Les traces d’origine anthropique sur les vestiges humains magdaléniens de la grotte de La Marche (Vienne)
Texte intégral
1La présence de traces d’origine anthropique observables sur de nombreux ossements humains du Paléolithique supérieur, en particulier au Magdalénien, pose de nombreuses questions relatives aux motivations de ce comportement. S’agit-il de rituel funéraire inhérent au traitement des morts, ou de cannibalisme associé ou non à des conflits intergroupes ? Notre étude porte sur un ensemble de vestiges humains du Magdalénien moyen de la grotte de La Marche (Lussac-les-Châteaux, Vienne), provenant des fouilles Péricard et des opérations de tamisage Airvaux. Nous avons analysé un total de 58 restes osseux et dentaires : 7 fragments de mandibule, 5 fragments de neurocrâne et 46 dents isolées. Nous avons utilisé la macro- et microphotographie et la microscopie optoélectronique pour différencier les stigmates résiduels de l’activité biologique, notamment l’activité racinaire, des traces d’origine anthropique : fractures, raclages et cutmarks. Huit des 12 pièces osseuses présentent des traces anthropiques. Nous avons identifié des incisions et/ou raclages sur 4 surfaces exocrâniennes et 4 mandibules. Des stigmates d’action thermique sont visibles sur 2 des mandibules. En l’état actuel, les dents, les mandibules et les os crâniens sont les éléments les plus représentés à La Marche, soulignant potentiellement un intérêt particulier réservé à la tête. Des pratiques de décharnement, de découpe ou de fracturation des restes humains sont observées à diverses phases du Magdalénien, et pour différents faciès du Magdalénien moyen. En dépit de différences culturelles (art, industries osseuses), nous constatons d’importantes similitudes entre les traces anthropiques observées sur les vestiges humains de La Marche et de Maszycka (Pologne, Magdalénien dit à Navettes). Les traces anthropiques sur les restes humains de La Marche témoignent sans ambigüité de l’existence de pratiques de décarnisation et de décharnement durant la phase du Magdalénien moyen ancien dit de Lussac-Angles. Certaines gravures de La Marche pourraient plaider pour l’existence de conflits au Magdalénien.
Pour citer cet article
Référence électronique
Jean Airvaux et Mona Le Luyer, « Les traces d’origine anthropique sur les vestiges humains magdaléniens de la grotte de La Marche (Vienne) », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 37(S) | 2025, mis en ligne le 16 janvier 2025, consulté le 13 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/14502 ; DOI : https://doi.org/10.4000/133nl
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