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Actualité de l'œuvre

Études

p. 158-162

Essai

Felipe CAMMAERT, L'écriture de la mémoire dans l'œuvre d'Antonio Lobo Antunes et de Claude Simon, L'Harmattan, 2009.

Articles

Mireille CALLE-GRUBER, « Complément d'informations », Sens public, revue en ligne, < www.sens-public.org/spip.php ?article622 >

Mireille CALLE-GRUBER, « La peur dans le fond. Une lecture du Jardin des Plantes de Claude Simon », in Isako MATSUMOTO et Mitsuo TADOKORO (éds.), La peur dans le monde moderne : aspects et perspectives, Éditions de l'École Doctorale des langues et cultures de l'Université de Nagoya (Japon), 2009, p. 8-18.

Ilias YOCARIS, « Vers un nouveau langage romanesque. Le collage citationnel dans La Bataille de Pharsale de Claude Simon », Revue romane 43 :2, John Benjamins Publishing Company, 2008.

Ilias YOCARIS et David ZEMMOUR, « Vers une écriture rhizomatique : style et syntaxe dans La Bataille de Pharsale de Claude Simon », Semiotica, 2009.

Revue

Sofistikê, revue en ligne, < www.sofistike.fr >, n° 1, « Un monde à découvrir : le style de Claude Simon », numéro dirigé par Ilias YOCARIS, 2009.

Sommaire : Ilias YOCARIS, « La stylistique simonienne : état des lieux ». Ralph SARKONAK, « Comment noyer le poisson, ou le "non-dit" dans Triptyque ». Stéphanie GALLON, « Les hypotyposes de Claude Simon ». Michel BERTRAND, « Le Tramway de Claude Simon : "histoire de tuyaux" ». Stéphanie ORACE, « Désir du rythme, rythme du désir : autour d'un éventail ». Catherine RANNOUX, « Aiguillages et voies de traverse, les trajectoires de la phrase dans Le Tramway de Claude Simon ».

Thèses

Bérénice BONHOMME, Claude Simon, la passion du cinéma. Thèse de doctorat soutenue le 22 novembre 2008 à l'Université de Nice-Sophia Antipolis, sous la direction de Dominique Viart et Alain Tassel.

RÉSUMÉ. La critique simonienne s'est déjà penchée sur les rapports de l'œuvre de Claude Simon à l'image, peinture ou photographie, mais le lien au cinéma n'a donné lieu qu'à peu d'études approfondies. Ma recherche met donc au jour les liens complexes de Claude Simon à l'image cinématographique et je fais porter mon effort d'analyse sur ce dialogue toujours renouvelé entre écriture et réalisation filmique, afin de montrer dans quelle mesure le passage d'un langage à un autre influence notablement le processus créatif chez Claude Simon. L'écrivain a commencé, on le sait, à écrire un découpage pour l'adaptation de La Route des Flandres dès 1961, mais le projet n'a pas abouti. Ce que, dès lors, je tente de mettre en évidence, c'est l'histoire d'un rendez-vous manqué dont la dynamique va pourtant enrichir toute une œuvre littéraire.

J'étudie ainsi, dans un premier temps, comment l'influence du dispositif cinématographique transparaît dans bien des aspects de l'écriture simonienne : importance de la vision, cadre, lumière ou montage, qui ont tous marqué cette écriture, l'ont inspirée, modifiée, structurée ou déconstruite.

Puis, un voyage opéré dans la géographie cinématographique du spectateur-Claude Simon met en évidence un auteur imprégné de cinéma, un véritable « enfant de cinéma ». J'ai pu déceler dans l'œuvre la trace des expériences de l'écrivain en tant que spectateur. Ainsi a-t-il été marqué par les débuts du cinéma, le burlesque, les films surréalistes, la mythologie hollywoodienne, la dynamique pornographique et le western.

Enfin, l'observation des deux seules tentatives concrètes d'adaptation cinématographique par l'écrivain, le découpage de La Route des Flandres et le court-métrage inspiré de Triptyque, pleines à la fois d'enthousiasme et de déception, permettent d'éclairer les relations ambiguës qu'entretient Claude Simon avec cet art et ses choix en tant que réalisateur potentiel. (Β. B.)

Aude MICHARD, La représentation des lieux dans les romans de Claude Simon. Thèse de doctorat soutenue le 13 mars 2009 à l'Université Paul Valéry-Montpellier III, sous la direction de Renée Ventresque.

  • 2 « Un art de mémoire en quête de ses lieux » est le titre du troisième chapitre du livre de Patrick (...)

RÉSUMÉ. Cette thèse se propose de montrer comment le personnage simonien en quête de lui-même et l'écrivain en quête de son écriture, sont tous deux « en quête de [leurs] lieux »2. La lecture des textes de Claude Simon révèle en effet un lien substantiel entre les lieux de l'action, les problèmes de leur représentation par une écriture entamée d'un soupçon constant sur la validité de son propos, et la dérive identitaire des personnages : des orphelins, des idiots, des écrivains.

  • 3 Selon l'expression de Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, « Idées », 1959, p. 34.

La thèse montre comment les deux principales fonctions des lieux (arrière-plan de la narration dans le roman, et « objet » du discours en poésie) manifestent un rapport conflictuel dans la création de Claude Simon, et comment la « bataille de la phrase », ou la bataille pour la phrase conduite par la narration (ordre du temps) et la description (ordre du lieu) engagée dans l'espace de ses vingt romans, ne voit la victoire d'aucun des deux régimes. Ainsi, après avoir étudié les lieux dans la perspective d'un parcours initiatique des personnages et noté la récurrence de certains thèmes (claustration, errance, troubles identitaires et de la perception), puis l'aventure et les errances de l'écriture, tantôt par l'enlisement réciproque des narrations et descriptions combinées ou enchâssées (années 50 et 60), tantôt par l'éviction de tout « impur discours romanesque »3 : métaphores de poètes, intertextualité littéraire, personnages réels et leur histoire (années 70), la dernière partie de la thèse interroge l'articulation entre lieux de la représentation et représentation des lieux, lieu écrit et lieu de l'écrit, en particulier dans les derniers romans de Claude Simon. Ces derniers textes sont en effet ceux qui affichent le plus nettement leur hybridation avec les genres de « l'écriture de soi », en représentant le portrait de l'homme en écrivain et de l'écrivain en lecteur, toujours soucieux d'interroger les moyens de son art et les questions de vraisemblance, de vérité, de « crédibilité » d'un texte littéraire. Bien que l'expérience se révèle irréductiblement impartageable et qu'on ne puisse jamais « s'entendre sur les mots », l'éviction progressive du fictif et le recours réitéré à l'imagination contribuent pour une égale part à la création de la métaphore vive, seul accès possible à l'idiotie d'une écriture, crédible, comme le corps depuis lequel elle s'écrit. (A. M.)

Hye-Young MOON, Écrire et décrire : l'enjeu de la description chez Claude Simon. Thèse de doctorat soutenue le 19 janvier 2009 à l'Université de Paris VIII, sous la direction de Jacques Neefs.

RÉSUMÉ. Notre étude s'attache à la narrativité particulière de l'œuvre de Claude Simon, qui fait l'importance de celle-ci dans l'histoire moderne de l'écriture littéraire. L'écriture de Claude Simon représente une entreprise nouvelle selon une modalité du récit qui lui est particulière. Basée sur la prédominance de la description qui se fragmente, son œuvre constitue un récit de la mémoire grâce à une continuité établie entre des textes disparates. La mise en désordre externe du texte cède à la cohérence interne que des figures essentielles produisent dans la description. Les fragments sensibles de son œuvre ne sont pas contingents, mais constituent un fragment de l'Histoire en même temps que l'histoire d'un individu y participe. La description chez Claude Simon est un mouvement de l'écriture dont la réalité prend sa figure dans la mémoire.

Mais, au début, son œuvre n'a pas rencontré une réception très favorable. Rattaché à l'école du « Nouveau Roman », l'écrivain commence à participer aux colloques et aux entretiens. Mais la spécificité de son écriture et la polysémie immanente des textes se distinguent nettement des Nouveaux Romanciers ; l'écrivain prend la voie exclusive de la singularité. En faisant référence notamment à la facture picturale, il tente de réaliser une simultanéité dans le roman. En s'associant par ailleurs à la facture photographique ou cinématographique, les réseaux d'images, hétéroclites à partir d'une image initiale, construisent un univers spécifique du sens à travers les sensations et la perception. Des images configurées par les sens s'associent de manière confuse aux obsessions, à une expérience spécifique et à des réflexions propres à l'écrivain lui-même.

Pour analyser ces textes et en comprendre la signification, il est nécessaire de reconstituer les fragments discontinus de l'œuvre. Ils ne sont pas une sorte de fresque dépeignant son époque, mais une réalité inhérente à l'écrivain, dans laquelle le réel et l'imaginaire se superposent. Selon une modalité exclusive de la description, à partir du premier fragment descriptif, l'enchaînement des fragments devient tantôt une ou quelques phrases, tantôt un paragraphe où s'effectuent des ajouts et des ellipses. Cette modalité de ses écrits s'assimile à la fugue où certains éléments constitutifs reviennent de manière régulière mais avec des variations comme la structure alternative et symétrique.

La combinaison des fragments discontinus a lieu dans le mouvement du travail artisanal d'écriture. Définissant le roman comme « l'aventure singulière du narrateur qui ne cesse de chercher, découvrant à tâtons le monde dans et par l'écriture » (OA, 1183), Claude Simon approfondit la question de l'écriture romanesque dans ses écrits théoriques. La caractéristique de l'œuvre simonienne soulève la problématique du roman moderne. En présence du narrateur, tantôt comme personnage, tantôt comme auteur, l'organisation associative de descriptions fragmentaires élabore un récit hors du temps fictionnel où la trace constitutive de son écriture se révèle pratiquement. L'œuvre de Claude Simon montre la réalité de son écriture à travers les mouvements de la langue et l'évolution de sa réflexion. En ce sens, faute de « prétexte », son œuvre étant fondée sur le présent de l'écriture, et à cause de sa préférence pour la lecture de son œuvre éditée, ses romans se présentent comme un manuscrit au profit de la visibilité des étapes d'élaboration de son écriture. Dans celle-ci, comprenant romans, recueils de photographies avec textes, discours, correspondance et livre illustré, se manifestent les traces génétiques de son travail d'écriture et de ses réflexions. Appelant une lecture exigeante qui est invitée à participer au fonctionnement du texte, son écriture apparaît comme un édifice singulier de la création esthétique. En scrutant le cheminement de son écriture, nous abordons l'esthétique de son œuvre sous la forme de la dissémination des figures. Notre étude de l'écriture simonienne à la lumière de la description vise à faciliter la pénétration ou la compréhension du réseau de sens du romanesque de Claude Simon. (H.-Y. M.)

Notes

2 « Un art de mémoire en quête de ses lieux » est le titre du troisième chapitre du livre de Patrick Longuet, Claude Simon. La polyphonie du monde, Minuit, 1995.

3 Selon l'expression de Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, « Idées », 1959, p. 34.

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