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2023
Sicile

Le sanctuaire des divinités chthoniennes à Akragas

Rapport sur la mission de fouilles 2021
Responsable d’opération : Laurence Cavalier
Notice rédigée avec Marielle Bernier, Valentina Caminneci, Émilie Cayre, Elsa Fournié, Dario Giuliano, Askold Ivantchik et Nikolai Sudarev

Entrées d’index

Établissement éditeur :

EFR

Année de lʼopération :

2021

Chronologie :

époque archaïque
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Notes de l’auteur

Date précise de l’opération : Du 4 au 24 septembre 2021.

Autorité nationale présente : Parco Archeologico della Valle dei Templi, Agrigento.

Composition de l’équipe de terrain : Laurence Cavalier, Marielle Bernier, Émilie Cayre, Jacques des Courtils, Esla Fournié (Institut Ausonius), Jean-François Bernard (IRAA Pau), D. Giuliano (Université de Palerme et Université Bordeaux Montaigne), L. Cassagneau, S. Corniot, L. Lowitz, L. Thouron, A. Ivantchik (CNRS/HSE Moscou), A. Ivanov, N. Sudarev, V. Mordvinteseva, Y. Svoysky, E. Romanenko, E. Boyko.

Partenariats institutionnels :
– Parco Archeologico della Valle dei Templi, Agrigento
– Université Bordeaux-Montaigne, Institut Ausonius
– Université nationale de recherche « École des hautes études en sciences économiques », Moscou
– École française de Rome

Établissements porteurs de l’opération :
– Parco Archeologico della Valle dei Templi, Agrigento
– Université Bordeaux-Montaigne, Institut Ausonius

Organismes financeurs : MESRI

Établissement éditeur : EFR

Texte intégral

Chroniques de l’EFR :
https://journals.openedition.org/​cefr/​4702
https://journals.openedition.org/​cefr/​2816

1La mission archéologique « sanctuaire des divinités chthoniennes d’Akragas » a eu lieu du 4 au 24 septembre 2021 à la suite d’une nouvelle convention triennale établie entre le Parc archéologique Vallée des temples d’Agrigente et l’Université Bordeaux Montaigne. Nous exprimons ici toute notre reconnaissance à R. Sciaratta, nouveau directeur du Parc archéologique, qui nous a manifesté ainsi sa confiance. Nous avons comme chaque année pu compter sur le soutien indéfectible et l’expertise de nos collègues V. Caminneci, M. C. Parello, M. S. Rizzo et M. Rizzo Pinna que nous remercions pour leur concours et leur amitié. Sans l’intervention de l’EFR et, en particulier de sa directrice, B. Marin ainsi que d’E. Bukowiecki, il aurait fallu annuler, au dernier moment, la venue de l’équipe russe alors que la pandémie nous privait déjà de l’équipe américaine. Une fois de plus, le soutien de l’EFR a été déterminant.

  • 1 A. Babkina, A. Devaev, Ö. Fettahogly, V. Gerasimova, E. Gorskaya, A. Ivanova, V. Lenchuk, V. Lysen (...)

2L’équipe bordelaise, financée par l’Institut Ausonius (UBM), était composée de L. Cavalier, chef de mission, M. Bernier (CNRS), E. Cayre, J. des Courtils, E. Fournié (Enseignants-chercheurs, chercheur et membre associé), J.‑F. Bernard (architecte, IRAA Pau), D. Giuliano, doctorant en co‑tutelle Palerme/UBM, L. Cassagneau, S. Corniot, L. Lowitz, L. Thouron (Master sciences archéologiques, Ausonius, UBM). L’équipe russe sous la direction d’A. Ivantchik était composée d’A. Ivanov, N. Sudarev V. Mordvintseva (archéologues), Y. Svoysky et E. Romanenko (spécialiste en géodésie, photogrammétrie et modélisation 3‑D), ainsi que de 10 étudiants (Master archéologie classique)1 et une doctorante (E. Boyko). L’équipe russe a été financée par le département d’archéologie classique et orientale de l’Université HSE (Moscou).

3Les sondages ont concerné trois secteurs : le Tempietto (Resp. E. Cayre), le portique nord et la « leschè » (Resp. A. Ivantchik, A. Ivanov et N. Sudarev) et le rempart à l’ouest de la Porte V (Resp. J. des Courtils). Nous avons pu mener à bien notre projet d’enlèvement des blocs qui encombraient l’intérieur du « tempietto » grâce à J.‑F. Bernard assisté de D. Giuliano et E. Fournié. Le matériel issu des sondages a été traité partiellement, avec l’aide de L. Lowitz, A. Ivanova et V. Gerasimova, par M. Bernier. D. Giuliano a plus particulièrement étudié les terres cuites architecturales. Les artefacts les plus remarquables ont été photogrammétrés par Y. Svoyski qui, avec E. Romanenko, a également réalisé des images photogrammétriques des sondages. J. des Courtils et L. Cavalier ont poursuivi et terminé l’inventaire architectural des blocs remployés ou errants sur la terrasse à l’est de la Porte V et sur la terrasse « des autels circulaires »2.

A. Sondages

I. Zone 2 – Tempietto

I.1. Enlèvement des blocs (fig. 1)

J.‑F. Bernard, E. Fournié et D. Giuliano

4Le début de la mission a été marqué par le dégagement de l’ensemble des blocs qui encombraient l’intérieur du Tempietto, afin d’en rendre possible la fouille. Une centaine d’éléments d’architecture ont ainsi été soulevés et déplacés à l’aide d’un engin mécanique puis alignés dans les espaces libres au sud et à l’est du monument.

Fig. 1. Tempietto avant-après blocs (Agrigente 2021).

Fig. 1. Tempietto avant-après blocs (Agrigente 2021).

Photogrammétrie © Y. Svoyski – E. Romanenko.

I.2. Les sondages 2021

E. Cayre – Ausonius

5La campagne de 2021 avait pour but, d’une part, de pratiquer des sondages à l’intérieur du Tempietto – désormais dégagé – tout en mettant au jour le mur de refend entre le naos et l’adyton et, d’autre part, d’agrandir le sondage S2100, à l’angle extérieur sud‑est du Tempietto. Plusieurs sondages ont ainsi été ouverts (fig. 2) : S2100 (agrandissement), à l’angle sud‑est et le long du mur sud du Tempietto ; S2500, dans l’adyton et dans le naos, de part et d’autre du mur de refend ; S2600, dans le coin sud‑est du naos ; et S2700, dans la partie centrale du naos.

I.2.1. Extérieur du Tempietto : S2100

E. Cayre et D. Giuliano

6L’agrandissement du sondage S2100 (fig. 2), implanté en 2019 contre l’extrémité sud du parement extérieur du mur est (MR2002) du Tempietto, avait pour but de mieux comprendre la construction du monument et son implantation du côté sud (fig. 3). Lors de la phase de nettoyage, nous avons enlevé plusieurs blocs qui encombraient la zone, dont deux blocs de corniche dorique (TT018 et TT134), retrouvés l’un à côté de l’autre, posés sur leur lit d’attente.

Fig. 2. Tempietto 2021 – Implantation des sondages.

Fig. 2. Tempietto 2021 – Implantation des sondages.

Photogrammétrie © Y. Svoyski – E. Romanenko.

Fig. 3. Tempietto 2021 – S2100. Vue depuis l’est.

Fig. 3. Tempietto 2021 – S2100. Vue depuis l’est.

Photo : E. Cayre.

7La campagne de 2021 a permis de dégager les parements extérieurs des murs est et sud du Tempietto et de constater que le bâtiment a été implanté sur un terrain escarpé où le rocher présente une dénivellation importante vers l’ouest. Le rocher a été taillé sur la moitié sud et à l’est pour venir caler les fondations de l’édifice tandis que, pour le côté ouest, il a fallu recourir à une assise de fondation supplémentaire pour compenser cette dénivellation.

I.2.2. Intérieur du Tempietto : S2500, S2600 et S2700 (fig. 2)

8La fouille des divers sondages implantés à l’intérieur du Tempietto a d’abord révélé que les strates supérieures ont été fortement perturbées par les racines et les blocs qui encombraient l’espace.

I.2.2a. S2500

L. Lowitz et L. Thouron

9Lors de la fouille du sondage S2500 (fig. 2), nous avons été intrigués par la présence d’un bloc (TT084), dans le naos. À ses abords, au‑dessus de la couche limono-argileuse de couleur noire (US2514) qui recouvre le rocher, se trouvait un remblai charbonneux et cendreux (US2508) qui comprenait notamment un grand nombre de fragments d’os (faune) de petite taille – dont la couleur indique une température de chauffe assez élevée – et qui renfermait une structure ressemblant à un foyer (en partie composée par le radier trouvé dans le sondage S2700). Dans ce même remblai, au nord du bloc TT084, du mobilier métallique a été retrouvé (fragments de phiale en bronze, 2 clous et 1 clou fiché dans une tablette de défixion en plomb).

10Dans l’intégralité du sondage, la surface du rocher (US2113) est assez irrégulière mais nous avons constaté qu’il a été taillé en vue de l’installation des murs MR2024 et MR2003.

I.2.2b. S2600 (fig. 2)

E. Fournié

  • 3 Il faut noter la découverte, dans l’US2602 (terre sablonneuse de couleur jaune-orangée renfermant p (...)

11La fouille du sondage S2600 a révélé une stratigraphie composée de couches successives de remblais, mises en place pour accueillir un niveau de circulation disparu3. Ici aussi la surface du substrat rocheux (US2113) est très irrégulière mais semble avoir été taillée pour accueillir les assises de fondation des murs MR2004 et MR2024. Comme nous l’avons précédemment constaté dans l’ensemble des sondages du Tempietto (campagnes 2019 et 2021), l’US2609 (terre limono-argileuse brun sombre) recouvre le rocher, servant de comblement aux cavités naturelles et d’uniformisation anthropique du substrat rocheux pour préparer l’édification du bâtiment.

I.2.2c. S2700 (fig. 2 et 4)

E. Fournié

  • 4 Le SOL 1 est constitué d’une bande de circulation US2707 (bande de mortier de chaux blanchâtre com (...)

12La découverte majeure de cette campagne a été celle d’un niveau de circulation (SOL1)4 localement préservé sous l’emprise des blocs de la deuxième rangée laissée en place dans la moitié nord du naos.

13La fouille a également mis en évidence l’existence de « vides » – sondages antérieurs ? – qui, du fait de la dégradation progressive des niveaux souterrains mis à nu – à tendance sableuse – a provoqué le glissement de blocs entraînant avec eux les vestiges du sol sur lequel ils reposaient. Certaines US résultent peut‑être d’un comblement volontaire de l’espace vide par de nouveaux remblais. Au même titre que dans les autres sondages, le rocher (US2113) a été taillé sur une profondeur de 0,30 m environ afin de recevoir la première assise de fondation du mur MR2004. Cette « tranchée de fondation » et les aspérités du substrat rocheux ont été comblées par l’US2722 (terre limono-argileuse noirâtre).

Fig. 4. Tempietto 2021 – S2700.

Fig. 4. Tempietto 2021 – S2700.

Photo : E. Fournié.

II. Zone 5 – Porte V

II.1. Le sondage S5100 (fig. 5)

J. des Courtils, S. Corniot et L. Thouron

14La campagne de 2021 avait pour but de poursuivre la fouille du sondage S5100 ouvert en 2019, sur le rempart, à l’ouest de la Porte V, en repartant des US laissées inachevées. Sous un remblai assez épais (US5115), très riche en mobilier datable, en première analyse, de la fin du vie et du ve s. av. J.‑C., a été découvert un probable niveau de circulation (US5118). Sous ce dernier, nous avons été confrontés à une accumulation de blocs de grandes dimensions, certains taillés, impossibles à dégager ce qui nous a contraints à arrêter le sondage.

Fig. 5. Porte V 2021 – S5100.

Fig. 5. Porte V 2021 – S5100.

Coupe stratigraphique sud‑nord.

III. Zone 3

III.1. Le sondage S4100 (fig. 6)

A. Ivantchik, A. Ivanov et N. Sudarev

  • 5 De Miro 2000, p. 50‑51, fig. 19.

15Le sondage a été implanté à l’intérieur d’un ensemble hypothétiquement identifié par E. De Miro comme leschè5. Nous avons étudié la pièce orientale (6 x 4,2 m) dont le centre, ainsi que la partie orientale près du mur MR12, avaient déjà été fouillés dans les années 1960 (sondages XXIV et XVIII de E. De Miro). Les limites du sondage XXIV de E. De Miro ont été identifiées et le sondage lui‑même a été vidé jusqu’au rocher (US4103). La limite du sondage XVIII a été également identifiée sur la surface, mais est difficilement discernable sur le profil. La partie sud de la pièce, au sud du sondage XXIV, avait également été fouillée précédemment, bien que cela ne soit pas noté dans la publication de E. De Miro (US4105). En conséquence, notre fouille a été limitée à la partie nord de la pièce (1,75   6,0 m) laissée intacte lors des fouilles précédentes.

Fig. 6. S4100 – État final.

Fig. 6. S4100 – État final.

A. plan ; B. élévations.

  • 6 De Miro 2000, p. 49.

16Nous avons mis en évidence quelques différences par rapport à la stratigraphie publiée par E. de Miro6. Sa couche 1 (remplissage de l’intérieur du bâtiment, associée à la construction du portique hellénistique) semble avoir été largement mais pas totalement enlevée sur toute la surface du bâtiment. Nous avons d’abord retiré une couche mixte de 0,1 m d’épaisseur (US4101). Trois couches ont été ensuite identifiées. La première (US4102) est jaune‑brun et a une épaisseur allant jusqu’à 0,1 m ; elle correspond à la partie inférieure de la couche 1 de E. De Miro. Le matériel est hétérogène : céramique de l’âge du bronze et des époques archaïque et classique, ainsi qu’une lèvre d’une amphore gréco-italiote datant de 275‑250 av. J.‑C. qui donne un terminus post quem.

  • 7 De Miro, 2000, p. 49‑50 (six dépôts).

17Une couche sableuse (US4106) qui semble correspondre à la couche 2 de E. De Miro (niveau de circulation de la leschè selon lui) se trouve sous la couche 1. Elle est antérieure à la construction des murs nord et sud du portique tardif et synchrone avec le mur est de la pièce (MR 15). Trois dépôts votifs (US4104, US4108 et US4109) ont été trouvées dans cette couche, semblables à ceux découverts précédemment par E. De Miro7 ; ils ont été déplacés et se trouvent soit dans sa partie supérieure et marquent sa limite avec la couche 1, soit dans les fosses creusées dans la couche 2 et dans le rocher. La couche 2 est associée au fonctionnement d’une structure cultuelle et contient un matériel abondant et homogène du point de vue chronologique qui suggère la date du dernier quart du vie – début du ve siècle av. J.‑C.

  • 8 De Miro 2000, 41, p. 42, fig. 9.

18Sous cette couche se trouve une couche gris‑noir compacte dont l’épaisseur atteint 0,12 m ; elle repose directement sur le rocher (couche 3, US4107). Elle a été identifiée par E. de Miro, dans son sondage XXIV et lors de ses autres fouilles8, comme une couche préhistorique formée avant l’arrivée des colons grecs. Nos fouilles ne confirment pas cette interprétation : beaucoup de céramiques grecques ont été trouvées dans cette couche, y compris des céramiques peintes corinthiennes du style récent I (ca. 575‑550 av. J.‑C.). Des petites fosses creusées dans le rocher sont associées à cette couche ; elles ont été découvertes dans le secteur est du bâtiment, près du mur nord (US4110 et 4111). La couche 3 peut donc être datée du deuxième quart ou du milieu du vie siècle av. J.‑C. Il s’agit probablement de l’installation grecque la plus ancienne d’Akragas qui suit immédiatement sa fondation. Le premier mur situé sous le mur nord du portique hellénistique était probablement associé à cette couche. Contrairement aux autres murs, il repose sur le rocher taillé à cet effet. Deux blocs de ce mur sont conservés. Ils sont séparés du mur hellénistique qui les recouvre par une couche de terre (continuation de notre US4102). Il n’y a pas de traces d’une couche préhistorique, malgré la présence des trouvailles isolée de silex travaillés.

III.2. Le sondage S4200

A. Ivantchik et N. Sudarev

  • 9 De Miro 2000, p. 58‑61.

19Le sondage a été implanté au nord du portique en L, dans le secteur où se trouvent les « édicules », étudiés par E. de Miro en 1995-19969. Il s’agit de structures similaires, en forme de Π, présentant une niche rectangulaire profonde flanquée d’ailes en saillie. Les murs de chaque structure sont constitués d’une rangée de dalles posées de chant. Au centre de chaque niche se trouve un bloc, bien travaillé, en forme de cube. E. de Miro n’a fouillé les édicules que partiellement : il n’a pas étudié leur structure interne et s’est contenté de ne dégager les constructions que jusqu’au niveau du remplissage et du niveau supérieur des dalles formant leurs murs. Seules les niches centrales ont été fouillées, mais pas l’ensemble de leur surface et jamais jusqu’au niveau du rocher. Dans l’édicule 1, E. De Miro a implanté un sondage (D/96) situé dans la niche et l’a amené jusqu’à la base du bloc central.

20La fouille s’est concentrée sur l’édicule 1, le plus occidental du groupe de trois édicules orientaux bien conservés. Les dimensions totales du sondage étaient de 6,3 x 4 m et comprenaient la totalité de l’édicule 1 et l’espace adjacent. La couche supérieure (US4201), d’une épaisseur de 0,05‑0,1 m, était composée de limon mélangé avec des inclusions du matériel aussi bien ancienne que moderne. Elle a apparemment été formée après 1996, au‑dessus des nettoyages et fouilles de E. De Miro. Après avoir enlevé cette couche et décapé la surface du sondage, celui‑ci a été divisé en trois secteurs.

21Le secteur 1 comprend la structure de l’édicule en Π, à l’exclusion de la niche, et la partie du sondage qui lui est adjacente, au nord ; il est délimité à l’ouest par le mur USM 67, à l’est par le mur USM 55, au sud par le mur USM 50 et au nord par la limite du sondage. Au sud de la niche, une section de contrôle non fouillée pour une coupe stratigraphique a été laissée. Le secteur 2 comprend la niche avec le piédestal et la partie du sondage qui la jouxte au nord. Il est délimité à l’ouest et à l’est par les murs USM 64 et 66, et au sud par USM 65. Le secteur 3 comprend la partie occidentale du sondage en dehors de la structure en Π de l’édicule, entre la paroi USM 67 et les vestiges du mur plus monumental de l’USM 68. De Miro y a reconstitué un passage avec un escalier entre l’édicule 1 et le groupe d’édicules 4–6.

22L’intérieur de l’édicule dans le secteur 1 est remblayé avec des pierres amorphes de différentes tailles et des fragments des blocs taillés, mélangés à de la céramique, de gros fragments de tuiles et de la terre (limon sableux gris‑jaune). La couche de décapage au niveau du remblai (US4202, fig. 7) correspond à l’US 66 de De Miro, qui a décapé la surface supérieure du remblai, mais ne l’a pas retiré. Cette couche a révélé de nombreux fragments de céramique dont des amphores d’époque romaine, ainsi que des fragments des vases du vie et de la première moitié du ve siècle av. J.‑C. Le décapage de la partie nord‑est de l’édicule a permis de découvrir un mur délimitant sa partie orientale qui n’avait pas été mis au jour lors des travaux précédents. Au nord de ce mur, les pierres d’un autre mur ont été identifiées (fig. 9, H ‑ H’).

Fig. 7. S4200 – Plan au niveau de l’US4202 (niveau de décapage).

Fig. 7. S4200 – Plan au niveau de l’US4202 (niveau de décapage).

23Après le décapage, le remblai à l’intérieur des parois de l’édicule a été retiré (US4204, fig. 8 ; 10). L’épaisseur de cette US est 0,5 m. Le remblai comprenait du matériel datable aussi bien de l’époque romaine que du second quart du ve siècle av. J.‑C. Dans le secteur 2, les limites du sondage de E. de Miro à l’intérieur de la niche (D/96) ont été facilement identifiées parce qu’elles avaient été marquées par un textile. Le sable qui remplissait le sondage a été vidé (US4205). Dans la partie intacte de la niche, l’épaisseur du remplissage était de 0,5 m (US4207). Cette US correspond à l’US56 du sondage de 1996. E. de Miro l’a décrite comme une couche de gravats, avec des fragments d’enduit et de la céramique. La même chose a été révélée lors de nos fouilles. Des fragments de vases en verre dont deux vases brisés sur place (fig. 7, 9), ainsi que la céramique sigillée d’époque impériale déterminent la date du remplissage. La trouvaille la plus intéressante est sans doute une tablette enroulée de plomb, qui porte probablement un defixio (fig. 7, 36). Elle a été découverte entre les pierres adjacentes à la paroi sud de la niche qui forment un « banc » derrière le bloc cubique, au niveau du sol de la niche. Dans le secteur 3, la couche supérieure (US4203) est composée d’argile sableuse avec des inclusions de céramique antique et d’objets modernes ; cette couche mixte est similaire à l’US 4201. Une couche cendreuse (US4206) se trouve dessous. La fouille dans ce secteur a été menée uniquement dans sa partie nord.

Fig. 8. S4200 – État final et coupes stratigraphiques.

Fig. 8. S4200 – État final et coupes stratigraphiques.

Fig. 9. S4200 – Élévations des murs.

Fig. 9. S4200 – Élévations des murs.
  • 10 RPC I, 660, 627. Nous remercions K. Konuk et L. Brousseau (Bordeaux) qui ont identifié ces monnaies

24Une couche de limon sableux dense de couleur jaune (US4208) a été découverte dans les secteurs 1 et 2 sous les US 4204 et 4207. Elle était bien visible dans la partie occidentale du sondage (épaisseur maximale : 0,1 m) et à peine détectable dans sa partie orientale ; elle disparaissait au niveau de la paroi orientale de la niche. L’US4208 correspond à la couche d’« abandon » identifiée par E. de Miro dans les parties de l’édicule qu’il a fouillées (US 58/1996). L’US contient de la céramique mixte datant des viet ve siècles av. J.‑C., ainsi que du iiie siècle av. J.‑C. Un second defixio de plomb a été trouvé dans la partie ouest du secteur 1 ; cette couche contenait également deux monnaies de bronze (fig. 7, 28,55). L’une a été trouvée sous la paroi ouest (USM 67) et l’autre au niveau du sol de la niche. Les deux monnaies datent de l’époque d’Auguste10 et donnent un terminus post quem pour la construction de l’édicule.

  • 11 Howland 1958, p. 40‑41, No. 140.
  • 12 Sourisseau 2006, p. 143 (type 6) ; Sacchetti 2012, p. 20‑21.

25Sous l’US4208, une couche d’un fort incendie a été identifiée dans les secteurs 1 et 2 (US4209). Elle est probablement synchrone avec l’US4206. L’épaisseur de cette couche variait de 0,10 m dans la partie occidentale à 0,25 m dans la partie orientale. À l’intérieur de la partie orientale de l’édicule, une couche de cendres mélangées à du charbon et à du limon sableux jaune, partiellement brûlé jusqu’à une teinte rougeâtre, a été mise au jour immédiatement sous l’US4204. Tous les murs du périmètre de cette couche, à l’exception des dalles formant l’édicule, portent des traces de feu. On les voit également sur les pierres du mur nord du temenos, qui se trouvent sous le mur USM 50 du portique en L. La majorité des trouvailles dans cette couche sont des nombreuses petites lampes, entières et fragmentées, du type Agora 19B11. Un fragment de l’amphore corinthienne du type A de la fin du vie siècle – 480 av. J.‑C.12 a été également trouvée.

26La fouille a été arrêtée à ce niveau sur l’ensemble du sondage, à l’exception de la partie ouest du secteur 1 (entre les parois USM 66 et 67), où elle a été poursuivie jusqu’au rocher (fig. 8‑10). Une couche homogène de limon sableux jaune (US 4211) a été révélée sous la couche de l’incendie ; par endroits, elle a été brûlée par l’incendie qui a formé l’US4209 et a pris une teinte rougeâtre-orange. Son épaisseur est de 0,15‑0,25 m, le rocher sur lequel elle repose est en pente douce vers le nord. La couche contient des fragments d’une cruche d’argile claire, des bols miniatures imitant la céramique ionienne rayée, des vases attiques à vernis noir ainsi que des lampes du même type que dans la couche d’incendie.

Fig. 10. S4200 – État final.

Fig. 10. S4200 – État final.

A. vue du nord ; B. vue du nord‑est.

Modèle 3‑D Y. Svoysky, E. Romanenko.

27On peut donc conclure qu’un bâtiment adossé au mur nord de temenos (USM 50) existait à cet endroit à l’époque archaïque ; l’US4211 est liée à sa construction. Le mur USM 55, son mur oriental, est aligné avec le mur intérieur (occidental) de la partie méridionale du portique en L (USM 1). La section conservée du mur mesure 3,75 m de long (fig. 9, coupe K–K’). Les blocs du mur reposent sur le rocher dans la partie sud, mais ailleurs ils s’appuient sur une substructure faite de petites pierres soigneusement ajustées destinées à rattraper les différences de niveau. Dans la partie nord de l’USM 55, il y deux blocs perpendiculaires à ce mur qui marquent probablement le départ du mur nord du bâtiment. Le mur USM 68 était probablement le mur ouest de l’édifice archaïque ; sa longueur conservée est 2,87 m (fig. 9, B–B’). La partie intérieure (est) du mur présente des traces claires d’exposition au feu. L’édifice archaïque (une pièce d’un grand bâtiment ?) avait donc des dimensions de 6,7 x 4,55 m. Il avait très probablement une ouverture au nord, vers la voie menant aux temples I et L. Il est probable qu’une construction similaire, délimitée à l’est par le mur USM 54, se trouvait à l’est, à l’emplacement de l’édicule 2. Le bâtiment archaïque a été détruit par l’incendie repéré dans les US4209 et 4206 qui a laissé des traces de feu sur les murs USM 68, 55 et 50. Les matériaux trouvés dans ces couches laissent dater l’incendie des deux premières décennies du ve siècle av. J.‑C. au plus tard. Il n’y aucun objet incontestablement postérieur à 480 av. J.‑C.

28L’édicule 1 est placé directement sur la couche de l’incendie et sur l’US4208 qui la recouvre partiellement. E. de Miro considérait son US 58/1996 (= notre US4208) comme une couche d’abandon formée pendant la période où ce secteur n’a pas été utilisé ; elle peut plutôt, à notre avis, être liée à la construction de l’édicule. Les murs de la niche centrale et le bloc cubique qu’elle contient ont reçu un enduit blanc, conservé à certains endroits dans sa partie inférieure. La partie sud de la niche est occupée par une sorte de petit banc d’une profondeur de 0,2 m et d’une hauteur de 0,25 m (fig. 8 ; 9, F–F’). Le banc est constitué de deux grandes dalles de calcaire à surface lissée. Les parois de l’édicule sont constituées de dalles étroites posées de chant. L’espace à l’intérieur des parois est rempli du remblai dense fait de pierres, de tuiles et d’argile. Il est improbable qu’une telle structure ait pu supporter un poids important et nous pouvons donc conclure que la hauteur de l’édicule ne dépassait pas la hauteur conservée. Le remblai était sans doute recouvert de dalles de pierre.

29À l’ouest de l’édicule, une construction occupe la partie sud de l’espace entre sa paroi ouest USM 67 et le mur USM 68. Elle est constituée de blocs travaillés semblables à ceux de l’USM 68 ; sa longueur est de 1,98 m. E. de Miro a interprété cette construction comme un escalier menant du mur nord du portique à la plateia ce qui semble très probable. L’escalier a été sans doute construit en même moment que les édicules.

30La date de construction de l’édicule est déterminée par les objets les plus récents trouvés dans son remblai (US4204) et dans la couche US4208 qu’il recouvre. Le terminus post quem est fourni par deux monnaies de la seconde moitié du règne d’Auguste (2‑14 ap. J.‑C.). Cela n’est pas contredit par les trouvailles des fragments de vases de verre et de céramique sigillée. On peut donc dater la construction de l’édicule du ier siècle ap. J.‑C., probablement de l’époque d’Auguste ou d’une époque proche. On observe qu’aucun vestige de construction ou couche datable de la période comprise entre 480 av. J.‑C. et le ier siècle ap. J.‑C. n’a été découvert ici, bien que des artefacts d’époque hellénistique soient présents dans les US du ier siècle.

B. Matériel

I. Traitement du mobilier archéologique sur le terrain

M. Bernier

  • 13 Païn 2015.

31La campagne de fouilles 2021 a livré une quantité importante de mobilier d’un point de vue quantitatif et qualitatif (10 grandes catégories) dans un bon état de conservation. Le protocole de gestion et de conservation du mobilier appliqué durant cette campagne n’a permis de réaliser que le conditionnement et l’inventaire général de la collection. Un traitement adapté a été réalisé par type de matière, en respectant les méthodes de conservation préventive des objets archéologiques13. Si les différents matériaux ont pu être triés, tous n’ont pu être comptabilisés. Ce travail sera réalisé lors d’une prochaine mission et permettra l’inventaire complet des découvertes de 2021.

  • 14 Tréziny 2018, p. 326.

32La campagne 2021 est marquée par de nouvelles découvertes de fragments de phiales en bronze (fig. 11, n° 1 et 2) qui complètent le lot exceptionnel de 440 fragments, dont 19 complètes, découvert en 2019. Elle est également marquée par un lot d’éléments en terre cuite, dont nous retrouvons notamment un fragment de visage (fig. 11, n° 3), un élément peint (fig. 11, n° 4), 2 fragments d’arula, 9 fragments de figurine dont une tête féminine (fig. 11, n° 5) et plusieurs éléments de lampe locale/régionale dont une lampe de type 27‑A‑B de l’Agora IV14, bien connues en Sicile entre la fin du ve et le ive s. a. C. (fig. 11, n° 6).

Fig. 11. Sélection d’objets mis au jour en 2021.

Fig. 11. Sélection d’objets mis au jour en 2021.
  • 15 Parmi ce total, les céramiques issues des niveaux de décapage ou de nettoyage représentent 114 frag (...)
  • 16 Bernier 2018.

33Concernant les céramiques communes, fines et amphores, seule une partie de chaque US a été traitée (1009 fragments – 131 individus)15. Dans l’état actuel des données disponibles, les céramiques ont été classées par catégorie, quantifiées et triées par forme. L’identification technique en cours reprend les 11 catégories de pâtes définies en 201816. Les futurs travaux auront pour objectif l’inventaire complet et l’étude de la totalité des formes. Après le traitement des données brutes, nous pourrons déterminer les différentes productions de l’ensemble des céramiques par secteurs et structures. Puis, nous réaliserons l’étude comparative des formes avec les récipients mis au jour lors des fouilles anciennes ainsi que les céramiques récemment étudiées dans d’autres sites siciliens. La finalité sera de proposer une identification typo-chronologique des céramiques par structure et d’alimenter le corpus mis en place depuis 2018 dans l’optique d’une étude plus générale des productions en collaboration avec des spécialistes des céramiques classiques et hellénistiques.

II. Les terres cuites architecturales : étude préliminaire

D. Giuliano

34Les secteurs fouillés en 2021 ont livré une quantité remarquable de terres cuites architecturales que l’auteur étudie actuellement dans le cadre de son projet de doctorat avec les Universités de Palerme et de Bordeaux Montaigne, qui porte sur les systèmes de couverture à l’époque grecque, en particulier les tuiles.

II.1. Sondage S5100 (Porte V)

  • 17 Comparaison avec le fragment de Sélinonte, Conti 2012, p. 268, fig. 267, n. 285.

35Lors de la fouille profonde, plusieurs fragments de tuiles ont été trouvés dont la plupart sont des productions de la période classique. La trouvaille la plus intéressante est un fragment d’une tuile archaïque, dont le bord supérieur est conservé. Un autre élément remarquable est un fragment de tuile faîtière que l’on peut comparer à des exemplaires de Sélinonte17.

II.2. Fouilles à l’intérieur du Tempietto

36Les artefacts analysés ici proviennent de dépôts secondaires. La fouille a notamment produit deux fragments de moulure de la même tuile faîtière qui recollent alors qu’ils proviennent de deux US différentes.

  • 18 Ces tuiles sont attestées du iiie siècle av. J.‑C. (Fiorentini 1995, p. 22, fig. 66), jusqu’à la mo (...)
  • 19 Conti 2018, p. 29‑30, fig. 10.
  • 20 Conti 2018, p. 46, fig. 25.
  • 21 Leroux 1909, p. 41, fig. 62.

37La chronologie des tuiles de toit mises au jour couvre une large période, de l’époque archaïque à la période romaine. C’est à cette dernière phase que l’on doit les tuiles dites « à bord épaissi », c’est‑à‑dire les tuiles caractérisées par la présence d’une arête épaisse le long du bord antérieur pouvant présenter des profils très variés18. Parmi ceux‑ci, on trouve un spécimen portant une empreinte digitale sur le bord. Parmi les éléments dignes d’intérêt de cette zone figurent aussi des fragments de tuiles archaïques. Ces tuiles sont associées à des fragments sporadiques de couvre-joints, caractérisés par un profil triangulaire et dont l’épaisseur du corps est de 3 cm en moyenne. La même typologie est attestée à Sélinonte19. De nombreux fragments de tuiles plates, dont les rebords caractéristiques en quart de rond sont conservés, datent de la période classique. Dans certains cas l’encoche réalisée dans la surface inférieure est préservée. À ces tuiles sont associés des couvre-joints de section courbe. Parmi le matériel retrouvé figurent quatre fragments de moulure de tuile faîtière pour lesquels aucune comparaison précise n’a été trouvée. De l’époque hellénistique, on peut dater un certain nombre de fragments de tuiles plates : elles semblent apparaître entre la fin du ive et le début du iiie siècle av. J.‑C. Il s’agit d’un type particulier de tuiles caractérisé par des rebords latéraux rectangulaires, possédant, sur le bord supérieur, un troisième rebord rectangulaire, destiné à la « dent » positionnée sous le bord inférieur. Des tuiles similaires ont été trouvées à Sélinonte20 et Délos21. Probablement associés à ce type de tuile plate, on trouve quelques fragments sporadiques de couvre-joints à profil polygonal, trop fragmentaires pour être restitués. Les tuiles à bord épais, dont on a retrouvé dix fragments de bords différents, datent de la République et de la phase impériale.

II.3. Zone du Portique Nord

  • 22 De ces sondages proviennent 1679 fragments de different types.

38Le groupe de terres cuites architecturales le plus remarquable découvert au cours de la campagne de fouilles provient des sondages menés dans les pièces situées au nord de la zone du sanctuaire. Les tuiles ont été trouvées en position secondaire, réutilisées dans la couche de préparation d’un sol (?). Les fragments de tuiles ont été collectés dans leur intégralité22. Leur analyse nous a permis de constater que le noyau le plus cohérent était constitué de fragments de corps d’imbrices qui représentaient 70 % du total. La présence de plusieurs « bord épais » indiquerait que tous les fragments de corps appartiendraient à ce type de tuiles. Des pourcentages plus faibles sont en revanche constatés pour les tuiles des périodes classique et hellénistique, avec respectivement 6,3 % et 0,9 %. Il faut également noter la présence de tuiles archaïques (0,7 % du total) similaires à celles trouvées dans les autres sondages.

  • 23 Taliano Grasso, Pisarra 2019 p. 252‑253, fig. 5‑6.
  • 24 Jonash 2009, p. 5.
  • 25 Vassalo 2012, p. 203, fig. 194.

39Certaines découvertes sont particulièrement intéressantes. La première est ce qui pourrait être une tuile d’avant-toit, vue du grand côté (fig. 12). Cette interprétation est fondée sur le fait que l’extrémité de l’ailette de cette tuile a été coupée avant la cuisson de l’élément : son retrait est sans doute destiné à placer une antéfixe à l’extrémité. Cependant, le fragment n’a pas conservé de bord et, par conséquent, ne permet pas de supposer la présence de moulures ou de décorations comme cela est attesté dans certains spécimens trouvés dans la Sibaritide23. L’autre découverte intéressante est un fragment d’une tuile faîtière qui a conservé une partie de la découpe latérale hémicirculaire (fig. 13). Cette tuile est caractérisée par un côté supérieur légèrement courbé tandis que la partie inférieure est renforcée par une paroi rectiligne épaisse. Ce fragment est très intéressant à la fois parce que les seules comparaisons proviennent de Sélinonte, de la zone de l’agora24 et d’un spécimen de Himère de la production probable de Sélinonte25 tous deux avec une chronologie du ve siècle av. J.‑C. Par ailleurs, contrairement aux autres fragments, la polychromie est conservée : noir sur la paroi droite et rouge sur la paroi courbe. Sur la base des matériaux trouvés dans cette zone, en particulier ceux à placer chronologiquement dans les phases archaïque et archaïque récent, l’hypothèse que ces éléments de couverture puissent appartenir au temple qui devait se trouver à l’est du Tempietto et dont on ne conserve aujourd’hui que les traces de fondations creusées dans la roche est tentante.

Fig. 12. Zone du Portique Nord. Tuile d’avant‑toit.

Fig. 12. Zone du Portique Nord. Tuile d’avant‑toit.

Fig. 13. Zone du Portique Nord. Tuile faîtière.

Fig. 13. Zone du Portique Nord. Tuile faîtière.

III. Témoignages post-classiques

Valentina Caminneci

  • 26 Collura 1961, p. 105.

40Les recherches de ces dernières années dans le secteur occidental de la Vallée des temples ont révélé de rares indices d’une fréquentation sporadique à l’époque impériale qui ne permettent pas de comprendre quelle était la physionomie du secteur et quel fut le sort des monuments d’époque classique. L’appellation de "cava gigantum" pour le temple de Zeus, dans les documents médiévaux, donne cependant une idée de ce que devinrent les monuments au cours des siècles26. Et il est malheureusement probable que les fouilles menées entre le dix‑neuvième siècle et la première moitié du siècle dernier aient oblitéré la plupart des témoignages tardifs. La campagne de fouilles de 2021 n’a mis au jour que trois artefacts datant de l’époque post classique.

  • 27 Inv. 2021‑HS‑C‑8.
  • 28 Inv. 2021‑2511-TCNC‑1.
  • 29 Travaini 1995, n° 130 ; D’Andrea-Contreras 2013, no 94.
  • 30 De Luca 2007.
  • 31 Caminneci, Rizzo 2020, p. 21‑22. Les données archéologiques indiquent la période où Guillaume II re (...)

41De l’intérieur du Tempietto proviennent deux découvertes intéressantes : un fragment de cruche en sigillée africaine A du iie siècle ap. J.‑C.27, et un fragment de lampe à huile africaine, datable d’entre le ve et le vie siècle ap. J.‑C.28 Du nettoyage superficiel sur le rempart, immédiatement à l’ouest de la Porte V, provient la troisième découverte post-classique, un tarì d’or de Roger I, émis par la Monnaie d’Agrigente entre 1085 et 110129. Roger Ier, premier grand comte de Sicile et de Calabre a conquis la ville après presque deux siècles de domination arabe. L’évêque Gerland de Besançon, à qui l’on doit la construction de la cathédrale au sommet du Colle di Girgenti, lui a succédé. Cette monnaie constitue la première attestation du début du Moyen-Âge découverte dans le secteur ouest de la Vallée des temples. Des monnaies de Roger II, Guillaume Ier et Guillaume II30 proviennent des ateliers de potiers situés à proximité de la nécropole paléochrétienne, active entre le xie et la fin du xiie siècle ap. J.‑C. Les tombes près l’église de San Gregorio installée à l’intérieur du temple de la Concorde, ainsi qu’un four à chaux31, remontent à la seconde moitié du xiie siècle.

42Enfin, le conservateur Domenico Lo Faso Pietrasanta, duc de Serradifalco, a joué un rôle important dans l’histoire de ce secteur en décidant, en 1836, de reconstruire l’angle nord-ouest du soi‑disant temple des Dioscures, ce qui fit de ce monument un des symboles les plus connus de la ville.

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Bibliographie

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Notes

1 A. Babkina, A. Devaev, Ö. Fettahogly, V. Gerasimova, E. Gorskaya, A. Ivanova, V. Lenchuk, V. Lysenko, X. Mitrokhina, V. Strelyaev.

2 Résultats de la campagne de 2019 : Cavalier 2020.

3 Il faut noter la découverte, dans l’US2602 (terre sablonneuse de couleur jaune-orangée renfermant peu d’inclusions), d’un petit fragment de bloc orné d’un kymation ionique et d’un éclat centimétrique en terre cuite dont le motif évoque celui des fragments de louterion rencontrés dans le sondage S2500 (US2501 dans l’adyton). Ces éléments sont à rapprocher du pied de louterion fragmentaire déposé au Musée archéologique d’Agrigente et découvert lors des fouilles anciennes menées par E. De Miro dans le Tempietto.

4 Le SOL 1 est constitué d’une bande de circulation US2707 (bande de mortier de chaux blanchâtre comportant des gravillons bleutés de 0,03 à 0,035 m avec une granulométrie plus fine en surface) renforcée par un support en argile brun‑gris tassé, US2723 (comportant des inclusions millimétriques de gypse, de 0,05 à 0,055 m d’épaisseur), d’un radier d’éclats calcaires, US2708 (lié par une matrice sableuse orangée comportant localement des graviers et gravillons) et d’un remblai de support US2709 (couche limono-argileuse brun foncé, à la surface compacte, renfermant de nombreuses inclusions).

5 De Miro 2000, p. 50‑51, fig. 19.

6 De Miro 2000, p. 49.

7 De Miro, 2000, p. 49‑50 (six dépôts).

8 De Miro 2000, 41, p. 42, fig. 9.

9 De Miro 2000, p. 58‑61.

10 RPC I, 660, 627. Nous remercions K. Konuk et L. Brousseau (Bordeaux) qui ont identifié ces monnaies.

11 Howland 1958, p. 40‑41, No. 140.

12 Sourisseau 2006, p. 143 (type 6) ; Sacchetti 2012, p. 20‑21.

13 Païn 2015.

14 Tréziny 2018, p. 326.

15 Parmi ce total, les céramiques issues des niveaux de décapage ou de nettoyage représentent 114 fragments pour 17 individus.

16 Bernier 2018.

17 Comparaison avec le fragment de Sélinonte, Conti 2012, p. 268, fig. 267, n. 285.

18 Ces tuiles sont attestées du iiie siècle av. J.‑C. (Fiorentini 1995, p. 22, fig. 66), jusqu’à la moitié du ve siècle av. J.‑C. (l’attestation la plus ancienne provient du site de Campanaio, Wilson 2000, p. 347).

19 Conti 2018, p. 29‑30, fig. 10.

20 Conti 2018, p. 46, fig. 25.

21 Leroux 1909, p. 41, fig. 62.

22 De ces sondages proviennent 1679 fragments de different types.

23 Taliano Grasso, Pisarra 2019 p. 252‑253, fig. 5‑6.

24 Jonash 2009, p. 5.

25 Vassalo 2012, p. 203, fig. 194.

26 Collura 1961, p. 105.

27 Inv. 2021‑HS‑C‑8.

28 Inv. 2021‑2511-TCNC‑1.

29 Travaini 1995, n° 130 ; D’Andrea-Contreras 2013, no 94.

30 De Luca 2007.

31 Caminneci, Rizzo 2020, p. 21‑22. Les données archéologiques indiquent la période où Guillaume II replaça l’église de San Gregorio sous le contrôle du diocèse d’Agrigente, marquant ainsi la fin de l’autonomie dont jouissait l’abbaye.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Tempietto avant-après blocs (Agrigente 2021).
Crédits Photogrammétrie © Y. Svoyski – E. Romanenko.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 533k
Titre Fig. 2. Tempietto 2021 – Implantation des sondages.
Crédits Photogrammétrie © Y. Svoyski – E. Romanenko.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 533k
Titre Fig. 3. Tempietto 2021 – S2100. Vue depuis l’est.
Crédits Photo : E. Cayre.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 525k
Titre Fig. 4. Tempietto 2021 – S2700.
Crédits Photo : E. Fournié.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 500k
Titre Fig. 5. Porte V 2021 – S5100.
Légende Coupe stratigraphique sud‑nord.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 448k
Titre Fig. 6. S4100 – État final.
Légende A. plan ; B. élévations.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 573k
Titre Fig. 7. S4200 – Plan au niveau de l’US4202 (niveau de décapage).
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 524k
Titre Fig. 8. S4200 – État final et coupes stratigraphiques.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 542k
Titre Fig. 9. S4200 – Élévations des murs.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 502k
Titre Fig. 10. S4200 – État final.
Légende A. vue du nord ; B. vue du nord‑est.
Crédits Modèle 3‑D Y. Svoysky, E. Romanenko.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 514k
Titre Fig. 11. Sélection d’objets mis au jour en 2021.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 344k
Titre Fig. 12. Zone du Portique Nord. Tuile d’avant‑toit.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 65k
Titre Fig. 13. Zone du Portique Nord. Tuile faîtière.
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/7224/img-13.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Laurence Cavalier, Marielle Bernier, Valentina Caminneci, Émilie Cayre, Elsa Fournié, Dario Giuliano, Askold Ivantchik et Nikolai Sudarev, « Le sanctuaire des divinités chthoniennes à Akragas » [notice archéologique], Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger [En ligne], Italie, mis en ligne le 03 mars 2023, consulté le 10 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/baefe/7224 ; DOI : https://doi.org/10.4000/baefe.7224

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Auteurs

Laurence Cavalier

Institut Ausonius, Université Bordeaux-Montaigne

Marielle Bernier

CNRS, Institut Ausonius, Université Bordeaux-Montaigne

Articles du même auteur

Valentina Caminneci

Parco Archeologico e Paesaggistico Valle dei Templi Agrigento

Émilie Cayre

Institut Ausonius, Université Bordeaux-Montaigne

Elsa Fournié

(Institut Ausonius, Université Bordeaux-Montaigne

Dario Giuliano

Università di Palermo et Université Bordeaux-Montaigne

Askold Ivantchik

CNRS/Université nationale de recherche « École des hautes études en sciences économiques »

Nikolai Sudarev

Université nationale de recherche « École des hautes études en sciences économiques », Moscou

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Responsable d’opération

Laurence Cavalier

Institut Ausonius, Université Bordeaux-Montaigne

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

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