LRA 5/6, LRA 1, jattes à décor peint, jattes rubanées, Groupe K, sigillées ARSW).

95Dans la partie occidentale du site, le secteur 24 se présente sous la forme d’un grand kôm (fig. 60), d’environ 60 m de diamètre, associé à des zones aplanies sur son pourtour ainsi qu’à une zone à l’ouest décaissée et occupée par des champs labourés (secteur 25). Dans l’ensemble, le secteur 24 est peu lisible, les vestiges étant englobés dans le sédiment composé de briques crues effondrées et fondues, quelques alignements de pierres apparaissent en surface, ainsi qu’un mur dans la stratigraphie sud d’une zone décaissée au nord du kôm. Toutefois la partie sud‑est du kôm livre les vestiges d’un pressoir (fig. 61) : murs et sol (fouloir ?) composés de successions de mortiers et d’enduits plus ou moins épais. On note aussi la présence de deux emplacements de supports de presses secondaires dont il reste les empreintes. Le matériel sur ce secteur est peu abondant et très fragmenté. Il est daté du Haut‑Empire (nombreuses AE 4 et quelques culinaires), de la fin de l’époque romaine tardive et du début de la période islamique (LRA 1, LRD, jattes rubanées). On note la présence possible d’une amphore rhodienne datée de la période ptolémaïque (?). Le matériel daté du Haut‑Empire semble concentré aux niveaux des marges et à l’est du kôm. Le secteur 25, quant à lui, n’a livré aucune structure mais un peu de matériel très fragmenté, concassé et érodé qui complète la fourchette chronologique : quelques tessons datés du Haut‑Empire (amphore AE 4, rhodienne) au début de la période islamique (amphores LRA 1, sigillées LRD).

96D’une manière générale, le matériel ceramique retrouvé en surface de Tell Fergani est à la fois très abondant et relativement homogène d’un point de vue chronologique. En effet, à l’exception de quelques fragments attribuables à l’époque ptolémaïque (amphore AE 2, amphore de Cos), romaine et romaine tardive (amphores AE 3, AE 4, AE 3T, jattes, marmites et sigillées ESA et ESB), attestés ponctuellement en bas de pente, le matériel est principalement daté du début de la période islamique. On note aussi la présence sur le site de monnaies tardives (secteurs 4, 15, 16, 17, 19, 20, 21), de quelques fragments de vaisselle en pierre (secteur 9), de fragments de verre sur de nombreux secteurs (secteurs 2, 3, 4, 5, 6, 9, 15, 16, 17), d’un chapiteau en calcaire local réemployé dans une tombe (secteur 9), de fragments de meules à grains en basalte dans différents secteurs (secteurs 1, 2, 3, 6, 12) et d’une scorie de forge (secteur 14). Enfin, un fragment de col d’amphore importée (provenance non identifiée) et timbré, provenant du secteur 12, a également été recueilli en surface.

2.1.6. GMR0214 – KR0677 (région de Bahig)

98Le matériel est peu abondant, mais peu fragmenté. Il est daté de l’époque ptolémaïque (amphores AE 1, AE 2, anse timbrée d’amphore rhodienne portant l’éponyme Xenophantos II datée de c. 151 av. J.‑C.), du Haut‑Empire (ESA, amphores AE 4 et amphore crétoise) à l’époque romaine tardive voire au début de l’époque islamique (amphores LRA 4, LRA 1).

2.2. Présentation des sites prospectés le long de la route Amreya – Borg el‑Arab entre Huwareya et Bahig

2.2.1. GMR0217 (région d’Huwareya)

99Le site, situé le long de la route Amreya – Borg el‑Arab à 1,3 km au sud‑ouest du rond‑point d’Huwareya, avait été sélectionné d’après les images satellites Google Earth avec deux autres terrains adjacents comme pouvant révéler des vestiges archéologiques. Il se compose aujourd’hui de huit parcelles labourées (fig. 63) dont les quatre les plus au sud livrent quelques tessons très fragmentés, érodés et difficilement identifiables (peut‑être quelques fragments d’amphores AE 4 et LRA 1). Les deux autres terrains, de chaque côté du site, sont des propriétés privées closes qui ne sont pas accessibles. D’après les images satellites Corona 1965, le site se trouve à proximité de l’angle nord‑ouest d’un karm (KR0686) aujourd’hui disparu, dont le talus oriental est topographié en partie sur les cartes du Survey of Egypt de 1914 et de 1920‑1930.

2.2.2. GMR0216 – KR0663 (région d’Huwareya)

100À 146 m au sud‑ouest de GMR0217, le site se compose de plusieurs parcelles qui livrent les vestiges d’un karm (KR0663) non topographié. Aujourd’hui totalement détruit, il est décelable par la présence dans certains secteurs des restes de talus aplanis, décaissés (fig. 64), et donc difficilement restituables sans l’aide des images satellites Corona 1965 sur lesquelles on distingue nettement ce karm complexe qui associe deux karms, KR0663‑1 au nord et KR0663‑2 au sud (dont l’angle nord‑ouest et une petite partie du talus ouest correspondent au site GMR0136 prospecté en 2017). Un secteur au centre du site GMR0216, qui correspond à l’angle nord‑est du karm KR0663‑1, livre du matériel peu abondant, dont les éléments identifiables datent du Haut‑Empire (amphores AE 4) au début de la période islamique (amphores LRA 1, LRA 5/6, sigillées LRD).

2.2.3. GMR0215 – KR0687 (région de Qasimiya)

101Le site, situé le long de la route Amreya – Borg el‑Arab à environ 2,5 km au sud‑ouest du rond‑point d’Huwareya, a été fortement décaissé et remanié. Il ne reste qu’un petit monticule (entre 3 et 4 m de circonférence) occupé par deux anciennes tombes et autour duquel on trouve un peu de céramiques en surface. Ce monticule est formé d’un sédiment pulvérulent typique des karms (fig. 65) et appartient à l’angle sud‑est d’un karm (KR0687) non topographié, qui est encore nettement identifiable sur les images satellites de 1965.

102Le matériel sur le site est peu abondant, très fragmenté et principalement composé de fragments de panse. Il est daté de la période ptolémaïque (amphore AE 2) et de la période romaine tardive ou du début de l’époque islamique (amphore LRA 1) pour les fragments identifiables.

2.2.4. GMR0226 – KR0684 (est) (région de Qasimiya)

103À environ 600 m au sud‑ouest de GMR0215, ce site est le vestige du talus oriental d’un karm (KR0684) topographié sur la carte du Survey of Egypt de 1940 et clairement identifiable sur les images satellites Corona 1965. L’ensemble recouvert par un sédiment pulvérulent jaune‑orangé, typique des karms de la région, a été totalement remanié lors de la création de parcelles au début des années 2000 (fig. 66). Au nord, une zone aplanie est occupée par des bâtiments modernes. La partie centrale a été largement décaissée au nord‑ouest et présente sur le reste de sa surface des petites buttes longilignes composées de sédiment pulvérulent typique des karms. Les vestiges d’une canalisation (fig. 67) ainsi que d’un mur (alignement de blocs) plus au sud sont visibles en surface. Dans la partie sud du site, on note la présence de quelques blocs épars et d’un fragment de rocher arraché portant une empreinte de blocs et des traces de mortier gris. Plus au sud, un champ labouré livre dans sa partie nord‑ouest les vestiges du karm sous la forme de zones composées de sédiment pulvérulent.

104L’ensemble du site offre un matériel peu abondant, très fragmenté et érodé. Un fragment d’amphore AE 4 (Haut‑Empire) et un autre d’amphore LRA 1 (époque romaine tardive/début de la période islamique) ont néanmoins pu être identifiés.

2.2.5. GMR0225 –  KR0684 (sud et ouest) (région de Qasimiya)

105À proximité ouest de GMR0226, le site, presque totalement décaissé, se développe sur deux ensembles de parcelles séparés par un chemin et appartient aussi au karm KR0684 (cf. GMR0226 pour le talus oriental) topographié en partie sur la carte du Survey de 1940.

106La partie sud du site, vestige d’une partie du talus sud du karm, livre les restes d’un promontoire rocheux qui occupait une grande partie de la parcelle. Largement détruit, il est identifiable grâce à la préservation de deux grandes buttes qui marquent le paysage (fig. 68). Deux pylônes électriques ont été installés à proximité nord‑est de la butte nord séparée de la butte sud par un décaissement d’environ 8 m de largeur.

107La butte sud, la plus grande (40 m nord‑sud sur 30 m est‑ouest) présente en stratigraphie quelques niveaux d’occupation et quelques vestiges de murs sur sa partie supérieure. En surface, de nombreux blocs épars et des amas de blocs recouvrent un ancien cimetière indiqué sur la carte du Survey of Egypt de 1940. Dans la partie ouest de la parcelle et dans la partie nord de la parcelle à l’est du site, on distingue les vestiges du talus du karm aplani sous la forme d’un sédiment pulvérulent jaune‑orangé typique des karms de la région.

108La butte nord (15 m nord‑sud sur 27 m est‑ouest) offre des stratigraphies peu lisibles, mais dans lesquelles on distingue, là aussi, des niveaux d’occupation dans la partie supérieure. Au nord‑ouest, la stratigraphie offre les vestiges orientés nord‑est – sud‑ouest d’une citerne coupée lors du décaissement du secteur (fig. 69). La partie basse de la paroi sud est conservée dans sa largeur (plus de 5 m entre les deux angles). Le mortier hydraulique de la paroi est directement appliqué sur le rocher. On note la présence de briques cuites mêlées à du mortier hydraulique dans l’effondrement à l’ouest des vestiges de la citerne ainsi que de nombreux fragments de mortier hydraulique au sommet de la butte en bordure de la stratigraphie, provenant de la destruction de la partie supérieure de la citerne. Le sommet de la butte est couvert d’une végétation dense qui empêche de lire la surface.

109La limite sud de la parcelle est occupée par un bourrelet composé de déblais provenant du décaissement de la parcelle par des pelleteuses et à proximité duquel un fragment de colonne en calcaire a été découvert.

110Le matériel céramique trouvé en surface de la parcelle est peu abondant, mais sous forme de gros fragments. Il est daté de la période ptolémaïque (amphores rhodiennes) et du début de la période islamique (amphores LRA 1, LRA 4, sigillées LRD, jattes rubanées). On note la présence d’un fragment d’amphore AE 3 (Haut‑Empire) englobé dans de la brique crue.

111La parcelle nord, qui comprend une partie de l’intérieur du karm, son angle nord‑ouest et une partie de ses talus ouest et nord, a été aussi fortement décaissée et aplanie. Elle est limitée à l’est et au sud par deux canalisations modernes abandonnées, très surélevées (environ 1,75 m par rapport au niveau de la parcelle) et construites sur d’étroites bandes de terrain non décaissées (fig. 70). Dans la partie centrale de la parcelle, une autre canalisation légèrement surélevée, elle aussi abandonnée, la traverse suivant une orientation nord‑est – sud‑ouest. Une végétation basse et dense couvre une grande partie de la surface de cette parcelle. Aucune structure n’a été repérée en surface.

112Le matériel céramique est peu abondant et très fragmenté. La grande majorité de la parcelle offre un mobilier daté de la période ptolémaïque (amphore AE 2), du Haut‑Empire (amphore AE 4) et de la période romaine tardive voire du début de la période islamique (amphore LRA 1). On note aussi la présence d’une monnaie probablement hellénistique (?). Une bande de 50 m de large, le long de la route asphaltée au nord de la parcelle, livre en abondance des fragments de céramiques datés de l’Ancien Empire, plus particulièrement de la VI^e dynastie (Maidum bowls, jattes, bassins) (fig. 71), faciès qui a aussi été mis en évidence sur le site GMR0223 à environ 250 m au sud‑ouest.

2.2.6. GMR0224 – Qasimiya « H »18 (région de Qasimiya)

114La partie nord du promontoire semble avoir été en partie arasée : le rocher apparaît en surface à de nombreux endroits, des bourrelets provoqués par le passage de pelleteuse sont visibles à différents points du secteur et le mobilier est moins présent que dans la partie sud. Cependant les vestiges de deux structures hydrauliques sondées lors de l’intervention du MoTA sont encore visibles. Orientées est‑ouest, elles suivent la pente du promontoire et sont séparées de 25 m l’une de l’autre. La structure hydraulique sud (fig. 72) s’étend sur plus de 12 m de long. Elle est composée d’une canalisation qui débouche, à l’est, sur une structure quadrangulaire qui pourrait être un petit bassin de distribution, et d’une seconde canalisation qui part de ce bassin et se dirige vers une zone très végétalisée à l’est. La structure hydraulique nord, que l’on distingue sur plus de 25 m de long, se compose d’une canalisation qui aboutit à une structure semi‑circulaire en gros blocs de calcaire local (fig. 73) et en partie cachée par la végétation. Entre ces deux structures hydrauliques, les vestiges d’un ou de deux sols en dalles calcaires ont été repérés : la portion de sol au sud se situe à 6 m au nord de la partie occidentale de la structure hydraulique sud, tandis que la portion de sol au nord (fig. 74) se situe à 10 m au nord du petit bassin de distribution de la même structure hydraulique.

115La partie centrale du promontoire livre peu d’informations : la surface couverte d’un sédiment pulvérulent empêche la lecture du site. On note seulement la présence d’un alignement de blocs (mur) qui apparaît dans la partie ouest.

116La partie sud du promontoire est couverte en partie par la végétation et peu lisible, mais tout indique que de nombreux bâtiments sont enfouis dans le sédiment pulvérulent qui résulte de l’effondrement de murs en briques crues. De nombreux blocs épars associés à de nombreux fragments d’enduit parsèment la surface de ce secteur. Trois zones offrent en surface quelques vestiges de structures antiques.

117– La zone orientale est en partie occupée par un ancien cimetière à proximité duquel une grande meule à grains ou à huile (?) en granit (fig. 75) a été découverte (dans l’effondrement d’un sondage). De nombreux blocs épars couvrent ce secteur. À 13 m au sud‑ouest, les vestiges d’un bâtiment (blocs en place) peu lisibles apparaissent au milieu de nombreux blocs épars. À proximité, un fragment de colonne en calcaire coquillé a été découvert. Dans le même secteur, deux petites proéminences formées par l’effondrement de murs en briques crues et une troisième recouverte par un amas de blocs indiquent la présence de bâtiments enfouis.

118– La zone occidentale, quant à elle, est celle qui livre le plus de vestiges de bâtiments enfouis : nombreux murs en blocs calcaires et alignements de mortier visibles à la surface (fig. 76). On note la découverte, dans ce secteur, d’un fragment de meule va‑et‑vient (à grains) en basalte (fig. 77), d’un grand peson en pierre et d’un élément de fusaïole (?).

119– La zone sud livre deux puits. Le premier, situé à la limite sud‑ouest du site, est un ancien puits dont la maçonnerie a été reprise plus récemment. Il s’agit probablement du puits qui est indiqué sur les cartes Survey of Egypt de 1914, 1920‑1930 et 1940. Il est positionné à proximité d’un bâtiment attesté par un mur en gros blocs calcaires. Le second puits, caché par la végétation, est situé à 50 m à l’est du précédent. L’extrémité sud‑est du site a été largement remaniée et en partie décaissée. Un fragment de vaisselle en pierre (mortier), portant quelques traces de pigments rouges, a été découvert à proximité de ce secteur.

120Sur l’ensemble du site, le matériel est très abondant et consiste en gros fragments principalement datés du début de l’époque islamique (amphores LRA 1, LRA 5/6, sigillées LRD et ARSW, jattes à marli décoré). Quelques rares fragments sont datés de l’époque ptolémaïque (bol convexe), du Haut‑Empire (amphores AE 4, AE 3T) et de la période islamique (céramique glaçurée et marmites) (fig. 78). On note la découverte de deux monnaies et de quelques fragments de marbre.

2.2.7. GMR0223 (région de Qasimiya)

121À 250 m au sud‑ouest de GMR0225 et à proximité nord‑ouest de GMR0224, le site se développe sur quatre parcelles décaissées et aplanies dont les deux situées au nord longent la route Amreya – Borg el‑Arab. La partie nord‑ouest du site correspond à l’angle sud‑est du karm KR0680 auquel appartient le site GMR0064 (cf. site suivant), tandis que la partie sud‑ouest correspond aux vestiges du karm complexe KR0662 (cf. GMR0224) et plus précisément à l’angle nord‑ouest de KR0662‑2. Quant à la partie orientale du site, elle couvre d’une part une partie du talus nord de KR0662‑2 et d’autre part, la partie ouest (talus ouest et angle nord‑ouest) de KR0662‑1. L’ensemble du site présente à sa surface un sédiment pulvérulent jaune‑orangé typique des karms de la région.

122La parcelle nord‑ouest, anciennement labourée, livre, dans sa partie sud‑est, quelques blocs épars et quelques tessons fragmentaires. Dans la parcelle sud‑ouest, elle aussi labourée, un alignement de blocs calcaires apparaît dans la partie centrale. Peu de céramiques sont identifiables sur ce secteur. La parcelle nord‑est est moins décaissée, mais a été largement arasée (fig. 79). Un bourrelet central orienté nord‑sud, reste de l’arasement du secteur, coupe la parcelle en deux parties. Au nord‑est de la parcelle, une zone d’environ 50 m de diamètre a été préservée grâce à la présence d’un cimetière et est légèrement surélevée par rapport au terrain environnant (fig. 80). De nombreux blocs épars, fragments d’enduits rouges et blancs au milieu des tombes et à proximité indiquent clairement la présence de vestiges de bâtiments préservés sous le cimetière. Ici, le matériel céramique est assez abondant. À environ 20 m au sud‑est du cimetière, on note la présence de quelques blocs en calcaire pris dans le sédiment et une zone de céramiques avec des blocs épars. À l’ouest du bourrelet médian aplani, aucune structure visible n’a été repérée mais des tessons ont été trouvés en surface jusqu’à 90 m au sud du cimetière.

123Le mobilier céramique sur le site est assez abondant, mais très fragmenté. Sur la zone du cimetière, le matériel est daté du début de la période islamique (amphores LRA 1, amphore LRA 5/6, jattes rubanées). La parcelle sud‑ouest offre peu de céramiques identifiables. On note cependant la présence d’un fragment de cratère égyptien imitant la forme Papho 40 et daté du Haut‑Empire romain. Le reste du site, c’est‑à‑dire la partie sud‑est de la parcelle nord‑ouest et la parcelle nord‑est excepté la zone du cimetière, livre un matériel assez abondant mais très fragmenté, daté de l’Ancien Empire, plus particulièrement de la VI^e dynastie (Maidum bowls, jattes, bassins) (fig. 81), de l’époque romaine (amphore crétoise) et de l’époque romaine tardive au début de la période islamique (amphores LRA 1, sigillées LRD, Groupe K, jattes rubanées).

2.2.8. GMR0064 – Qasimiya église (région de Qasimiya)

124À 118 m à l’ouest de GMR0223, ce site est traversé par la route Amreya – Borg el‑Arab et se compose de deux secteurs.

126Le secteur sud est situé à environ 70 m au sud‑est de l’autre côté de la route. Il livre les vestiges d’une partie du talus sud du karm à proximité de l’angle sud‑ouest. Totalement arasé, il est couvert d’un sédiment jaune‑orangé typique des karms (fig. 83). Aucune structure n’est visible en surface. Quelques petites proéminences, issues du remaniement de la zone, sont présentes dans la partie nord. Ce secteur livre un matériel céramique peu abondant, très fragmenté et très érodé, daté du début de l’époque islamique (sigillée ARSW, amphore LRA 1).

2.2.9. GMR0221 – KR0147 (nord) (région d’Al‑Mithaq)

128Le site livre un matériel céramique très abondant dans un sédiment pulvérulent orangé, vestige du karm qui a été arasé (fig. 84). Quelques blocs épars sont visibles, mais aucune structure n’a été identifiée en surface. Le mobilier est daté de la période ptolémaïque (amphores de Cos, de Cnide, sigillée ESA), des époques romaine et romaine tardive (amphore crétoise, amphore Kapitän II, amphores AE 4) et du début de la période islamique (amphore LRA 1, jattes rubanées).

2.2.10. GMR0222 – KR0147 (ouest) (région d’Al‑Mithaq)

129À proximité sud‑ouest de GMR0221, ce site occupe une grande parcelle agricole décaissée et aplanie (fig. 85). Il correspond au talus ouest et à l’angle sud‑ouest du karm (KR0147) précédemment cité (voir GMR0221) et livre, dans un sédiment pulvérulent orangé, quelques blocs épars en surface. Le mobilier céramique est peu abondant et couvre la période ptolémaïque (amphore AE 2, anse cnidienne timbrée portant l’éponyme Lachartos (?) datée du ii^e siècle av. J.‑C.) et le début de l’époque islamique (amphore LRA 1, amphore LRA 5/6).

2.2.11. GMR0220 – KR0329 (nord) (région d’Al‑Mithaq)

130À environ 100 m à l’ouest de GMR0222, le site est localisé entre le versant sud de la crête IV et un karm (KR0329) clairement visible sur les images satellites Corona 1965 et en partie topographié sur la carte du Survey of Egypt de 1940. Il est en relation avec le site GMR0176, situé à 160 m au sud et prospecté en 2019, qui correspond à l’angle sud‑est du karm.

131La partie sud‑ouest du site GMR0220 correspond à une partie du talus nord du karm complètement décaissé, arasé et coupé longitudinalement par l’implantation d’un canal. On repère les vestiges de ce talus dans la stratigraphie du canal (fig. 86) sur plus de 530 m de long. Aucune structure autre que cette maigre trace du karm n’a été repérée. Le site livre peu de matériel : quelques tessons contemporains mêlés à des fragments probablement plus anciens, mais très érodés et non identifiables. Une anse d’amphore LRA 1 (fin de la période romaine tardive, début de l’époque islamique) a toutefois été repérée en surface.

2.2.12. GMR0219 – KR0530 (ouest et nord) (région de Bahig)

132À 2,1 km au nord‑est de Kôm Bahig, ce site se développe sur un ensemble de parcelles en bordure sud de la route Amreya – Borg el‑Arab. Il correspond aux vestiges des talus ouest et nord d’un karm (KR0530) visible sur les cartes satellites Corona 1965 et topographié partiellement sur la carte du Survey of Egypt de 1940. Il est donc en relation avec le site GMR0134, prospecté en 2017, qui correspond à une partie du talus sud du karm à proximité de l’angle sud‑est.

133Les deux parcelles situées au nord‑est correspondent, pour leur partie nord, au talus nord du karm KR0530. La parcelle la plus à l’est a été largement décaissée pour mise en culture et est couverte d’une importante végétation. La parcelle ouest présente dans sa partie nord un sédiment pulvérulent jaune‑orangé, vestige du talus du karm qui a été détruit et aplani. Quelques blocs épars parsèment la surface de ce secteur, mais aucune structure autre que les vestiges du karm n’a été détectée. Le matériel sur ces deux parcelles est peu abondant, très fragmenté et très érodé. Il est daté de l’époque ptolémaïque (amphore AE 2), du Haut‑Empire (amphore AE 4) au début de la période islamique (amphores LRA 1 et LRA 5/6).

134La partie occidentale du site correspond à l’ensemble du talus occidental et aux angles nord‑ouest et sud‑ouest du karm, qui ont été arasés et aplanis. Elle présente un net faciès de karm avec un sédiment pulvérulent jaune‑orangé qui recouvre la totalité de sa surface et qui, avec la végétation relativement importante, ne permet pas une lecture facile du site. Au nord, on trouve de nombreux blocs épars en surface et le site est parsemé par de nombreux affaissements de terrain qui offrent parfois en stratigraphie les vestiges de murs (fig. 87). Dans la partie centrale, un replat un peu surélevé par rapport à la partie nord livre les vestiges de nombreux bâtiments difficilement identifiables. Ils apparaissent en surface sous la forme d’alignement de blocs ou de bandes de sédiment plus pâles formées par les restes de briques crues encore en place sur des fondations de murs (fig. 88). À une trentaine de mètres plus au sud, de l’autre côté d’un ancien petit canal, le terrain est légèrement surélevé et présente les traces de décapage à la pelleteuse. Quelques blocs épars sont visibles et deux alignements de blocs en place apparaissent en surface. L’ensemble de la frange orientale de la partie occidentale a été détruit par l’aménagement de la petite route asphaltée qui longe la parcelle et la sépare des parcelles nord‑est. En surface de la partie occidentale du site, le matériel est très abondant, surtout au nord‑ouest. Le matériel céramique couvre une fourchette chronologique comprise entre l’époque ptolémaïque (céramique « fine noire », amphore rhodienne, cratère), l’époque romaine (amphores AE 4) et le début de l’époque islamique (amphore LRA 1, sigillée LRD).

2.2.13. GMR0218 – KR0523 (nord) (région de Bahig)

135À 1,8 km au nord‑est de Kôm Bahig et à 140 m à l’ouest de GMR0219, le site se développe dans une parcelle labourée dans un secteur où les terrains ont été décaissés pour la mise en culture (fig. 89). Son emplacement correspond à une portion du talus nord d’une karm (KR0523) visible sur les images satellites Corona 1965 et topographié partiellement sur la carte du Survey of Egypt de 1940. La moitié sud de la parcelle, décaissée sur 0,50 m de profondeur et aplanie, se distingue par la présence d’un sédiment pulvérulent jaune‑orangé, vestige de ce talus aujourd’hui disparu. La partie nord de la parcelle, arasée, livre en surface quelques fragments de céramiques. Dans l’ensemble, peu de matériel est présent en surface. Très fragmenté et érodé, il est surtout identifiable dans la partie nord‑ouest du site, et est daté de la période romaine tardive et du début de l’époque islamique (amphore LRA 1).

2.3. Sites à proximité de Bahig

2.3.1. GMR0208 – KR0523 (sud) (région de Bahig)

136À environ 1,6 km au nord‑est de Kôm Bahig, le site se compose de deux parcelles décaissées et séparées l’une de l’autre par une route asphaltée. Le nord‑est de la parcelle orientale correspond à une partie du talus sud du karm KR0523 (cf. GMR0218). Aucune structure n’y est visible. La surface des parcelles est couverte par un sédiment pulvérulent typique des karms de la région, qui semble être le résultat de la destruction et de l’étalement du talus du karm. On note la présence de deux monticules allongés qui pourraient résulter du passage de pelleteuses dans la zone : le premier, dans la parcelle occidentale, est orienté nord‑est – sud‑ouest sur un peu moins de 50 m (fig. 90) ; le second, sur lequel a été installée la limite orientale de la parcelle, est orienté nord‑ouest – sud‑est et se développe sur un peu moins de 300 m (fig. 91). Le mobilier trouvé en surface se résume à deux fragments d’amphores LRA 1 et un fragment de sigillée LRD (début de la période islamique) trouvés dans la partie nord‑est de la parcelle orientale.

2.3.2. GMR0169 – KR0326 (ouest) (région de Bahig)

137Situé à un peu plus de 430 m à l’est du kôm oriental de Kôm Bahig, le secteur livre les vestiges d’une petite portion du talus occidental d’un karm (KR0326) topographié partiellement en 1940 et dont la partie orientale avait été prospectée en 2019. Les vestiges de ce karm sont très détériorés, l’ensemble de la zone ayant été décaissé et aplani pour la mise en culture. Ce secteur du site livre un petit monticule en sédiment pulvérulent (fig. 92), reste du talus occidental du karm. Un puits moderne abandonné est installé à l’extrémité sud du monticule et quelques petites zones couvertes de sédiment typique des karms du secteur apparaissent encore dans ce secteur. Aucun mobilier et aucune structure autre que les talus des karms n’ont été repérés en surface.

2.3.3. GMR0207 – KR0688 (région de Bahig)

138Situé à environ 340 m au sud‑est du kôm oriental du site de Kôm Bahig, le site se compose des vestiges d’une partie du talus oriental d’un karm (KR0688) non topographié (fig. 93) et partiellement identifiable sur les images satellites Corona 1965. Une partie du talus occidental de ce karm est peut‑être encore identifiable dans une parcelle privée située à environ 400 m au sud‑ouest et sera vérifiée au cours de la mission 2022, si l’accès au terrain est possible.

139Le site livre en surface un sédiment caractéristique des karms de la région. Le secteur a été décaissé pour la mise en culture : une zone marécageuse une partie de l’année s’est formée au nord et à l’ouest, tandis qu’au sud et à l’est la zone est occupée par des champs d’olivier au sud et labourés à l’est. Ne reste du karm qu’une proéminence composée de sédiment pulvérulent orangé, d’une soixantaine de mètres nord‑sud et d’une vingtaine de mètres est‑ouest. Aucune structure autre que les vestiges du talus du karm n’a été repérée en surface.

140Le matériel est peu abondant et peu identifiable. On note néanmoins que la fourchette chronologique s’étend plutôt du Haut‑Empire (AE) à l’époque romaine tardive/début de la période islamique (sigillées LRD et amphores LRA 1).

2.4. Conclusion

141Nos recherches menées dans la région de la Maréotide montrent bien toute la richesse archéologique de cette partie du territoire alexandrin et l’importance que revêt l’étude de terrain couplée à l’étude des cartes anciennes et des images satellitaires. Nous soulignons ici toute la difficulté d’étudier et d’identifier les vestiges archéologiques dans cette vaste région en cours de destruction par l’urbanisation et la mise en culture des terres, et qui explique pourquoi le numéro GMR attribué correspond dans la plupart des cas à un site, mais peut parfois être attribué à une entité archéologique qui doit être groupée avec d’autres pour définir un site d’occupation (fig. 94).

143Enfin, cette mission a offert une belle surprise avec la découverte sur deux sites (GMR0223 et GMR0225) de la première attestation de l’Ancien Empire en Maréotide des puits. Ce secteur en bordure de la route Amreya – Borg el‑Arab, axe des pistes antiques devenu pérenne, pourrait correspondre aux vestiges d’un lieu de halte le long des pistes empruntées dès l’Ancien Empire et qui n’a pas laissé d’empreinte pérenne dans le paysage.

2.5. Formation aux méthodes et aux outils de prospections archéologiques et initiation à la topographie

Ismaël Awad et Cécile Shaalan

144Dans le cadre de la prospection dans la région de la Maréotide, une formation intitulée « Formation aux méthodes et aux outils de prospections archéologiques et initiation à la topographie » / « Training in archaeological survey methods and tools, and introduction to topography » a été réalisée du 11 au 13 octobre 2021, à la demande du Département des antiquités sous‑marines d’Alexandrie, par Ismaël Awad et Cécile Shaalan (ingénieurs géomètres‑topographes). Cinq inspecteurs du MoTA y ont participé : quatre inspecteurs du Département des antiquités sous‑marines d’Alexandrie (Iman Yousry Saad Mohamed, Mohamed Hassan Abdelshafy Abdelghany, Mohamed Mahmoud Aly, Suzan Mohamed Hamdy Ibrahim) et une inspectrice du Service des antiquités d’Alexandrie (Iman Ibrahim Ahmed Saleh). La formation s’est déroulée les 11 et 13 octobre dans les locaux du CEAlex, et le 12 octobre sur le site archéologique du « pressoir Georges Nessim » (GMR0065).

145Le 11 octobre, diverses présentations ont eu lieu :
– Présentation des activités topographiques et cartographiques au sein du CEAlex ;
– Présentation des activités topographiques et cartographiques dans le cadre de la prospection dans la région de la Maréotide (cartographie, SIG, outils de prospection) ;
– Présentation des outils utilisés lors de prospections archéologiques : fiche de terrain ; tablette nomade et logiciel EasyTrails GPS pour la prise de waypoints et de tracks ; logiciel Google Earth pour la création de points et de limites, l’imagerie historique, l’enregistrement d’images et de fichiers kmz.

146La journée du 12 octobre a été consacrée à la manipulation des outils sur le terrain (fig. 95‑96) autour des thèmes suivants :
– Comment accéder à un site à partir d’un repérage sur image satellite ? ;
– L’utilisation de la fiche de renseignements et de croquis ;
– La prise de waypoints, avec association de photos, et de tracks avec le logiciel EasyTrails GPS installé sur des tablettes mobiles (Androïd ou Ipad) équipées d’une carte de données internet (deux tablettes du CEAlex et la tablette personnelle d’une inspectrice) : levés du périmètre du mur d’enclos et du périmètre des vestiges du karm, limite du pressoir à vin, des bâtiments et du cimetière moderne ;
– Le levé de détail d’une structure (pressoir à vin) par triangulation.

147Enfin, le 13 octobre a été dédié au traitement des données de terrain (fig. 97‑98) selon les étapes suivantes :

1. Télécharger les données prises avec les tablettes mobiles et le logiciel EasyTrails GPS sur un PC
2. Les importer dans Google Earth et redessiner les structures ;
3. Les comparer avec les images historiques de Google Earth ;
4. Organiser les données dans Google Earth ;
5. Exporter des extraits pour rapport ou des fichiers kmz ;
6. Dessiner la levé de détail d’une partie du pressoir à vin en utilisant le logiciel Autocad (initiation aux rudiments du logiciel, dessin des structures).

3. Fouilles sous-marines sur le site du Phare

Mohamed Elsayed, Étienne Forestier et Isabelle Hairy

Responsable scientifique du site du Phare et responsable d’opération : Isabelle Hairy

Chef d’opération hyperbare : Mohamed Elsayed

Participants : Mohamed Elsayed (photographe pour la photogrammétrie sous‑marine) ; Étienne Forestier (traitement photogrammétrique) ; Sherine El Sayed Ismail El Sayed et Aly Sayed Aly Mohamed Ahmed El Dabaa (responsables techniques) ; Ashraf Hussein Gomaa Aly Salam, Tamer Mohamed Abdel Salam Bassiouny, Wael Mostafa Mohamed, Hassan Yasser Galal Abdel Rehim Aly (plongeurs du CEAlex) ; Mahmoud Metwali Khalil (compresseur et chef des ouvriers journaliers) et entre sept et huit ouvriers journaliers (équipe terrestre).

Autorité nationale représentée : Le ministère du Tourisme et des Antiquités (MoTA) était représenté par Atef Ibrahim Aly et Ramadan Mohamed Rezq Saadalla (Département central d’archéologie sous‑marine).

148La campagne sous‑marine s’est déroulée entre le 21 novembre et le 31 décembre 2021. Le programme prévoyait à l’origine de compléter le modèle numérique de surface (MNS) du site réalisé par photogrammétrie en achevant une zone de sable comprise entre la zone 1 (ouest) et la zone 2 (est), et de progresser dans les copies numériques des pièces d’architecture et de statuaire. Étant donné l’arrivée tardive des autorisations et la très mauvaise visibilité générée par les travaux dans le port ouest et par la mise en place de la nouvelle digue à l’ouest du site (fig. 99), les activités de la mission ont dû être limitées à la photographie de blocs pour leur modélisation 3D, et à la mise en place de piquets‑repères pour la photogrammétrie de surface. Les photos de la zone repérée n’ont pas pu être prises, car la légère amélioration de la visibilité en fin de mission n’a malheureusement pas été suffisante.

3.1. Visibilité et envasement du site

149Les travaux de construction de la grande digue, qui a pour objectif la protection du fort Qaitbay, ont généré le dépôt d’une vase jaunâtre sur les fonds de l’ensemble du site et sur les blocs en cours d’étude (fig. 100‑101). L’épaisseur est telle qu’avec la houle, la vase reste en suspension sur toute la hauteur de la colonne d’eau au‑dessus du site (fig. 102). En revanche, cette grande digue construite à l’ouest et au nord du site apporte une excellente protection contre les vents dominants du nord‑ouest et du nord. Il faudra attendre l’achèvement des travaux et l’enlèvement de la partie temporaire de la digue, qui bouche l’espace libre sous le pont installé au début de la digue, pour que la circulation des courants se remette en place et nettoie le site de cette vase (fig. 103‑104).

3.2. La numérisation du site subaquatique

151La météo défavorable et la mauvaise visibilité n’ont permis ni le levé de leurs coordonnées par tachéomètre, ni la photographie de la zone. Ce travail a été reporté à la prochaine mission ; il permettra de présenter une image complète de la zone principale du site archéologique qui est déjà couvert sur une surface de ca 11 181 m², soit environ 70 % du site archéologique réévalué en 2019 à 1,6 hectares.

152L’orthophotoplan produit par parties depuis 2014 permet de revisiter intégralement l’ancienne carte topographique réalisée à partir de méthodes conventionnelles de levé et des levés à l’aide de l’Aquamètre D100 entre 1994 et 2014. Les orthophotos traitées par mission sont intégrées dans le système d’information géographique (SIG) depuis 2019 ; c’est à partir de ces documents que la numérisation des principales composantes du site (fragments de pièces d’architecture et de statuaire, contour du substratum et blocs de rocher naturel, blocs de béton immergés) est effectuée. En 2021, ce travail a été poursuivi ; le site passe d’un nombre de 3 505 blocs cartographiés au 31 janvier 2021 à un compte de 4 017 blocs au 31 janvier 2022 (voir fig. 105).

3.3. Photogrammétrie de pièces ou fragments d’architecture et de statuaire

153Malgré la très mauvaise visibilité, 13 pièces entières ou fragmentaires d’architecture ont été repérées (fig. 106), nettoyées (fig. 107) et photographiées lors de cette mission afin d’en créer des copies numériques.

154L’acquisition est complète pour huit d’entre eux ; pour le reste, elle est incomplète en raison soit du poids du bloc et de la faible profondeur du site qui empêchent l’utilisation de ballons pour le déplacement et le retournement de ces pièces, soit de l’encombrement à proximité du bloc qui rend les travaux longs et pénibles. Nous présenterons ici un rapide descriptif des blocs.

155– CEAlex 2010 (fig. 108)

Copie partielle (profondeur 73,5 cm × largeur 120 cm × hauteur 538,5 cm) ; bloc entier.

Piédroit en granite rose de porte monumentale. Le piédroit a été taillé dans un bloc qui portait un décor dont il reste quelques traces visibles à la surface. Sur la face interne du piédroit est taillée une cavité qui s’apparente à celle d’un verrou. La 3D étant incomplète, il n’est pas possible d’aller plus loin dans son analyse.

156– CEAlex 2013 (fig. 109)

Copie partielle (longueur 53,2 cm × largeur 52 cm × hauteur 89 cm) ; bloc entier.

Piédestal en granite rose. Le piédestal est composé d’un dé élancé, d’une plinthe et d’une corniche en plate‑bande.

157– CEAlex 2090 (fig. 110‑111)

Copie quasi complète (longueur 75 cm cons. × largeur 62 cm cons. × hauteur 141,5 cm) ; bloc entier.

158– CEAlex 2711

Copie très partielle (longueur 100 cm cons. × largeur 88 cm cons. × hauteur 46,5 cm cons.) ; bloc entier très érodé.

Base de colonne ionique‑attique en granite rose. Elle est formée d’une plinthe carrée et de deux tores superposés. Le bloc n’a pas été déplacé car il est entouré par d’autres blocs assez lourds qu’il faudrait retirer pour espérer l’atteindre.

159– CEAlex 2739 (fig. 112‑113)

Copie complète (longueur 181 cm cons. × largeur 94 cm cons. × hauteur 86, 5 cm) ; bloc fragmentaire.

Bloc formant la base d’un monument. Une plinthe en plate-bande entoure la pièce sur trois côtés. Le quatrième côté, comme la face supérieure, résulte d’une découpe faite à l’aide de coins d’équarrissage : les emboîtures sont visibles sur l’arrête supérieure du long côté, comme sur les arêtes hautes et de côté de la quatrième face. Les deux arêtes montantes conservées du bloc portaient un décor d’angle, peut‑être un tore.

160– CEAlex 2792 (fig. 114)

Copie complète (longueur 138 cm × largeur 64 cm cons. × hauteur 72 cm cons.) ; bloc fragmentaire.

Bloc formant la base d’un monument semblable à CEAlex 2739. Le bloc est doté d’une plinthe en plate‑bande sur trois côtés ; la plinthe a été arasée sur le côté long conservé. Le quatrième côté, comme la face supérieure, résulte de leur découpe par la technique des coins forcés : les emboîtures sont visibles sur l’arête supérieure du long côté, et sur l’arête basse de la quatrième face. Les deux arêtes montantes conservées du bloc portaient un décor d’angle, de type tore. Sur la face longue conservée, on a gravé l’emprise des emboîtures qui devaient servir à découper la partie supérieure de la pièce, mais le travail a sans doute été effectué par l’autre côté et les emboîtures de ce côté sont restées à l’état d’ébauche.

161– CEAlex 3003 (fig. 115‑117)

Copie partielle (longueur 178 cm × largeur 132 cm × hauteur 52,5 cm) ; bloc entier.

162– CEAlex 3173 (fig. 118‑119)

Copie partielle (profondeur 82 cm cons. × largeur 107 cm cons. × hauteur 150,7 cm) ; bloc fragmentaire.

Fragment d’un bloc portant un décor monumental très érodé.

163– CEAlex 2004 (fig. 120‑122)

Copie complète (diamètre inférieur 75 cm × côté supérieur 115 cm cons. × hauteur 86,8 cm) ; bloc entier et très érodé. Datation : iii^e s. apr. J.‑C.

Le chapiteau a été mis en place et fixé sur le lit d’attente de la colonne par l’intermédiaire d’un goujon circulaire vertical ; le fond de la cavité comporte encore le plomb qui a servi à sceller le goujon en bronze ou en fer (voir fig. 122).

164– CEAlex 6058 (fig. 123‑126)

Copie complète (profondeur 102 cm × largeur 69 cm × hauteur 32 cm) ; bloc entier.

Trois autres blocs similaires (CEAlex 1600, 1700 et 507) trouvés à proximité du premier, à l’ouest du site, font partie de la même base. La base a été montée par l’assemblage de quatre blocs reliés entre eux sur la circonférence par des scellements en Pi taillés sur son lit d’attente (voir fig. 126). Les faces de joints des quatre parties semblent résulter de fractures ; les scellements en Pi auraient alors servi à réassembler le bloc après qu’il ait été brisé.

Le diamètre du lit d’attente de la base, qui est aussi le diamètre inférieur de la colonne qu’elle portait, mesure 128,5 cm ; le diamètre du lit de pose est de c. 132 cm (cercle du listel), et le diamètre conservé du tore inférieur est de 155,6 cm.

165– CEAlex 1600 (fig. 126)

Copie complète (longueur 105 cm × largeur 69 cm × hauteur 30,5 cm) ; bloc entier, érodé.

Quart de base de colonne en granite rose. Pour la description, voir CEAlex 6058.

166– CEAlex 1700 (fig. 126)

Copie complète (longueur 102 cm × largeur 66 cm × hauteur 30,7 cm) ; bloc entier, érodé.

Quart de base de colonne en granite rose. Pour la description, voir CEAlex 6058.

167– CEAlex 507 (fig. 126)

Copie complète (longueur 106 cm × largeur 70 cm × hauteur 32 cm) ; bloc entier, érodé.

Quart de base de colonne en granite rose. Pour la description, voir CEAlex 6058.

3.4. Identification de blocs cartographiés

168– CEAlex 2791 (fig. 127) : linteau de porte en granite rose. Le bloc sera mis en 3D lors de la prochaine mission.

169– CEAlex 2241 (fig. 128) : base de colonne ionique‑attique en granite rose.

170– CEAlex 1404 (fig. 129) : base de statue en granite rose. Le bloc gît sous une grande dalle en granite qu’il sera difficile de déplacer.

171– CEAlex 1680 (fig. 130) : bloc à identifier, désigné comme base de statue dans la base (identification 1996) mais elle ne semble ne pas être en corrélation avec le bloc présent à cet emplacement. Le bloc est ensablé.

172– CEAlex 1016 (fig. 131) : base de statue en granite rose située à côté de CEAlex 1680. Ensablée.

4. La tombe 2 de la nécropole d’Anfouchi

Anne‑Marie Guimier Sorbets

Responsable scientifique : Anne-Marie Guimier-Sorbets, professeur émérite à l’université Paris‑Nanterre (UMR 7041 ArScAn)

Participant : Alain Guimier (Photographies VIL et traitement de images photographique)

Autorité nationale représentée : Le ministère du Tourisme et des Antiquités (MoTA) était représenté par Inès Salem.

173La mission de photographie et d’étude de la tombe 2 de la nécropole d’Anfouchi a été poursuivie en 2021 après un arrêt en 2019 et 2020 en raison de la pandémie de Covid‑19. Elle s’est déroulée du 2 novembre au 25 novembre 2021.

175Comme l’ont reconnu tous les spécialistes qui s’y sont intéressés depuis la découverte, le plafond voûté de la chambre funéraire 2.2 constitue un chef d’œuvre sur le plan artistique ainsi qu’une énigme iconographique. Le triste état de conservation des peintures de ce plafond rend la lecture des décors figurés particulièrement difficile. Il a été procédé à des campagnes photographiques répétées, utilisant divers moyens comme la lumière naturelle, la lumière rasante, l’éclairage ultra‑violet et les pellicules infra‑rouges. L’interprétation de ces données reste très délicate, mais de nouvelles méthodes de relevés photographiques et de traitement d’images sont explorées. L’examen comparé de ces divers relevés et des observations sur place donne des pistes pour l’interprétation, qui ne peut être menée qu’en référence avec les sources iconographiques et textuelles. Les premiers résultats sont très encourageants puisqu’ils permettent de comprendre la signification de la majeure partie des scènes à plusieurs personnages, peintes dans la série extérieure des images du plafond. La série des caissons intérieurs est de lecture et d’interprétation encore plus difficile en raison des concrétions de sels déposés par infiltrations sur les surfaces peintes et le noir de fumée qui s’y est fixé lors de l’utilisation ancienne de torches dans ce souterrain obscur.

176Durant la mission effectuée en 2021, il s’est agi tout d’abord de vérifier quelques points iconographiques sur le plafond peint (fig. 132) de la chambre funéraire et d’étudier en détail la technique utilisée pour réaliser le schéma préparatoire qui y est dessiné et qui a été exécuté pour la mise en place des décors peints illusionistes, particulièrement complexes.

177La technique de réalisation des blocs du mur peints en imitant les veines de l’albâtre sur les parois de la salle 1 a été étudiée, en utilisant la photographie dans l’infrarouge (Visible Induced Luminescence, VIL) (fig. 133). Cette méthode mise au point par le prof. Giovanni Verri (Courtauld Institute de Londres puis Art Institute of Chicago) permet de caractériser, sans aucun contact avec la peinture, la présence d’un pigment artificiel – le bleu égyptien (cuprorivaïte) –, qu’il soit utilisé pur, en mélange ou encore en superposition de couches. De plus, la grande sensibilité de cette méthode VIL permet de repérer de faibles traces et de retrouver des éléments du décor pratiquement disparus aujourd’hui.

178Enfin, l’analyse détaillée de la tombe a été reprise de manière à déterminer les différentes phases de son architecture et de son décor, en s’attachant notamment à déterminer les parties creusées dans le rocher, les parties construites et celles qui ont été réalisées en stuc. Dans la mesure du possible, lorsque les éléments nécessaires sont disponibles, des restitutions de la phase 1, partiellement disparue sous les modifications de la phase 2, sont proposées (fig. 134-135). L’argumentation détaillée de la restitution sera donnée dans la publication finale.

179Cette étude des différentes phases permet de progresser par rapport à la publication d’A. Adriani et d’affiner l’histoire de la tombe, l’évolution de son architecture et de son décor ainsi que les changements de croyances et de pratiques funéraires dont elle témoigne.

5. Opérations de valorisation

5.1. Exposition : « 1798‑1801. Les savants de l’expédition d’Égypte dessinent Alexandrie »

5.2. Mallette pédagogique : « Alexandrie, découvre ta ville »

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