Faire la navette vers Bruxelles :
quelle attractivité pour les transports en commun « gratuits » ?
Notes de la rédaction
Ceci est le communiqué de presse relatif à l'article de Astrid De Witte et Cathy Macharis publié le 19 avril 2010. Accéder à la publication.
Selon une étude de 2001, 63% des navetteurs se rendant à Bruxelles utilisent la voiture, tandis que 17% utilisent le train. Lorsqu’on sait que ce sont 360.000 personnes qui entrent quotidiennement à Bruxelles, on perçoit l’ampleur du défi de la mobilité à Bruxelles. Notre capitale est par ailleurs une des villes européennes les plus motorisées avec un véhicule pour moins de deux habitants.
Ces dernières années, des villes belges ont développé des offres de transports en commun gratuits ou à prix réduit. Se pose donc la question de savoir si l’instauration d’un tel système pourrait contribuer à résoudre une partie des problèmes bruxellois.
Dans la 37ème livraison de Brussels Studies, Astrid De Witte et Cathy Macharis (VUB) se penchent sur les déterminants du choix du mode de transport par les navetteurs utilisateurs du train et de la voiture et sur le rôle qu’y joue le prix.
Il ressort de l’étude que divers facteurs liés à l’accès aux modes de transport ont une influence sur leur usage. Ainsi, le fait d’avoir une voiture à disposition – et, plus encore, une voiture de société – fait significativement diminuer la probabilité de l’usage du train. La distance domicile-travail joue également un rôle, la voiture étant nettement prédominante pour les trajets de moins de 30km. Enfin, le niveau de revenus influence également le mode de transport utilisé : plus ils seront élevés, plus la voiture sera utilisée. De la même manière, le remboursement par l’employeur des frais de transport par route encourage fortement l’usage de la voiture.
D’autres facteurs sont liés aux caractéristiques personnelles des navetteurs. Ainsi, les travailleurs de la fonction publique utilisent-ils davantage le train. À l’inverse, un haut niveau d’éducation sera lié à une plus forte probabilité d’utiliser la voiture. Par ailleurs, on note que l’usage du train baisse avec l’âge.
Enfin, des facteurs liés aux expériences et habitudes des usagers sont également relevés. Il est frappant que les utilisateurs du train et de la voiture invoquent les mêmes raisons positives de leur choix : vitesse, prix et facilité d’usage. Il faut également souligner le poids des habitudes : après quelques années, seuls des changements drastiques peuvent amener un usager à modifier ses comportements de mobilité.
Dans un tel contexte, suffirait-il de rendre les transports en commun gratuits pour que s’opère un changement modal massif ? Seuls 9% des navetteurs automobilistes déclarent qu’ils changeraient certainement de mode de transport en cas de gratuité. Les 91% restants font état d’obstacles multiples qui donnent à penser que les politiques de transport ne peuvent se réduire à des politiques tarifaires. De meilleures correspondances, une plus grande vitesse et une accessibilité accrue des trains sont réclamées par les automobilistes.
Si l’on veut atteindre l’objectif du plan Iris 2 d’une réduction de 20% du trafic automobile à Bruxelles à l’horizon de 2020 (par rapport aux chiffres de 1999), il faudra donc se pencher sur l’ensemble des déterminants du choix modal des navetteurs.
Pour citer cet article
De Witte, Astrid et Macharis, Cathy, « Faire la navette vers Bruxelles :
quelle attractivité pour les transports en commun « gratuits » ? », Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n° 37, mis en ligne le 19 avril 2010, URL : https://journals.openedition.org/brussels/758
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