Navigation – Plan du site

AccueilNumérosII-6/7Avant-propos

Résumés

La science diffusée dans les grandes écoles, défendue par les académies et prônée par les maîtres du moment a eu aussi ses contestataires et ses « refusés ». Comme il est d'usage, c'est sur la place publique, par la voix des journaux, que beaucoup de rebelles ont tenté de répandre leurs idées fécondes et ont livré combat contre les grands. C'est en se faisant vulgarisateurs qu'ils ont fait leur révolution. C'est à ces « refusés » que ce livre est consacré. Faire l'histoire des conflits entre l'ordre figé des grands corps et des institutions savantes, et la contestation, politique ou seulement scientifique, de savants souvent méconnus ou rejetés dans l'ombre des pontifes de l'époque, c'est refuser un positivisme, déficient mais persistant, qui n'admet que la science reconnue et renvoie au rôle de seconds couteaux tous ceux dont l'imagination féconde et l'originalité risquent de troubler l'ordre établi.

Haut de page

Entrées d’index

Index chronologique :

XIXe siècle
Haut de page

Texte intégral

  • 1  Maurice Crosland, « Popular science and the arts: challenges to cultural authority in France under (...)

1C’est en 2004, à l’initiative d’Anne-Claire Déré, que le groupe de travail sur les sciences au XIXe siècle du Centre François Viète d’histoire des sciences et des techniques de l’Université de Nantes a choisi pour thème de recherche les parcours de « refusés » de la science. Nous reprenions ainsi à notre compte le parallélisme établi par Maurice Crosland1 entre quelques grandes figures de la vulgarisation scientifique française et les peintres en rupture de ban du célèbre Salon des refusés créé par Napoléon III en 1863. Chez les uns comme chez les autres, il s’agissait de contester la haute main des Académies sur la science ou l’art, de combattre la sclérose et de briser les carcans.

2Nous avons rapidement pris le parti d’étendre le propos de Maurice Crosland sur trois plans. Tout d’abord, nos recherches ne se sont pas cantonnées au seul Second Empire mais ont couvert toute l’étendue d’un siècle fertile en bouleversements politiques, sociaux et culturels. Ensuite, dans le choix des personnages de « refusés », le vulgarisateur scientifique que Maurice Crosland mettait en avant ne nous a pas paru la seule figure digne d’intérêt. Enfin, le heurt frontal avec l’Académie ne nous a pas semblé l’unique signe du refus qui a pu, selon les époques, prendre d’autres formes.

3En décembre 2008, nous étions en mesure de présenter, lors d’une journée d’étude dans le cadre du projet « Discours sur la science, discours sur les sciences au XIXe siècle » en partenariat avec la Maison des sciences de l’homme Ange Guépin, une galerie de portraits de savants atypiques s’étant illustrés dans des disciplines variées (biologie, chimie, physique, astronomie, technique, etc.) et ayant affronté avec plus ou moins de succès le monde de l’institution. Loin d’une accumulation de récits singuliers, l’ensemble des parcours présentait une cohérence et faisait vivre la communauté scientifique du XIXe siècle dont on ne connaît souvent que les figures « mythiques » tels Pasteur ou Claude Bernard.

4Notre approche, à travers des controverses entre savants reconnus et savants oubliés ou marginalisés, montre les enjeux et conséquences de ces affrontements (débats entre écoles différentes, changement de carrière, impossibilité de poursuivre les recherches, etc.). Elle souligne les points de convergence autour des questions de priorité des découvertes, de désir de reconnaissance et de légitimité scientifique. Comme toute activité humaine, la pratique scientifique du XIXe siècle illustre les tensions permanentes entre passion et raison. D’où le titre donné à l’ouvrage.

5Malheureusement, avant l’aboutissement du projet, Anne-Claire Déré nous a quittés, emportée par une longue et douloureuse maladie. Ce livre est naturellement dédié à celle qui fut notre inspiratrice. Sans son dynamisme et ses qualités humaines et scientifiques exceptionnelles, notre travail n’aurait pu suivre son cours.

6Pour rendre hommage à notre amie, nous publions ici la préface qu’elle avait rédigée et l’ébauche de chapitre consacré au chimiste Auguste Laurent auquel elle n’a pas eu le temps de mettre la dernière main.

Haut de page

Notes

1  Maurice Crosland, « Popular science and the arts: challenges to cultural authority in France under the Second Empire », British Journal for the History of Science, n°34, 2001, pp. 301-322.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Annaïg Cotonnec et Colette Le Lay, « Avant-propos »Cahiers François Viète [En ligne], II-6/7 | 2015, mis en ligne le 18 janvier 2023, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/cahierscfv/2774 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cahierscfv.2774

Haut de page

Auteurs

Annaïg Cotonnec

Articles du même auteur

Colette Le Lay

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search