Étude phénotypique des restes crâniens du site mésolithique de Lake Besaka II (6,8-4,6 ka, Éthiopie)
Texte intégral
1La compréhension des processus de peuplements humains dans la Corne de l’Afrique, entre la fin du Pléistocène et la première moitié de l’Holocène, reste limitée par les lacunes du registre fossile et la complexité des réponses bioculturelles adaptatives en lien avec les bouleversements climatiques du Dernier Maximum Glaciaire (23-18 ka) et de la période humide africaine (~14-5,5 ka). Certaines zones géographiques du Nord-Est africain semblent avoir fonctionné comme zones refuges pour les groupes humains de l’époque (e.g. Vallée du Nil, Hauts plateaux éthiopiens) ce qui a pu entraîner une fragmentation des populations et un possible isolement génétique. Parmi les rares sites ayant livré des restes humains dans le Corne de l’Afrique, le site mésolithique de Lake Besaka II (Ethiopie) témoigne des dernières occupations de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs précédant l’arrivée des sociétés de production. Notre étude porte sur la caractérisation phénotypique crânienne de trois individus de ce site, datés entre 6,8 et 4,6 ka, afin de discuter de la diversité phénotypique passée dans la Corne de l’Afrique et d’aborder les questions des dynamiques de population. Nous avons mené des analyses comparatives par morphométrie géométrique suivies d’analyses par composantes principales (ACP), d’analyses intergroupes (bgPCA) et une méthode de rééchantillonnage de distance. Nous montrons que ces trois individus expriment une variabilité phénotypique extrême par rapport à ce qui est connu actuellement et conservent pour certains des traits plésiomorphes qui les rapprochent d’individus du Pléistocène supérieur. Cette diversité biologique, documentée à Lake Besaka, pourrait être le fruit d’isolement génétique ayant perduré dans certaines régions de la Corne au moins jusqu’à la première moitié de l’Holocène. Par ailleurs, les données archéologiques du site témoignent de réseaux d’échange dépassant les limites de la Corne de l’Afrique, et la variabilité morphologique présente au sein de ce site pourrait aussi être expliquée par des origines populationnelles différentes.
Pour citer cet article
Référence électronique
Alma Balssa, Clément Zanolli, Steven Brandt et Isabelle Crevecœur, « Étude phénotypique des restes crâniens du site mésolithique de Lake Besaka II (6,8-4,6 ka, Éthiopie) », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 37(S) | 2025, mis en ligne le 16 janvier 2025, consulté le 09 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/14574 ; DOI : https://doi.org/10.4000/133nq
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