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2025 - 2 « Au-delà de la métronormativité, repenser les ruralités et les périphéralités à l’aune de la géographie des sexualités : pour une approche queer et dynamique des spatialités LGBTI » / “Beyond metronormativity, rethinking ruralities and peripheralities in the light of the geography of sexualities : for a queer and dynamic approach to LGBTI spatialities”

Guest editors : Cyril Blondel (Université de Reims Champagne Ardenne, Equipe Habiter), Milan Bonté (Université de Reims Champagne Ardenne, Equipe Habiter), Gabrielle Saumon (Université de Limoges, Equipe ACP, Analyse Comparée des Pouvoirs)

« Au-delà de la métronormativité, repenser les ruralités et les périphéralités à l’aune de la géographie des sexualités : pour une approche queer et dynamique des spatialités LGBTI »

Les géographies du genre et des sexualités se sont principalement concentrées sur les contextes et objets d’étude urbains, ce qui leur a valu d’être critiquées pour leur « métronormativité » (Halberstam, 2005). Des biais de classe, genre et race ont été mis au jour dans la recherche produite sur les minorités sexuelles et de genre, qui enquête prioritairement des hommes, gays, urbains, blancs, jeunes et issus des classes supérieures – que cela provienne d’un biais de recrutement dans les enquêtes (Blidon et Guérin-Pace, 2013 ; Compton et Baumle, 2012) ou d’une polarisation des centres d’intérêt des chercheurs-ses autour des espaces et des concepts qui les concernent (voir par exemple l’état de l’art très complet produit par Julia Podmore et Alison Bain, 2020). Une littérature critique pour autant s’attaque à ce biais métronormatif de la géographie des sexualités : ces recherches enquêtent les sexualités non-hégémoniques dans les espaces ruraux et périurbains par le biais des représentations territoriales (Bain et Podmore, 2021 ; Stone, 2018), du rapport spécifique à l’homophobie dans ces espaces (Gray, 2009 ; Herring, 2010 ; Dwyer, Ball et Barker, 2015 ; Plouvier, 2023), en particulier du procès de sexisme et de LGBTphobie fait a priori aux hommes de banlieue (Fassin, 2006 ; Blidon, 2008 ; Hancock, 2017), aux mobilisations et à la culture LGBTI (Brown, 2015 ; Lockett et Lewis, 2022), et traitent d’enjeux démographiques liés aux mobilités vers les villes – mobilités touristiques (Lewis, Mehmet et McLaren, 2023 ; Giraud, 2016), domicile-travail (Brekhus, 2003), résidentielles (Annes et Redlin, 2012) –, aux modes de vie des couples homosexuels (Waitt et Gorman-Murray, 2007) ou à l’isolement géographique (Kirkey et Forsyth, 2001).

Dans ce contexte, plusieurs recherches proposent une analyse géographique de la recherche sur l’espace et les sexualités. Elles mettent en évidence le fait que les travaux critiques qui se positionnent contre la métronormativité de cette recherche prennent majoritairement la forme de « formula stories » (Stone, 2018), c’est-à-dire de portraits de trajectoires LGBTI « en dehors des grandes villes », et peinent à replacer l’espace et les concepts géographiques au coeur de l’analyse. Dans le contexte francophone, nous faisons le constat que les géographies centrées sur les espaces ruraux, les banlieues, les espaces périphériques d’une part (et souvent sans lien les unes avec les autres) et la géographie des sexualités n’entrent pas réellement en dialogue, malgré le fait qu’elles ont en commun de nombreuses intentions scientifiques.

En premier lieu, la remise en question de la dichotomie entre espaces ruraux et espaces urbains est un positionnement conceptuel commun. Les travaux de géographie des sexualités dénoncent les « fausses binarités » sociales et territoriales (Hain, 2020), notamment celles produites par l’absence de remise en question de la division urbain / rural. Afin de remettre les rapports de pouvoir au centre de l’analyse, ces recherches proposent notamment de déplacer le cadre conceptuel vers celui du modèle centre - périphérie (Misgav et Hartal, 2019 ; Hain, 2020). Comment, dès lors, ignorer les proximités conceptuelles avec les recherches contemporaines portant sur la périphérisation, qui proposent de replacer les dynamiques de (re)production des inégalités socio-spatiales au centre des questionnements scientifiques et abordent ainsi les enjeux de dépendance (Beetz, 2008), de relégation et de stigmatisation (Wacquant, 2007, 2011), de domination politique économique et symbolique (Keim, 2006 ; Neu, 2006), de déclin (Roth, 2016), pour aborder en priorité ces rapports de pouvoir depuis ces espaces dominés et relégués (Lécuyer, 2022, pages 79 à 84) – villages, petites et moyennes villes, banlieues, territoires désindustrialisés. Dans un second temps, l’enjeu de la stigmatisation des territoires périphériques dans les représentations collectives émerge des deux champs : tandis que la question de la stigmatisation sociale, culturelle et politique et de l’injustice spatiale réside au coeur des questionnements liés aux stratégies de développement local des territoires périphérisés (Lécuyer, 2021 ; Blondel et Evrard, 2019), les géographes des sexualités travaillant sur ces territoires se débattent encore avec leurs propres représentations territoriales, ancrées dans un « imaginaire gay » (Stone, 2018) qui produit des représentations collectives des banlieues, du périurbain et des espaces ruraux ou désindutrialisés comme les « périphéries queer » des métropoles (Podmore et Bain, 2020). Enfin, les recherches critiques des deux champs se rejoignent dans la volonté d’approcher leurs objets d’étude respectifs de manière relationnelle. Les géographes et sociologues des sexualités proposent de considérer les mobilités des habitant-es des périphéries dans toute leur complexité, au-delà notamment des migrations résidentielles correspondant à un exode rural gay potentiellement fantasmé (Giraud, 2016 ; Gorman-Murray, 2007 ; McGlynn, 2018). En parallèle, les recherches sur la périphérisation insistent sur l’étude des différentes manières dont s’imbriquent les processus de marginalisation sociale et de stigmatisation territoriale (Roth, 2016 ; Meyer, Miggelbrink et Schwarzenberg, 2017) et invitent à porter plus d’attention au contexte historico-spatial dans les processus de subjectivation (Miggelbrink, 2020). Il s’agit, dans les deux cas, d’insister sur les liens, les relations de dépendance et les inégalités de répartition du pouvoir, dans leurs dimensions matérielle et idéelle, et du rôle particulier de l’espace dans ces dynamiques. Quant à la géographie rurale, qui se penche dorénavant sur les mobilités contemporaines vers les campagnes les plus attractives, et notamment celles qualifiées d’amenity migrations (Moss et Glorioso, 2014), elle permet d’observer le renversement du modèle de la domination urbaine tout en analysant les profondes inégalités qui accompagnent ces processus, étudiées en particulier dans le champ de la gentrification rurale (Saumon, 2019). Que ces inflexions proviennent de la géographie des sexualités ou d’une géographie rurale, des banlieues et des périphéries en recomposition, elles se rejoignent donc dans l’ambition de remettre les rapports de pouvoir au centre de l’analyse des territoires, et ce à toutes les échelles.

Cet appel propose cinq pistes de réflexion, non exhaustives, qui peuvent guider les contributions au dossier.

  1. Dans l’ambition de s’extraire d’une vision dichotomique, d’une part, de la division urbain / rural et d’autre part, du topos du coming out suivi ou précédé d’un départ vers la ville, nous encourageons les propositions qui (re)placent les trajectoires – biographiques, sociales, spatiales, individuelles ou collectives – au centre de l’analyse. Cela peut prendre la forme de travaux empiriques empruntant la perspective théorique et méthodologique des « parcours de vie » (« life course », voir par exemple Kok, 2007), qui proposeraient une approche moins fixiste des migrations résidentielles entre métropoles et périphéries et de leurs motifs. Certaines recherches ont en effet déjà démontré les biais des représentations collectives des migrations du rural vers l’urbain, qui ne poussent à ne considérer et n’étudier que les déplacements des jeunes, principalement des hommes, migrants du rural vers l’urbain, LGBTI ou non (Blidon et Guérin-Pace, 2013 ; Stockdale et Catney, 2014). Complexifier la lecture des mobilités entre les centres et leurs périphéries à la lumière des parcours de vie des individus est une première piste d’exploration qui nous paraît probante. A ce titre, il est possible d’envisager d’appliquer les méthodes de la géographie du vieillissement, qui s’attache notamment à l’évolution des espaces d’activités au cours de la vie (Dubreuil, 2020), à l’analyse de la spatialité des parcours de vie des personnes LGBTI : comment les activités quotidiennes des personnes LGBTI pratiquant les espaces périphérisés se spatialisent-elles ? Au prisme de quels événements évoluent-elles ? (coming-out, premières expériences sexuelles, ruptures, accès aux soins, intégration d’associations, etc.) Quels agencements, entre pratiques spatiales supposées centrales et périphériques, permettent aux personnes LGBTI de composer avec des degrés d’acceptation, de révélation, d’interconnaissance variant au sein d’un même espace vécu ?

  2. De manière complémentaire au premier axe, nous encourageons fortement les contributions qui s’inscrivent dans les mobility studies et leurs développements contemporains. Dans l’ambition du renouvellement d’une géographie rurale des sexualités qui envisage principalement les déplacements du rural vers l’urbain, dans le cadre de migrations résidentielles, nous pensons pertinent de considérer les déplacements au sein des espaces périphérisés, vers ces espaces depuis les espaces centraux ou vers les centralités, en dehors ou au-delà d’un simple exode rural vers la métropole idéalisée. Nous encourageons les contributions s’intéressant aux mobilités quotidiennes, à l’espace vécu tel qu’il est pratiqué et représenté, qui re-questionnent l’influence de la distance, des sphères d’interconnaissance, de l’ancrage, du stigmate territorial, du sentiment de relégation dans une approche relationnelle. Les développements récents des recherches sur l’articulation entre mobilités et ancrage dans les espaces de vie des habitant-es du périurbain ont montré que ces dernier-es mobilisaient et valorisaient différemment les ressources territoriales en fonction de leur origine sociale (Berroir et al, 2017). Qu’en est-il des périurbain-es LGBTI ? Des autres périphérisé-es ? De quelle manière composent-ils et elles entre les ressources d’un ancrage local fortement dominé par les dynamiques d’interconnaissance, et celles obtenues par les mobilités vers des centres urbains ou d’autres espaces périphériques ? Les recherches sur l’ancrage dans les quartiers populaires ont par ailleurs dénoncé un prisme de lecture traditionnellement déformé par le système de valeurs intellectuel, bourgeois et métropolitain des chercheurs-ses en sciences sociales (Fol, 2010), rendu aveugle aux ressources de l’ancrage local et populaire. Nous pensons que ces recherches peuvent être éclairées par une perspective queer ou trans sur les mobilités, qui viendraient montrer les interactions entre marginalisation de genre et sexuelle, marginalité sociale et périphéralité. Les LGBTI originaires des espaces périphérisés mobilisent-elles le « capital d’autochtonie » (Retière, 2003 ; Renahy, 2010) au même titre que les autres ? De quelle manière les ruptures biographiques propres aux vécus LGBTI (coming-out, transition de genre, diagnostic de séropositivité, entrée dans un parcours de PMA, etc.) influencent-elles l’organisation des mobilités quotidiennes et le rapport à l’espace vécu et projeté ?

  3. Dans la perspective d’une mise en commun des questionnements contemporains des géographie du genre et des sexualités avec ceux des géographies rurales, des banlieues et des périphéries, nous pensons qu’il est pertinent de questionner la relégation et les marginalisations sociales et spatiales au-delà de la dichotomie urbain/rural ou ville/campagne. Nous encourageons fortement les propositions qui viendraient mettre en avant la diversité ou la complexité des formes de relégation spatiale et des dynamiques de marginalisation. Cela peut concerner une grande diversité de terrains d’étude – banlieues, quartiers populaires, villes décroissantes, espaces ruraux en déclin – et de trajectoires socio-spatiales – départs vers les villes, retours au rural, migrations résidentielles d’un espace périphérisé vers un autre, déplacements quotidiens depuis ou au sein de territoires relégués. Comment cohabitent ou se renforcent les difficultés d’accès au soin des personnes LGBTI avec l’abandon politique, économique et symbolique des espaces périphérisés ? Quelles stratégies individuelles ou collectives sont mises en place pour résister ? Quelle est la place de la perte d’espoir et de la stigmatisation des territoires (Lécuyer, 2020) dans les trajectoires biographiques et spatiales des personnes LGBTI qui en sont originaires ?

  4. Par ailleurs, nous invitons les contributeur-ices à questionner le rôle des échelles spatiales dans les analyses proposées. A ce titre, il nous semble pertinent de souligner le fait que dans certains espaces ruraux jusque là en déclin, une gentrification « par poches » semble opérer, et cette recomposition socio-territoriale partielle qui fait subitement de la périphérie une marge choisie bouleverse les rapports de force localement (Tommasi, 2018). Si cela ne vient pas remettre en question l’enclavement potentiel de ces espaces ruraux, les capitaux des nouveaux et nouvelles arrivant-es entrent pour autant en jeu lorsqu’il s’agit d’habiter les campagnes au quotidien, de s’y déplacer, d’y militer… une géographie du genre et des sexualités dans ces espaces périphériques nécessitera alors d’articuler les échelles pour saisir la complexité des rapports de domination contemporains.

  5. Enfin, nous encourageons également les contributions portant sur les aspects épistémologiques et méthodologiques, qu’elles se positionnent sur les écueils identifiés dans la recherche déjà produite sur ce sujet ou qu’elles proposent un regard analytique et critique sur des positionnements et des méthodologies mises en place pour contrer ces écueils, à partir d’un matériau original. Quelles réflexions théoriques et épistémologiques, quelles méthodes, qualitatives, quantitatives, mixtes, permettent de prendre en compte les processus de marginalisation sociale et spatiale des individus et de leur territoire d’origine ou de résidence ? Comment répondre, pour enquêter sur les trajectoires spatiales non-hégémoniques des personnes LGBTI originaires d’espaces périphérisés, à l’enjeu du recrutement d’individus doublement marginalisés et aux mobilités hétérogènes ? Dans le cadre d’enquêtes ethnographiques, comment adresser des sujets caractérisés par la perte d’espoir, l’isolement, la stigmatisation – des siens et du reste du monde ? Quels sont les apports des théories queers et féministes pour traiter de ces questions ?

Les propositions d’articles, en français ou en anglais, doivent suivre les normes éditoriales de la revue Belgeo pour la présentation des manuscrits, la bibliographie et les illustrations, disponibles sur : https://journals.openedition.org/belgeo/7113

Les manifestations d’intérêt (titre et court résumé) sont attendues pour la fin septembre 2024 et les articles pour le 31 décembre 2024 au plus tard. Ils doivent être adressés en format électronique à cyril.blondel@univ-reims.fr et à christian.vandermotten@ulb.be (pour les articles, en version complète et en version anonymisée).

“Beyond metronormativity, rethinking ruralities and peripheralities in the light of the geography of sexualities : for a queer and dynamic approach to LGBTI spatialities”

Geographies of gender and sexuality have mainly focused on urban contexts and objects of study, which has led to them being criticised for being ’metronormative’ (Halberstam, 2005). Class, gender and race biases have been uncovered in the research produced on sexual and gender minorities, which primarily surveys men who are gay, urban, white, young and from the upper classes - whether this is due to a recruitment bias in the surveys (Blidon and Guérin-Pace, 2013 ; Compton and Baumle, 2012) or a polarisation of researchers’ interests around spaces and concepts that concern them (see, for example, the very comprehensive review produced by Julia Podmore and Alison Bain, 2020). However, a critical literature is attacking this metronormative bias in the geography of sexualities : this research investigates non-hegemonic sexualities in rural and peri-urban spaces through territorial representations (Bain and Podmore, 2021 ; Stone, 2018), the specific relationship to homophobia in these spaces (Gray, 2009 ; Herring, 2010 ; Dwyer, Ball and Barker, 2015 ; Plouvier, 2023), in particular the trial of sexism and LGBTphobia made a priori against suburban men (Fassin, 2006 ; Blidon, 2008 ; Hancock, 2017), to LGBTI mobilisations and culture (Brown, 2015 ; Lockett and Lewis, 2022), and deal with demographic issues linked to mobility to cities - tourist mobility (Lewis, Mehmet and McLaren, 2023 ; Giraud, 2016), commuting (Brekhus, 2003), residential mobility (Annes and Redlin, 2012) -, the lifestyles of same-sex couples (Waitt and Gorman-Murray, 2007) or geographical isolation (Kirkey and Forsyth, 2001).

In this context, a number of studies offer a geographical analysis of research on space and sexuality. They highlight the fact that critical works that take a stand against the metronormativity of this research mostly take the form of ’formula stories’ (Stone, 2018), i.e. portraits of LGBTI trajectories ’outside the big cities’, and struggle to place space and geographical concepts back at the heart of the analysis. In the French-speaking world, we find that geographies focusing on rural areas, suburbs and peripheral spaces (and often unrelated to each other) and the geography of sexualities do not really enter into dialogue, despite the fact that they share many scientific intentions.

Firstly, questioning the dichotomy between rural and urban spaces is a common conceptual position. Studies in the geography of sexuality denounce ’false binarities’ in social and territorial terms (Hain, 2020), particularly those produced by the failure to challenge the urban/rural divide. In order to put power relations back at the centre of the analysis, this research proposes shifting the conceptual framework to that of the centre-periphery model (Misgav and Hartal, 2019 ; Hain, 2020). How, then, can we ignore the conceptual similarities with contemporary research on peripheralisation, which proposes to place the dynamics of the (re)production of socio-spatial inequalities at the heart of scientific questioning and thus address the issues of dependence (Beetz, 2008), relegation and stigmatisation (Wacquant, 2007, 2011), economic and symbolic political domination (Keim, 2006 ; Neu, 2006), and decline (Roth, 2016), so as to tackle these power relationships first and foremost from these dominated and relegated spaces (Lécuyer, 2022, pages 79 to 84) - villages, small and medium-sized towns, suburbs, deindustrialised areas. Secondly, the issue of the stigmatisation of peripheral areas in collective representations emerges from both fields : while the issue of social, cultural and political stigmatisation and spatial injustice lies at the heart of questions relating to local development strategies for peripheral areas (Lécuyer, 2021 ; Blondel and Evrard, 2019), sexuality geographers working on these territories are still grappling with their own territorial representations, rooted in a ’gay imaginary’ (Stone, 2018) that produces collective representations of suburbs, suburban areas and rural or deindutrialised spaces as the ’queer peripheries’ of metropolises (Podmore and Bain, 2020). Finally, critical researchers in the two fields are united by a desire to approach their respective objects of study in a relational manner. Geographers and sociologists of sexuality propose to consider the mobility of peripheral residents in all its complexity, going beyond the residential migrations corresponding to a potentially fantasised gay rural exodus (Giraud, 2016 ; Gorman-Murray, 2007 ; McGlynn, 2018). At the same time, research on peripheralisation emphasises the study of the different ways in which processes of social marginalisation and territorial stigmatisation are interwoven (Roth, 2016 ; Meyer, Miggelbrink and Schwarzenberg, 2017) and calls for greater attention to be paid to the historical-spatial context in processes of subjectivation (Miggelbrink, 2020). In both cases, the emphasis is on links, relations of dependence and inequalities in the distribution of power, in their material and ideal dimensions, and on the particular role of space in these dynamics. As for rural geography, which is now looking at contemporary mobility towards the most attractive countryside, and in particular what is known as amenity migration (Moss and Glorioso, 2014), it enables us to observe the reversal of the model of urban domination while analysing the profound inequalities that accompany these processes, studied in particular in the field of rural gentrification (Saumon, 2019). Whether these inflections come from geography of sexuality or from recombining rural, suburbs and/or peripheries geographies, they all come together in the ambition to put power relations back at the centre of the analysis of territories, at all scales.

This call for papers proposes five non-exhaustive avenues for reflection, which may guide contributions to the dossier.

  1. With the aim of moving away from a dichotomous vision of the urban/rural divide and the topos of coming out followed or preceded by a move to the city, we encourage proposals that (re)place trajectories - biographical, social, spatial, individual or collective - at the centre of the analysis. This could take the form of empirical work using the theoretical and methodological perspective of ’life courses’ (see, for example, Kok, 2007), which would propose a less fixist approach to residential migration between metropolises and peripheries and to the reasons for it. Some research has already demonstrated the biases of collective representations of rural-urban migration, which lead us to consider and study only the movements of young people, mainly men, migrating from rural to urban areas, whether LGBTI or not (Blidon and Guérin-Pace, 2013 ; Stockdale and Catney, 2014). Complexifying the reading of mobilities between centres and their peripheries in the light of individuals’ life courses is an initial avenue of exploration that we believe to be convincing. In this respect, it is possible to consider applying the methods of the geography of ageing, which focuses in particular on the evolution of activity spaces over the course of a lifetime (Dubreuil, 2020), to the analysis of the spatiality of the life courses of LGBTI people : how are the daily activities of LGBTI people living in peripheral areas spatialised ? What events influence these activities (coming out, first sexual experiences, break-ups, access to care, integration into associations, etc.) ? What arrangements, between supposedly central and peripheral spatial practices, enable LGBTI people to deal with varying degrees of acceptance, revelation and inter-knowledge within the same lived space ?

  2. As a complement to the first theme, we strongly encourage contributions that are part of mobility studies and their contemporary developments. With the aim of renewing a rural geography of sexualities that mainly considers rural-urban movements, in the context of residential migration, we believe it is relevant to consider movements within peripheral areas, towards these areas from central areas or towards central areas, outside or beyond a simple rural exodus towards the idealised metropolis. We encourage contributions that take an interest in everyday mobility, in the lived space as it is practised and represented, and that re-question the influence of distance, spheres of inter-recognition, anchoring, territorial stigma and the feeling of relegation in a relational approach. Recent research into the relationship between mobility and anchoring in the living spaces of peri-urban residents has shown that the latter mobilise and value territorial resources differently depending on their social origin (Berroir et al, 2017). What about LGBTI suburban people ? And about other peripheralized people ? How do they reconcile the resources of a local anchorage strongly dominated by the dynamics of inter-acquaintance, and those obtained through mobility towards urban centres or other peripheral spaces ? Research into local roots in working-class neighbourhoods has also highlighted the fact that the intellectual, bourgeois and metropolitan value system of social science researchers (Fol, 2010) has traditionally distorted the reading of these issues, blinding us to the resources of local and working-class roots. We believe that this research can be illuminated by a queer or trans perspective on mobility, which would show the interactions between gender and sexual marginalisation, social marginality and peripherality. Do LGBTI people from peripheral areas mobilise the ’capital of autochthony’ (Retière, 2003 ; Renahy, 2010) in the same way as others ? How do the biographical ruptures specific to LGBTI experiences (coming-out, gender transition, diagnosis of HIV-positive status, entry into a MAP programme, etc.) influence the organisation of daily mobility and the relationship with the space experienced and projected ?

  3. With a view to bringing together contemporary issues in the geographies of gender and sexuality with those of rural, suburban and peripheral geographies, we believe that it is relevant to question social and spatial relegation and marginalisation beyond the urban/rural or city/countryside dichotomy. We strongly encourage proposals that highlight the diversity or complexity of forms of spatial relegation and the dynamics of marginalisation. This may involve a wide range of study areas - suburbs, working-class neighbourhoods, shrinking towns, rural areas in decline - and socio-spatial trajectories - moving to the cities, returning to the countryside, residential migration from one peripheralized area to another, daily travel from or within relegated areas. How do difficulties in accessing healthcare for LGBTI people coexist with or reinforce the political, economic and symbolic abandonment of peripheral areas ? What individual or collective strategies are put in place to resist ? What role do the loss of hope and the stigmatisation of territories (Lécuyer, 2020) play in the biographical and spatial trajectories of LGBTI people from these areas ?

  4. We also invite contributors to question the role of spatial scales in the proposed analyses. In this respect, we feel it is relevant to highlight the fact that in certain rural areas that have hitherto been in decline, gentrification ’by pockets’ seems to be taking place, and this partial socio-territorial recomposition that suddenly turns the periphery into a chosen margin upsets the local balance of power (Tommasi, 2018). While this does not call into question the potential enclavement of these rural areas, the capital of the new arrivals does come into play when it comes to living in the countryside on a daily basis, moving around there, being active there... a geography of gender and sexuality in these peripheral areas will then require us to articulate the scales in order to grasp the complexity of contemporary relations of domination.

  5. Finally, we also encourage contributions on epistemological and methodological aspects, whether they focus on the pitfalls identified in the research already produced on this subject or offer an analytical and critical look at the positions and methodologies put in place to counter these pitfalls, based on original material. What theoretical and epistemological considerations, what methods - qualitative, quantitative, mixed - make it possible to take into account the processes of social and spatial marginalisation of individuals and their territory of origin or residence ? When investigating the non-hegemonic spatial trajectories of LGBTI people from peripheral areas, how can we respond to the challenge of recruiting doubly marginalised individuals with heterogeneous mobility ? In the context of ethnographic surveys, how can we address subjects characterised by loss of hope, isolation and stigmatisation - by their own people and by the rest of the world ? What contributions do queer and feminist theories make to addressing these issues ?

Proposals for articles, in English or in French, must follow the Belgeo journal’s editorial standards for manuscripts available at : https://journals.openedition.org/belgeo/7117


Expressions of interest (title and short summary) are due by 30 September 2024 and papers by 31 December 2024 and should be sent in electronic format to cyril.blondel@univ-reims.fr and christian.vandermotten@ulb.be (for the papers, in a full version and an anonymous one).

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