Adaptations morpho-fonctionnelles osseuses liées aux activités des hommes et femmes néolithiques : le cas des populations des bassins parisien et rhénan (Ve millénaire BC)
Texte intégral
1À travers l’analyse morpho-fonctionnelle des squelettes du Néolithique moyen de la moitié nord de la France, cette étude questionne les activités quotidiennes des populations fermières au milieu du Ve millénaire BC, en fonction du sexe. Notre corpus est composé de 36 individus adultes, soit 127 scanners surfaciques d’humérus, de fémurs et de tibias d’hommes et de femmes identifiés sur la base de leurs os coxaux. En prenant appui sur les méthodes publiées et appliquées avec succès dans d’autres études, nous avons extrait les propriétés géométriques de sections transverses à partir des contours externes des échantillons : second moment polaire de l’aire (J), module de section polaire (Zp) et indices de forme diaphysaire (Imax/Imin et Ix/Iy). D’après les résultats obtenus sur les humérus, les femmes semblent avoir pratiqué des activités bimanuelles intensives qui, de ce point de vue, les rapprochent des femmes d’Europe centrale du Néolithique ancien. De plus, elles présentent une résistance tibiale de torsion et de flexion prononcée qui suppose une plus grande activité locomotrice. Chez les hommes, de manière inattendue, nos analyses ne montrent pas d’asymétrie significative des membres supérieurs, contrairement aux populations de comparaison qui attestent une forte dominance du côté droit chez les hommes, du Paléolithique à l’âge du Fer. Dans notre échantillon, les quatre hommes qui avaient été identifiés comme des archers, sur la base d’analyses pathologiques et du mobilier, ne se distinguent pas ici significativement. Le faible effectif de l’échantillon limite cependant l’interprétation des comparaisons intra-populationnelles. Enfin, à l’échelle globale de notre corpus, en dépit d’un important dimorphisme sexuel de forme et de robustesse constaté à tous les niveaux d’analyse des trois os longs étudiés, nous observons tant chez les hommes que chez les femmes une dominance relative des contraintes biomécaniques sur les membres inférieurs par rapport aux membres supérieurs.
Pour citer cet article
Référence électronique
Inès Courtine, Florent Détroit, Sébastien Villotte et Aline Thomas, « Adaptations morpho-fonctionnelles osseuses liées aux activités des hommes et femmes néolithiques : le cas des populations des bassins parisien et rhénan (Ve millénaire BC) », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 37(S) | 2025, mis en ligne le 16 janvier 2025, consulté le 13 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/14798 ; DOI : https://doi.org/10.4000/133o8
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