1Issu d’une famille du Saulnois, niché au cœur de cette Lorraine à laquelle il était très attaché, André Humbert nous a quittés le 6 décembre 2021 après un long combat qu’il a mené avec courage, ténacité et l’appui constant de Colette, sa compagne. Après des études de géographie à l’Université de Nancy, la carrière d’André a suivi une trajectoire qui l’a conduit à exercer plusieurs fonctions au sein de l’Éducation Nationale : instituteur, professeur d’histoire-géographie puis censeur dans plusieurs établissements mosellans, il intègre l’Université de Nancy2 en 1981 où il devient professeur des universités en 1988 jusqu’à son départ en retraite en 2006. Un tel parcours ancré dans l’enseignement nous explique aisément l’attention permanente dont faisait preuve André pour transmettre ses savoirs avec la plus grande pédagogie.

2En début de carrière, il soutint sa thèse de 3^ème cycle en 1977 portant sur « Le monte dans les Chaînes Subbétiques centrales (Espagne du Sud) » sous la direction de Xavier de Planhol. Il poursuivit ses recherches en Espagne, pays qui deviendra pour lui une véritable patrie d’adoption, en intégrant la section scientifique de la Casa de Velázquez entre 1977 et 1980 et en livrant de nombreuses publications dont sa thèse d’État sur les « Campagnes andalouses et colons castillans. Paysage d’un front pionnier entre Grenade et Jaén » en 1988.

4L’apport des travaux d’André Humbert pour la géographie est considérable avec une attention toute particulière portée à l’étude des paysages et de leurs évolutions en France, en Espagne et au Maroc. Sa production totale est large. Depuis 1975, date de son premier article, elle compte 64 publications dont 14 ouvrages ou directions d’ouvrages. Parmi ceux-ci, les trois livres consacrés aux mutations territoriales observées en Espagne et publiés avec trente ans d’écart (respectivement en 1983 et 2011) témoignent bien de sa démarche scientifique, mais aussi de sa volonté d’associer étroitement des chercheurs français et espagnols dans cette tâche. Il entreprit des approches similaires au Maroc avec des collègues marocains et allemands. Les paysages agraires des régions méridionales comme l’Andalousie, l’Anti-Atlas ou le Souss marocain constituaient des objets de recherche très riches d’informations pour notre pilote-géographe qui ne se lassait pas de les survoler et de les photographier avec son regard avisé. Par souci pédagogique, il avait aussi à cœur de transmettre les résultats de ses analyses auprès d’un public plus large dans certains de ses ouvrages, dans ses multiples interventions ou dans les documentaires télévisuels auxquels il participa sur Cahors ou sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

5André Humbert déploya également une grande activité à la tête du Centre d’Études et de Recherche sur les Paysages (CERPA) à l’Université de Nancy 2 entre 1996 et 2006 ; il contribua aussi à la formation de nombreux géographes sur des terrains de recherche en France ou au Maroc. Ainsi 23 thèses ont été soutenues sous sa direction.

6Les multiples campagnes aériennes qu’il organisa permirent la constitution d’une formidable banque de données photographiques qui présente un grand intérêt scientifique et qui est aujourd’hui disponible en libre accès (https://imageo.univ-lorraine.fr/​).

7Bien après son départ à la retraite, André demeura très actif au sein de son équipe de recherche, le CERPA devenu le LOTERR (Centre de Recherche en Géographie de l’Université de Lorraine) en 2013 après la fusion avec l’équipe messine du CEGUM (Centre d’Études Géographiques de l’Université de Metz).

8Tout au long de sa carrière, André Humbert veilla à maintenir et renforcer les relations établies entre géographes français et leurs collègues espagnols et marocains, contribuant ainsi au rayonnement international de notre discipline. Dans cet esprit, il poursuivit une activité régulière au sein de la Casa de Velázquez et sut tisser des liens étroits avec des géographes dans maintes universités d’Espagne et du Maroc. Il était ainsi un participant fidèle des journées franco-espagnoles de géographie. De même, il s’inscrivait dans le cadre de la géographie rurale et veillait à ne pas manquer les rendez-vous annuels des journées organisées par la Commission de Géographie Rurale du CNFG (Comité National Français de Géographie). Soucieux de positionner ses recherches dans le temps long, il aimait aussi entretenir un dialogue fécond avec les historiens et les archéologues. Il a ainsi réalisé de nombreuses campagnes de prospection archéologique aérienne en Lorraine, avec son ami René Berton, ainsi qu’en Espagne et au Maroc.

9André Humbert était un géographe rigoureux, exigeant, consciencieux mais aussi très attentionné, fidèle et curieux. La hauteur qu’il sut apporter à la géographie n’était pas seulement celle de son altimètre mais également celle d’un chercheur épris par les formes magnifiques et révélatrices que revêt la face de la Terre. André était un collègue et un ami très apprécié par tous ceux qui ont eu le plaisir de le connaître et de travailler à ses côtés.

André Humbert

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Au sol comme dans les airs, le même enthousiasme pour expliquer et transmettre.

Source : Photo Daniel Sirugue