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Mémoires, thèses et habilitations

Le secteur agraire dans les relations Espagne-France pendant la transition espagnole. Un facteur déterminant pour l'adhésion au Marché commun, 1975-1982

El sector agrario en las relaciones España-Francia durante la transición española. Un condicionante para la adhesión al Mercado Común, 1975-1982
The agrarian sector in Spain-France relations during the Spanish transition. A condition for accession to the Common Market, 1975-1982
Sergio Molina García

Notes de la rédaction

Thèse doctorale soutenue à l'Université de Castille-La Manche en octobre 2019.

Texte intégral

1Au cours des années 70 et 80, ainsi que l'affirment Tony Judt et Eric Hobsbawn, la dynamique nationale et internationale s'est modifiée. Ces changements ont provoqué des transformations politiques et économiques dont les conséquences se font encore ressentir aujourd'hui. À cette époque, la guerre froide a été relancée, ce qui a entraîné une tension accrue des deux côtés du rideau de fer. Parallèlement, les premiers débats ont commencé au sein de la Communauté économique européenne (cee). La pertinence de la politique agricole commune (pac) dans les budgets communautaires et le premier élargissement du marché commun ont été remis en question, surtout après les demandes exigeantes du gouvernement britannique à la cee. Dans ce contexte, les pays de l'Europe du Sud ont entamé des processus de démocratisation, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l'histoire de l'Europe.

2À ce jour, il existe encore de nombreuses zones d’ombre quant à l’utilité des changements qui ont eu lieu au cours de ces années-là. L'une des modifications les plus importantes de la cee concerne l’entrée de la Grèce (1981), de l’Espagne et du Portugal (1986) lors de son second élargissement. Les processus d'intégration ont été étudiés d'un point de vue national afin de savoir comment l'intégration communautaire a affecté la dynamique interne de chaque pays. Néanmoins, ces intégrations ont rarement été étudiées sous d'autres angles.

3Cette recherche vise à analyser les relations franco-espagnoles sur les questions agraires pendant la période de transition espagnole (1975-1982) et à connaître leur impact sur les négociations pour l'intégration espagnole dans le marché commun. Après la mort du dictateur Franco, un processus de transition vers la démocratie a débuté en Espagne. Outre la tenue d'élections et l'approbation d'une constitution, non sans difficultés, le gouvernement de l'ucd a tenté de normaliser sa situation internationale. A cette fin, l'objectif principal était l'intégration dans la cee. Dans le même temps, la France s'efforçait de minimiser l'impact de la crise pétrolière (1973) et de maintenir une position privilégiée dans la cee.

4Dans ce contexte, la démocratisation de l'Espagne a suscité de nouveaux débats au sein des institutions communautaires et dans l'opinion publique en France. Bien que la mise en place d'un système de libertés ait été défendue par une grande partie de la société française, la crainte que l'agriculture espagnole ne remplace le secteur primaire français a provoqué un débat en France. Dans les deux Etats, et pas seulement en France, des discours ont été prononcés dans lesquels "Nous" était promu contre "Eux". Au nord des Pyrénées, ces thèses ont servi à plaider leur réticence quant à l'intégration de l'Espagne dans le marché commun. Alors qu’au sud des Pyrénées, le discours servait à justifier les retards d'intégration dans la cee. Une grande partie de la société des deux pays se souvient encore des boycotts de produits primaires des deux côtés de la frontière et des déclarations de certains dirigeants politiques. L'absence d'analyses spécifiques sur le débat agraire a fait en sorte que la conception citoyenne des conflits agraires soit basée sur certains mythes et souvenirs. Cette recherche vise à répondre au besoin social de connaître la transcendance des débats agraires franco-espagnols et leur pertinence pour l'intégration espagnole dans la CEE. Face à cette situation, il s'agira de savoir si la concurrence agraire entre les deux pays était bien réelle ou s'il s'agissait d'une invention sociale et politique à la recherche de certains intérêts nationaux. A cette fin, on comparera la production, les exportations et les prix des produits agricoles espagnols et français, on cherchera aussi l'origine des discours contre l'agriculture espagnole et française, on analysera le rôle joué par les associations agricoles et on accordera une attention particulière à l'utilisation politique de cette question dans les deux pays. Tout cela sera lié aux débats sur les extraditions de l'eta et sur la question des quotas de pêche, questions auxquelles les deux diplomaties ont également été confrontées. Une fois constatée la portée de la question au niveau bilatéral, l'impact sur les pays tiers sera analysé. Ce qui démontrera qu'il s'agit d'une polémique qui a autant affecté l'ensemble de la CEE que d'autres pays non européens.

5Le point de départ théorique a été retrouvé à l'école française des relations internationales. Robert Frank et Jean-Baptiste Duroselle soutiennent que les études sur les relations internationales ne peuvent se réduire à une analyse de la diplomatie, mais qu'il est nécessaire d'étendre l’'étude sur d'autres sujets Le protagonisme commun dont parlaient les auteurs précédents, ainsi que la nécessité d’une approche de cette recherche, ont été les raisons pour lesquelles différentes ressources méthodologiques ont été utilisées. L'histoire économique et agraire a montré qu'il n'existe pas de réelle concurrence économique, L'histoire sociale a jeté les bases d'une analyse du rôle de la société civile dans le débat bilatéral, tandis que l'histoire politique a servi à l’interprétation des clés de cette question par les partis et les syndicats. Tout cela reste lié à l'histoire des relations internationales, discipline qui a révélé les fonctions de la diplomatie et la diversité des facteurs qui interviennent dans les conversations et les négociations entre différents pays.

6L'étude n'avait pas encore fait l'objet d'une analyse approfondie, ce qui a fait que les principales sources de recherche ont été les sources primaires. La plupart des documents proviennent de collections conservées en France et en Espagne. Des archives situées à Bruxelles, au Luxembourg ou à Florence ont également été consultées. Les entretiens oraux ont été d'une grande aide pour compléter les dossiers conservés sur papier. Tout cela est étayé par une bibliographie exhaustive sur les questions liées aux débats agraires franco-espagnols.

7En résumé, ce travail permettra, à travers une problématique bilatérale, de découvrir de nouvelles clés pour comprendre les difficultés de la cee et l'ampleur du conflit agraire franco-espagnol. Le problème bilatéral est devenu une affaire nationale dans les deux pays et a modifié l'agenda communautaire, car il ne faut pas oublier que la pac est l'un des emblèmes de la cee.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Sergio Molina García, « Le secteur agraire dans les relations Espagne-France pendant la transition espagnole. Un facteur déterminant pour l'adhésion au Marché commun, 1975-1982 »Cahiers de civilisation espagnole contemporaine [En ligne], 24 | 2020, mis en ligne le 11 juillet 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/ccec/9636 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ccec.9636

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Auteur

Sergio Molina García

Université de Castille-La Manche

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