Comment les choix méthodologiques influencent l’évaluation des paramètres texturaux de l’os trabéculaire et son interprétation fonctionnelle ? L’exemple des vertèbres chez Homo, Pan et Papio
Texte intégral
1L’organisation interne de l’os, et particulièrement du réseau trabéculaire, reflète localement la nature, la direction, la fréquence et l’intensité des charges biomécaniques. Étant donné le rôle clé de la colonne vertébrale dans la posture, la locomotion et la stabilité des organismes, la caractérisation des variations microstructurales de l’os trabéculaire contenu dans le corps vertébral apporte des informations cruciales sur le comportement locomoteur et postural des vertébrés actuels et fossiles. Cependant, la diversité des méthodes utilisées, que ce soit pour la définition et la segmentation des volumes d’intérêt, ou le calcul lui-même des paramètres texturaux (densité de l’os trabéculaire, degré d’anisotropie, espacement et épaisseur des trabécules), ainsi que l’amplitude des variations entre les résultats publiés dans la littérature, pose la question de la fiabilité de cette approche et des interprétations fonctionnelles qui en découlent. Dans cette étude, nous proposons de tester et quantifier l’influence des choix méthodologiques dans l’étude de l’os trabéculaire des vertèbres des primates actuels afin d’améliorer la reproductibilité des mesures. Notre échantillon comprend des colonnes vertébrales complètes d’Homo (n=4), Pan (n=4) et Papio (n=4) des collections de l’Université de Pretoria (Afrique du Sud) et du Musée Royal d’Afrique Centrale (Belgique), scannées par micro-tomographie. Nous avons testé différents protocoles pour le traitement des images et la mesure des paramètres texturaux en utilisant les approches proposées par différents logiciels (BoneJ, VGSTUDIO MAX) sur des volumes d’intérêt (n=266) prélevés au centre de chaque corps vertébral. Alors que la densité trabéculaire reste relativement constante quel que soit le protocole utilisé, l’épaisseur et l’espacement des trabécules, ainsi que le degré d’anisotropie, ont des valeurs bien plus élevées avec BoneJ qu’avec VGSTUDIO MAX. Cependant, les tendances entre les taxons (Homo vs Pan vs Papio), ou encore au sein des colonnes (segments cervical vs thoracique vs lombaire) restent similaires quelle que soit la méthode suivie. En conclusion, notre étude souligne les risques possibles lors de la comparaison de valeurs brutes obtenues selon différents protocoles et préconise d’expliciter rigoureusement la méthodologie dans les publications.
Pour citer cet article
Référence électronique
Charlotte Theye et Amélie Beaudet, « Comment les choix méthodologiques influencent l’évaluation des paramètres texturaux de l’os trabéculaire et son interprétation fonctionnelle ? L’exemple des vertèbres chez Homo, Pan et Papio », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 36(S) | 2024, mis en ligne le 23 décembre 2023, consulté le 25 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/13621 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bmsap.13621
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