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Comptes rendus

Cecily Hennessy. — Images of Children in Byzantium

Brigitte Pitarakis
p. 286-288
Référence(s) :

Hennessy Cecily, Images of Children in Byzantium, Farnham, Ashgate, 2008, XVIII-263 pp., 56 ill., 14 h.-t.

Texte intégral

1Cet ouvrage longtemps attendu porte sur les images des enfants à Byzance, sujet qui jusque-là n’avait pas suffisamment attiré l’attention des chercheurs. Les enfants byzantins deviennent désormais d’actualité avec la parution en 2009 des actes du colloque Becoming Byzantine, qui s’était tenu à Dumbarton Oaks, Washington DC, au printemps 2008, et la thèse de doctorat récemment soutenue de I. Lagou, L’iconographie de l’enfance dans l’aire byzantine de l’époque des Paléologues, sous la direction de C. Lepage à l’EPHE, Paris, 2009.

2Dans cet ouvrage richement documenté et illustré, l’A. se propose de « revisiter » une sélection importante d’œuvres bien connues de l’Antiquité tardive à la période des Paléologues sous le prisme des enfants. Un long chapitre d’introduction lui permet de situer le « contexte » de l’enfance à Byzance et la problématique de l’ouvrage. Un état de la question sur l’enfance médiévale en Occident, avec l’incontournable débat autour du « sentiment de l’enfance » lancé par Ph. Ariès, et les travaux ponctuels sur divers aspects de la vie des enfants à Byzance l’amènent à des considérations multiples telles que le statut légal et social des enfants, leur place dans la famille et dans le christianisme, leur éducation, les âges de l’enfance, l’âge du mariage, les enfants impériaux. Ces notions lui servent de fondement pour une lecture innovante des images d’enfants avec des idées foisonnantes, qui auraient peut-être nécessité parfois une argumentation plus poussée.

3Le chapitre 2, intitulé « Enfance », porte essentiellement sur les enfants ordinaires et anonymes représentés dans l’art profane et religieux. C’est à notre sens l’un des chapitres les plus intéressants de l’ouvrage, dans lequel on aurait peut-être attendu, cependant, des exemples plus variés et moins connus. L’A. observe les moyens picturaux mis en œuvre pour différencier les enfants des deux sexes des adultes tout en réfléchissant sur les attitudes sociales face à l’enfance. Tenant compte du travail des enfants dans la société byzantine, elle suggère, par ailleurs, que ces derniers ont pu participer à la création des œuvres où les enfants et les jeunes sont mis à l’honneur.

4Ses exemples sont tirés d’œuvres célèbres, telles les mosaïques de Piazza Armerina, celles du Grand Palais de Constantinople, les diptyques consulaires, les psautiers à illustration marginale du ixe s., les illustrations des Homélies de Grégoire de Nazianze ou encore les fresques tardo-byzantines de Mistra. L’A. remarque une mise en valeur des images d’enfants et de bébés au sein de foules d’adultes dans les scènes comme la traversée de la mer Rouge, l’Entrée à Jérusalem, les Noces de Cana, le Baptême, qui, entre autres, traduisent le désir de distinguer l’âge de l’enfance par rapport à l’âge adulte. Dans le contexte profane, elle confronte des activités ayant trait au jeu et au divertissement à d’autres qu’elle rattache au domaine professionnel. Si les enfants qui imitent les jeux du cirque sont placés dans la première catégorie (cf. en outre C. Vendries, « L’enfant et le coq. Une allusion à la gladiature sur la mosaïque des “enfants chasseurs” de Piazza Armerina », Antiquité tardive, 15, 2007, p. 159-179), ceux qui s’adonnent à des exercices d’acrobatie et à d’autres spectacles publics se trouvent dans la seconde. Enfin, elle aborde le monde des érotes et leur rapport symbolique avec les images d’enfants, sujet particulièrement intéressant qui mériterait une réflexion plus poussée.

5Le chapitre 3 est consacré à la « Famille ». À travers un matériel visuel abondant et varié, l’A. se penche sur les images d’enfants dans les portraits de famille en vue d’illustrer la valeur qui leur est accordée dans la structure familiale. Les panneaux de la mosaïque de Saint-Démétrius de Thessalonique, où des enfants sont figurés aux côtés de leur saint patron sans la présence de leurs parents, illustrent l’indépendance spirituelle des enfants alors que dans la majorité des cas, comme dans le décor de la chapelle de Théodote à Sainte-Marie Antique et dans la basilique Euphrasienne de Poreč, les enfants sont intégrés dans les portraits de famille. Cela montre l’importance pour les parents d’associer leur progéniture à leur donation et à leur prière de salut.

6Les images tirées de récits bibliques, comme l’histoire de Joseph dans la Genèse de Vienne et la famille biblique des Maccabées à Sainte-Marie Antique, sont traitées sur le même plan que les portraits de familles de donateurs, sans produire pour autant quelque explication d’ordre méthodologique. La fin du chapitre accorde un développement aux miniatures du célèbre manuscrit Lincoln College, gr. 35, qui contient une copie de la charte de fondation du monastère de la Bebaia Elpis à Constantinople fondé par une riche famille aristocratique du début du xive s.

7Dans le chapitre 4, consacré à la sainteté des enfants, l’A. regroupe différentes catégories de figures saintes juvéniles qui apparaissent comme des modèles de comportement idéal. La série s’ouvre avec la petite Marie des mosaïques aujourd’hui perdues de Saint-Démétrius de Thessalonique, qui, dès sa naissance fut dédiée à l’Église, et se poursuit avec les exploits du jeune David sur les célèbres plats en argent qui portent les poinçons d’Héraclius. L’A. tente une nouvelle lecture impériale du décor de ces plats en signalant l’homonymie entre le roi biblique et le jeune fils d’Héraclius. Les plats seraient donc destinés à David, fils de l’empereur. Puis viennent les images de l’enfance de saint Nicolas, un des rares saints pour lesquels nous avons un cycle pictural détaillé de l’enfance, qui souligne la prédestination de cet enfant précoce à la sainteté. En dernier lieu, l’A. tente de mettre en évidence l’inspiration que procurent la beauté et la jeunesse des saints dans l’iconographie comme dans la société byzantine.

8Dans le chapitre 5 qui porte sur le « Pouvoir », l’A. essaie d’explorer les traits caractéristiques et le rôle des enfants dans les portraits impériaux. On pourrait se demander si ce chapitre ne serait pas mieux placé à la suite du chapitre 3 consacré à des portraits de famille. L’étude du célèbre manuscrit parisien des Homélies de Grégoire de Nazianze, le Paris, BnF, gr. 510, l’entraîne à suggérer qu’il a été réalisé pour Léon et Alexandre, les deux fils de Basile Ier plutôt que pour l’empereur lui-même. Une autre interprétation audacieuse concerne les portraits impériaux du ms. Paris, BnF, gr. 922, où elle propose d’identifier la mère régente, Eudokia Makrembolitissa, et ses trois fils plutôt que le couple impérial.

9Une seconde partie de ce chapitre est consacrée aux représentations de dynasties impériales à Sainte-Sophie de Kiev et dans l’art des Balkans. Au-delà du caractère conventionnel de ces images, l’A. insiste sur la place importante réservée aux enfants qui, vêtus des insignes impériaux, partagent et perpétuent le pouvoir de leurs parents. Elle aborde aussi le contraste entre l’âge réel de certains enfants impériaux et leur âge apparent dans l’iconographie officielle.

10Le dernier chapitre offre une synthèse sur les images de la Vierge et du Christ enfants. À travers les cycles narratifs de chacune des deux enfances et les représentations iconiques de la Vierge à l’Enfant, l’A. se demande si les deux figures les plus sacrées de la chrétienté sont représentées sous les traits des enfants réels et explore les moyens picturaux mis en œuvre pour illustrer leur sainteté. Elle insiste aussi sur l’expression de l’affection unissant la petite Marie à ses parents et la Mère de Dieu au Christ. La dernière partie est consacrée aux images du Christ Emmanuel intégrées dans une étude plus globale sur le Christ pré-éternel et l’Ancien des Jours. Une fois de plus, ces différentiations dévoilent un intérêt pour l’âge de l’enfance en opposition à l’âge adulte.

11L’A. conclut ainsi sur le nombre important des images d’enfants dans l’art byzantin, leur rôle central dans les représentations, dans la croyance religieuse et dans la société. La prise en compte du facteur de l’âge de l’audience et de celui des figures représentées est un des apports fondamentaux de l’ouvrage, qui va certainement inspirer des recherches futures sur le sujet.

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Pour citer cet article

Référence papier

Brigitte Pitarakis, « Cecily Hennessy. — Images of Children in Byzantium »Cahiers de civilisation médiévale, 211 | 2010, 286-288.

Référence électronique

Brigitte Pitarakis, « Cecily Hennessy. — Images of Children in Byzantium »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 211 | 2010, mis en ligne le 01 mars 2025, consulté le 25 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/ccm/21443 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13iie

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