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2023
La Haute Égypte

Dendara (2022)

Mission archéologique de l’Ifao à Dendara
Responsables d’opération : Pierre Zignani et Yann Tristant
Notice rédigée avec Sylvain Dhennin, Sylvie Marchand, René Preys et Matthieu Vanpeene

Notes de l’auteur

Année de la campagne : 2022 (5/10 – 15/12)

Autorité nationale présente : Le ministère du Tourisme et des Antiquités (MoTA) était représenté par les inspecteurs Ramy Gaafar Hammad (téménos du temple d’Hathor) et Abdallah Ahmed Osman (nécropole), ainsi que par Marina Hamdy Adeeb Girgis délégué par le département de restauration.

Numéro et intitulé de l’opération de terrain : 17141 – Dendara, espace et développement d’une métropole régionale

Composition de l’équipe de terrain : Ines Büdenbender (égyptologue, Universität Trier) ; Quentin Cécillon (égyptologue, université Lyon 2/UMR 5189 HiSoMA) ; Sylvain Dhennin (égyptologue et archéologue, CNRS, UMR 5189 HiSoMA) ; Mounir Habachy (égyptologue, université d’Helouan) ; Tomasz Herbich (archéologue géophysicien, Polish Academy of Sciences) ; Konrad Jurkowski (archéologue géophysicien, Jagiellonian University, Cracovie) ; Olivier Lavigne (archéologue de la taille de pierre, indépendant) ; Joachim Le Bomin (archéologue, responsable du pôle archéologie de l’Ifao) ; Sylvie Marchand (céramologue, Ifao) ; Lorenzo Medini (égyptologue, université Paris Sorbonne) ; René Preys (égyptologue, université de Namur) ; Félix Relats Monserrat (égyptologue et archéologue, université Paris Sorbonne) ; Yann Tristant (archéologue et égyptologue, KU Leuven) ; Matthieu Vanpeene (architecte et archéologue, CNRS, UAR 3172 CFEETK) ; Alionka Wérenne (égyptologue, université de Namur) ; Pierre Zignani (architecte et archéologue, CNRS, UMR 7065 Iramat-LMC).

Partenariats institutionnels :
CNRS, UMR 5189 HiSoMA ; CNRS, UMR 7065 Iramat-LMC ; université KU Leuven ; université Lumière Lyon 2 ; université de Namur

Organismes financeurs :
Ifao ; ministère de l’Europe et des Affaires étrangères MEAE ; université KU Leuven ; université de Namur ; CNRS, UMR 5189 HiSoMA ; CNRS, UMR 7065 Iramat-LMC

Texte intégral

Introduction

1La mission prévue à partir du 5 octobre a dû être repoussée au 25 novembre en raison du retard de délivrance des permis de la Sécurité intérieure de l’Égypte. Le comité permanent du MoTA avait donné son approbation le 22 mars 2022. La clôture de la campagne a eu lieu, comme prévu, le 15 décembre. Par conséquent, plusieurs thèmes de recherche n’ont pas pu être poursuivis selon le programme présenté. Ce retard très important dans l’ouverture du chantier a entraîné le retour de nombreux collaborateurs dans leurs institutions académiques ou l’annulation de leurs déplacements vers Dendara. Dans ce contexte, la maçonnerie en grand appareil de grès a été l’objet d’une campagne d’étude en présentiel entre ses protagonistes, mais sans intervention sur le terrain. Depuis 2017, la mission a connu au total plus de 25 semaines de retard cumulé.

1. Téménos d’Hathor

1.1. Mammisi « romain »

Pierre Zignani, Lorenzo Medini, René Preys, Ines Büdenbender, Mounir Habachy, Matthieu Vanpeene, Alionka Wérenne

2Les relevés pour l’étude architecturale ont été poursuivis sur la façade nord du monument. L’inventaire des blocs épigraphiques épars a été l’objet d’une seconde campagne qui s’est déroulée du 26 novembre au 10 décembre. Ces éléments provenant des parties frontales de ce bâtiment ont été partiellement démantelés à la période tardive.

3Dans un premier temps, une église avait été implantée au cœur des parties avant du monument. Dans la partie conservée du mammisi, une concentration de graffiti coptes est ainsi visible sur l’accès latéral sud donnant dans le déambulatoire (fig. 1).

Fig. 1. Mammisi romain, portique sud, graffiti sur le côté ouest de la porte d’accès latéral aux espaces centraux (mission Dendara, P. Zignani).

Fig. 1. Mammisi romain, portique sud, graffiti sur le côté ouest de la porte d’accès latéral aux espaces centraux (mission Dendara, P. Zignani).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_001

4Suite à cette première réutilisation, la structure du mammisi a servi de carrière pour approvisionner la construction d’une seconde église, couramment appelée « la basilique ». Les vestiges de cet imposant bâtiment pour le culte chrétien exposent également en divers endroits les réemplois décorés du bâtiment cultuel pharaonique ou présentent des détails architecturaux du sanctuaire primitif.

5Les éléments épars ont été récupérés lors de l’exploitation moderne du sebakh. Jusqu’à la mission de 2021, les blocs avaient été entassés le long des côtés nord et ouest de l’édifice. Leur inventaire n’avait jamais été réalisé. Une centaine de blocs avaient été photographiés et enregistrés à la fin de la campagne 2021. La mission 2022 s’est concentrée sur les blocs provenant des architraves et des corniches du péristyle de l’ouvrage, ainsi que des portes de la cour. Il est à noter que divers éléments d’autres provenances ont été mélangés avec le matériel récupéré du mammisi. Chaque bloc fait l’objet d’une couverture photographique pour produire une photogrammétrie, et une fiche a été établie selon le tableau ci-après.

Numéro du bloc M 258
Dimensions Remarques et description
Longueur : 0,91 m Bloc de Ptolémée X ; dans le creux, sur une face
Deux scènes :
- scène droite : divinités tournées vers la droite.
1ère divinité : double couronne et tête ? ; colonne et ligne : (ʿȝ) ptj wj sbjw tp jbf m wtr
2e : tête de bélier avec couronne-atef ; texte : d mdw jn rjšf nb w.t nn nswt sm šps nt nʿrt
3e : colonne latérale de la déesse : nr.t tn šps.t m jwn.t wsr.t
- scène gauche : roi avec double couronne ; colonne latérale : ʿn r nrj .t stp nw.t … ; colonne horizontale : … (s)n stp nw.t
Largeur : 0,29 m
Hauteur : 0,44 m
Texte lignes horizontales : 10 cm
colonnes : 8 cm
colonnes latérales : 11 cm

6À l’issue de cette seconde campagne de documentation épigraphique, le nombre de blocs inventoriés s’élevait à 260. Ils ont été rangés sur une banquette spécialement construite par la mission en 2021 (fig. 2 et 3). En vue d’anticiper les prochains entreposages une nouvelle plate-forme a été réalisée cette année à l’ouest du mammisi.

Fig. 2. Sud du mammisi romain, banquette de stockage des blocs épigraphiés inventoriés (mission Dendara, P. Zignani).

Fig. 2. Sud du mammisi romain, banquette de stockage des blocs épigraphiés inventoriés (mission Dendara, P. Zignani).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_002

Fig. 3. Ouest du mammisi romain, future banquette de stockage de blocs (mission Dendara, P. Zignani).

Fig. 3. Ouest du mammisi romain, future banquette de stockage de blocs (mission Dendara, P. Zignani).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_003

1.2. Étude de la maçonnerie de grès en grand appareil (mode opératoire, assemblage, outils)

Pierre Zignani, Olivier Lavigne, Félix Relats Monserrat

7Les acteurs de cette recherche n’ont pas pu travailler sur le terrain (pour les raisons administratives citées ci-avant), mais ont profité de leurs déplacements pour mener une mission d’étude à partir des données précédemment récoltées.

  • 1 J.-C. Golvin, J. Larronde, « Étude des procédés de construction dans l’Égypte ancienne 1. L’édific (...)

8Un article publié à la fin des années 1970, consacré à l’art de bâtir, met en lumière de nombreux détails sur les monuments de Dendara, en particulier sur son sanctuaire principal1. Au niveau de la cour précédant le pronaos du temple d’Hathor, le péribole présente une situation particulière : les murs sud et ouest, ainsi que leurs retours nord qui s’élargissent pour un élément architectural d’accueil dans la tradition des pylônes, avaient été prévus dans le projet de construction du temple, mais n’ont pas été complétés. Les travaux précédents avaient déjà reconnu que le péribole du temple d’Hathor présentait, dans ce secteur, l’arrêt d’un chantier antique. Il apparaît nécessaire de revenir aux vestiges en pierre préservés in situ pour deux raisons :

  • La première est l’absence de description extensive des maçonneries existantes. En effet, si l’étude du péribole a permis de restituer plusieurs étapes du mode opératoire de la construction du grand appareil en grès, aucune description des vestiges n’a encore été publiée.
  • La seconde est l’avancée des observations sur les techniques de construction et les modes opératoires, qui tiennent désormais compte des outils employés.

9Au niveau de la cour, les blocs de grès en grand appareil qui forment le péribole connaissent différents agencements. On peut ainsi distinguer les maçonneries appareillées (qui rendent compte de différents états dans l’avancement du chantier), un dépôt de blocs bruts juxtaposés sans liaison (signe non seulement de l’inachèvement du chantier, mais aussi de son abandon) et la préparation de la fondation recevant la maçonnerie.

10Les marques de carriers ou de tâcherons sont incluses dans cette étude. L’interprétation et le moment de leur marquage restent toujours sujets à conjecture. Leurs présences parfois sur les extrémités des blocs semblent exclure qu’elles aient été faites au moment du transport. Elles pourraient être liées à l’activité en carrière ou au travail préparatoire sur le chantier, mais curieusement elles ne sont pas présentes sur les blocs abandonnés dans la fosse de chantier.

1.3. Perception sensorielle et acoustique de l’espace du temple (sanctuaire d’Hathor)

11Mission annulée pour retard administratif (direction Sibylle Emerit).

1.4. Restauration du mur de téménos

Matthieu Vanpeene, Pierre Zignani

12Les travaux de restauration/conservation de la muraille de briques crues sur le côté ouest du portail d’Hathor, initiés la saison précédente, devaient commencer le 8 octobre 2022. En raison des retards administratifs, ils n’ont pu être poursuivis qu’à la date du 24 novembre, dès la signature du contrat avec le MoTA, immédiatement après l’obtention de la permission de la Sécurité d’état et du permis militaire.

13Le mortier de terre et de paille (« mouna ») a été préalablement préparé à proximité de la zone de travail. Les briques fabriquées lors de la dernière campagne ont été nettoyées et transportées depuis leur lieu de stockage. Pendant deux semaines, un maçon spécialisé dans les ouvrages en briques crues a poursuivi l’intervention de l’année dernière (fig. 4).

Fig. 4. Téménos : massif flanquant la porte d’Hathor à l’ouest, état de la restauration à la fin de la mission (mission Dendara, P. Zignani).

Fig. 4. Téménos : massif flanquant la porte d’Hathor à l’ouest, état de la restauration à la fin de la mission (mission Dendara, P. Zignani).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_004

14La réduction substantielle du temps de travail de la mission n’a pas permis de travailler sur l’angle sud de ce massif liaisonné avec la section suivante du mur. Le nettoyage de nouveaux massifs de l’enceinte n’a pas été possible, limitant la documentation scientifique. Seuls quelques détails périphériques ont pu être traités par photogrammétrie, comme la porte dite « d’Hathor », une section à l’angle sud-ouest du téménos et un bref relevé d’un mur au sommet de l’enceinte qui n’avait pas été entièrement compris la saison dernière. Les travaux de conservation se sont poursuivis jusqu’au 10 décembre. Les fouilles et nettoyages préventifs prévus cette année, nécessaires à la progression de la restauration scientifique de cet ouvrage, sont donc remis à la campagne prochaine.

1.5. Sondage à l’intérieur du téménos, secteur est du temple d’Isis

Yann Tristant, Sylvie Marchand

15Une très courte campagne de fouille a été organisée à l’est du temple d’Isis du 24 novembre au 6 décembre 2022. Le but de cette nouvelle phase d’investigation archéologique du site de Dendara visait à sonder les endroits les plus profonds afin de mettre au jour les niveaux d’occupation les plus anciens.

16Le secteur d’étude choisi pour cette campagne se situe directement à l’est du temple d’Isis où les restes d’un dallage en grès reposent sur deux larges murs en briques formant un angle. Ceux-ci ont été intégralement nettoyés sur une surface d’environ 20 m (nord-sud) par 15 m (est-ouest) correspondant à deux sondages précédents de la mission archéologique de l’Ifao, alors menés en collaboration avec l’université de Chicago (sondages « Area 1/Trench 1 » et « Area 1/Trench 2 » respectivement renommés « IS2015/01 » et « IS2015/02 »). L’équipe en charge de ces investigations avait montré que ces murs étaient très largement arasés, même s’ils conservent encore une douzaine d’assises d’élévation, et qu’ils avaient servi à l’implantation au début de l’époque byzantine (ve siècle) d’une série de fours à chaux. Elle avait aussi indiqué, de manière hâtive, que ces murs forment l’angle sud-est d’une vaste construction datant du Moyen Empire. L’absence de rapport détaillé laissé par l’université de Chicago et de mobilier associé aux structures toujours visibles aujourd’hui ne permet pas de confirmer cette hypothèse. Aucun élément archéologique ne peut valider avec assurance que ces murs datent bien du Moyen Empire, et encore moins qu’ils forment les vestiges d’un « temple du Moyen Empire ». Il a été bien montré toutefois que ces murs en briques reposent sur une couche de sable éolien peu épaisse (5 à 10 cm) qui recouvre des niveaux successifs de dépôts de ouadis très profonds formés d’un sable plus grossier et plus compact, mélangé à des graviers. Ces niveaux, fouillés en 2017 (US 1061, 1064, 1066 et 1069), constitueraient deux phases distinctes d’occupations prédynastiques stratifiées datées de la phase Nagada IIC-D par le matériel céramique.

17Les travaux de la présente mission n’ont pas permis de retrouver le matériel mentionné. Les structures circulaires de moyens et gros galets observées en 2017 ont été dégagées à nouveau. Elles peuvent correspondre à des systèmes de calage, d’après leur morphologie et leur disposition linéaire, mais sans doute pas à des foyers déstructurés, considérant l’absence de traces de rubéfaction. Sans donnée nouvelle évoquant clairement la présence de prédynastique dans ce secteur, il a donc été décidé d’ouvrir un nouveau sondage dans un secteur encore vierge de toute investigation archéologique.

Fig. 5. Aire sud-est du téménos, vue générale de la tranchée IS2022/01 (mission Dendara, Y. Tristant).

Fig. 5. Aire sud-est du téménos, vue générale de la tranchée IS2022/01 (mission Dendara, Y. Tristant).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_005

18Pour cela, un nouveau secteur (IS2022/01 ; fig. 5) a été ouvert plus à l’est, adjacent à l’angle sud-est du sondage IS2015/01. Ouvert sur une longueur de 9 m vers l’est, dans la continuité de la berme sud de IS2015/01 et de 7,5 m vers le nord, il a été limité dans son extension par la présence d’un nilomètre. Ce secteur d’une superficie d’un peu moins de 70 m² a été perturbé en surface par des fosses de sebakhins et par des creusements domestiques antiques et médiévaux. La zone offre toutefois l’avantage de pouvoir accéder à la continuité des niveaux archéologiques mis au jour durant les missions 2015 et 2017.

19Le secteur IS2022/01 se caractérise par des dépôts épais de sable éolien (50 à 60 cm) à la base desquels se situe un niveau qui a livré du mobilier céramique et lithique d’époque prédynastique. Quelques lambeaux de couches cendreuses et carbonatées compactes, avec des tessons à plat, situées à l’interface entre le sable éolien et les dépôts alluviaux sous-jacents, pourraient correspondre à des niveaux d’occupation. Ils ont été toutefois trop perturbés par les structures fossoyées plus récentes pour qu’on puisse les identifier avec assurance. Aucune structure domestique n’a pu être identifiée en lien avec l’occupation prédynastique. La céramique constitue la grande majorité du mobilier mis au jour, avec un peu de matériel lithique (éclats, lames brutes et lames de faucilles retouchées) et de faune. La densité de matériel est très peu élevée. Un catalogue chrono-typologique de céramiques datées Nagada IIC-D est achevé.

Fig. 6. Tranchée IS2022/01 : assemblage de céramiques de la période Naqada II (mission Dendara, S. Marchand).

Fig. 6. Tranchée IS2022/01 : assemblage de céramiques de la période Naqada II (mission Dendara, S. Marchand).

© Ifao. 17141_2022_NDMPM_001

Fig. 7. Tranchée IS2022/01 : fragment de jarre « Black-Topped » (mission Dendara, S. Marchand).

Fig. 7. Tranchée IS2022/01 : fragment de jarre « Black-Topped » (mission Dendara, S. Marchand).

© Ifao. 17141_2022_NDMPM_002

20Toutes les couches archéologiques sont concernées par ce matériel mais avec des densités très différentes. La couche archéologique située à la surface des dépôts de ouadi (US 1532) est celle qui offre le mobilier le plus abondant avec des tessons de grande taille et plusieurs formes complètes ou intactes. On constate que ce n’est pas la céramique fine (« Black-Topped », formes typiques Nagada II ; « Red Polished Ware », pots et assiettes ; fig. 6-7) qui domine la documentation, mais deux groupes de céramiques communes à pâte alluviale et à dégraissant végétal, comprenant des pots à parois fines à lèvre retournée et des jarres sans col à épaule ronde à lèvre retournée, ainsi qu’un groupe d’assiettes à lèvre à mali court à fond plat à engobe rouge. Il s’agit de véritables séries archéologiques qu’il conviendra de caler dans la chronologie et qui confortent plutôt l’homogénéité même partielle du mobilier céramique de cette couche archéologique. On peut donc supposer que les tessons plus récents, rares et représentés par des individus souvent uniques pour un groupe céramique, sont intrusifs. Les objets associés sont réduits à des briquettes en terre cuite façonnées à la main dans une pâte alluviale à dégraissant végétal et des chenets.

21Toutes les couches archéologiques du sondage sont concernées par la présence d’un matériel très tardif, mais en proportions variables. Cette densité et le faciès hétérogène mêlant en très forte majorité des tessons des époques byzantines (ive-vie siècles : céramique sigillée égyptienne du groupe O et groupe O peint, en pâte d’Assouan, associée à quelques sigillées de type African Red Slip Ware originaires d’Afrique du Nord) et médiévales (les principaux marqueurs sont les céramiques à glaçure de fabrication égyptienne d’époque fatimide, xe-xie siècles) avec un terminus à l’époque mamelouke (xive-xve siècles, céramiques à glaçure sgraffito typiques) sont représentatifs des couches de surface du sondage à l’est du temple d’Isis et d’une façon générale dans l’enceinte du téménos d’Hathor. Le sondage à l’est du temple d’Isis offre une petite concentration de céramiques du Nouvel Empire, plus précisément de la XVIIIe dynastie, et quelques rares tessons et faïences égyptiennes datés de l’époque romaine, du Haut Empire (ier-iie siècles). Certaines périodes ne sont pas attestées, aucune céramique n’est datée de l’Ancien Empire/Première Période intermédiaire, du Moyen Empire ou de l’époque ptolémaïque. Un tesson unique pourrait être daté de la Basse Époque, mais sans certitude.

1.6. Blocs associés à une chapelle de Montouhotep II et radier de réemplois de Thoutmosis III

22Mission annulée pour retard administratif (direction Lilian Postel).

2. Nécropoles

2.1. Étude du cimetière

23Mission annulée pour retard administratif (direction Yann Tristant).

2.2. Catacombes des animaux

Sylvain Dhennin, Quentin Cécillon, Joachim Le Bomin, Sylvie Marchand

24Également réduite dans le temps, cette fouille a néanmoins pu avoir lieu du 24 novembre au 12 décembre. Son ambition était de poursuivre les fouilles du bâtiment nord des catacombes des animaux, entreprises en 2019, afin d’approfondir l’étude architecturale du bâti et de compléter le plan établi et publié par W.M.F. Petrie. Cette campagne a été l’occasion de conduire une première évaluation de la céramique.

Fig. 8. Catacombes des animaux, vue générale de la fouille 2022 depuis le nord-est (mission Dendara, S. Dhennin).

Fig. 8. Catacombes des animaux, vue générale de la fouille 2022 depuis le nord-est (mission Dendara, S. Dhennin).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_006

25Le sondage 3 (fig. 8), qui avait été entrepris en 2019, a été ouvert à nouveau et poursuivi. Le corridor principal (COR004) et les galeries attenantes (GAL022, GAL023, GAL024 et GAL025) ont été fouillés et documentés. Tous ces espaces ont déjà été vidés par W.M.F. Petrie, détruisant toutes les couches stratigraphiques originales et perturbant tous les contextes. Néanmoins, nous avons pu améliorer notre connaissance du bâtiment et de sa technique de construction. Le corridor COR004 constitue un espace principal de circulation, distribuant les galeries latérales. Il est entièrement construit en briques crues et a été fortement dégradé lors des fouilles précédentes. Le sol a été complètement surcreusé lors des fouilles de W.M.F. Petrie, provoquant un effondrement de la voûte et de la partie centrale des murs latéraux du corridor.

Fig. 9. Catacombes des animaux, corridor COR004, vue depuis le nord (mission Dendara, S. Dhennin).

Fig. 9. Catacombes des animaux, corridor COR004, vue depuis le nord (mission Dendara, S. Dhennin).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_007

Fig. 10. Catacombes des animaux, galeries GAL022 (haut) et GAL023 (bas) vues depuis le nord-est (mission Dendara, S. Dhennin).

Fig. 10. Catacombes des animaux, galeries GAL022 (haut) et GAL023 (bas) vues depuis le nord-est (mission Dendara, S. Dhennin).

© Ifao. 17141_2022_NDMPF_008

26La galerie GAL022 a été partiellement fouillée, jusqu’à une altitude de 81,95 mètres. La voûte qui la recouvrait a été partiellement conservée, elle s’est effondrée sur les côtés est et ouest à une période indéterminée (fig. 9, partie haute). Comme les autres galeries du couloir COR004, celle-ci possède une entrée plus ancienne, marquée par une porte à arc en plein cintre, qui a été conservée lors de l’ajout des corridors. En face de la galerie GAL022, à l’est, se trouve la galerie GAL023 (fig. 8). Elle est construite sur le même modèle, avec une porte ancienne doublée par une porte plus récente et une voûte nubienne partiellement effondrée à l’ouest. Cette galerie n’a été dégagée que dans sa partie ouest, jusqu’à trois mètres à partir du corridor, et le sol n’en a pas été atteint. La galerie GAL024 (fig. 10, partie inférieure) a été entièrement fouillée. Elle ne possède plus sa voûte, dont l’effondrement est probablement antérieur aux fouilles de W.M.F. Petrie (aucun vestige de la démolition n’a été observé en place). Deux murets modernes en briques crues de remploi, non liées au mortier, ont été installés en travers de la galerie. Ces murs sont posés sur le mur d’appui de la voûte, ce qui indique que la voûte n’existait plus lorsqu’ils ont été aménagés. La galerie GAL025 (fig. 8), opposée à la galerie GAL024, est formée sur le même modèle et ne conserve pas non plus sa voûte. Elle a été entièrement fouillée par W.M.F. Petrie et ne présente que des remblais récents, avec très peu de matériel.

27La poterie est constituée, pour l’ensemble des couches fouillées, d’un mélange de céramiques de différentes périodes, dont des tessons de l’époque médiévale et du xixe siècle, confirmant ainsi que toutes les structures fouillées en 2022 avaient déjà été fouillées par W.M.F. Petrie. Néanmoins, les premières observations pourraient indiquer que les murs les plus anciens (premiers états des portes et murs des galeries) remontent à la Basse Époque ou à l’époque ptolémaïque et que la transformation du bâtiment par l’ajout des corridors pourrait dater de la période gréco-romaine (étude en cours). Il est vraisemblable que les galeries indépendantes étaient déjà destinées à la déposition des animaux avant l’ajout des corridors qui ont permis de les intégrer à un édifice de plus grande ampleur.

28Les objectifs de la prochaine mission sont de poursuivre la fouille du bâtiment nord en dégageant le couloir le plus au nord (COR005), qui mène à l’accès le plus au nord du bâtiment, et de fouiller également l’entrée sud-est du bâtiment, afin de compléter la documentation publiée par W.M.F. Petrie. La prochaine campagne devrait également voir le début de la réévaluation du bâtiment sud, sur lequel nous n’avons pas encore travaillé, et que W.M.F. Petrie a daté de la période gréco-romaine. Enfin, une première évaluation de la zone située à l’ouest des catacombes devrait être réalisée.

3. Prospections géoarchéologiques et géophysiques

29Mission annulée pour retard administratif (direction Yann Tristant).

30La venue à Dendara de T. Herbich et de son collaborateur K. Jurkowski n’ayant pas pu être annulée, leur présence sans activité directe sur le terrain a néanmoins été l’occasion de planifier une intervention prévue sur 8 à 10 hectares au regard de l’évolution du développement de la région autour du site, des nouvelles données acquises lors des fouilles sur la nécropole et des résultats des premières prospections géoarchéologiques.

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Notes

1 J.-C. Golvin, J. Larronde, « Étude des procédés de construction dans l’Égypte ancienne 1. L’édification des murs de grès en grand appareil à l’époque romaine », ASAE 68, 1979, p. 165-190.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Mammisi romain, portique sud, graffiti sur le côté ouest de la porte d’accès latéral aux espaces centraux (mission Dendara, P. Zignani).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_001
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 3,4M
Titre Fig. 2. Sud du mammisi romain, banquette de stockage des blocs épigraphiés inventoriés (mission Dendara, P. Zignani).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_002
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 2,4M
Titre Fig. 3. Ouest du mammisi romain, future banquette de stockage de blocs (mission Dendara, P. Zignani).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_003
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 2,0M
Titre Fig. 4. Téménos : massif flanquant la porte d’Hathor à l’ouest, état de la restauration à la fin de la mission (mission Dendara, P. Zignani).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_004
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre Fig. 5. Aire sud-est du téménos, vue générale de la tranchée IS2022/01 (mission Dendara, Y. Tristant).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_005
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 1,3M
Titre Fig. 6. Tranchée IS2022/01 : assemblage de céramiques de la période Naqada II (mission Dendara, S. Marchand).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPM_001
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 657k
Titre Fig. 7. Tranchée IS2022/01 : fragment de jarre « Black-Topped » (mission Dendara, S. Marchand).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPM_002
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 964k
Titre Fig. 8. Catacombes des animaux, vue générale de la fouille 2022 depuis le nord-est (mission Dendara, S. Dhennin).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_006
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 1,3M
Titre Fig. 9. Catacombes des animaux, corridor COR004, vue depuis le nord (mission Dendara, S. Dhennin).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_007
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre Fig. 10. Catacombes des animaux, galeries GAL022 (haut) et GAL023 (bas) vues depuis le nord-est (mission Dendara, S. Dhennin).
Crédits © Ifao. 17141_2022_NDMPF_008
URL http://journals.openedition.org/baefe/docannexe/image/8314/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Pierre Zignani, Yann Tristant, Sylvain Dhennin, Sylvie Marchand, René Preys et Matthieu Vanpeene, « Dendara (2022) » [notice archéologique], Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger [En ligne], Égypte, mis en ligne le 01 juin 2023, consulté le 09 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/baefe/8314 ; DOI : https://doi.org/10.4000/baefe.8314

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Auteurs

Pierre Zignani

Architecte et archéologue, CNRS, UMR 7065 Iramat-LMC

Articles du même auteur

  • Ermant (2023) [Texte intégral]
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Dendara Métropole (2023) [Texte intégral]
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Dendara (2021) [Texte intégral]
    Mission archéologique de l’Ifao à Dendara
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Ermant (2019) [Texte intégral]
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Dendara métropole (2019) [Texte intégral]
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte

Yann Tristant

Archéologue et égyptologue, KU Leuven

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    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
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    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
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    Mission archéologique de l’Ifao à Dendara
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Dendara métropole (2019) [Texte intégral]
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte

Sylvain Dhennin

Égyptologue et archéologue, CNRS, UMR 5189 HiSoMA

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Céramologue, Ifao

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René Preys

Égyptologue, université de Namur

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    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte

Matthieu Vanpeene

Architecte et archéologue, CNRS, UAR 3172 CFEETK

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Pierre Zignani

Architecte et archéologue, CNRS, UMR 7065 Iramat-LMC

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

  • Dendara (2021) [Texte intégral]
    Mission archéologique de l’Ifao à Dendara
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Dendara métropole (2019) [Texte intégral]
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte

Yann Tristant

Archéologue et égyptologue, KU Leuven

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  • Abou Rawach (2022) [Texte intégral]
    Cimetière M (Ire dynastie)
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
  • Dendara (2021) [Texte intégral]
    Mission archéologique de l’Ifao à Dendara
    Paru dans Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger, Égypte
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