Épaisseur de l’émail et traits non-métriques à la jonction émail-dentine des canines et prémolaires supérieures et inférieures chez les Néandertaliens et les Hommes modernes
Texte intégral
1Identifier les caractéristiques anatomiques spécifiques des Néandertaliens est essentiel pour retracer l’histoire évolutive des changements morphologiques dentaires et pour déterminer les affinités taxinomiques des restes humains du Pléistocène. Cette étude a pour objectif de tester l’efficacité de l’analyse des volumes tissulaires et des combinaisons de traits non-métriques à la jonction émail-dentine (JED) des canines et prémolaires supérieures et inférieures, pour distinguer les Néandertaliens des Hommes modernes. Notre échantillon comprend 386 dents, dont 115 néandertaliennes (MIS 7-3) et 271 d’Hommes modernes (fossiles et récents). Nous avons mesuré les volumes d’émail et de dentine-pulpe, la surface de la JED, calculé la proportion des tissus dentaires (3DAET, 3DRET) et enregistré la fréquence des combinaisons de traits non-métriques à la JED en utilisant un système ASUDA modifié. Les résultats ont montré que l’émail est plus fin chez les Néandertaliens, avec des différences significatives pour les UP3, UP4, LC1 et LP4 mais les variations observées pour chaque dent présentent un large chevauchement entre les groupes. Nous avons également montré que la fréquence de certaines combinaisons de traits non-métriques, notamment des quatrièmes prémolaires, représente un bon outil de discrimination taxonomique. Il convient de rester prudent dans l’utilisation de l’épaisseur de l’émail, car le critère "émail fin" n’est pas suffisamment spécifique pour identifier clairement des dents néandertaliennes. De plus, nous avons démontré que la nature de la composition des groupes d’Hommes modernes et néandertaliens peut significativement modifier les résultats et leur interprétation. Combiner l’épaisseur de l’émail avec les traits non-métriques à la JED est donc un moyen efficace pour améliorer la distinction entre les Néandertaliens et des Hommes modernes, avec un intérêt particulier pour les quatrièmes prémolaires, considérées ici comme les dents les plus discriminantes. Nos résultats nous conduisent à reconsidérer les changements évolutifs de l’épaisseur de l’émail chez les populations européennes du Pléistocène moyen.
Pour citer cet article
Référence électronique
Gaël Becam, Tony Chevalier et Thomas Colard, « Épaisseur de l’émail et traits non-métriques à la jonction émail-dentine des canines et prémolaires supérieures et inférieures chez les Néandertaliens et les Hommes modernes », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 37(S) | 2025, mis en ligne le 16 janvier 2025, consulté le 07 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/14624 ; DOI : https://doi.org/10.4000/133nv
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