La couverture de Bruxelles en tant que lieu de vie par les journaux belges
Notes de la rédaction
Ceci est le communiqué de presse relatif à l'article de Joke Bauwens, Pascal Verhoest et Petrus te Braak publié le 5 septembre 2022. Accéder à la publication.
L’image de Bruxelles dans la presse fait souvent l’objet de controverses. On se souvient notamment de l’article de Libération signé en 2013 par Jean Quatremer, qualifiant la capitale belge de ville « pas belle ». Les médias jouent toutefois un rôle important dans l’appropriation citoyenne des territoires : ils peuvent contribuer à l’entretien d’images historiquement négatives, en dépit des évolutions que ces espaces ont pu connaître. Qu’en est-il de Bruxelles ? Face au manque d’enquêtes empiriques concrètes sur le sujet, Brussels Studies publie une nouvelle étude de la Vrije Universiteit Brussel menée par Joke Bauwens (ECHO), Pascal Verhoest (ECHO) et Petrus te Braak (TOR), qui examine comment Bruxelles est présentée dans la presse écrite belge et dans quelle mesure les images véhiculées trouvent écho dans les représentations que la population se fait de la ville.
Il a été avancé que l’un des principaux problèmes de Bruxelles tient à la faiblesse relative de son identité et de sa « personnalité ». L’image de Bruxelles serait pétrie de multiples paradoxes et juxtapositions, attirerait diverses catégories sociales et ferait l’objet de représentations médiatiques polarisées. Face à ces contradictions, et partant du principe qu’il existerait une certaine réciprocité entre la façon dont la population perçoit la vie à Bruxelles et la représentation médiatique de la ville, les auteurs ont épluché les principaux journaux belges afin d’en analyser le contenu. Pour ce faire, ils ont sélectionné des articles publiés en 2011, 2013, 2015 et 2017, couvrant une période de sept ans avec 25 articles pour chaque année et pour chaque journal. Les journaux ont, quant à eux, été choisis en fonction de la communauté linguistique et du profil : presse francophone et néerlandophone d’un côté, journaux « élitaires » et « populaires » de l’autre.
Les résultats font apparaître deux représentations principales : l’une, « phobique », souligne les aspects négatifs du cadre de vie bruxellois, de la criminalité au manque d’intégration en passant par l’exclusion sociale, la discrimination, le racisme ou le dénuement. L’autre, « cosmopolite », présente au contraire une vision positive de la vie citadine, valorisant son capital culturel, sa scène sociale et son ambiance agréable. Cette dichotomie renvoie, selon les auteurs, aux divergences de perceptions de la population à l’égard de la vie en ville – divergences que semblent renforcer ces journaux. Par ailleurs, contrairement aux études précédentes sur le sujet, leurs résultats suggèrent qu’il n’existe pas de différence notable entre la presse néerlandophone et la presse francophone. Les différences de représentation tiendraient plutôt au profil des journaux : par rapport aux journaux qualifiés d’élitaires, les journaux dits populaires sont nettement plus susceptibles de mettre l’accent sur des événements et des sujets de la vie quotidienne, sans jamais aborder les questions politiques qui s’y rapportent.
Une image finalement semble faire défaut dans la couverture de Bruxelles par la presse belge : celle d’une ville soucieuse de ses habitants et où ceux-ci sont en prise avec leur environnement. Ainsi les chercheurs appellent-ils à mener d’autres travaux sur les médias locaux et citoyens, qui pourraient bien remettre en question les représentations dominantes et parfois simplistes de la Région dans les médias traditionnels.
Pour citer cet article
Bauwens, J., Verhoest, P. et te Braak, P., « La couverture de Bruxelles en tant que lieu de vie par les journaux belges », Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n°171, mis en ligne le 5 septembre 2022, URL : https://journals.openedition.org/brussels/6187
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Tatiana Debroux, Rédactrice en chef :
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