Pratiques funéraires et sépultures collectives : les hautes terres de Madagascar
Texte intégral
1Les études ethnologiques et anthropologiques menées à Madagascar ont fait de cette île un point d’intérêt majeur pour l’étude des sépultures collectives, notamment en raison du famadihana, un rituel qui consiste à sortir régulièrement les corps des tombeaux collectifs avant leur réinhumation. Bien que ces cérémonies aient été décrites par plusieurs observateurs (anthropologues, historiens, folkloristes, …) aucune approche archéothanatologique de tombeau collectif n’a encore été réalisée. L’origine même de ce rite, que la plupart des auteurs situe autour du XIXe siècle, demeure inconnue. Dans ce contexte, le récent projet MadInter vise à documenter l’émergence, l’évolution et, dans certains cas, la disparition de différentes sociétés malgaches, dont les Vazimba (considérés comme les prédécesseurs des groupes actuels), sur la la base de leurs restes culturels et biologiques et en privilégiant notamment la fouille des ensembles funéraires. Celles menées sur les Hautes-Terres de l’île (de 2022 à 2024), dans la région de l’Imerina, ont permis de documenter plusieurs sépultures collectives et d’envisager l’évolution des pratiques funéraires du XVIe au XIXe siècle. Elles ont livré cinq ensembles funéraires (région de Mahitsy, de Fihaonana et d’Antanety-Est) dans lesquels on retrouve des tombes monumentales, des sépultures plurielles ou individuelles ou encore des tombes volontairement abandonnées. Malgré des conditions de conservation osseuse parfois défavorables, certains paramètres montrant l’évolution des pratiques funéraires peuvent être évoqués pour les XVIe-XVIIe siècles. En plus de leur intérêt pour l’étude des rites funéraires à Madagascar, ces premiers travaux du projet MadInter revêtent un aspect plus général en permettant de confronter observations ethnologiques et archéologiques. Elles pourraient ainsi contribuer à l’étude des sépultures collectives et des phénomènes de décomposition des corps à une plus vaste échelle géographique et chronologique.
Pour citer cet article
Référence électronique
Yann Ardagna, Andritiana Lahatra Rakotomavo, Fanilo Elise Ravokatra, Patrice Gérard, Bako Rasoarifetra, Lucien Rakotozafy, Jean-Aime Rakotoarisoa, Chantal Radimilahy, Éric Crubezy et Harilanto Razafindrazaka, « Pratiques funéraires et sépultures collectives : les hautes terres de Madagascar », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 37(S) | 2025, mis en ligne le 16 janvier 2025, consulté le 09 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/14513 ; DOI : https://doi.org/10.4000/133nn
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