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Comptes rendus

Ante Gulin. — Hrvatski srednovjekovni kaptoli. Loca credibilia Dalmacije, Hrvatskog primorja, Kvarnerskih otoka i Istre

Nenad Fejic
p. 284-286
Référence(s) :

Gulin Ante, Hrvatski srednovjekovni kaptoli. Loca credibilia Dalmacije, Hrvatskog primorja, Kvarnerskih otoka i Istre, Zagreb, Hrvatska akademija znanosti i umjetnosti, 2008, 434 pp., 36 ill.

Texte intégral

1L’A., directeur du département d’histoire de l’Académie des sciences croate, aborde un sujet relativement peu étudié jusqu’à nos jours : les chapitres des églises cathédrales et collégiales croates au Moyen Âge. L’ouvrage se situe dans la continuité des recherches d’A. Gulin sur les chapitres médiévaux croates. Un premier tome sur les chapitres des églises cathédrales de la Croatie centrale et septentrionale a déjà été publié, il y a plusieurs années, par les soins du même auteur.

2Le livre est articulé, au-delà d’une préface et d’une introduction, en quatre parties, qui abordent selon une répartition géographique voulue par l’A. les chapitres des églises cathédrales dans trois régions historiques croates : la Dalmatie, le littoral croate et les îles du Kvarner, et l’Istrie. La quatrième et dernière partie est réservée à la conclusion et aux résumés publiés en anglais, italien et allemand.

3On ne peut que donner raison à l’A., lorsqu’il constate que l’histoire médiévale des chapitres des églises cathédrales et collégiales croates n’a été jusqu’à nos jours que très superficiellement étudiée, et en particulier l’histoire de leurs activités administratives publiques, en tant que détenteurs de la « foi publique » (loca credibilia). A. Gulin se propose donc de combler cette importante lacune, en présentant un aperçu détaillé des chapitres et de leurs activités administratives et publiques.

4Avant d’aborder l’étude de chacun des chapitres des églises cathédrales et collégiales de la Dalmatie, du littoral croate, des îles du Kvarner et de l’Istrie, l’A. étudie les aspects qui leur sont communs, afin d’éviter des répétitions inutiles, et surtout de regrouper certains caractères comparables dans leur organisation et dans leur fonctionnement. Il distingue les chapitres des églises métropolitaines ou diocésaines et les églises collégiales du littoral médiéval croate, les premières ayant développé une activité pastorale, administrative et culturelle nettement plus marquée et ayant laissé des traces documentaires plus importantes.

5L’A. se penche ensuite sur différentes modalités d’accès aux dignités canoniales ainsi que sur leurs divers champs de compétences : dans ce domaine il constate aussi une certaine régularité qui lui permet de distinguer une hiérarchie valable au sein des chapitres diocésains, tout autant qu’au sein des collégiales de moindre importance, en Croatie médiévale. Cette partie de la recherche, particulièrement bien menée et dont les résultats ont plus qu’une valeur ponctuelle, mérite d’être soulignée : l’A. met ainsi en évidence une hiérarchie de chanoines en place dans les chapitres sur tout le littoral de la Croatie médiévale. Au sommet de la hiérarchie se trouvait le chanoine archidiacre, suivi du chanoine archiprêtre et du chanoine primicère, chacun de ces échelons étant chargé de fonctions précises dans l’exercice du culte, ou de certaines activités administratives, pédagogiques, culturelles au sein du chapitre.

6L’A. porte une attention particulière à l’exercice des activités notariales des chanoines au sein des églises cathédrales et collégiales croates au Moyen Âge et particulièrement aux activités notariales bénéficiant de la fides publica. Une évolution spécifique est à noter, concernant cette activité en Croatie littorale au Moyen Âge, à la différence des parties centrales et septentrionales, évoquées dans le précédent tome du même A. Au sein des villes côtières et insulaires de la Croatie médiévale, l’activité notariale des chanoines était certes précoce, mais, remarque-t-il, elle n’était pas le privilège exclusif des chanoines, étant généralement répartie entre ceux-ci et les notaires publics, en l’occurrence des laïcs licenciés des facultés de droits des villes italiennes, et recrutés par les communes dalmates pour exercer la même activité que les chanoines.

7L’A. souligne à bon escient que les activités notariales des chanoines ont été moins étudiées dans l’historiographie croate des temps modernes que l’activité des notaires publics laïcs, les contributions de ceux-ci étant d’accès plus facile dans les archives communales publiques. Tout en reconnaissant qu’au sein de certaines villes dalmates (Raguse, par ex.), l’activité des notaires publics recrutés par la commune a laissé plus de traces que la même activité exercée par les chanoines, l’A. a raison d’insister sur le caractère pionnier des chanoines dans l’activité notariale, par rapport à leurs confrères laïcs. L’existence des chanoines notaires, membres de chapitres cathédraux des villes médiévales croates, le long du littoral adriatique a été confirmée, d’après notre A., dès la première moitié du xie s. Ils rédigeaient et publiaient des actes privés bénéficiant de fides publica : ces actes étaient tout d’abord rédigés dans les sacristies des églises cathédrales, et plus tard dans d’autres lieux publics de la commune, au gré des déplacements des chanoines.

8A. Gulin insiste sur le fait que les chanoines des villes croates, prêtres ou diacres, acquéraient leur éducation au sein des écoles cathédrales, et qu’ils exerçaient leurs activités aussi bien au service des églises cathédrales que des administrations communales ou des particuliers. Dans les sources ecclésiastiques ou communales des villes du littoral croate médiéval, on trouve donc, à côté des noms des chanoines, des titres variés, tels que : « notaire communal », « notaire communal juré », « notaire juré, par la volonté impériale », « notaire juré, par la volonté apostolique », « notaire juré, par la volonté impériale et apostolique » : ces titres étaient portés par les chanoines des églises cathédrales et collégiales avant d’être attribués aux notaires laïcs, et ils montrent clairement que les premiers et les seconds s’attelaient à des tâches strictement identiques, avant que les seconds ne l’emportent, au sein des villes les plus prospères, par leur nombre et l’étendue de leurs activités.

9Ayant ainsi défini les circonstances de l’exercice des activités notariales par les chanoines des villes du littoral médiéval croate, A. Gulin, procède, selon la répartition géographique déjà évoquée, à la présentation des chapitres métropolitains et cathédraux et des collégiales : en Dalmatie, il étudie les chapitres de Split (capitulum ecclesiae Spalatensis), de Dubrovnik (capitulum ecclesaie Ragusinae), de Kotor (capitulum ecclesiae Catarensis), de Ston-Korcula (capitulum ecclesiae Stagnensis et Curzulensis), de Hvar (capitulum ecclesiae Pharensis), de Trogir (capitulum ecclesiae Traguriensis), de Sibenik (capitulum ecclesiae Sibenicensis), de Skradin (capitulum ecclesiae Scardonensis), de Knin (capitulum ecclesiae Tininiensis), de Biograd (capitulum ecclesiae Belgradensis), de Zadar (capitulum ecclesiae Iadrensis), de Nin (capitulum ecclesiae Nonensis) et de Pag (Capitulum collegiatum Pagensis). Pour le littoral croate et les îles du Kvarner, il étudie les chapitres de Senj (capitulum ecclesiae Segnensis), de l’île de Rab (capitulum ecclesiae Arbensis), de l’île de Krk (capitulum ecclesiae Veglensis) des îles d’Osor et de Cres (capitulum ecclesiae Absarensis et Crepsensis), en Istrie il étudie les chapitres de Porec (capitulum ecclesiae Parentinae), de Pula (capitulum ecclesiae Polensis), de Novigrad (capitulum ecclesiae Aemonensis) et de Pican (capitulum ecclesiae Petensis).

10Bien que les sources disponibles, illustrant l’histoire et les activités de ces différents chapitres, ne permettent pas toujours de procéder à des recherches de qualité égale, on appréciera l’effort de l’A. d’établir des critères d’évaluation uniformes pour l’étude de tous les chapitres de la Croatie médiévale, de la Dalmatie, du littoral croate, des îles du Kvarner et d’Istrie, quels que soient leur importance et leur rayonnement.

11Ante Gulin s’est ainsi lancé dans une recherche pionnière : l’accès aux archives des églises cathédrales et collégiales n’était guère facile, et les résultats moins prometteurs que ceux attendus par les défricheurs des archives communales du littoral croate. À force d’un travail patient et discipliné, l’A. dévoile tout un pan de l’histoire, notamment de l’histoire culturelle, de la Croatie médiévale.

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Pour citer cet article

Référence papier

Nenad Fejic, « Ante Gulin. — Hrvatski srednovjekovni kaptoli. Loca credibilia Dalmacije, Hrvatskog primorja, Kvarnerskih otoka i Istre »Cahiers de civilisation médiévale, 211 | 2010, 284-286.

Référence électronique

Nenad Fejic, « Ante Gulin. — Hrvatski srednovjekovni kaptoli. Loca credibilia Dalmacije, Hrvatskog primorja, Kvarnerskih otoka i Istre »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 211 | 2010, mis en ligne le 01 mars 2025, consulté le 23 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/ccm/21432 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13iid

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