• 1  Bernard Pourprix, « L’œuvre de Ohm : une étape dans la genèse des concepts de l’électrocinétique » (...)

6Quant à Georges-Simon Ohm, né à Erlangen, en Bavière, il est devenu professeur de mathématiques au grand collège des Jésuites, à Cologne à partir de 1817. En 1826, il est professeur au collège de guerre de Berlin, et lit pendant ses loisirs tous les savants français comme Lagrange, Legendre, Laplace, Biot, Poisson, ou Fourier1. Par la suite, sa carrière dans l’enseignement supérieur s’est poursuivie par sa nomination comme professeur à l’École polytechnique de Nuremberg en 1833, et en 1849, comme professeur de physique à l’université de Munich.

• 2  Jean-Marc Rohrbasser, Dieu, l’ordre et le nombre, Paris, PUF, 2001, p. 18.
• 3  Le circuit galvanique étudié mathématiquement.

8De ses nombreuses et longues expériences, Ohm sélectionne des mesures d’angles singulières, cherche à isoler les paramètres significatifs et finalement isole ceux qui sont pertinents quant à l’intensité et la tension du courant électrique et la conductivité du métal. La relation entre ces grandeurs va être en accord avec celle déduite de l’équation de propagation de l’électricité à une dimension ; cependant, la démarche analytique assure une généralité des résultats d’expériences quantitatives et ces dernières donnent le « poids » à la réalité du raisonnement déductif, « la logique [n’étant que] la science des possibles [et…] repose sur le principe de non-contradiction »2. Le titre de son ouvrage qui rend compte de sa découverte qui porta son nom peut être rappelé ici : Die galvanische Kette, mathematisch bearbeitet 3publié en 1827.

• 4  Bernard Pourprix, note 1, p. 8, citation d’Ohm, traduction de Pourprix ; Fourier, 1807, et Mémoire (...)

9Inspiré probablement par le fonctionnement des piles stables de Seebeck (1821), où l’écart de température du bismuth et du cuivre produit un courant, Ohm, à partir de l’hypothèse des actions contiguës, « démontre que le même traitement peut s’appliquer à la science de l’électricité et à celle de la chaleur »4 . Il convient de rappeler qu’à la même époque, Fourier avait publié son ouvrage sur la « théorie analytique de la chaleur » en 1822.

• 5  Jean Perdijon, Les grandes idées de la physique, Paris, Dunod, 2002, p. 102, citation de François (...)

10Par ses travaux, Georges-Simon Ohm est un de ces « véritables créateurs […], ceux qui atteignaient l’inattendu et inventaient le possible. [Ils] n’étaient pas simplement des hommes de savoir et de méthode. C’était surtout des esprits insolites, des amateurs de difficultés, des êtres à vision saugrenue »5 comme l’a noté récemment Jean Perdijon.

• 6  Georges-Simon Ohm, Théorie mathématique des courants galvaniques, préface de l’auteur, traduction (...)

11Ohm apparaît à la fois parmi les meilleurs élèves de Fourier, et le continuateur en Allemagne de l’école française de physique mathématique que Coulomb et Borda ont installée à la fin du XVIII^e siècle. Le physicien allemand offre au public sa théorie de l’électricité galvanique en 1827 en ces termes : « Ce n’est qu’une partie spéciale de la science de l’électricité, mais plus tard, suivant que le temps et le penchant de [son] esprit et [ses] moyens [lui] permettront, [il] se propose de faire successivement paraître d’autres fragments semblables de manière à composer un tout, en supposant toutefois, qu’[il] trouve dans la publication de ce premier essai une sorte de compensation aux sacrifices qu’[il] lui ont coûtés »6.

• 7  Robert Manzi, L’idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au 18^ème siècle, Paris, (...)

12Cette compensation serait l’invention d’« un milieu entre la solitude et la sociabilité », c'est-à-dire une forme de bonheur auquel Ohm aspire, « balancement […] qui sauver[ait] l’essentiel, […] la fidélité à soi »7. Mais le public très restreint auquel le savant s’adresse et qui pourrait reconnaître la valeur de cette loi d’Ohm, se trouve dans un climat intellectuel hostile.

• 8  Bernard Pourprix, note 1, et Gauss n’a publié ses écrits de physique mathématique qu’à partir de 1 (...)

13Une double tradition est soulignée par Bernard Pourprix : « La physique germanique de cette époque est une physique des essences. En fait, deux traditions coexistent […] ; d’une part la tradition spéculative, la Naturphilosophie, qui est une version romantique de la philosophie de la nature. La figure centrale en est Schelling […] ; il y a d’autre part la tradition empirique […où] le travail expérimental a un caractère essentiellement qualitatif. Il est guidé par l’idéal de l’expérience cruciale, […] simple, dont le résultat parlerait de lui-même […] Ce style de science, tout comme celui de la Naturphilosophie, exclut l’usage du langage mathématique, jugé impropre à capter les aspects essentiellement physiques des phénomènes »8.

• 9  Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, La liberté humaine, Paris, Vrin, 1988, traduction du texte (...)

14Dès 1801, le philosophe Schelling, dans la Revue de physique spéculative, avait exposé son système de l’idéalisme transcendantal, où « rien ne s’explique sans une dualité […] inhérente à l’abîme, le néant […], système le plus parfait […] ». Selon son traducteur, l’esprit de Schelling et la nature s’opposent : « En […] lui réside la liberté, dans la nature la loi […] et la nature est un mécanisme sans vie, une passivité, un simple être. Cependant la nature [lui] impose les produits de ses lois, et [Schelling] lui impose les produits de [sa] liberté […]. L’on a affirmé que dans la liberté réside l’acte de la puissance ultime, qui transfigure toute la nature en sensation, en intelligence et pour finir en volonté. Dans cette instance ultime et suprême il ne subsiste plus d’autre être que la volonté […]. Toute la philosophie ne tend plus qu’à un seul but : trouver cette expression suprême »9.

• 10  Ibid., § » L’origine des choses à partir de l’absolu et leur relation avec lui », p. 123.
• 11  Henri Heine, Histoire de la religion et philosophie en Allemagne, Paris, Imprimerie Nationale, 199 (...)
• 12  Bernard Gilson, Présentation, La liberté humaine, op. cit., pp. 60-61.

15Ainsi c’est le sujet qui l’emporte volontairement sur l’objet, alors que le savant Georges-Simon Ohm construit patiemment un dialogue entre le sujet et l’objet pour adapter l’esprit aux faits. Comment reconnaître cet homme de l’entre-deux, celui que Schelling pourrait classer en homme libre, par ses idées et, de l’autre, non libre parce que s’adressant au concret : « la philosophie de la nature [n’] affirme [t-elle pas] de la façon la plus claire l’irréalité absolue de tous les phénomènes [ ?] »10. Et Schelling « tente de parvenir à la contemplation de l’Absolu par une espèce d’intuition mystique […] abandonnant la voie philosophique. »11 « Il enferme la philosophie dans un paradoxe religieux dont il savoure l’extase hermétique […] déguisant une foi chrétienne imposée par la réaction contre la révolution française et devenue le gage de l’amour de soi immodéré de la société allemande »12.

• 13  Cornélius Herz, « Le centenaire de Ohm », La Lumière électrique, Paris, tome XXXIII, n° 28, 13 jui (...)
• 14  Bernard Lepetit, Carnet de croquis sur la connaissance historique, Paris, Albin Michel, 1999, p. 1 (...)
• 15  Renée Bouveresse, Éditorial de Fundamenta Scientiae, Paris, Pergamon Press, volume 3, n° 2, 1982, (...)

16En début de carrière, alors aux portes de la pauvreté matérielle, Ohm avait déjà publié en 1817 son Essai sur la géométrie de manière quelque peu décalée par rapport à son temps. Célébrant le centenaire d’Ohm, Herz indique dans son article que l’auteur y « montre comment les études de la géométrie peuvent servir à développer la raison des élèves et [où] il donne des preuves d’un esprit véritablement philosophique »13. Mais « c’est précisément dans ce décalage, [écart par rapport à la norme de Ohm]… avec la société, les mentalités… [et de la plupart des physiciens qui l’entourent] que la nouveauté advient » comme l’a souligné Bernard Lepetit14. Aujourd’hui la philosophe Renée Bouveresse admet que « les valeurs intellectuelles fondamentales [des] sciences ne sont pas la prudence et la volonté d’être le plus proche possible des faits observables, mais c’est l’audace théorique, le sens du risque et par-dessus tout, l’esprit critique. Ces idées restent encore aujourd’hui provocantes »15.

• 16  Fechner fait référence à son livre publié à Berlin en 1827, et à ses articles du Journal de Schwei (...)

18Déjà, pendant ses études de médecine, Fechner avait critiqué le matérialisme en Allemagne, sous le pseudonyme du Dr Mises, et s’était enthousiasmé vers 1821, pour la pensée romantique du philosophe Lorenz Oken. En 1831, Fechner s’ouvre au lecteur dans la préface du livre qui vient d’être publié : « Je souhaite par mon travail, contribuer à faire mieux connaître le mérite de Ohm que ce ne fut le cas jusqu’à présent […]. La théorie dont je parle est celle de Ohm16. Le caractère global de mes expériences ne peut laisser aucun doute sur le fait que la forme générale de la formule relative à la force du circuit fermé soit la bonne et je ne peux en conséquence faire moins que de reconnaître à Ohm, le mérite d’avoir avec les quelques lettres de cette formule simple, ouvert une ère nouvelle, pour la théorie du galvanisme. […] Elle rassemble en un vaste domaine, des phénomènes qui auparavant étaient juxtaposés d’une manière chaotique et énigmatique, et elle donne des références fiables pour la mesure de ceux-ci de telle sorte que c’est seulement maintenant que devient possible un traitement scientifique de ces derniers ».

• 17  Gustav Theodor Fechner, Massbestimmungen ûber die Galvanische Kette, (Détermination de la mesure d (...)

20Homme méthodique, Fechner s’est laissé prendre au jeu dangereux d’aller trop obstinément au plus près des expériences parce que l’idéologie romantique orientait son vouloir uniquement, de manière exclusive « au cœur du phénomène » pour y trouver « la clé » pour ainsi dire miraculeuse d’une « vérité ultime ». Sa volonté étant déçue et affichée de surcroît, Fechner ne trouve pas « la généralité qui pourrait expliquer précisément les variations bizarres de la tension de la pile et de sa résistance de contact solide-liquide. « Oui, je reconnais, dit-il, que l’examen des phénomènes ne m’a pas permis de trouver la voie juste, en partie en l’absence d’une théorie bien définie, en partie par le caractère arbitraire de leur apparition […]. Avec la meilleure volonté du monde, je ne suis pas parvenu à maîtriser toutes les circonstances inhérentes à mon propos »17. L’auteur espère un moment une issue avec une solution de ses difficultés par la méthode des moindres carrés, mais regrette aussitôt de n’avoir pas trouvé « la voie juste » ; il s’en excuse auprès de ses lecteurs peu familiers avec les « symboles mathématiques ».

• 18  Dans la méthode de zéro, l’effet d’une grandeur à mesurer est compensée par une autre de même natu (...)

21Au contraire, Ohm n’est pas avare de mathématiques, maîtrise des situations très variées et les résout afin de permettre de les mesurer. Il ne se heurte pas, comme le dit Fechner, « à la difficulté majeure dans l’ordre à donner aux expériences pour obtenir des mesures qui soient comparables ». C’est en partie par l’appui de sa méthode de zéro18, en partie par l’évitement des fluctuations parasites, tout en faisant une interprétation hypothétique, en partie parce que la voie juste a consisté à borner le chemin par des accords parfois provisoires de la mesure et du calcul, qu’Ohm réussit peu à peu dans une dynamique intellectuelle vers la généralisation. Sans instrument normalisé, sans définition cadrée des grandeurs mises en jeu dans l’expérience, la méthode de zéro et l’accord de la mesure et du calcul étaient probablement l’une des meilleures manières pour réussir en un temps assez court à trouver l’une des clés de compréhension de la nature.

• 19  Ce mémoire a permis à Pouillet d’être élu à l’Académie des sciences en 1837.

26Ce premier silence de Paris s’accompagne vingt-cinq ans plus tard en 1852, d’un deuxième, sous la forme d’un vote minoritaire au poste de correspondant étranger de cette même académie, laissé vacant par la nomination de Brewster en tant qu’assistant étranger. La section de physique générale est alors présidée par Antoine Becquerel (1788-1878) qui fut l’un des trois commissaires avec Savart et Savary, sur le mémoire d’électricité de Pouillet en 183719. Ohm ne récolte que 14,5% des voix avec 8 bulletins favorables sur 44 au physicien belge Joseph Plateau, élu à la majorité absolue. Ohm pourtant en « première ligne » n’arrive pas à la reconnaissance effective des 55 membres de la section où l’ombre de Pouillet, faisant partie de la section de physique générale depuis quinze ans, pourrait être la cause de ce résultat.

• 20  Jean Claude Eugène Péclet, Traité de physique, Paris, Hachette, 1838, tome II, p. 582.
• 21  Claude Servais Mathias Pouillet, Éléments de Physique Expérimentale et de Météorologie, Paris, Béc (...)

27C’est en effet un an après son élection à l’Académie que l’orage éclate entre Péclet et lui-même sur la priorité de la loi d’Ohm… : « Un auteur [Péclet]20 juge de citer mon nom et de le citer de la manière suivante : “Monsieur Pouillet a donné, sans les démontrer, des formules analogues beaucoup plus compliquées mais qui, au fond, doivent être équivalentes, car elles sont fondées sur les mêmes principes”. L’auteur [Péclet] dont il s’agit n’a rien démontré, rien simplifié, rien expérimenté sur le sujet en question […]. Il y a eu de sa part beaucoup d’irréflexion »21.

• 22  Jean Claude Eugène Péclet, lettre lue le 6 janvier 1845, Comptes rendus de l’Académie des sciences(...)

28La réponse de Péclet est publiée dans une lettre du 6 janvier 1845, dans les Comptes rendus de l’Académie avec l’accord d’Arago, secrétaire perpétuel, par ailleurs député comme Pouillet mais dans l’opposition. Péclet reprend l’essentiel du litige : « On ne pourrait m’adresser qu’un reproche, celui d’avoir attribué à M. Pouillet une découverte qui ne lui appartient pas. C’est M. Ohm qui a donné le premier la loi et les formules relatives à la conductibilité, mais il importe de le constater ici par des dates irrécusables […] Ainsi, M. Pouillet ne peut que revendiquer qu’une nouvelle vérification des lois et des formules de M. Ohm, par des moyens plus simples que ceux qui avaient été employés »22. En 1837, Pouillet utilisait la pile Daniell stable [1836] et la boussole des sinus (sin a = k.i) qu’il avait fait construire.

• 23  Wilhelm Eduard Weber, « Mesures électrodynamiques », Collection de mémoires relatifs à la physique(...)

30Mis à part le soutien de Schweigger, Fechner et Péclet, Ohm affronte plus que le seul silence d’individus, mais aussi un « mouvement général » en Allemagne et en France. Ce que Wilhelm Édouard Weber (1804-1891) explicite clairement en 1846 : « Du reste, en présence du mouvement général qui pousse aujourd’hui à étudier les phénomènes de la nature au point de vue du nombre et de la mesure, et à fournir à la théorie d’autres bases que le jugement des sens et de simples évaluations, on ne comprendrait pas que l’électrodynamique restât en dehors de ce mouvement »23.

• 24  Jean-Pierre Maury, Une histoire de la physique, Paris, Vuibert, 2000, p. 120.

34Membre de l’Académie Royale des Sciences de Londres, ce physicien, alors âgé de trente-trois ans, avait suivi un parcours particulier : saute-ruisseau à douze ans pour acheminer les journaux, apprenti relieur puis garçon de laboratoire auprès d’Humphrey Davy à la Royal Institution. En 1831, Faraday y découvre les phénomènes d’induction puis quantifie ceux de l’électrolyse24. Il se trouve être une ombre discrète et bénéfique pour Georges-Simon Ohm.

• 25  Proceedings of the Royal Society, tome IV, 1841, p. 336.
• 26  Georges-Simon Ohm, Théorie mathématique des courants électriques, traduction, préface, notes de J. (...)

36Le conseil de la société précise, dans les trois sources de publication d’Ohm25, celle du Journal de Schweigger pour ses expériences de 1825 et 1826, celle des Annales de Poggendorff pour ses « essais de théorie » en 1826, enfin celle de son ouvrage de 1827, qui comporte outre la démarche difficile de l’analyse, celle graphique et synthétique de l’introduction longue de quarante pages, une esquisse légère voulue par Ohm, comme art pédagogique pour convaincre le lecteur. Dans ces mémoires de la Société royale de Londres, il est reconnu que « le docteur Ohm a établi, pour la première fois, les lois du circuit électrique, sujet d’une importance immense et jusque-là enveloppé de la plus grande obscurité. […] Il a démontré tout à la fois, par la théorie et l’expérience, que l’action d’un circuit est égale à la somme des forces électromotrices, divisé par la somme des résistances […] qu’il soit voltaïque ou thermoélectrique. […] Bien que les travaux d’Ohm soient restés dans l’oubli pendant plus de dix ans (Fechner étant le seul physicien qui, dans cet espace de temps, ait admis et confirmé ses vues), dans ces cinq dernières années, Gauss, Lenz, Jacobi, Poggendorff, Henry et beaucoup d’autres savants éminents ont reconnu l’importance considérable de ses recherches. […] Les savants de ces pays […] constatent la concordance parfaite qui existe toujours entre cette théorie et les phénomènes observés »26.

• 27  Eugen Lommel, Recueil de mémoires de G.S. Ohm, Leipzig, Barth, 1892, p. 17, traduction de M. Pérot (...)

39Ainsi, après la publication de son ouvrage à Berlin en 1827, il aura fallu quatorze ans pour voir paraître une traduction anglaise par William Francis, puis celle de l’Italien Achille Perugia six ans plus tard en 1847, et enfin, dix-neuf années après la première traduction anglaise, Jean-Mothée Gaugain entreprend une traduction française, alors qu’Ohm est mort depuis six ans. En 1892, l’Allemand Lommel écrivait : « L’humble savant qui n’avait cherché ni l’éclat ni la gloire, est désormais quotidiennement sur les lèvres de ceux qui, par milliers, sont à l’œuvre dans l’industrie électrotechnique en plein essor »27.

• 28  Wilhelm Eduard Weber, op. cit., p. 294. Weber a répété les expériences d’Ampère.

40Weber, en 1846, à propos d’expériences fondamentales comme celles d’Ampère, souhaitait de « livrer une espèce de procès-verbal de toutes les circonstances permettant au lecteur d’asseoir le jugement sur le degré de sûreté ou de certitude du résultat […] en entrant dans les détails de l’expérience elle-même, de dire combien de fois elles ont été répétées, comment on en a modifié les conditions et quel a été l’effet de ces conditions »28. Or Ohm, la même année qu’Ampère, avait pour ainsi dire devancé de vingt ans l’appel de Weber en appliquant ces exigences dans le souci et l’espoir d’être mieux compris du lecteur.

• 29  Wilhelm Ostwald, Esquisse d’une philosophie des sciences, Paris, Alcan, traduction de Morolle, 190 (...)

42Ces mesures d’angles à la balance de Coulomb en équilibre statique, faites par Ohm en 1825, ont permis de trouver une loi physique importante, aux applications immenses et dont la « généralisation et la simplification qu’elle implique n’ont d’autre signification que d’économiser une quantité d’énergie pour toutes les générations à venir »29. Tel est le regard porté en 1908 par le chimiste Wilhelm Ostwald (1853-1932) sur l’action civilisatrice possible des lois scientifiques comme la loi de Georg Simon Ohm.