1La mission d’étude de la zone minière du Sud-Sinaï – interrompue depuis 2013 pour des raisons de sécurité — a pu reprendre cette année 2022, du 25 septembre au 2 octobre.

2En raison de sa brièveté, cette mission a été uniquement consacrée à l’étude du plateau de Sérabit el-Khadim et de ses abords. Un de ses objectifs a été de prospecter les différents accès possibles au temple d’Hathor et aux mines de turquoise, en dehors de la passe de Rod el-Air, depuis les ouadis environnants. Sur la montée du ouadi Khesif el-Sorayar, deux gravures pharaoniques (un taureau et une hache), piquetées sur des blocs en grès, ont été documentées. Le long des accès au plateau empruntant les ouadis Umm Themeyim et Qatar, aucun vestige archéologique notoire n’a été découvert tandis qu’au ouadi Tlaha, sur un rocher isolé, figuraient des gravures et des inscriptions nabatéennes. Dans l’état actuel de nos connaissances, seuls les accès au plateau passant par Rod el-Air et le ouadi Khésif el-Sorayar présentent des vestiges d’époque pharaonique.

3Au cours de cette mission, nous avons aussi effectué les derniers contrôles concernant la documentation des mines de turquoise du plateau de Sérabit el-Khadim, qui avaient été systématiquement prospectées lors de nos dernières missions entre 2006 et 2012. À cette occasion, trois nouvelles inscriptions ont été découvertes et documentées. Il s’agit d’une petite stèle rupestre, très érodée et peut-être inachevée, située à l’entrée ouest (côté nord) de la mine 2, d’une inscription piquetée à plat sur le côté est de la mine 2, et d’une inscription protosinaïtique gravée sur un pilier restant de la mine 20. Cette dernière avait déjà été repérée lors d’une mission précédente, mais le relevé photographique qui en avait été fait était insuffisant pour en permettre la publication.

4Lors de la prospection systématique du pied du plateau de Sérabit el-Khadim, nous avons fait des premiers repérages à un endroit baptisé « ouadi Rod el-Khawaga », (litt. « le ouadi du jardin de l’étranger ») qui porte vraisemblablement ce nom en raison de la présence en ces lieux du camp qu’avait établi William Matthew Flinders Petrie lors des premières fouilles effectuées sur le plateau de Sérabit el-Khadim au début de l’année 1905. Sur le sol sont répandus des centaines de tessons de céramique en faïence bleue décorée de motifs noirs, portant parfois des signes hiéroglyphiques, qui sont pour l’essentiel datables du Nouvel Empire. Une cinquantaine d’outils en pierre (des marteaux et des pics) y ont également été observés, ainsi que des fragments d’objets votifs portant parfois des traces d’inscriptions. L’élément le plus spectaculaire est une stèle en grès cintrée du Nouvel Empire qui avait été abandonnée à cet endroit face contre terre (fig. 1).

Fig. 1. Stèle IS 237 représentant le roi officiant devant Hathor, retrouvée dans le camp de W.M.F. Petrie.

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© Ifao.  22131_2022_NDMPM_001

5Son côté décoré montre la déesse Hathor face à un roi égyptien dont la figure et le nom ont été manifestement martelés. Un fac-similé succinct du monument avait été publié dans les éditions de 1911 et de 1952 du vol. 1 des Inscriptions of Sinai sous le n° IS 237, mais Jaromír Černý, dans le vol. 2 de cette publication (paru en 1955), précise qu’il n’a pas pu être réexaminé en 1935 (« present whereabout unknown »).

6Ce mobilier archéologique – dont seule une partie est visible en surface – correspond manifestement à ce que l’archéologue anglais a considéré en son temps soit comme des rebuts de fouille, soit comme du matériel de moindre intérêt, et il est probable que la stèle, comme la céramique votive décorée, provient directement du temple d’Hathor de Sérabit el-Khadim. Une présentation préliminaire de ce site est en cours de préparation et nous envisageons d’y mener en 2023 une campagne de fouille de sauvetage, en collaboration étroite avec l’inspectorat du Sinaï.