Enquête sur l'encastrement territorial des pratiques de l’économie circulaire en Région de Bruxelles-Capitale
Notes de la rédaction
Ceci est le communiqué de presse relatif à l'article de Deborah Lambert, Mariana Santos et David Bassens publié le 7 novembre 2022. Accéder à la publication .
Face aux enjeux environnementaux et économiques majeurs auxquels Bruxelles est et sera confrontée dans les prochaines décennies, le principe d’une économie circulaire modifiant les modes de conception, de production et de consommation des produits ainsi que leur réutilisation et leur recyclage s’immisce peu à peu dans l’action publique régionale. Quelles formes économiques existent déjà à Bruxelles et à quoi ressemblent-elles ? Quelles sont les principales opportunités offertes par les entreprises qui ressortissent de l’économie circulaire ? Comment s’inscrivent-elles au sein du territoire ? Quelles sont les limites actuelles à leur développement ou à la concrétisation effective des objectifs qu’elles poursuivent ? C’est sur ces questions que se penchent Deborah Lambert, Mariana Santos et David Bassens, géographes au sein de Cosmopolis Centre for Urban Research (Vrije Universiteit Brussel), dans le 173e numéro de Brussels Studies.
C’est dans le secteur alimentaire que les chercheur·e·s ont choisi six cas d’étude, au profil entrepreneurial et aux objectifs divers, mais se rattachant tous à des principes de circularité : l’atelier Groot Eiland, la BEES coop, la société Building Integrated GreenHouses, l’entreprise Brussels Beer Project, l’organisation Collectmet et l’application Too Good To Go. Abordant ces activités sous le prisme de leur « encastrement territorial », c’est-à-dire aux manières dont elles s’intègrent aux systèmes socioéconomiques existants, les auteur·e·s déploient une analyse multidimensionnelle qui aborde tour à tour leur insertion au tissu socio-spatial, économique, culturel, financier et institutionnel de la Région de Bruxelles-Capitale. Elles et ils s’appuient pour ce faire sur une trentaine d’entretiens, de l’observation participante et une analyse des documents produits par les structures étudiées et de la principale politique régionale en la matière, exprimée dans le PREC (Plan Régional d’Économie Circulaire 2016-2020).
Le premier constat concerne la grande diversité des formes prises par les initiatives « circulaires » à Bruxelles, dont il importe de tenir compte dans l’optique d’une politique de soutien vertueuse. L’analyse met aussi en lumière plusieurs hiatus dans le déploiement de ces activités, qui peuvent peser sur leur développement ou s’opposer à leurs principes de fonctionnement. En particulier, les chercheur·e·s pointent le décalage fréquent entre les initiateurs et clients et le profil socioéconomique des quartiers d’implantation, une contradiction entre les objectifs de durabilité et les types d’emplois créés (souvent précaires ou dépendant de subsides), une dépendance au crowdfunding pour le démarrage qui favorise le développement de projets destinés à des consommateurs privilégiés, tandis que des projets d’économie circulaire plus sociaux et collaboratifs gagneraient pour leur part à bénéficier d’appuis institutionnels moins axés sur des modèles économiques fondés sur le marché.
Afin de déployer plus largement le modèle de l’économie circulaire, il importerait encore de diversifier le champ des imaginaires de la ville circulaire, trop souvent marqué par une conception technologique de la ville productive, aux dépens de notions comme la solidarité et la réciprocité, mises en valeur dans deux des projets étudiés. Enfin, pour permettre à une plus grande diversité d’activités d’exister, qu’elles soient ou non circulaires d’ailleurs, il apparaît tout aussi crucial de ménager en ville des espaces abordables pour des activités moins financièrement rentables.
Pour citer cet article
Lambert, D., Santos, M et Bassens, D., « Enquête sur l'encastrement territorial des pratiques de l’économie circulaire en Région de Bruxelles-Capitale », Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n°173, mis en ligne le 7 novembre 2022, URL : https://journals.openedition.org/brussels/6265
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Tatiana Debroux, Rédactrice en chef :
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