Pour les prochains volumes thématiques

Date limite de soumission : avant le 30 septembre 2023

L’appel pour les volumes thématiques concerne les numéros III-20 à III-23 (soumission des textes entre décembre 2024 et juin 2026 ; publication en 2026 et 2027).

Les collègues intéressé·e·s sont invité·e·s à compléter le document téléchargeable “Proposition dossier thématique” sur la page « Soumissions ».

Le comité de rédaction répondra aux différentes propositions dans le courant du mois de novembre 2023 au plus tard. Pour toute question, nous vous invitons à nous contacter à cahiers-francois-viete@univ-nantes.fr

Pour le volume III-18

Date limite de soumission : avant le 30 avril 2023

Intitulé du volume : « Jacques Roger et l’histoire de la pensée scientifique »

Éditeurs : Pierre-Olivier Méthot & Angela Ferraro

Agréé de lettres classiques (1943), chargé de recherche au CNRS puis professeur à l’Université de Poitiers, Tours et Paris, Jacques Roger (1920-1990) est l’auteur de nombreux articles et ouvrages sur l’histoire de la pensée biologique à la période moderne et contemporaine. Parmi les plus connus : Les sciences de la vie dans la pensée française au XVIII^e siècle (1963) et Buffon, un philosophe au Jardin du Roi (1989). Titulaire de la Chaire d’histoire des sciences à la Sorbonne à partir de 1970, il prend ensuite la direction du Centre international de synthèse fondé par Henri Berr, où il anime un séminaire hebdomadaire en histoire de la biologie.

D’un point de vue historiographique, le travail de Jacques Roger porte la marque des courants et des débats qui secouent l’histoire et la philosophie des sciences en France et à l’international entre les années 60 et 80 : le structuralisme, l’histoire des mentalités, la querelle entre l’internalisme et l’externalisme, entre le présentisme et l’historicisme, et entre le continuisme et le discontinuisme. Sensible au vocabulaire dans lequel s’exprime la connaissance scientifique, Roger est attentif aux conditions sociales, collectives et institutionnelles de la production des savoirs. Méfiant face aux théories abstraites du changement scientifique et au partage entre idéologie et connaissance scientifique, il s’attache à restituer les œuvres du passé dans leur contexte historique et culturel propre, et souligne le danger de l’anachronisme en histoire des sciences. Face aux recherches de ses collègues philosophes et sociologues des sciences, il introduit l’expression « d’histoire historienne » des sciences afin de caractériser le style d’histoire intellectuelle qu’il pratique.

De la philosophie moderne à la biologie du dix-huitième siècle, de la médecine de la Renaissance à la théorie synthétique de l’évolution en passant par la sociobiologie, l’expertise et les champs d’intérêts de Roger couvrent plus de quatre siècles de découvertes scientifiques. Alors que les barrières disciplinaires entre histoire, philosophie et biologie restent parfois infranchissables, comment Roger – qui n’était ni scientifique, ni philosophe, ni historien de formation – en est-il venu à occuper une place que l’on pourrait dire « à part » dans le paysage français et international en histoire et épistémologie des sciences de la vie ? Sur le plan de la biographie, genre littéraire qu’il pratiqua, quelles ont été les modèles et les influences sur son itinéraire intellectuel, ses objets de recherche (la génération, l’hérédité, l’histoire naturelle, etc.) et sa démarche méthodologique ? A-t-il lui-même mis en œuvre les principes qu’il a énoncés et dans quelle mesure ? Baignant dans l’écosystème parisien, quelles furent les raisons de ses relations parfois tendues avec Georges Canguilhem et les épistémologues de l’Institut d’histoire et des techniques de la rue du Four ? Et finalement, que reste-t-il aujourd’hui de ses travaux sur l’histoire de la pensée biologique et médicale ?

Réunissant des chercheurs en histoire et en philosophie des sciences de la vie et de la médecine, ce numéro thématique autour de « Jacques Roger et l’histoire de la pensée scientifique » se propose, un peu plus de trente ans après sa disparition, de réfléchir collectivement à la postérité des travaux ainsi qu’à l’originalité de la méthode de travail du grand spécialiste de Buffon. L’ensemble des contributions ici réunies contribuera par ailleurs à combler une lacune majeure qui continue d’affecter la littérature critique : car, exception faite de l’introduction de Claude Blanckaert et de la postface de Jean Gayon au volume Pour une histoire des sciences à part entière (1995), il n’existe toujours pas d’étude d’ensemble consacrée à la pensée de Roger. Il s’agira donc à la fois de développer les suggestions de recherche qui ont été fournies jusqu’à présent et de se frayer de nouveaux chemins d’enquête, afin de contribuer à la reconstruction du panorama intellectuel de l’histoire et de la philosophie des sciences en France dans la seconde moitié du XX^e siècle.

CALENDRIER

Les contributions pourront être proposées en français ou en anglais. Le recueil des contributions se déroulera en trois temps :

Avant le 30 avril 2023 : envoi aux éditeurs du dossier (pierre-olivier.methot@fp.ulaval.ca ; Angela.Ferraro@fp.ulaval.ca) d’un document d’intention. Ce texte (.doc ou .odt) expliquera en 5 000 signes (espaces compris) le contenu de l’article en se référant aux termes et aux axes de l’appel à contribution. Il permettra une pré-sélection des articles Les auteur·e·s seront informé·e·s de la recevabilité de leur proposition courant juin 2023.

Décembre 2023 : pour les propositions acceptées, envoi par les auteur·e·s des articles (entre 30 000 et 50 000 caractères, espaces compris, liste de références non comprise). Il est demandé aux auteur⋅e⋅s de prendre connaissance de la charte de publication des Cahiers François Viète et de suivre les consignes éditoriales de la revue. Pour rappel, les articles seront expertisés par deux rapporteur·e·s selon la procédure en double aveugle.

Novembre 2024 : remise des articles finalisés pour publication en ligne et papier en février 2025.

Pour le volume III-19

Date limite de soumission : avant le 15 septembre 2023

Intitulé du volume : « L’optique électronique en France après-guerre »

Éditeurs : Jérôme Lamy & Frédéric Soulu

Les physiciens de la fin du xix^e siècle ont cherché à expliquer les étonnantes propriétés des rayons cathodiques, observant leurs déviations avec des aimants, ou la projection de l’image d’objet métallique placé dans leur faisceau (Thomson, 1897 ; L’Estrange Turner, 1983 ; Grivet, 1965). Moins de 30 ans après la découverte de l’électron, Louis de Broglie (1892-1987) propose d’associer une onde à la particule. Hans Busch (1884–1973), alors maître-assistant de l’Institut de Physique de l’université d’Iéna, démontre que l’action d’une lentille de verre sur un rayon lumineux et celle d’une bobine magnétique sur un faisceau d’électrons sont décrites par la même équation élémentaire. Les bases théoriques de l’optique électronique sont posées (de Broglie, 1923 ; Busch, 1926 ; Hawkes, 2004). Télévision aux États-Unis d’Amérique, microscopie électronique en Allemagne sont cependant deux techniques empiriquement développées dans les années 1930 (Müller, 2008 ; Abramson, 1987). Nous proposons de considérer ces différents dispositifs au prisme d’une sociologie historique des sciences qui fasse droit à la généricité de l’instrumentation scientifique (Shinn, 2008).

Nous souhaitons saisir la façon dont ces dispositifs entrent dans les laboratoires et les observatoires dans la France d’après-guerre et leurs effets (épistémiques, théoriques, pratiques) sur les domaines scientifiques dans lesquels ils sont mobilisés. L’enjeu est de comprendre par quelles voies – techniques, disciplinaires, épistémologiques – l’optique électronique est parvenue à constituer un champ d’expérience fécond au sein de la science française après 1945. La multiplicité des domaines couverts par les dispositifs d’optique électronique offre, à nouveaux frais, une vue ample sur l’ancrage instrumental des disciplines scientifiques. Précisément, ce numéro thématique sera l’occasion d’analyser les conditions de la circulation entre champs différents (militaire, physique, astronomie, chimie du solide, industrie) de divers instruments d’optique électronique qui émergent après-guerre.

Nous profiterons du numéro thématique pour ressaisir les conditions socio-épistémiques qui ont permis de faire éclore les instruments d’optique électronique, à savoir la physique à partir des années 1930. Nous souhaitons ainsi à travers ce prisme réinterroger les travaux antérieurs (Pestre, 1984, 1999, 2004), sur les articulations entre théorie et pratiques instrumentales, sur les développements thématiques de la physique et sur les logiques de normalisation des nouvelles techniques d’observation.

Les articles du dossier interrogeront les liens qui peuvent exister entre les différentes technologies instrumentales fondées sur l’optique électronique (e.g. le microscope électronique de Gaston Dupouy ou la caméra électronique d’André Lallemand). L’un des enjeux est de produire une analyse fine des laboratoires créés autour de ces techniques et des pratiques qui résultent de leur mise en œuvre dans les différentes disciplines. Il s’agit notamment de comprendre les différents liens entre des disciplines qui ont pour point commun la recherche d’une instrumentation performante. On sait la circulation instrumentale cruciale dans l’homogénéisation des disciplines. Qu’en est-il de l’optique électronique qui a la propriété de concerner de nombreux domaines d’investigation ? Quels sont les spécialités qui profitent de son exploitation ? Dans quels segments de recherche l’usage de l’optique électronique est-il resté marginal ?

Enfin, le dossier devra permettre de comparer la situation française avec celle qui prévaut aux États-Unis d’Amérique pour des instruments analogues. Nous nous attacherons à décrire les circulations entre Allemagne, France, Angleterre et États-Unis d’Amérique dans ce domaine dans l’après-guerre. L’exploitation de la science allemande à la fin de la seconde guerre mondiale, en particulier dans le domaine de l’optique électronique, a été bien étudiée (Defrance, 2001 ; O’Reagan, 2014). Mais que révèlent les transferts entre Alliés de ces nouveaux instruments ? Les filières techniques instrumentales ont de fortes contingences nationales. Des traditions propres à chaque pays dans l’exploitation des instruments conditionnent parfois le développement des disciplines. Qu’en est-il de l’optique électronique ? A-t-il existé des voies de passages entre pays ?

Nous nous appuierons sur des contributions originales de collègues chercheurs·euses (45 000 caractères), sur des entretiens originaux d’acteurs du champ mais aussi sur des fiches de parcours d’instruments patrimoniaux (5 000 à 10 000 caractères) mis en service dans l’immédiate après-guerre. La mémoire instrumentale, sa mise en forme, sa conservation et son exposition sont l’occasion de comprendre comment ces dispositifs sont traités d’un point de vue muséographique. Ici encore, la diversité des disciplines concernées ainsi que la circulation des savoir-faire en physique autorisent à interroger la sédimentation lente d’un patrimoine instrumental parfois monumental (comme c’est le cas à Toulouse par exemple).

Vous pouvez adresser votre proposition (titre, résumé jusqu’à 300 mots et bref CV) à Jérôme Lamy et Frédéric Soulu avant le 15 septembre 2023, dans un des 4 axes du numéro thématique :

Les contributions pourront être proposées en français ou en anglais, dans un des 4 axes du numéro thématique :

• socio-histoire et épistémologie de la physique française d’entre deux-guerres,

• étude de cas d’un instrument d’optique électronique circulant dans les disciplines liées à la physique française d’après-guerre dans le champ scientifique ou industriel,

• émergence de l’optique électronique et circulations dans d’autres lieux qu’en France,

• suites patrimoniales de cette efflorescence instrumentale (portraits contextualisés).

CALENDRIER

Le recueil des contributions se déroulera en trois temps :

- Avant le 15 septembre 2023 : envoi aux éditeurs du dossier (jerome.lamy@laposte.net ; frederic.soulu@gmail.com) d’un document d’intention. Ce texte (.doc ou .pdf) expliquera en 5 000 signes (espaces compris) le contenu de l’article en se référant aux termes et aux axes de l’appel à contribution. Il permettra une pré-sélection des articles Les auteur·e·s seront informé·e·s de la recevabilité de leur proposition courant octobre 2023.

- Fin mai 2024 : pour les propositions acceptées, envoi par les auteur·e·s des articles (entre 30 000 et 50 000 caractères, espaces compris, liste de références non comprise). Il est demandé aux auteur⋅e⋅s de prendre connaissance de la charte de publication des Cahiers François Viète et de suivre les consignes éditoriales de la revue. Pour rappel, les articles seront expertisés par deux rapporteur·e·s selon la procédure en double aveugle.

- Mai 2025 : remise des articles finalisés pour publication en ligne et papier en octobre 2025.

Abramson Albert (1987), The History of Television. 1881 to 1941, Jefferson, McFarlan.

Broglie Louis de (1923), « Ondes et quanta », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, vol. 177, p. 507-510.

Busch Hans (1926), « Berechnung der Bahn von Kathodenstrahlen im axialsymmetrischen elektromagnetischen Felde », Annalen der Physik, vol. 386, n^o 25,‎ p. 973-993.

Defrance Corinne (2001), « La mission du CNRS en Allemagne (1945-1950) », La revue pour l’histoire du CNRS, n° 5, http://journals.openedition.org/histoire-cnrs/3372

Grivet Pierre (1965), Electron Optics, Oxford, Pergamon Press.

Hawkes Peter (2004), « Recent Advances in Electron Optics and Electron Microscopy », Annales de la Fondation Louis de Broglie, vol. 29, Hors série 1, 2004, p. 837-855.

L’Estrange Turner Gerard (1983), Nineteenth-Century Scientific Instruments, Londres, Berkeley, Sotheby Publications, University of California Press, p. 194-196.

Müller Falk (2008), « The Birth of a Modern Instrument and Its Development during World War II: Electron Microscopy in Germany from the 1930s to 1945 », dans A. Maas, H. Hooijmaijers, (éds.), Scientific Research in World War II: What Scientists Did in the War, Londres, Routledge, 2008, p. 121-146. 

O'Reagan Douglas Michael (2014), Science, Technology, and Know-How: Exploitation of German Science and the Challenges of Technology Transfer in the Postwar World, Thesis Dissertation, UC Berkeley, https://escholarship.org/uc/item/3w65f1hm

Pestre Dominique (1984), Physique et physiciens en France, 1918-1940, Paris, Éditions des Archives contemporaines.

Pestre Dominique (1999), « Guerre, renseignement scientifique et reconstruction, France, Allemagne et Grande-Bretagne dans les années 1940 », dans A. Guillerme (éd.), De la diffusion des sciences à l'espionnage industriel xv^e-xx^e siècle : Actes du colloque de Lyon (30-31 mai 1996) de la SFHST. Cahiers d'histoire et de philosophie des sciences n° 47, Lyon, ENS Éditions, 1999, p. 183-201. 

Pestre Dominique, « Sciences physiques et recherche industrielle et militaire en France : un changement historique de régime », dans Amy Dahan & Dominique Pestre (éds.), Les sciences pour la guerre 1940-1960, Paris, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, p. 317-341.

Shinn Terry (2008), Research-Technology and Cultural Change. Instrumentation, Genericity, Transversality, Oxford, Bardwell.

Thomson J. J. (1897), « XL. Cathode Rays », The London, Edinburgh, and Dublin Philosophical Magazine and Journal of Science, vol. 44, n° 269, p. 293-316.; Pierre Grivet, Electron optics, Oxford, Pergamon press, 1965.