Données scientifiques produites :
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1Dans le cadre de l’opération archéologique et épigraphique dirigée par Laurent Coulon et Cyril Giorgi, sont fouillées trois chapelles (XXV^e-XXVI^e dynasties) situées au nord-ouest du grand temple d’Amon de Karnak, entre la grande salle hypostyle et le temple de Ptah, respectivement consacrées à Osiris Neb-ânkh, Osiris Ounnefer Neb-djefaou et Osiris Ounnefer.

I. Études archéologiques, fouilles et travaux de restauration

Cyril Giorgi

2Lors de cette mission, les travaux ont notamment porté sur le projet de restauration de la première porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer, la restauration des môles en briques crues du pylône d’entrée de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou, et l’étude des artefacts collectés au cours de la présente mission et des saisons précédentes.

3De plus, quelques sondages ont été effectués au niveau de la chapelle d’Osiris Ounnefer dans le but de compléter les informations recueillies lors de la fouille des fondations de la première porte du sanctuaire réalisée en 2021 (fig. 1). Un nettoyage de surface des murs d’enceinte de la chapelle a également été commencé, afin d’obtenir un plan précis du secteur, notamment pour les dernières phases d’occupations.

4Dans cette optique, les travaux de levés topographiques ont été poursuivis et les modèles numériques de terrain (MNT) et modèles numériques d’élévation (MNE) ont très largement progressé.

I.1. La chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou

5Aucun travail archéologique n’a été entrepris cette année ; néanmoins le programme de préservation de la chapelle s’est poursuivi et de nouvelles restaurations ont été effectuées sur l’architecture en pierre et en brique crue, dans le but de consolider les travaux entrepris ces dernières années.

6Certains éléments d’architectures en pierre ont reçu un traitement à base de silicate ou de paraloïd (selon les protocoles mis en place), afin de ralentir le processus d’arénisation du grès. Les murs en briques crues ont également reçu une attention particulière, notamment au niveau des môles du pylône encadrant la première porte du sanctuaire.

7Ces travaux ont été réalisés sur une durée de quinze jours et sur une superficie d’environ 17 m² pour une hauteur de près d’1 m à 1,5 m (environ 23 m³, pour 4 500 briques crues et 500 litres de mouna).

I.2. La chapelle d’Osiris Ounnefer

8Immédiatement au sud de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou, la chapelle dédiée à Osiris Ounnefer, construite au vi^e siècle avant notre ère, sous le règne d’Amasis et Psammétique III, a également bénéficié de travaux de restauration, mais ce sont sur les travaux archéologiques et de remontage de la première porte du sanctuaire que s’est focalisée l’intervention de la présente mission.

I.2.1. Études archéologiques et architecturales

9Cette année, le programme de fouille était surtout destiné à obtenir un plan topographique plus précis du secteur, permettant de mieux structurer les travaux archéologiques à venir. Les études de terrain n’ont donc pas été très conséquentes et se sont limitées à des nettoyages de surfaces, à quelques sondages, à l’évacuation de zones de déblais/remblais et divers travaux préparatoires.

I.2.1.1. Nettoyages de surface et autres travaux préparatoires

10Concernant les nettoyages de surface, les murs attenant au naos n’ont été que sommairement dégagés, en raison des remblais importants présents à l’ouest, au sud et au nord. Les murs enserrant la première porte et ceux délimitant la salle hypostyle ont tous été nettoyés, permettant ainsi une meilleure lecture des différentes assises de briques crues, afin de réaliser des relevés préliminaires en plan et en élévation avant les prochaines campagnes de fouille. Ce travail très méticuleux a demandé un temps considérable, tant les briques avaient un aspect « fondu » au début de la mission.

11Chacun des murs nettoyés a présenté des témoins de plusieurs phases de construction, que ce soit à l’aplomb des murs ou dans leurs parties supérieures. Comme cela avait déjà été noté, les témoins de réfections de l’ensemble des murs au début de la période ptolémaïque sont nombreux, notamment dans les parties basses où de nombreux blocs de grès, provenant de la chapelle et de sa première occupation à la XXVI^e dynastie, sont présents.

12Lors de ces premiers nettoyages, outre les vestiges céramiques confirmant la réoccupation des lieux à l’époque ptolémaïque, plusieurs blocs décorés ont pu être enregistrés, notamment au sein des murs MR 605 (OE 56, OE 212), MR 609 (OE 225), MR 610 (OE 209) et MR 600 (OE 212). Cinq d’entre eux ont été prélevés, tandis que de nombreux autres sont restés à leur emplacement initial.

13De nombreux assemblages d’éléments d’architecture de la chapelle dans sa configuration initiale ont été réalisés cette saison, permettant de mieux connaître son programme décoratif (cf. infra, § IV).

14De nombreux objets ont également été enregistrés lors du nettoyage des murs. Certains semblent avoir été déposés intentionnellement pendant les phases de restauration de la chapelle. D’autres, bien plus fragmentaires, pourraient être en position secondaire ou issus de remaniements et de réutilisation de matériaux, remblais… (cf. infra, § III).

15Dans la continuité du travail de nettoyage des murs et de documentation des plans topographiques, la zone nord du naos de la chapelle a été traitée de manière préliminaire dans le but de retrouver les limites du mur en briques crues encadrant le naos au nord (MR 609) et sa connexion avec les murs d’enceinte de la salle hypostyle (MR 603 et MR 605). Les volumes de terre présents dans cette zone (SD 221) ont nécessité le retrait de nombreux remblais modernes et la mise en place de terrasses et contreforts de briques crues, permettant d’atteindre la partie haute du mur MR 609 (daté de l’époque ptolémaïque). Une fois les niveaux de remblais retirés, nous avons rapidement été en présence des niveaux d’occupation attenants à la chapelle, mais bien postérieurs. Certains niveaux de sols et murs de briques crues ont d’ailleurs été identifiés, dont le mur MR 614 et l’US 221.1 qui correspondent à un niveau de sol construit au sein duquel de nombreux éléments compris entre la XXVI^e et la XXX^e dynastie ont été enregistrés.

16Notons ici pour mémoire que l’installation du mur MR 614 a entaillé le mur MR 609, particulièrement abîmé par une couche relative à un incendie (US 221.5), sur laquelle semble reposer l’US 221.1.

17Ces unités stratigraphiques semblent constituer le sol d’installation d’un petit bâtiment en briques crues (B.21) situé au nord de la chapelle. Quelques nettoyages de surfaces ont été effectués afin de déterminer la limite des murs le composant, révélant quelques vestiges relatifs à des niveaux d’abandon dans lesquels de nombreux fragments céramiques et outils domestiques en pierre étaient présents (SD 222 et SD 223). Ces niveaux d’abandon et de rejets, très tardifs, ont quant à eux pu être datés de la période byzantine, voire du début de la période à la fin du iv^e siècle/début du v^e siècle apr. J.-C, malgré la présence de quelques éléments de la fin de l’époque romaine.

I.2.1.2. Les sondages effectués à proximité de la première porte

18Cette année, quatre à cinq opérations de fouilles ont été menées aux abords de la première porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer. Elles sont dans la continuité des travaux initiés en 2021 lors de la première analyse de ce secteur.

19Les sondages SD 211 et SD 220 sont tous deux situés dans le secteur nord-est de la salle hypostyle de la chapelle, au niveau du point de connexion des murs MR 600 et MR 605. Les fouilles ont permis d’observer le mur MR 605 et ses différents phasages. On observe que le mur a été reconstruit à la période ptolémaïque avec la réutilisation de nombreux blocs de grès (OE 56 et OE 212), et que son orientation initiale a été modifiée.

20Lors des phases initiales liées à la XXVI^e dynastie, le mur semble avoir eu une orientation nord 38° ouest, visible grâce aux assises inférieures du mur en brique crue, alors qu’à la période ptolémaïque il a une orientation nord 45° ouest.

21Que ce soit lors des phases finales ou des phases initiales de construction du mur, le chaînage avec le môle nord du pylône est très notable, ce qui suggère qu’une bonne part du pylône a également été reconstruit lors de la période ptolémaïque.

22Les sondages SD 207 et SD 210 sont tous deux situés dans le secteur sud-est de la salle hypostyle de la chapelle. Ils ont permis de déterminer les limites du mur d’enceinte sud de la salle hypostyle (MR 604) et d’identifier le point de connexion avec le môle sud du pylône de la première porte (MR 601), ainsi que son mode de chaînage. Le mur MR 604, qui n’est conservé que sur sept assises de briques crues, semble également avoir été restauré à la période ptolémaïque d’après les nombreux blocs de grès réutilisés. Des fouilles complémentaires permettront de s’assurer de ses dimensions et de ses fondations. De même, elles permettront de préciser les limites du pylône et ses différentes phases de réfection, ainsi que les modifications structurelles qu’il a pu subir au cours de sa construction.

24Ces blocs semblaient pour la plupart provenir des débris issus de la grande salle hypostyle, bien qu’un d’entre eux ait pu être attribué à la chapelle d’Osiris Ounnefer (OE 256). Après ces dégagements, un nettoyage de surface a été réalisé, ainsi que quelques sondages stratigraphiques. De nombreux niveaux avaient été impactés, notamment par une fosse (FS 215.5) creusée à l’angle sud-est du pylône, probablement dans le but de trouver un dépôt de fondation. La céramique issue de cette zone est très hétérogène. Nous avons pu enregistrer des éléments du Moyen Empire (XII^e dynastie), de la Deuxième Période intermédiaire, du Nouvel Empire, de la Basse Époque, et d’autres datés des époques ptolémaïque, romaine et byzantine (cf. infra, § II).

I.2.2. Reconstruction et restauration de la première porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer

27Au cours de la reconstruction de la porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer et lors du retrait des mortiers antiques présents dans les jointures et sur les lits d’attente et de pose des blocs, quelques artefacts ont pu être mis au jour : un fragment de queue d’aronde en bois, quelques fragments céramiques logés dans le mortier, et surtout un perçoir/polissoir en os (inv. 2022.031/2314) placé intentionnellement entre les blocs S-A02 et S-A03 du montant sud.

28Notons également la présence de quelques blocs trouvés fortuitement lors de la mise en place de la grue et des béquilles, de part et d’autre de la voie menant au temple de Ptah. La plupart d’entre eux étaient dans un très mauvais état de conservation. Le bloc RL 01, trouvé dans la partie ouest des remblais déposés par Georges Legrain en 1900, est un petit fragment de corniche inscrit en relief comprenant une partie de cartouche attribuable à Chabaka (cf. infra, § IV).

I.2.3. Travaux de restauration menés au cours de la mission

29Outre les travaux menés cette année au niveau de la première porte du sanctuaire, des travaux de préservation de l’ensemble des blocs réutilisés durant l’époque ptolémaïque, au sein des murs en briques crues composant les murs d’enceinte de la chapelle, ont été réalisés. Hassan Ibrahim El-Amir et sa collègue Zeinab Abd el-Mohsen Hanafy ont mis en place un protocole de traitement des éléments les plus fragiles. Les blocs OE 56, OE 209, OE 212 et OE 225 ont été traités selon le protocole adéquat avec du silicate et du paraloïd.

30Le pédiluve OE 102 trouvé l’an dernier a pu être entièrement restauré. Il est désormais stocké sur le mastaba situé en face de la chapelle.

31L’extraction du bloc OE 62, identifié en 2019 au pied du mur MR 603 (nord de la seconde porte) et qui était resté in situ, a quant à lui nécessité un traitement beaucoup plus conséquent en raison de son mauvais état de conservation (brisé en trois parties) et du processus d’arénisation très avancé. Un coffrage en plâtre et mortier a été réalisé, ainsi que l’application d’une gaze sur la totalité des surfaces décorées, pour permettre son déplacement.

32Le travail s’est poursuivi dans le magasin Évergète. La table d’offrandes en calcaire OE 97, mise au jour lors de la précédente campagne, a été restaurée ; les travaux de consolidation de certains objets découverts cette année et les années passées ont été poursuivis. Un travail de restauration de l’ensemble des monnaies découvertes dans les chapelles du secteur a été mis en place, en collaboration avec Thomas Faucher.

I.3. Organisation de l’aire de stockage des blocs épars

33Le mastaba où étaient stockés les blocs de la porte d’Osiris Ounnefer ayant été libéré, l’ensemble des zones de stockage des trois chapelles a pu être réorganisé. Grâce à la grue du CFEETK, Anna Guillou et Hassan Ibrahim El-Amir ont pu déplacer une partie des blocs provenant de la chapelle d’Ounnefer sur le mastaba situé en face de celle-ci. Des plans préliminaires des mastabas ont été réalisés à partir de photogrammétries zénithales. Ils seront finalisés l’an prochain, au moment de la réorganisation des secteurs de stockage.

I.4. Relevés topographiques et photogrammétriques

34Suite aux travaux initiés l’an dernier, le SIG a été complété et les modèles numériques de terrain (MNT) et modèles numériques d’élévation (MNE) ont été poursuivis.

35Tous les plans topographiques sont désormais enregistrés dans le SIG, tout comme les relevés numériques de l’an dernier et de cette année, ainsi que les modèles photogrammétriques (vue zénithale) des trois chapelles. Les fouilles menées l’an dernier y ont également été intégrées, et il est désormais possible de faire apparaître de manière progressive l’ensemble des assises de fondation de la première porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer.

36L’aire de couverture du modèle numérique d’élévation (MNE) effectué cette année est d’environ 12 464 m². Ses limites sont comprises entre le mur d’enceinte de la grande salle hypostyle au sud, la voie menant au temple de Ptah à l’est, l’enceinte de brique crue du temple de Karnak au nord, et le musée de plein air à l’ouest. La couverture des chapelles d’Osiris Ounnefer, d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou et d’Osiris Neb-ânkh prenant plus de temps, une modélisation allégée a été réalisée cette année, sur une surface de 1 585 m².

37Parallèlement, chaque élément d’architecture (en pierre et en brique crue) est progressivement intégré au sein de modèles photogrammétriques généraux et ponctuels, ce qui permettra in fine d’affiner et corriger l’ensemble des plans topographiques de ce secteur.

38L’intégration des zones de stockage des blocs épars (450 m²) est en cours de réalisation, dans le cadre de la réorganisation de ces vestiges en fonction de chacune des trois chapelles.

II. Étude céramologique

Sylvie Marchand

39L’étude de la céramique s’est déroulée du 15 février au 9 mars 2022. Ayman Hussein (dessinateur de l’Ifao) a réalisé les dessins des objets (du 1^er au 15 février) et ensuite ceux des vases céramiques (du 16 février au 3 mars).

40La première partie du travail a concerné l’étude des céramiques mises au jour pendant les fouilles de février 2022. Seuls trois contextes archéologiques importants ont été étudiés et entièrement illustrés. Il s’agit des sondages SD 221.1, SD 222 (MR 610/609/603), SD 215 US 215.02 et 215.03 ; SD202 US 202.1 et 202.4 ; SD 216. Le reste du matériel des sondages de 2022 reste à étudier. En plus de l’étude de ces contextes, rappelons que toutes les céramiques enregistrées au magasin du SCA, provenant de couches archéologiques non vues, ont été dessinées.

42Enfin, rappelons que l’étude et les dessins des objets (figurines en terre cuite, petite vaisselle de pierre et faïence, outils divers) ont été poursuivis en parallèle pendant la mission.

II.1. Principaux sondages

43Seuls les contextes archéologiques importants de la fouille de 2022 ont pu être étudiés et illustrés. Deux sont présentés de manière plus détaillée ici. Notons que les SD 215 et 202 présentent des couches au contenu majoritairement hétérogène.

II.1.1. SD 221

44Un dépôt de céramiques et d’objets a été mis au jour pendant la fouille du SD 221.01b. Malheureusement, il n’a pu être que partiellement prélevé puisque l’extraction de l’ensemble aurait nécessité le démontage de structures. Il contenait quatre vases complets et deux objets (fig. 14) : une jarre de stockage de grande taille (inv. 2429) ; un bol caréné de petite taille (inv. 2424) ; deux supports de jarres en céramique (inv. 2425 et 2428) ; un mortier/bouchon ? (inv. 2426) en calcite, soigneusement poli à l’extérieur et laissé inachevé à l’intérieur ; un outil fragmentaire de type broyeur en quartzite noir (inv. 2427). À ces vases complets sont associés neuf marqueurs céramiques importants et une quarantaine de tessons de grande taille qui appartiennent à au moins trois conteneurs distincts de grande taille dont le plus intéressant, en pâte alluviale sableuse à fin dégraissant végétal, porte un décor constitué de larges bandes horizontales blanches sur engobe orangé clair. Parmi ces marqueurs, on trouve un support tronconique, des bols de cuisson à engobe rouge poli, des fragments d’encensoir usagé, un plateau/dokka … On identifie un col complet de siga, originaire de l’oasis de Kharga, qui date des dernières dynasties indigènes (XXVIII^e-XXX^e dynasties).

II.1.2. SD 222

45Au croisement des murs MR 610/609/603, un dépôt important de céramiques et de quelques objets a été mis au jour. Si quelques rares tessons céramiques de la fin de l’époque romaine sont attestés, la presque totalité des céramiques de ce dépôt appartient à la sphère byzantine, du début de la période à la fin du iv^e siècle/début du v^e siècle apr. J.-C. On observe que nombre de ces vases pourraient être remontés et beaucoup ont un profil complet. Il s’agit d’un dépotoir contenant de la vaisselle domestique, principalement des marmites et des plats de cuisson en pâte alluviale engobée rouge. Les amphores vinaires égyptiennes Late Roman 7 à pâte brune sont rares. On trouve également des jarres à eau, des godets de noria, dont un bouton en pâte calcaire locale, et de larges vasques en pâte alluviale pour les préparations alimentaires. La vaisselle de table est représentée par plusieurs bols archéologiquement complets en pâte calcaire locale. Curieusement la vaisselle de table sigillée égyptienne du Groupe O en pâte d’Assouan, habituellement abondante dans de tels dépôts, n’est représentée que par un seul individu de petite taille. La vaisselle de table importée, quant à elle, n’est présente que par unique tesson de plat importé d’Afrique du Nord (African Red Slip Ware).

III. Documentation des objets

Frédéric Payraudeau, Raphaële Meffre

46Le travail sur les objets s’est poursuivi avec, en priorité, l’enregistrement de ceux sortis de la fouille de la porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer à la fin de la saison 2021 et en 2022. 130 nouveaux objets ont été répertoriés et transférés dans le magasin Évergète. En tout, 170 objets ont été documentés dans la base de données. Comme lors de la saison précédente, de nombreux bâtonnets de calcite, qui pourraient être des manches de mélangeurs utilisés pour la préparation de produits cosmétiques ou rituels, ont été trouvés dans les strates antérieures à la construction de la chapelle, laissant présager de leur usage dans un secteur proche pendant la première moitié de la XXVI^e dynastie.

47Parmi les autres trouvailles faites lors du nettoyage des murs en briques crues de la chapelle d’Osiris Ounnefer, figurent des amulettes – 14 au total trouvées durant les saisons 2021 et 2022 – qui ont été étudiées par Raphaële Meffre dans le but de préparer un chapitre de la future publication des fouilles. Quelques-unes d’entre elles présentent un intérêt particulier, notamment une figure d’Amenemipet debout (inv. 2317 ; fig. 15) qui est la première de ce type découverte dans les chapelles osiriennes.

48Un autre type d’amulette, peut-être un talisman personnel, originellement de forme octogonale, est en stéatite (inv. 2313 ; fig. 16). L’objet est sculpté de figures et motifs divins. Ce type d’objet est assez rare. Il pourrait peut-être être comparé à un fragment d’objet en faïence conservé au musée du Louvre (AF 10846).

IV. Études épigraphiques et blocs épars

Laurent Coulon, Anna Guillou, Frédéric Payraudeau

49Les études épigraphiques ont majoritairement porté cette année sur les blocs épars et remplois provenant de la chapelle d’Osiris Ounnefer, qui permettent de compléter le programme décoratif de l’édifice dans sa configuration originelle d’époque saïte.

50Parmi les blocs remployés dans les murs de briques crues enserrant la chapelle d’Osiris Ounnefer, un certain nombre est attribuable au linteau de la première porte de l’édifice. Cette attribution repose sur deux critères : d’une part, leurs décors confirment leur appartenance au programme décoratif de cette chapelle ; d’autre part, le module des scènes, incompatible avec d’autres localisations dans l’édifice, correspond en revanche à celui des linteaux originels de la chapelle sur la base de la similarité avec ceux de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou.

51Ainsi, à partir des blocs OE 208 + OE 56 + OE 108, qui ont été pour les deux premiers remployés dans la salle hypostyle de la chapelle d’Osiris Ounnefer, et pour le troisième découvert dans la partie sud du môle sud du pylône (MR 601), on peut reconstituer une scène représentant la divine adoratrice [Ânkhnesneferibrê], suivie du grand intendant [Sheshonq B] fils de Padineith, en train d’agiter les sistres devant Amon suivi de Khonsou. Cette scène pourrait correspondre à la moitié droite du linteau de la façade est de la première porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer.

53Les blocs OE 209 + ON 225 jointifs ont été retrouvés en remploi à distance l’un de l’autre, l’un dans le mur (MR 609) bordant le naos au nord (OE 209 ; supra, fig. 4), l’autre dans le mur perpendiculaire au mur nord de la chapelle en direction de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou (ON 225). Il s’agit d’une partie de la scène de l’offrande des vases-nou par la divine adoratrice. Cette scène pourrait correspondre à la scène gauche du linteau de la façade ouest de la première porte de la chapelle d’Osiris Ounnefer.

54D’autres blocs appartenant à la seconde porte ou à la façade du naos ont également pu être documentés.

55Enfin, avec l’extraction du bloc OE 62 au pied du mur adossé au montant nord de la seconde porte, l’assemblage, proposé en 2021, des blocs OE 62 et OE 88 constituant le linteau d’une porte secondaire de la porte d’Osiris Ounnefer a pu être assuré par le dessin (fig. 18).

56Un bloc a été retrouvé hors stratigraphie pendant le nettoyage du bord de la voie de Ptah. Il provient possiblement de débris de G. Legrain et a été enregistré sous le numéro d’inventaire RL 01. Ce petit fragment d’une corniche est inscrit en relief du cartouche de Chabaka (fig. 19-20).

57Étant donné la forme du cartouche, l’épithète mry-Ỉmn « aimé d’Amon » devait dans cette version accompagner le nom de naissance du roi Šȝ-bȝ-kȝ. Sur la droite se trouvent les traces d’un autre cartouche, peut-être le premier cartouche du roi Nfr-kȝ-Rʿ. Au vu de la partie manquante du cartouche, la corniche devait probablement mesurer plus d’un mètre de haut, et couronnait donc une porte de dimension importante. Elle pourrait éventuellement être liée au « château d’or » ḥwt-nwb construit par le roi Chabaka au nord de la cour du troisième pylône, dont la colonnade préservée est à moins de dix mètres de la zone de découverte. Ceci est suggéré par le fait que les inscriptions actuellement connues de ce monument présentent la même disposition des signes dans le deuxième cartouche du roi, au lieu d’une version plus courte généralement utilisée sous ce règne. Le cartouche ne présente que de légères traces de martelage, contrairement à la destruction générale des noms des rois kouchites ordonnée par Psammétique II au début du vi^e siècle av. J.-C.

V. Étude iconographique et technique de la chapelle d’Osiris Neb-ânkh/Pa-oucheb-iad

Aleksandra Hallmann, Anna Guillou

59La vérification finale des relevés des parois de la chapelle (réalisés sous Adobe Illustrator) en vue de la publication à venir était l’objectif principal de cette saison. L’étude épigraphique et iconographique de l’édifice a de plus été complétée par l’étude des blocs réutilisés dans le mur ou le sol de la chapelle d’Osiris Neb-ânkh/Pa-oucheb-iad, ainsi que dans le dallage de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou, et actuellement conservés en réserve.