Cas de co-occurrence rachitisme et scorbut à la période moderne et contemporaine dans le Sud-Est de la France
Texte intégral
1La fouille des cimetières de Saint Jacques à La Ciotat et des Crottes à Marseille a permis la constitution d’un large échantillon ostéarchéologique, à même de renseigner l’évolution de l’état de santé au tournant de la Révolution industrielle. Dans le cadre d’une analyse paléoépidémiologique des stress carentiels de ces deux grands ensembles funéraires, les lésions évocatrices du rachitisme et du scorbut ont été systématiquement relevées. Ces diagnostics s’appuient sur les critères macroscopiques fréquemment décrits dans la littérature paléopathologique et principalement hérités des publications d’Ortner. Parmi les 273 sujets immatures sélectionnés, 48 présentent des lésions compatibles avec ces atteintes. Parmi eux, les trois individus MPC 289, LCHOP 374 et LCHOP 588 présentent une forte suspicion de co-occurrence de rachitisme et de scorbut (porosité diffuse de la base du crâne, des scapulas et os longs, rosaire costal, déformations du fût diaphysaire et élargissement des métaphyses). Pour compléter ces observations, ces trois sujets ont bénéficié d’une large couverture en imagerie médicale (radiographies et CT scan) avec un objectif double : confirmer ou infirmer les cas repérés avec une analyse macroscopique, mais également, explorer, pour les contextes récents, l’apport de l’imagerie médicale dans l’établissement du diagnostic. Les radiographies ont décelé chez les individus MPC 289 et LCHOP 374 des appositions périostées dans la concavité des déformations évocatrices d’un rachitisme guéri. En ce qui concerne les rosaires costaux, les trois individus présentaient un aspect hypodense de certains bords antérieurs de côtes, tandis que des côtes des individus MPC 289 et LCHOP 588 avaient une alternance de 3 bandes denses et hypodenses. Les radiographies ont également décelé des stries métaphysaires de croissance chez LCHOP 374 et des lignes métaphysaires scorbutiques chez LCHOP 588. Le CT scan a permis la détection d’appositions périostées non spécifiques chez l’individu LCHOP 374 et des appositions périostées des os coxaux hautement évocatrices d’hématomes sous périostés chez l’individu LCHOP 588. L’étude de ces trois cas de co-occurrence rachitisme-scorbut, qui reste rare en paléopathologie, met en exergue l’importance de réaliser des examens complémentaires type radiographie et CT scan, afin d’étayer les diagnostics voire d’appuyer le caractère actif ou guéri des maladies. À ce jour, il s’agirait des premiers cas de co-occurrence rachitisme/scorbut évoqués en paléopathologie pour le Sud-est de la France.
Pour citer cet article
Référence électronique
Antoine Martin-Champetier, Yann Ardagna, Michel Panuel, Kathia Chaumoître et Marie Perrin, « Cas de co-occurrence rachitisme et scorbut à la période moderne et contemporaine dans le Sud-Est de la France », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 37(S) | 2025, mis en ligne le 16 janvier 2025, consulté le 13 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/15162 ; DOI : https://doi.org/10.4000/133p2
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