Michele Bacci. — Lo spazio dell’anima. Vita di una chiesa medievale
Bacci Michele, Lo spazio dell’anima. Vita di una chiesa medievale, Rome/Bari, Laterza, 2005, XVII-286 pp., 24 h.-t. (Storia e Società).
Texte intégral
1L’ouvrage de M. Bacci sur l’espace sacré de l’église médiévale se situe à mi-chemin entre l’exposé problématique et la synthèse à visée plus pédagogique. Il s’agit là – je le dis d’emblée – d’un livre fort utile, bien construit dans l’ensemble et solide du point de vue de la documentation traitée. En cinq chapitres encadrés d’un prélude et d’un épilogue, l’A. propose une vue d’ensemble des différents éléments artistiques définissant l’espace sacré de l’église médiévale chrétienne, et ce, très principalement dans la péninsule italienne dans la seconde moitié du Moyen Âge.
2Malgré la réussite indéniable que constitue ce livre, dont on pourrait facilement considérer qu’il est le pendant « monumental » à l’enquête ecclésiologique menée par D. Iogna-Prat dans sa Maison Dieu, et ce, pour une période postérieure à celle traitée dans le livre de l’historien français, il m’est cependant impossible de ne pas exprimer quelques regrets et de laisser passer des insuffisances qui nuisent, selon moi, à la qualité de l’ouvrage.
3Le premier regret porte sur la période considérée et surtout la zone géographique prise en compte dans cet ouvrage, c’est-à-dire, rappelons-le, l’Italie de la seconde moitié du Moyen Âge.
4Loin de moi l’idée selon laquelle l’espace italien de la période comprise entre le xiie et le xve s. ne serait pas important pour le sujet traité ; bien au contraire. Je crois néanmoins que l’exposé perd en acuité en se limitant à un espace géographique – tout aussi important soit-il – de l’Occident médiéval et, plus encore, en ne considérant qu’une période limitée dans le « long » temps du Moyen Âge.
5Qui plus est, et ce regret est plus grand encore que le premier, M. Bacci ne me paraît nullement ajouter d’informations ni d’idées nouvelles sur le sujet « italien ». Tout au plus tente-t-il – avec succès cependant – une utile synthèse de nos connaissances de l’espace sacré des églises italiennes de la seconde moitié du Moyen Âge, d’après ce que bien d’autres auteurs ont démontré avant lui.
6Une autre remarque critique concerne cette fois le parti pris de l’A. En effet, celui-ci construit son livre à partir de thèmes permettant une réflexion sur l’espace sacré de l’église mais dont beaucoup, bien que nécessaires dans une synthèse, se révèlent traditionnels et relativement peu novateurs.
7Tout au long de son livre, M. Bacci passe en revue les différents éléments constitutifs de l’espace sacré médiéval, du moins, encore une fois, dans l’espace géographique italien de la seconde moitié du Moyen Âge. Le premier chapitre s’intéresse principalement à l’espace dans sa relation avec l’expérience du sacré. Dans ces pages, on trouvera quelques rappels utiles sur les modèles vétéro-testamentaires et bibliques en général, notamment la définition de l’espace sacré à travers l’épisode du songe de Jacob, ainsi que sur la définition des lieux saints.
8Dans le chapitre ii, l’A. se penche de façon utile sur la relation dialectique entre l’espace sacré de plein air, « en dehors de l’église », et l’espace consacré par excellence qu’est celui du bâtiment-église, mettant ainsi en relief la complémentarité des espaces sacrés correspondant souvent à des pratiques liturgiques spécifiques. Les chapitres iii et iv sont plus « classiques » à la fois pour les thèmes abordés (les parties de l’édifice et les usages de l’église) que pour les problématiques traitées. Le lecteur y trouvera cependant deux utiles synthèses concernant très principalement, voire exclusivement, les églises italiennes et certaines de leurs spécificités.
9Le cinquième et dernier chapitre ainsi que l’épilogue s’avèrent en revanche plus originaux. Il y est question de l’espace sacré « des autres », permettant ainsi une utile et suggestive comparaison entre les différentes façons de considérer l’espace sacré du lieu de culte dans le christianisme, l’islam, le judaïsme et même le bouddhisme, en passant par les temples « païens », ainsi que d’une réflexion à peine initiée sur les éléments essentiels et constitutifs de l’espace sacré. Pour cela, M. Bacci se penche sur quelques observations faites par un frère franciscain en 1254 à propos des usages à la cour de Gengis Khan et notamment sur le mode de vie nomade de la cour du grand Khan. Ce constat implique à son tour une définition de l’espace sacré mettant l’accent sur la mobilité. Ainsi M. Bacci en vient-il à considérer que, pour qu’un espace sacré « fonctionne », peu d’éléments sont véritablement nécessaires (principalement un autel consacré, des objets liturgiques et des vêtements destinés aux acteurs). Pour ma part, je ne peux que suivre l’A. dans cette dernière réflexion.
10Au total, le lecteur a dorénavant entre les mains un livre réussi, constituant une bonne synthèse sur l’espace sacré italien de la seconde moitié du Moyen Âge mais où l’approche problématique aurait pu être plus développée, mises à part les réflexions du dernier chapitre et de l’épilogue. Peut-être ce livre a-t-il été écrit un peu trop rapidement et dans la précipitation…
Pour citer cet article
Référence papier
Éric Palazzo, « Michele Bacci. — Lo spazio dell’anima. Vita di una chiesa medievale », Cahiers de civilisation médiévale, 211 | 2010, 270-271.
Référence électronique
Éric Palazzo, « Michele Bacci. — Lo spazio dell’anima. Vita di una chiesa medievale », Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 211 | 2010, mis en ligne le 01 mars 2025, consulté le 12 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/ccm/21355 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13ii6
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