Notes de la rédaction
Ceci est le communiqué de presse relatif à l'article de Christophe Mincke
publié le 28 juin 2010. Accéder à la publication.
Dans le débat politico-médiatique sur la sécurité à Bruxelles, on préfère parfois, sous le coup de faits divers dramatiques, s’en tenir à des imprécations et à des lieux communs plutôt que s’appuyer sur les données disponibles. Dans la 39ème livraison de Brussels Studies, Christophe Mincke, docteur en droit et sociologue (FUSL – CES/IRIB) parcourt une partie des chiffres du dernier Moniteur de sécurité en date qui est une enquête menée chaque année depuis 1998 par le Ministère de l’Intérieur afin d’évaluer, auprès d’un échantillon de 12000 Belges, à la fois le nombre et le type d’infractions dont ils sont victimes et leur sentiment d’insécurité.
Bruxelles n’y apparaît alors pas comme le coupe-gorge décrit par certains, mais comme une entité en butte aux soucis propres aux grandes villes et présentant quelques faiblesses particulières. Les infractions dont les répondants à l’enquête déclarent être le plus couramment victimes sont des vols, des dégradations aux voitures, des (tentatives de) cambriolages et des (menaces de) violence. Seuls les vols et les dégradations aux voitures sont plus fréquents à Bruxelles que dans l’ensemble des grandes villes (Antwerpen, Bruxelles-Ville, Charleroi, Gent, Liège). La situation globale apparaît par ailleurs comme remarquablement stable dans le temps (au moins depuis 2002).
Le sentiment d’insécurité exprimé par les Bruxellois interrogés dans le cadre du Moniteur de sécurité est, lui aussi, stable. En termes quantitatifs, il n’est pas question de psychose, même si 3% de la population vivent un très fort sentiment d’insécurité. Par ailleurs, tout donne à penser que cette situation est fortement liée à la dégradation de l’environnement de vie d’une part importante des Bruxellois, plus qu’au sentiment d’être exposé à un fort risque d’être victime d’une infraction. Ainsi, ce que les Bruxellois déclarent comme très problématique dans leur quartier relève pour l’essentiel de nuisances (dégradation des espaces publics et problèmes liés à la circulation automobile) et, plus marginalement, de la délinquance « acquisitive » non violente (cambriolages et vols dans les voitures).
Ce survol est l’occasion d’inciter à se pencher sur les instruments existants pour connaître la situation bruxelloise, mais aussi à développer des outils mieux adaptés à Bruxelles. Comment se peut-il en effet que le Moniteur de sécurité ne renseigne pas sur les infractions commises sur le territoire de la Ville-Région, mais uniquement sur celles subies par les Bruxellois, où que ce soit dans le monde ? Les données quant à la localisation précise des infractions ont bien été recueillies, mais elles ne sont pas exploitées. L’auteur en appelle donc à ce que soient élaborés des instruments précis et nuancés d’analyse des réalités bruxelloises.
Pour citer cet article
Mincke, Christophe, « Insécurité et sentiment d’insécurité à Bruxelles », Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n°39, mis en ligne le 28 juin 2010, URL : https://journals.openedition.org/brussels/772
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