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Entreprises et entrepreneurs entre la France, la Grèce et l’Empire ottoman (XIXe-XXIe siècle)

Le Laurium au temps d’Hilarion Roux (1864‑1883)

Un défi français dans la minéro-métallurgie du plomb
The Laurium in the Time of Hilarion Roux (1864‑1883): a French Challenge in Lead Mining and Metallurgy
Olivier Raveux
p. 17-33

Résumés

Dans la fièvre minéro-métallurgique qui touche la Grèce au cours des années 1860-1880, décennies marquées par les débuts de son processus d’industrialisation, les entreprises françaises ont joué un rôle premier et déterminant, notamment les deux firmes qui étaient engagées dans la filière du plomb sur le site du Laurium : la société Hilarion Roux & Cie et la Compagnie française des mines du Laurium. Le but de cet article de se pencher sur les défis techniques et organisationnels que les deux entreprises ont dû relever pour mettre en place des productions dans un pays alors doté de peu de ressources pour en assurer le succès. Pour rendre compte de ce challenge, l’attention est portée sur les stratégies industrielles des deux sociétés et leur gestion des deux facteurs de production, avec le capital d’un côté, à travers l’installation des outils et des procédés de production, et le travail de l’autre, à travers la mobilisation d’une main-d’œuvre et d’un personnel d’encadrement capables de répondre aux objectifs productifs.

Ces stratégies fondées sur la circulation des capitaux, des hommes et des savoir‑faire dans une Europe méditerranéenne aux riches potentialités dans la filière du plomb ont été couronnées de succès en termes d’installation d’équipements industriels et de capacités de production. La réussite rencontrée par les deux entreprises françaises représentait‑elle pour autant une chance pour l’industrie grecque ? Le succès français dans la minéro-métallurgie du site du Laurium amène en effet à poser in fine la question des retombées au niveau local. Les résultats sont ici beaucoup plus mitigés, avec une absence d’effets industrialisants qui est cependant moins due aux stratégies développées par les deux entreprises françaises qu’aux caractéristiques intrinsèques de l’économie grecque du dernier tiers du xixe siècle.

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Texte intégral

  • 1 C’est au cours des années 1867-1875 que les 37 premières sociétés minières sont fondées dans le pay (...)
  • 2 Farina 2013 et Chastagnaret 2023. Sur Hilarion Roux, lire également l’article que Gérard Chastagnar (...)
  • 3 Archives départementales des Bouches-du‑Rhône (désormais Arch. dép. des B.d.R.), 373 E 526, notaire (...)
  • 4 L’entreprise a été rachetée par un groupe d’investisseurs grecs, dont le principal est l’homme d’af (...)
  • 5 Archives nationales (CARAN), MC, ET XLVIII, 1053, notaire Louis Dufour, actes des 28 août et 1er se (...)

1Dans la fièvre minéro-métallurgique qui touche la Grèce au cours des années 1860-18801, les entreprises françaises jouent un rôle premier et déterminant, tout particulièrement les deux firmes qui sont alors engagées dans la filière du plomb en Attique, près du Cap Sounion, sur le site du Laurium : la société Hilarion Roux & Cie et la Compagnie française des mines du Laurium. Si ces deux entreprises sont françaises par leur nom et par leur siège social, elles sont dans les faits portées par un duo franco-italien formé par le Marseillais Hilarion Roux et le Romagnol Jean-Baptiste Serpieri, deux acteurs majeurs de la filière des non-ferreux en Méditerranée2. C’est en effet sous l’impulsion de ces deux hommes qu’est fondée à Marseille, en 1864, la société Hilarion Roux & Cie3. L’entreprise fonctionne moins de dix ans, puisqu’elle disparaît en 1873, à la suite d’un conflit l’opposant à l’État grec sur la propriété et le droit d’exploitation des dépôts miniers et métallurgiques de surface qu’elle travaillait sur place4. La Compagnie française des mines du Laurium, fondée elle à Paris en 1875, est un avatar de la société précédente5. Créée pour exploiter de véritables concessions minières, elle est animée par les deux mêmes hommes, Hilarion Roux et Jean-Baptiste Serpieri, tout du moins jusqu’à la fin de l’année 1883, quand la faillite des affaires personnelles du Marseillais provoque son retrait de l’entreprise.

  • 6 Sur ces thématiques, lire notamment Papastefanaki 2017 et Schönhärl 2020.

2L’objet de ce travail est de s’arrêter sur ces deux décennies françaises du Laurium au temps d’Hilarion Roux, mais il ne s’agit pas pour autant d’aborder en quelques pages l’intégralité de cette histoire riche et complexe. Certains éléments ont volontairement été laissés de côté, comme les questions financières, les débouchés à l’international, les dégradations environnementales, les conflits sociaux au sein des entreprises, ou les difficiles rapports de ces dernières avec l’État grec6. Le propos cible plutôt l’aspect purement industriel. Il s’agit en effet de se pencher sur les défis techniques et organisationnels que les deux sociétés ont dû relever pour mettre en place des productions minières et métallurgiques dans un pays alors doté de peu de ressources pour en assurer le succès. Pour rendre compte de ce challenge, le propos sera développé en trois temps. Dans une première partie, l’attention sera portée sur les stratégies industrielles des deux entreprises. L’analyse se portera ensuite sur leur gestion des deux facteurs de production : le capital d’un côté, à travers l’installation des outils de production, à savoir les équipements et des procédés d’exploitation, et le travail de l’autre, à travers la mobilisation d’une main-d’œuvre et d’un personnel d’encadrement capables de répondre aux objectifs productifs.

Les stratégies industrielles des deux entreprises

  • 7 Affaire du Laurium, p. 5.
  • 8 Entre 55 et 90 grammes d’argent par tonne de plomb. Ces haldes sont de plus chargées de blende (sul (...)
  • 9 Fabre 1860-1861 et Exposition internationale de 1862, p. 44 et suivantes.

3Quelles sont les stratégies industrielles pensées et mises en œuvre par les deux entreprises lors de leur fondation et de leurs premières années de fonctionnement ? La société Hilarion Roux & Cie et la Compagnie française des mines du Laurium sont formées avec des finalités bien différentes. La première firme est métallurgique et s’appuie à l’origine sur l’exploitation des scories, c’est‑à‑dire les restes des travaux de fonderie de l’Antiquité, des produits dont la teneur en plomb est assez pauvre, autour de 8%, mais le métal est riche en argent, avec environ 400 grammes par tonne7. À partir de 1869, l’entreprise s’intéresse à d’autres dépôts, les haldes (ekvolades en grec), des déchets de l’activité minière de l’Antiquité laissés en surface, des matières plus pauvres encore que les scories par leur teneur en plomb et en argent8. Les opérations de traitement métallurgique ont pour but de livrer au commerce des plombs argentifères (les plombs d’œuvre), c’est‑à‑dire des produits non épurés et contenant encore l’argent, qui sont ensuite exportés vers la Grande-Bretagne et la France pour y être affinés et désargentés. Le défi technique que doit relever la société Hilarion Roux & Cie ne relève pas du domaine de la métallurgie. Hilarion Roux et Jean-Baptiste Serpieri sont déjà rompus au traitement des scories de plomb, une activité exercée en Espagne pour le premier, à Escombreras, près de Carthagène, et en Sardaigne pour le second, dans la province d’Iglésias, à Domus Novas et Flumini Maggiore9. En revanche, il reste à organiser sur place la collecte de ces matériaux répartis sur un vaste territoire et à monter les équipements de production.

  • 10 Huet 1879, p. 762.
  • 11 CFML 1879, p. 5‑6. En 1881, la production de plombs d’œuvre est de l’ordre de 1 900 tonnes, alors q (...)

4La deuxième société, la Compagnie française des mines du Laurium, est fondée sur un objet bien différent : l’exploitation de concessions minières au Laurium, afin d’extraire des minerais de plomb (galènes argentifères), d’une haute teneur en argent, avec jamais moins de deux kilos d’argent par tonne de métal10. À partir de 1879, la Compagnie française réalise les mêmes travaux de fonderie pratiqués par la société Hilarion Roux & Cie, puisque son conseil d’administration décide également de lancer une production de plombs d’œuvre, mais cette activité demeure très secondaire, car, comme l’explication en est donnée aux actionnaires de la société, elle est uniquement conduite à partir des minerais qui ont la teneur la plus médiocre en plomb, ceux dont l’exportation en l’état n’est guère profitable11. L’exploitation minière est moins l’affaire de Roux et de Serpieri et le challenge est dès lors bien plus complexe pour les deux hommes.

  • 12 Thomas-Payen 1872-1873, p. 166‑179 et Bibliothèque de l’École des Mines de Paris (ParisTech) (désor (...)
  • 13 Arch. dép. des B.d.R., 373 E 562, notaire Ernest Taxil Fortoul, acte du 10 mai 1873. Sur cette entr (...)
  • 14 CFML 1879, p. 6‑7.

5La métallurgie pour l’une, la mine pour l’autre : les activités des deux entreprises françaises du Laurium sont donc bien distinctes. Elles partagent néanmoins une caractéristique commune : leur intégration dans la minéro-métallurgie du plomb est incomplète, car elles ne pratiquent pas les opérations les plus rémunératrices de la filière, celles situées en aval, à savoir l’épuration des plombs et leur désargentage. Les raisons de cette limitation des travaux diffèrent entre les deux périodes et les deux entreprises. Pendant les années 1864-1873, la société Hilarion Roux & Cie restreint ses activités dans la filière par la force des choses. Le plomb du Laurium est dit « dur » – il contient beaucoup d’antimoine – et, pour cette raison, il est alors difficile et couteux à épurer en Grèce. Ni Roux ni Serpieri n’ont alors l’expérience, les moyens techniques et les ressources locales pour y parvenir. Le plus simple pour l’entreprise est de vendre ses plombs d’œuvre sur le marché international. La situation est bien différente avec la Compagnie française des mines du Laurium. En 1873, l’ingénieur chimiste français Émile Thomas-Payen met au point à Marseille le procédé de la natro-métallurgie, une méthode permettant d’épurer avec la soude les plombs les plus durs, comme ceux du Laurium, en réduisant de 30% le coût du traitement12. Intéressé, Hilarion Roux s’associe avec Thomas-Payen pour déposer avec lui un brevet et fonder à Marseille une société chargée d’exploiter le procédé, la Société métallurgique de Marseille13. L’usine est opérationnelle en 1875, l’année même de fondation de la Compagnie française des mines du Laurium. Elle est pensée comme l’établissement chargé de traiter les galènes et les plombs argentifères du Laurium, mais aussi les productions des établissements que Roux possède par ailleurs en Espagne et en Algérie, ainsi que celles de son partenaire Serpieri dans l’île de Sardaigne. C’est la formation d’un ensemble minier et industriel transméditerranéen, avec la mise en relation de quatre sites : Escombreras à Carthagène en Espagne, Domus Novas et Flumini Maggiore en Sardaigne, Marseille et le Laurium. Hilarion Roux obtient du conseil d’administration de la Compagnie française des mines du Laurium d’exporter les galènes argentifères vers son usine marseillaise en 1877, puis d’y envoyer les plombs d’œuvre à partir de 187914.

  • 15 CFML 1882a ; Pérez de Perceval et al. 2009 et Chastagnaret 2023.
  • 16 CFML 1882a.
  • 17 CFML 1882a.

6Synergie entre ces établissements dans la filière du plomb donc, mais Hilarion Roux voit plus loin, plus grand. Il veut créer juridiquement un véritable système industriel transnational et entend former une société rassemblant dans une seule et même entité toutes les entreprises qu’il possède ou auxquelles il participe. Il crée ainsi en 1877 la Compagnie française des mines et usines d’Escombreras, qui acquiert en 1881 par fusion, tout l’actif de la Société du Bleyberg, détentrice d’importantes concessions minières en Espagne15. L’année suivante, il propose au conseil d’administration de la Compagnie française des mines du Laurium un traité de fusion avec la Compagnie Française des Mines et Usines d’Escombreras-Bleyberg, dans le but de créer un mastodonte transnational au capital de 36 millions de francs16. Le conseil l’accepte, mais le gouvernement grec refuse d’autoriser le transfert de propriété des concessions du Laurium17. Malgré cet échec, on perçoit bien comment l’histoire des entreprises françaises au Laurium a été celle d’expériences acquises en Espagne, en Italie et en France, et de connexions avec des entreprises de ces pays. Grâce à cela, le Laurium a été pleinement intégré dans l’industrie méditerranéenne du plomb, une situation qui se vérifie quand on aborde la question de la mise en place des structures de production et des transferts de technologies opérés par les deux entreprises.

L’outil de production : innovations et transferts de technologies

7En termes de réalisations durant leur première décennie d’existence, aussi bien par l’installation des outils de production que par celle des équipements annexes, le bilan des deux entreprises est remarquable, comme le démontent les données rassemblées dans le tableau ci‑dessous.

Tab. 1. Les principales réalisations des entreprises françaises du Laurium (1864-1883).

Hilarion Roux & Cie (1864‑1873)
18 fours castillans pour le traitement des scories
30 kilomètres de routes empierrées

Soufflerie pour les fours actionnée par trois machines à vapeur

(80 chevaux de puissance)

Cheminée rampante de 1 200 mètres de longueur et de 14 000 mètres carrés de frottement pour l’évacuation des fumées plombeuses
Construction d’un chemin de fer à vapeur à voie étroite de 9,2 kilomètres
Construction d’un quai de chargement et de déchargement
Navire à vapeur pour la liaison entre le Laurium et Le Pirée
Compagnie française des Mines du Laurium (1875‑1883)
Système d’exploitation minière
Système de trois laveries de minerais
22 fours de calcination pour le grillage des minerais
Fours pour la production de plombs d’œuvre
Voie ferrée de trois kilomètres reliant tous les centres de production à l’usine

Sources : Cordella 1869 ; Huet 1879 et Compagnie française des mines du Laurium 1877, 1878, 1879, 1880, 1881, 1882b, 1883 et 1884.

8Les techniques développées, toutes étrangères, forment un mélange d’éléments déjà expérimentés en d’autres lieux par les dirigeants des entreprises et d’innovations dont la mise en place est assurée par des contrats passés avec des entreprises extérieures, notamment françaises.

9Les ressources déjà détenues par Hilarion Roux et Jean-Baptiste Serpieri s’observent avant tout dans le travail métallurgique, particulièrement avec les fours implantés pour traiter les scories puis les galènes argentifères. Dès 1865, les 18 fours à manche cylindriques et de deux mètres de hauteur mis en marche pour le travail des scories sont d’origine espagnole.

Fig. 1. Batterie de fours pour le traitement des scories du Laurium vers 1869.

Fig. 1. Batterie de fours pour le traitement des scories du Laurium vers 1869.

Source : Cordella 1869, première de couverture.

  • 18 Ingénieur autodidacte, Hilarion Roux est même un spécialiste reconnu de ce type de travaux. Sur ce (...)
  • 19 Petitgand 1861, p. 390.
  • 20 MINES ParisTech, M 1878-1879 (998), Jules Petitdidier, « Usines à plomb des environs de Marseille » (...)

10Ce sont des fours mis au point en 1843, puis améliorés, toujours en Espagne, par Hilarion Roux18. Ce dernier transfère de son usine San Isidoro de Carthagène vers la Grèce une méthode de production particulièrement bien adaptée aux matières à traiter du Laurium. Ces fours sont économes en combustible et en maçonnerie et permettent de travailler toutes les matières pauvres, comme le sont les scories de l’Attique19. Ils offrent de plus un excellent rendement en termes d’obtention de métal par rapport à celui contenu dans le minerai. C’est pour cette raison qu’ils seront également adoptés en 1879 par la Compagnie française des mines du Laurium quand celle‑ci se lancera dans la production de plombs d’œuvre. Ces transferts de technologies depuis l’Espagne sont parfaitement maîtrisés par Hilarion Roux. Après les premiers fours établis en Grèce en 1864-1865, l’usine créée à Marseille par le banquier marseillais accueille le même type d’équipement en 187520.

  • 21 Ledoux 1874.
  • 22 Paraskevopoulos 2017.
  • 23 Aguillon 1928 et Delaunay 2010.

11En revanche, les deux entreprises françaises doivent recourir à des apports extérieurs dans la modernisation de deux domaines pour lesquels Roux et Serpieri n’ont pas de compétences particulières : le transport des produits à traiter vers les usines et l’activité minière. Ici, l’appel à des entreprises et à des ingénieurs à la pointe de la technologie s’avère nécessaire. Nous développerons ici deux exemples emblématiques. Le premier concerne la première société, Hilarion Roux & Cie, et la collecte des scories sur le territoire du Laurium. Lors des premières années d’exploitation, ces scories sont amenées à la fonderie par 200 charrettes hippomobiles empruntant des routes empierrées21. Pour augmenter la cadence des livraisons et abaisser les coûts d’un système de ramassage trop archaïque, l’entreprise décide d’établir un chemin de fer avec locomotives à vapeur de 9,2 km (c’est la deuxième ligne du pays après celle d’Athènes-Le Pirée, ouverte en 1869)22. En 1869, la conception est confiée à Charles Ledoux, polytechnicien et ingénieur des Mines français23, et la réalisation s’effectue à partir de 1870 avec le concours d’Adrien Collet, ancien sous-chef de section au chemin de fer du Paris-Lyon-Méditerranée. Ce chemin de fer à voie étroite s’inspire de celui des mines de fer magnétique de Mokta-el‑Hadid en Algérie, réalisé quelques années plus tôt, mais il est adapté en termes de puissance de traction afin de faire face au caractère accidenté du parcours local.

Fig. 2. Carte et plans du chemin de fer conçu par Charles Ledoux au Laurium.

Fig. 2. Carte et plans du chemin de fer conçu par Charles Ledoux au Laurium.

Source : Ledoux 1874, planche VI.

Fig. 3. Plans des locomotives construites par la société Koechlin & Cie pour le chemin de fer du Laurium.

Fig. 3. Plans des locomotives construites par la société Koechlin & Cie pour le chemin de fer du Laurium.

Source : Ledoux 1874, planche VI.

  • 24 Mamaloukaki 2014.
  • 25 Sur les relations entre Roux et les deux ingénieurs en Espagne, voir Chastagnaret 2020, p. 108.

12Le deuxième exemple relève de la minéralurgie, c’est‑à‑dire la préparation mécanique des minerais, avec des travaux entamés par la Compagnie française des mines du Laurium à partir de 1876. L’enjeu est capital. Les minerais de plomb du Laurium ont une faible teneur en plomb et doivent être « lavés » – on doit notamment enlever leur gangue terreuse – afin d’obtenir une teneur en métal suffisamment importante pour qu’ils soient exportés et vendus à des prix raisonnables. La conception et la construction d’un système de trois laveries modernes – un vaste chantier qui dure de 1873 à 1878 – sont confiées à deux ingénieurs français, Alfred Huet et Alfred-Édouard Geyler, deux centraliens fondateurs à Paris d’un cabinet d’ingénierie spécialisé dans la préparation mécanique des minerais, médaillés d’or à l’exposition universelle de Paris de 1867 pour « leur nouvelle méthode d’enrichissement des minerais »24, c’est‑à‑dire justement pour des laveries. Ici, l’apport est donc extérieur, mais il permet de montrer une nouvelle fois l’importance des expériences acquises et des relations nouées en Espagne par Hilarion Roux et en Italie par Jean-Baptiste Serpieri. Avant de venir au Laurium, Alfred Huet et Alfred-Édouard Geyler avaient déjà travaillé à la mise en place de laveries de minerais dans la région de Carthagène et en Sardaigne25.

Fig. 4. Les laveries Huet-Geyler des mines du Laurium en 1878.

Fig. 4. Les laveries Huet-Geyler des mines du Laurium en 1878.

Source : Huet 1879, planche 11.

13On peut le voir avec l’ensemble des exemples cités : la mise en place des équipements et des procédés de production s’appuie d’un côté sur des transferts intra-méditerranéens de savoir-faire propres aux dirigeants de l’entreprise et, de l’autre, sur un recours à l’extérieur dans le cadre de réseaux mobilisés pour favoriser l’innovation technique. Ces circulations et connexions permettent d’intégrer le site du Laurium dans le système technique de pointe de la minéro-métallurgie européenne du plomb. Ce constat concerne les équipements et les techniques, mais la remarque peut être également reprise en ce qui concerne les hommes employés par les deux entreprises.

Le facteur travail : encadrement de la production et main-d’œuvre

14Commençons tout d’abord par la direction locale de l’exploitation en Attique. Ici, tout oppose les deux sociétés. Avec Hilarion Roux & Cie, seulement deux hommes tiennent les rênes : l’Espagnol Eduardo de Aguirre, beau-frère d’Hilarion Roux, est directeur de l’usine, tandis que l’ingénieur grec André Cordella endosse la responsabilité des travaux, la compétence technique de ce dernier résidant plus dans sa connaissance intime du site et du territoire que dans les opérations purement métallurgiques, maîtrisées, nous l’avons vu, par les deux principaux dirigeants de l’entreprise. En forçant quelque peu le trait, c’est la notion de relais qui domine dans la gestion de l’entreprise sur place. L’Espagnol et le Grec ont bien une marge de manœuvre et des décisions propres, mais ils sont surtout chargés de faire fonctionner l’entreprise selon les décisions, y compris techniques, de Roux et de Serpieri, qui ne résident pas – surtout le premier cité – de manière continue sur place.

  • 26 Girard 1884, p. 485‑486.
  • 27 Richaud 1876.

15Tout change à partir de 1875 avec la Compagnie française des mines du Laurium. L’intégration plus complète dans la filière du plomb avec l’extraction des galènes, leur acheminement, leur préparation mécanique, les opérations de grillage puis les travaux de fonderie, demande un personnel d’encadrement plus nombreux, mieux formé et doté de compétences dont ne disposent ni Hilarion Roux, ni Jean-Baptiste Serpieri. Une direction multiple, structurée et hiérarchisée est alors mise en place. On compte ainsi en 1883 : un ingénieur directeur, cinq ingénieurs des mines, un ingénieur de construction, cinq ingénieurs chimistes, un ingénieur en charge de la laverie, deux ingénieurs pour la fusion et la calcination, quatre géomètres et douze chefs de chantiers (maîtres mineurs), un ingénieur chef d’atelier et vingt employés de bureau26. Dans cette direction plurielle, un caractère d’ensemble peut s’observer avec la présence nourrie d’ingénieurs français formés à l’École centrale des arts et manufactures de Paris, à commencer par les ingénieurs-directeurs, à l’image de Joseph Dorion et d’Armand Fougère. Dans ce recrutement privilégié, il faut probablement y voir l’influence de l’ingénieur chimiste Ferdinand Bouquet, ancien associé de Jean-Baptiste Serpieri à Marseille, associé fondateur de Hilarion Roux & Cie et formé dans cette même école27. Il faut aussi faire ressortir le rôle joué par Alfred Huet et Alfred-Édouard Geyler, concepteur des laveries pour l’entreprise, dont ils deviennent actionnaires en 1879 et même, pour Huet, membre du conseil d’administration. Pour composer son personnel d’encadrement, les dirigeants de la Compagnie française des mines du Laurium ont su mobiliser leurs relations personnelles et les réseaux noués autour de l’École centrale.

Tab. 2. Ingénieurs centraliens français ayant travaillé pour la Compagnie française des mines du Laurium (1875-1883) (liste non exhaustive).

Nom Promotion Fonction
Ancarini 1874 Attaché à l’exploitation vers 1880
Joseph-Charles Marie Dorion 1859 Ingénieur-directeur en 1881-1882
G. Gottereau 1861 Administrateur de la Compagnie
Charles Monchot 1862 Directeur des laveries à partir de 1877
Dumas 1874 Secrétaire de la Compagnie vers 1880
Armand Fougère 1874 Ingénieur-directeur en 1883
Bérail 1877 Attaché à l’exploitation vers 1880
A. Hébert 1882 Attaché à l’exploitation des mines en 1883
Kaeppelin 1882 Attaché à l’exploitation des mines en 1883

Source : Les anciens élèves p. 201‑202.

  • 28 CFML 1878, p. 6.
  • 29 Ledoux 1872, p. 565.
  • 30 MINES ParisTech, J 18766 (570) : Monthiers et Sciama, « Journal de voyage fait pendant l’été 1876 d (...)

16Cette forte présence étrangère se manifeste également dans les groupes d’ouvriers qualifiés mobilisés par les deux entreprises : mécaniciens français, fondeurs espagnols, dont la venue est lancée en deux vagues, la première à partir de 1865 et la seconde à partir de 1879, mineurs italiens (romagnols, sardes, piémontais et bergamasques…)28. Comme pour les procédés et les équipements de production, c’est toute cette Méditerranée de la filière du plomb que l’on retrouve dans cette partie de l’Attique. La situation est logique : les pratiques techniques voyagent avec les hommes qui détiennent les savoir‑faire et l’expérience de leur application. Ces hommes sont recrutés par les réseaux dont disposent Roux et Serpieri en France, en Italie et en Espagne ou sont directement issus de leurs établissements. Ainsi, les gacheros, les fondeurs espagnols viennent de la société d’Hilarion Roux à Carthagène. Ils sont la clé du succès de l’entreprise, notamment à ses débuts, comme le dit Charles Ledoux : « sans cet excellent noyau, on ne serait jamais arrivé à monter en si peu de temps la fabrication » 29. Ils viennent le plus souvent pour une période courte – environ deux ans – avant de retourner en Espagne, mais le flux est constamment renouvelé. Cet axe humain et technique depuis Carthagène est bien maîtrisé par Hilarion Roux. Ce qu’il a fait avec le Laurium dès 1865 est reproduit à Marseille en 1875 où les fondeurs de Carthagène sont amenés pour lancer la fonte des scories de Sardaigne30.

  • 31 Cordella 1869, p. 25 et Ledoux 1874, p. 338‑339.
  • 32 Mayer 1879, p. 758.

17En dehors d’ouvriers qualifiés et spécialisés dans les travaux mécaniques et métallurgiques, les deux entreprises se sont essentiellement appuyées sur la main-d’œuvre grecque. Terrassiers et maçons de Milos et du Magne, charretiers, mineurs et trieurs de l’Attique, d’Eubée et des îles de l’Égée forment la majorité des ouvriers31. Leur nombre est important, étant donné que les deux entreprises ont employé entre 1 200 et 1 500 personnes entre 1867 et 1883 (voir tab. 3). Quand on sait que la population ouvrière de la Grèce est de l’ordre de quelque 7 342 individus en 187932, on mesure bien ici le poids des entreprises minières françaises du Laurium dans l’histoire ouvrière grecque de la période.

Tab. 3. Nombre d’ouvriers des entreprises françaises du Laurium (1867-1883).

   Hilarion Roux & Cie   

   Compagnie française des mines du Laurium   

 1867 

1 200

1869

1 500

1877

1 300

1878

1 300

1881

1 400

1883

1 500

Sources : Cordella 1869, p. 25 ; Belle 1877, p. 348 ; Mayer 1879, p. 759 et Watbled 1883, p. 631.

  • 33 Voir, par exemple, Belle 1877, p. 348.
  • 34 Cordella 1869, p. 25.
  • 35 CFML 1882b.
  • 36 En 1880, l’appel des contingents enlève plus d’un millier d’ouvriers dans les mines et les usines d (...)
  • 37 Archives du Laurium, télégrammes du 11 au 20 avril 1883 (je remercie Gérard Chastagnaret de m’avoir (...)

18Plusieurs témoignages extérieurs à l’entreprise ont fustigé ce que l’on a qualifié parfois de manière poétique le « penchant à la flânerie » de ces ouvriers grecs, autrement dit leur manque de constance et de discipline dans le travail industriel, qu’ils percevaient comme précaire ou saisonnier33. Les documents produits par les deux entreprises et les personnes qui y ont travaillé donnent une image bien plus pondérée. Dans la majorité des cas, les ouvriers grecs ont rapidement appris à se former et sont parvenus à se plier aux règles d’une entreprise industrielle34. Si la gestion de cette main-d’œuvre locale a parfois été difficile, c’est autour de questions liées au recrutement initial ou à la stabilité des effectifs lors d’évènements politiques. C’est le cas lors des débuts d’activité de la Compagnie française des mines du Laurium en 1875, lorsque l’entreprise doit reconstituer une main-d’oeuvre qui s’est dispersée par suite de la suspension des travaux de la société Hilarion Roux & Cie deux années auparavant35, ou alors en 1880, quand la mobilisation militaire grecque suite aux tensions avec l’Empire ottoman, qui refuse de mettre en œuvre les termes du protocole du congrès de Berlin sur la Thessalie et l’Épire, impacte soudainement l’entreprise. À chaque fois, il faut faire venir en urgence des mineurs italiens36. Le succès avec les ouvriers grecs est souvent présenté par les entreprises comme le fruit de la vertu de l’exemple, la main-d’œuvre locale étant « policée » par le contact avec les employés étrangers. Outre le jugement que l’on peut porter sur l’efficacité de la pédagogie par l’exemple, on peut douter de cette affirmation par le fait que les deux populations exercent des métiers différents dans des espaces distincts. Et d’ailleurs, l’exemple est‑il si intéressant pour les entreprises françaises ? Quand le premier grand conflit social éclate au Laurium en avril 1883, il est porté par des fondeurs espagnols autour d’un problème lié à la rémunération du travail à la tâche, une affaire qui finit par le renvoi de 161 d’entre eux37.

  • 38 Sur les cités ouvrières du Laurium, voir Agriantoni 1994 et Kalogri 1991.
  • 39 Vihou 2012.

19En fait, ce succès avec les ouvriers grecs est dû en grande partie à la stratégie locale des deux entreprises, qui ont su mettre en place une politique de primes pour les plus motivés et un système de soins médicaux. Dans ce premier âge du paternalisme ouvrier, les deux sociétés françaises du Laurium ont également joué un rôle pionnier dans le logement et dans l’éducation. La première véritable cité ouvrière est construite dès le milieu des années 1860 par la société Hilarion Roux & Cie pour héberger les fondeurs espagnols, comme l’indique son nom, Spaniolika38. Dans ce domaine du logement, on retrouve les circulations intra-méditerranéennes et la connexion privilégiée avec l’Espagne : la cité ouvrière de Kyprianos de la Compagnie française des mines du Laurium est construite entre 1876 et 1880 sur le modèle des barres ouvrières des établissements de Roux à Carthagène en Espagne. Quelques années plus tard, des écoles seront construites pour accueillir les enfants des ouvriers de Camaresa et de Kyprianos39. Cette politique patronale du logement et de l’éducation concernait certes à ses débuts principalement les ouvriers étrangers au pays. Elle jetait néanmoins les bases d’actions entrepreneuriales dans le domaine du social qui allaient dans le futur également toucher les salariés autochtones.

  • 40 750 000 francs de bénéfices nets par exemple pour la Compagnie française des mines du Laurium pour (...)
  • 41 Tout comme celui d’Achille Couppas, fondateur en 1882 d’une entreprise de mécanique au Pirée et qui (...)
  • 42 Sur ce point, on lira les conclusions de la thèse de Christina Agriantoni (Agriantoni 1984).

20La réussite industrielle française dans la minéro-métallurgie du Laurium au cours des années 1864-1883, validée par les résultats comptables des entreprises40, amène en dernier lieu à poser la question des retombées pour l’économie et la société grecques. Les activités de la société Hilarion Roux & Cie et de la Compagnie française des mines du Laurium ont‑elles eu des effets industrialisants ? Pour répondre, il faut bien entendu se départir des discours prononcés à l’époque aussi bien par les détracteurs grecs, voyant avant tout dans cette présence étrangère une action prédatrice sur les richesses nationales, que par les chantres du génie industriel français, louant le progrès apporté à un pays économiquement « arriéré ». Alors, certes, l’histoire de l’implantation des deux entreprises françaises ramène la Grèce à un rôle de fournisseur de matières premières pour l’Europe de l’ouest. Les travaux pratiqués au Laurium s’inscrivant dans des opérations situées en amont de la filière du plomb, les moins rémunératrices. Les activités mécaniques et métallurgiques sont très majoritairement réservées aux ouvriers qualifiés français, espagnols et italiens. Les achats de produits et de matériels nécessaires à l’activité se font à l’étranger, la Grèce se contentant de fournir quelques rares produits et matériaux, comme des dalles de pierre de Tinos et d’Andros pour habiller les parois des fours ou quelques chargements de lignite d’Oropos pour la chauffe des machines à vapeur. D’un autre côté cependant, avec les productions mises en place, le développement d’infrastructures modernes de transport et la tentative de stabilisation d’une main-d’œuvre ouvrière répondant aux exigences du travail minier et métallurgique, on assiste pourtant bel et bien à une première insertion de la Grèce dans le système technique et usinier de la première révolution industrielle. Une sorte de modèle est visible et disponible pour les locaux qui souhaiteraient se l’approprier et transformer certains secteurs du tissu industriel hellénique. L’exemple de l’ampleur prise par l’entreprise grecque qui succède à la société Hilarion Roux & Cie dans l’exploitation des scories et des haldes du Laurium à partir de 1873 – la Société des usines métallurgiques du Laurium – montre d’ailleurs les possibles effets d’entraînement41. Il s’agit néanmoins d’un épiphénomène, car le temps n’est pas encore venu pour la Grèce de la fin du xixe siècle, un pays « qui n’était pas doté d’un secteur artisanal et manufacturier solidement implanté à travers (…) et qui serait amené, tôt ou tard, à moderniser ses structures »42. Autrement dit, l’absence d’effets industrialisants de la présence française au Laurium est moins due aux stratégies et aux activités développées par les deux entreprises qu’aux caractéristiques intrinsèques de l’économie grecque de la période.

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Bibliographie

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Notes

1 C’est au cours des années 1867-1875 que les 37 premières sociétés minières sont fondées dans le pays. Sur ce point, voir notamment Agriantoni 1984, p. 175 et 205‑208.

2 Farina 2013 et Chastagnaret 2023. Sur Hilarion Roux, lire également l’article que Gérard Chastagnaret lui consacre dans ce dossier.

3 Archives départementales des Bouches-du‑Rhône (désormais Arch. dép. des B.d.R.), 373 E 526, notaire Ernest Taxil-Fortoul, acte du 28 avril 1864 et 548 U 13, extrait de l’acte de création de la société Hilarion Roux & Cie déposé le 30 avril 1864 au greffe du tribunal de commerce de Marseille.

4 L’entreprise a été rachetée par un groupe d’investisseurs grecs, dont le principal est l’homme d’affaires Andréas Syngrós. Elle prend le nom de Société des usines métallurgiques du Laurium (sur celle‑ci, lire Papastefanaki 2017). Sur le conflit de la société Hilarion Roux & Cie avec l’État grec, alors appelé « l’affaire du Laurium » à cause de ses répercussions diplomatiques entre la France, l’Italie et la Grèce, lire Agriantoni 1984 et Schönhärl 2020, chap. 4.

5 Archives nationales (CARAN), MC, ET XLVIII, 1053, notaire Louis Dufour, actes des 28 août et 1er septembre 1875.

6 Sur ces thématiques, lire notamment Papastefanaki 2017 et Schönhärl 2020.

7 Affaire du Laurium, p. 5.

8 Entre 55 et 90 grammes d’argent par tonne de plomb. Ces haldes sont de plus chargées de blende (sulfure de zinc) et sont donc de traitement particulièrement difficile (Affaire du Laurium, p. 11).

9 Fabre 1860-1861 et Exposition internationale de 1862, p. 44 et suivantes.

10 Huet 1879, p. 762.

11 CFML 1879, p. 5‑6. En 1881, la production de plombs d’œuvre est de l’ordre de 1 900 tonnes, alors que celle de galènes argentifères est d’environ 62 800 tonnes (CFML 1882b, p. 6).

12 Thomas-Payen 1872-1873, p. 166‑179 et Bibliothèque de l’École des Mines de Paris (ParisTech) (désormais MINES ParisTech), J 18766 (570), Monthiers et Sciama, « Journal de voyage fait pendant l’été 1876 dans le Centre et le Midi de la France ».

13 Arch. dép. des B.d.R., 373 E 562, notaire Ernest Taxil Fortoul, acte du 10 mai 1873. Sur cette entreprise et son usine, voir Raveux 2021.

14 CFML 1879, p. 6‑7.

15 CFML 1882a ; Pérez de Perceval et al. 2009 et Chastagnaret 2023.

16 CFML 1882a.

17 CFML 1882a.

18 Ingénieur autodidacte, Hilarion Roux est même un spécialiste reconnu de ce type de travaux. Sur ce point, voir Petitgand 1861, p. 390 et Chastagnaret 2023.

19 Petitgand 1861, p. 390.

20 MINES ParisTech, M 1878-1879 (998), Jules Petitdidier, « Usines à plomb des environs de Marseille » et J 18766 (570) : Monthiers et Sciama, « Journal de voyage fait pendant l’été 1876 dans le Centre et le Midi de la France ».

21 Ledoux 1874.

22 Paraskevopoulos 2017.

23 Aguillon 1928 et Delaunay 2010.

24 Mamaloukaki 2014.

25 Sur les relations entre Roux et les deux ingénieurs en Espagne, voir Chastagnaret 2020, p. 108.

26 Girard 1884, p. 485‑486.

27 Richaud 1876.

28 CFML 1878, p. 6.

29 Ledoux 1872, p. 565.

30 MINES ParisTech, J 18766 (570) : Monthiers et Sciama, « Journal de voyage fait pendant l’été 1876 dans le Centre et le Midi de la France », fol. 18.

31 Cordella 1869, p. 25 et Ledoux 1874, p. 338‑339.

32 Mayer 1879, p. 758.

33 Voir, par exemple, Belle 1877, p. 348.

34 Cordella 1869, p. 25.

35 CFML 1882b.

36 En 1880, l’appel des contingents enlève plus d’un millier d’ouvriers dans les mines et les usines du Laurium. La Compagnie française des mines du Laurium doit faire appel dans l’urgence à 200 mineurs sardes (Le Temps, 2 octobre 1880).

37 Archives du Laurium, télégrammes du 11 au 20 avril 1883 (je remercie Gérard Chastagnaret de m’avoir communiqué ses notes sur ces documents).

38 Sur les cités ouvrières du Laurium, voir Agriantoni 1994 et Kalogri 1991.

39 Vihou 2012.

40 750 000 francs de bénéfices nets par exemple pour la Compagnie française des mines du Laurium pour les années 1879-1883 d’après les bilans présentés aux actionnaires lors des assemblées générales ordinaires. Pour cette même entreprise, il faut souligner la très forte croissance de la production de minerais de plomb lors des premières années d’exploitation des concessions : 624 tonnes en 1876, 12 348 tonnes en 1878, 32 000 tonnes en 1880 et 41 300 tonnes en 1882 (CFML 1877, 1878, 1879, 1880, 1881, 1882b, 1883 et 1884).

41 Tout comme celui d’Achille Couppas, fondateur en 1882 d’une entreprise de mécanique au Pirée et qui aurait été un ancien employé de la Compagnie française des mines du Laurium (voir Kremmydas, 2001).

42 Sur ce point, on lira les conclusions de la thèse de Christina Agriantoni (Agriantoni 1984).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Batterie de fours pour le traitement des scories du Laurium vers 1869.
Crédits Source : Cordella 1869, première de couverture.
URL http://journals.openedition.org/bchmc/docannexe/image/1193/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 506k
Titre Fig. 2. Carte et plans du chemin de fer conçu par Charles Ledoux au Laurium.
Crédits Source : Ledoux 1874, planche VI.
URL http://journals.openedition.org/bchmc/docannexe/image/1193/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 531k
Titre Fig. 3. Plans des locomotives construites par la société Koechlin & Cie pour le chemin de fer du Laurium.
Crédits Source : Ledoux 1874, planche VI.
URL http://journals.openedition.org/bchmc/docannexe/image/1193/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 473k
Titre Fig. 4. Les laveries Huet-Geyler des mines du Laurium en 1878.
Crédits Source : Huet 1879, planche 11.
URL http://journals.openedition.org/bchmc/docannexe/image/1193/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 534k
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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Raveux, « Le Laurium au temps d’Hilarion Roux (1864‑1883) »Bulletin de correspondance hellénique moderne et contemporain, 8 | -1, 17-33.

Référence électronique

Olivier Raveux, « Le Laurium au temps d’Hilarion Roux (1864‑1883) »Bulletin de correspondance hellénique moderne et contemporain [En ligne], 8 | 2023, mis en ligne le 27 décembre 2024, consulté le 09 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/bchmc/1193 ; DOI : https://doi.org/10.4000/130w6

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Auteur

Olivier Raveux

UMR TELEMMe, CNRS‑Aix‑Marseille université, France

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Droits d’auteur

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