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Le « Syndicat contre les femmes » et la fabrique de la « misogynie en ligne » en Afrique de l’Ouest et centrale

Patrick Awondo et Jean-Marcellin Manga

Texte intégral

1L’article s’intéresse aux pratiques déployées par le « Syndicat des hommes », cette corporation présente dans la quasi-totalité des mondes digitaux d’Afrique de l’Ouest et centrale francophone. En analysant le discours du Syndicat, on voit émerger plusieurs stratégies rhétoriques telles que « la quête de justice pour les hommes », le « procès moral des femmes » et l’accentuation d’une « guerres des sexes ». Nous explorons l’idée du Syndicat comme expression d’une « misogynie en ligne », concept qui analyse les manifestations de l’hostilité contre les femmes sur Internet. Dans cette optique, il informe sur la fabrique digitale des masculinités auprès des jeunes hommes en Afrique.

Réinventer le procès moral des femmes

  • 1 Peter Glick, et Susan T. Fiske, « An Ambivalent Alliance: Hostile and Benevolent Sexism as Compleme (...)

2Les femmes sont un sujet de discussion et de préoccupation majeur sur tous les sites étudiés, et elles y sont généralement caractérisées comme « immorales », « cupides », « calculatrices », « immatures », « prostituées », « irresponsables » et indignes de la confiance des hommes. Ces représentations négatives servent à renforcer la hiérarchie de genre des syndicalistes qui privilégient les hommes et subordonnent les femmes et leur valeur sociale1.

3Sur la page congolaise connue sous le nom « Force syndicale », une publication souligne, convoquant la référence religieuse chrétienne, « la raison pour laquelle Dieu a créé [l’homme] en premier est que si c’était la femme, elle aurait exigé à Dieu l’argent avant de donner sa côte »2. Selon le Syndicat, les vraies victimes seraient les hommes, obligés de payer perpétuellement des femmes pour tous les services (sexuels) qui seraient, dans les propos de jeunes informateurs, « les maîtresses du jeu ». Parmi les récits les plus repris, il y a celui d’hommes spoliés de leurs économies d’une vie par des femmes qui s’en vont ensuite les abandonnant à leur misère. À titre d’illustration, un grand nombre de pages Facebook créent, publient ou relaient des histoires qui accusent des femmes d’« escroquerie aggravée », de « vol et d’arnaque » auprès des hommes. Ces faits inventés peuvent avoir prétendument eu lieu à l’étranger, mais les pays mentionnés dans les forums de discussion sont souvent ceux qui ont en commun l’adhésion aux idées du Syndicat. Le Syndicat 237, une des pages camerounaises créée en décembre 2020, publie régulièrement des « avis de recherche » accompagnés de photographies détournées de femmes « recherchées » pour « escroquerie » avec la mention « max de partages », sans que la véracité de ces faits ne soit prouvée. La stratégie permet pourtant de donner un visage au procès intenté contre les femmes. Sur les pages et sites de syndicalistes d’un pays à l’autre, les messages réduisent les femmes à des objets et à des marchandises à utiliser dont il faut plafonner le prix des services. L’ensemble des sites Web du Syndicat créent un discours présentant les femmes comme des créatures répugnantes tout en les convoitant comme des objets à maîtriser et à asservir. En polarisant ainsi le discours autour de la question de la compensation financière, la communication du Syndicat a pris un tournant inédit. Cela a permis surtout de glisser d’un phénomène de jeunes et de réseaux sociaux numériques (RSN) vers un débat de société repris et légitimé par les médias publics comme les télévisions nationales aux heures de grande écoute ou les journaux écrits en Une. Au Cameroun, par le biais d’un détournement, le quotidien public Cameroun Tribune verra ainsi sa Une magnifier l’un des slogans du Syndicat sur un billet de 2 000 francs CFA3.

  • 4 Claudine Vidal, « Guerre des sexes à Abidjan. Masculin, féminin, CFA  », Cahiers d’études africa (...)
  • 5 Julie Castro, «  Les Filles sont trop matérialistes. Tensions et soupçons dans les échanges écono (...)
  • 6 Claudine Vidal, «  Guerre des sexes à Abidjan…  », art. cité, p. 121-153.
  • 7 Voir par exemple la synthèse sur l’une des plus célèbres influenceuses Amour et sexualité ivoirienn (...)
  • 8 Par ailleurs ciblées sur les sites Web par des lectures stigmatisantes et dépréciatives ; voir par (...)
  • 9 Voir par exemple https://web.facebook.com/Coach-Thierry-pat-Conseils-112123973528994/, consulté le  (...)
  • 10 www.facebook.com/Syndicat237
  • 11 Voir par exemple l’introduction de Sylvia Federici, Une guerre mondiale contre les femmes. Des chas (...)
  • 12 Se référer à Jeanne Bisilliat (dir.), Femmes du Sud chefs de famille, Paris, Karthala, 1996.
  • 13 Voir les analyses dans l’article de Katrien Pype, «  Blackberry Girls and Jesus’s Brides. Pentecost (...)
  • 14 Bien que non revendiquéée comme telle, l’expression de l’antiféminisme est en soi une posture polit (...)
  • 15 Saskia Wieringa, «  Postcolonial Amnesia: Sexual Moral Panics, Memory, and Imperial Power  », in Gi (...)
  • 16 Julie Castro, «  Les filles sont trop matérialistes  », art. cité, p. 310.

4L’« affaire du Syndicat » réactualise ainsi un débat ancien sur la dimension morale de l’argent dans les rapports de couple. Plusieurs études4 vont jusqu’à présenter l’argent comme une arme dans la « guerre des sexes »5. Cette expression fut introduite dans les années 1970 dans un travail sur les tensions générées par des attentes antagonistes au moment où la circulation de l’argent reconfigurait les normes de couple en Côte d’Ivoire6. La norme tacite était auparavant qu’un homme se doit d’entretenir sa ou ses compagnes en offrant des cadeaux ou en pourvoyant aux besoins économiques du foyer. En retour, la femme lui devait obéissance et soumission. Un débat largement repopularisé au cours de la dernière décennie sous les termes de ce que certaines voix sur Internet qualifient de « devoir de réparation envers les femmes pour l’usage sexuel de leur corps »7. Une partie essentielle du débat entretenu par les influenceuses et Coaches de femmes8 sur la toile tourne en effet autour de cet enjeu : les femmes doivent-elles être entretenues, c’est-à-dire payées pour « leurs services » auprès des hommes y compris ici dans le cadre d’un couple et donc d’une communauté de vie9 ? La réponse du Syndicat des hommes d’un pays à l’autre est résumée par ce qui est devenu son slogan officiel « pas plus de 2 000 francs CFA »10, c’est-à-dire que l’ensemble des dépenses pour les femmes ne doit pas dépasser cette somme, soit environ 3 euros. De fait, après des décennies de crises socio-économiques, l’incapacité des hommes à perpétuer cette norme de domination par l’argent renforce les tensions11. Parallèlement, les femmes ont pris une place toujours plus grande dans l’économie des ménages en étant employées, cheffes de famille, ou entrepreneuses12. Elles sont aussi très présentes sur les réseaux sociaux renforçant des attitudes réactionnaires, et le discours moral13 et politique14 à leur encontre. La cristallisation sur l’immoralité des femmes vient alors se situer sur la ligne de convergence des propos sur l’hétérosexisme, l’impérialisme et la corruption des corps15. Ce débat se déploie en termes de « remoralisation de l’espace public contemporain […] qui nourrit les anxiétés quant à la prétendue dépravation des mœurs »16.

5Les productions stéréotypées sur Youtube servent à maintenir un rapport de force favorable aux hommes en usant de l’argent comme outil de domination. Une page du Syndicat de République démocratique du Congo plaide en faveur de ce que l’on pourrait nommer « les devoirs sexuels des femmes » et rappelle aux femmes leur devoir de se soumettre17. La même page affirme dans un de ses posts du 20 décembre 2020 que « Le mariage est un acte scellé par l’amour et basé par le rapport sexuel »18. Ainsi que le montre cet exemple, la prétention ou la croyance à un droit sexuel masculin accentue dans les commentaires le dénigrement des femmes19.

  • 20 Rachel M. Schmitz et Emily Kazyak, «  Masculinities in Cyberspace…: An Analysis of Portrayals of Ma (...)
  • 21 Susan Faludi, Backlash: The Undeclared War Against American Women, New York, Crown Publishing, 1991 (...)

6À la manière des sites Web des men’s rights activist étudiés par Schmitz et Kazyak20, les points de vue conflictuels sur l’ensemble des pages Facebook ou chaînes Youtube étudiées véhiculent un discours fondé sur la misogynie et sa transmission. On peut avancer l’hypothèse que ces stratégies rhétoriques constituent une modalité en ligne de la dénonciation de la visibilité des femmes, conceptualisée en sciences sociales sous le concept de backlash. Susan Faludi a utilisé ce terme pour rendre compte des « contre-réactions culturelles » au féminisme et ses efforts pour faire avancer les droits des femmes. Elle ajoutait que le backlash redonne de la force à de vieux mythes sur les femmes en les faisant passer pour des faits nouveaux afin d’ignorer tout appel aux changement21. Ces vieux mythes sont effectivement repris par le Syndicat. Une telle lecture est aussi confortée en regard des réactions suscitées en ligne face à la visibilité des « influenceuses ».

La guerre contre les « influenceuses »

7En appliquant une lentille postcoloniale féministe et intersectionnelle à des travaux empiriques menés à Zanzibar, Tembi Much22 a examiné dans quelle mesure les « nouveaux » médias modifient l’équilibre du pouvoir en faveur des consommatrices de médias dans les formations et itérations de leur propre agentivité (capacité d’agir sur son contexte social économique, politique)23. Son analyse montre que les nouveaux médias changent la nature d’agentivité des femmes « ordinaires » et leur permettent d’adopter de nouvelles façons de communiquer entre elles et de négocier les espaces extérieurs. Cela relance par conséquent le sentiment de dépossession des hommes jeunes, surtout dans des contextes urbains où le chômage fait peser un sentiment de vulnérabilité forte24. Face aux influenceuses25, par exemple, l’on retrouve la même mécanique de diabolisation qui mêle des attaques contre leur engagement public, la convocation d’arguments sur leur moralité et un appel constant à l’exclusion. Au Cameroun, Nathalie Nkoa26 et Coco Emilia27 sont des personnalités très présentes sur les réseaux sociaux. Pour comprendre l’animosité envers leur présence, il faut analyser leurs trajectoires sociales28. Les deux influenceuses camerounaises ont, par exemple, été accusées régulièrement de « prostitution »29. Nathalie Nkoa est devenue célèbre après qu’une sextape d’elle a été diffusée sur Internet. S’en est suivi un bras de fer judiciaire dont certains développements se sont invités jusqu’au sol français. Depuis près d’une décennie, elle est devenue une figure majeure des interactions digitales, avec une page d’abonné·es très suivie. Sur les pages Facebook du Syndicat, des figures telles Nathalie Nkoa sont présentées comme la cause principale du dévoiement de la jeunesse.

8La réinvention de la rhétorique contre les femmes prend place dans un contexte où ces dernières s’affirment de plus en plus en ligne, en se réappropriant les codes du patriarcat. Parmi ces codes, : l’exposition de la richesse personnelle accumulée. Nathalie Nkoa se met en scène à travers des motifs du bling bling souvent associés habituellement aux personnalités viriles des musiques urbaines et du hip-hop d’inspiration américaine. L’on retrouve, sur les pages Instagram et Facebook des inflenceuses, de nombreuses vidéos de voyages en jets privés, des images et photographies d’elles dans les lieux à la mode dans le monde entier – par exemple, la place Vendôme à Paris, des hôtels de luxe à Dubaï ou en encore à Dallas aux États-Unis. En avril 2020, une photographie de Nathalie Nkoa a fait le tour des réseaux sociaux d’Afrique francophone et de ses diasporas. Alors que le Cameroun était confiné du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19 et que les frontières étaient contrôlées, un jet privé s’était posé à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen alors officiellement fermé à tout vol provenant de l’étranger. Sur les réseaux sociaux, la photographie de la jeune femme traversant seule le tarmac de l’aéroport sous le regard dubitatif de quelques employés fut interprétée comme la preuve du privilège et du pouvoir incarnés par celle que l’actualité présente comme la « maîtresse » de plusieurs hautes personnalités du pays. La polémique se retrouvera en Une de certaines pages Web relayant l’actualité du Syndicat, interrogeant les véritables ressorts du « pouvoir de Nathalie Nkoa » ainsi que les « signaux » lancés par les pouvoirs publics qui autoriseraient ainsi « une jeune femme », sans référence autre que « son corps », à « narguer » la « République confinée »30. Les questions intriquées de pouvoir et de morale sont ainsi souvent associées sur Internet, dès lors qu’on parle de la visibilité des femmes, surtout jeunes.

  • 31 Voir par exemple un débat sur l’«  affaire Dubaï Porta Potty  » qui a relancé la polémique sur les (...)
  • 32 Accusée par les détracteurs d’avoir rédigé l’ouvrage de la jeune influenceuse, la féministe et écri (...)
  • 33 Voir les développements en lien avec les usages du telephone chez Julie Soleil Archambault, Mobile (...)
  • 34 Francis Dupuis-Déri, «  Le Discours de la “crise de la masculinité” comme refus de l’égalité des se (...)

9Dans la rhétorique contre les « influenceuses » sur Internet, on peut établir une typologie des codes formes d’expression de la misogynie : certaines portent le signe du sentiment de « déclin des masculinités » ; vient ensuite le modèle anti-impérialiste ; et enfin l’antiféminisme proprement dit. Ces catégories se confondent souvent dans les discours sur les plateformes31. Les anti-impérialistes se manifestent lorsque la visibilité des « influenceuses » est forte et liée à des polémiques à caractère sexuel. Alors que Nathalie Nkoa (insultée, voire harcelée) intentait une action de justice après la publication à son insu d’une sextape sur Internet, ce que retiennent ses détracteurs est le fait qu’elle a écrit un ouvrage, qualifié de féministe, pour dénoncer les diffuseurs de cette vidéo et leur projet32. Selon les commentateurs anti-impérialistes, ce lien avec des féministes serait la preuve que ce courant encourage la dépravation des jeunes filles, dont puisqu’il corrompt les valeurs traditionnelles qui prescrivent soumission, effacement et silence face à un événement impliquant la sexualité, même si elles en sont des victimes33. Le féminisme est accusé d’avoir fait de Nathalie Nkoa une personnalité publique par l’exploitation opportuniste d’un faux procès. Les femmes ne sont pas des victimes aux yeux des anti-impérialistes et ils remettent en cause la culture féministe qui les transforme en victimes. Ce schéma d’inversion ainsi que les poncifs regroupés derrière le concept de crise des masculinités34 se retrouvent dans les propos d’une grande majorité de misogynes en ligne. Ils expriment d’abord une anxiété quant à la part que prennent les femmes dans les RSN où souvent elles s’expriment relativement librement. Le Syndicat contre les femmes se positionne contre un » élitisme » incarné par quelques figures de réussite, toutes aussi célèbres que controversées.

Conclusion

  • 35 Rachel M. Schmitz et Emily Kazyak, «  Masculinities in Cyberspace  », art. cité, p. 11.
  • 36 Ibid.
  • 37 Molly Dragiewicz, «  Patriarchy Reasserted. Fathers’ Rights and Anti-VAWA Activism  », Feminist Cri (...)

10Cet article poursuivait un double objectif. Il était d’abord question d’analyser les pratiques rhétoriques déployées par le Syndicat contre les femmes au sein de ses différentes corporations et collectifs, puis de réfléchir plus largement au rôle joué par une telle mobilisation numérique dans la lutte sociale pour contrer la visibilité des femmes et contenir leur influence. Il apparaît que les pratiques discursives du Syndicat sont idéologiquement orientées dans leurs tentatives de donner un sens à des réalités complexes qu’ils interprètent comme étant largement préjudiciables aux hommes35. Ils véhiculent « des modèles culturels simplifiés à l’extrême du monde social, notamment en occultant les multiples objectifs d’égalité inhérents au féminisme »36. Les compétences à utiliser les potentialités offertes par les RSN des jeunes hommes qui s’initient ainsi à l’action contre les femmes a favorisé le développement d’une culture du patriarcat et de la misogynie sur les nouvelles plateformes de communication. Faisant cause commune en dépit de leurs orientations variées (frustrés de la situation économique, anti-impérialistes, antiféministes, porteurs du sentiment de déclin des masculinités), le Syndicat et ses collectifs affiliés contribuent à faire de la défense des hommes un mot d’ordre pour mobiliser en vue d’une guerre des sexes 2.0. Cette diffusion s’est opérée suivant une logique de soutien « patriarcal par les pairs »37. Celui-ci fait référence aux « connexions multidimensionnelles que les hommes forment avec leurs pairs masculins qui abusent ou agressent les partenaires intimes féminines ou qui fournissent des ressources qui perpétuent et légitiment ces agressions ». L’efficacité des vidéos et comédies des chaînes Youtube est peut-être beaucoup plus forte que celle des pages Facebook du Syndicat, en raison de leur capacité à dissimuler habilement leur discours antiféministe sous les atours de la création artistique et de la comédie et en manipulant des questions fondées sur l’inégalité en matière d’accès aux ressources. En effet, les comédies tendent à invisibiliser les inégalités de genre, les violences subies par les femmes, la pauvreté endémique, le chômage dans les pays traversés par l’activisme du Syndicat ainsi que les pesanteurs culturelles qui maintiennent la domination masculine. Malgré le discours biaisé du Syndicat, les représentations misogynes véhiculées atteignent une audience forte dont témoignent le nombre d’abonnés à certaines pages et leur circulation à travers les pays. Il serait pertinent, dans la continuité de cette réflexion, d’analyser les réponses féministes à ces discours. Cela permettrait de documenter les capacités d’offensives et de contre-offensives des femmes dans les mondes digitaux des pays traversés par le Syndicat des hommes.

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Notes

1 Peter Glick, et Susan T. Fiske, « An Ambivalent Alliance: Hostile and Benevolent Sexism as Complementary Justifications for Gender Inequality », American Psychologist, no 56, 2001, p. 109-18.

2 https://m.facebook.com/profile.php?id=100063930140054&eav=AfYORYIIMVRoopPEBlmU0JjBSfas78JGKvZrEhSLAILv3O8j2mBfzyRFmyLPQAocj5A&paipv=0&_rdr

3 www.google.com/search ?q =syndicat+2000+image&sxsrf =APq-WBs1HSNVjmPGQdkcYEUaugWfgcB5Ow :1644063508158&source =lnms&tbm =isch&sa =X&ved =2ahUKEwjo9pDrxej1AhUDiFwKHRTmA90Q_AUoAXoECAEQAw&biw =1366&bih =682&dpr =1#imgrc =gewuqjaizHRUkM, consulté le 05/02/2022.

4 Claudine Vidal, « Guerre des sexes à Abidjan. Masculin, féminin, CFA  », Cahiers d’études africaines, vol. 17/n° 65, 1977, p. 121-153 ; Charles Didier Gondola, «  Oh, rio-Ma  ! Musique et guerre des sexes à Kinshasa, 1930-1990  », Revue française d’histoire d’outre-mer, vol. 84/no 314, p. 51-81 ; Isabelle Bardem, «  La guerre des sexes et l’argent roi à Ouagadougou : entre hommes et femmes, chacun pour soi  », in Gérard Etienne, François Leimdorfer, Alain Marie et Robert Vuarin (dir.), Processus d’individualisation dans les villes Ouest-africaines, Paris, Université de Paris 1, p. 151-179 ; Françoise Grange Omokaro, «  Féminités et masculinités bamakoises en temps de globalisation  », Autrepart, 2009/1, no 49, p. 189-204 ; Pour une revue de littérature récente sur l’engagement des interactions entre hommes et femmes en ligne en Afrique francophone, voir Katrien Pype, «  Bolingo ya face. Digital Marriages, Playfulness and the Search for Change in Kinshasa  », in Jo Helle-Valle et Ardis Storm-Mathisen (éd.), Media Practices and Changing African Socialities. Non-media-centric Perspectives, New York/Oxford, Berghahn Books, 2020..

5 Julie Castro, «  Les Filles sont trop matérialistes. Tensions et soupçons dans les échanges économico-sexuels à Bamako  », in Didier Fassin et Jean-Sébastien Eideliman, Économies morales contemporaines, Paris, La Découverte, 2012, p. 309-330.

6 Claudine Vidal, «  Guerre des sexes à Abidjan…  », art. cité, p. 121-153.

7 Voir par exemple la synthèse sur l’une des plus célèbres influenceuses Amour et sexualité ivoirienne, www.podcastjournal.net/Cote-d-Ivoire-Reseaux-sociaux-Hamond-Chic-revolutionne-le-coaching-et-prend-le-pouvoir_a28476.html

8 Par ailleurs ciblées sur les sites Web par des lectures stigmatisantes et dépréciatives ; voir par exemple https://afrik-plus.com/dubai-porta-potty-apres-la-miss-cameroun-une-autre-celebrite-dezingue-les-influenceuses-ces-femmes-toilettes

9 Voir par exemple https://web.facebook.com/Coach-Thierry-pat-Conseils-112123973528994/, consulté le 09/02/22.

10 www.facebook.com/Syndicat237

11 Voir par exemple l’introduction de Sylvia Federici, Une guerre mondiale contre les femmes. Des chasses aux sorcières au féminicide, Paris, La Fabrique, p. 7-15.

12 Se référer à Jeanne Bisilliat (dir.), Femmes du Sud chefs de famille, Paris, Karthala, 1996.

13 Voir les analyses dans l’article de Katrien Pype, «  Blackberry Girls and Jesus’s Brides. Pentecostal-Charismatic Christianity and the (Im-)Moralization of Urban Femininities in Contemporary Kinshasa  », art. cité, Journal of Religion in Africa, vol. 46/no 4, 2016, p. 390-416.

14 Bien que non revendiquéée comme telle, l’expression de l’antiféminisme est en soi une posture politique et idéologique.

15 Saskia Wieringa, «  Postcolonial Amnesia: Sexual Moral Panics, Memory, and Imperial Power  », in Gilbert Herdt (dir.), Moral Panics, Sex Panics. Fear and the Fight over Sexual Rights, New York, NYU Press, 2009, p. 205-233.

16 Julie Castro, «  Les filles sont trop matérialistes  », art. cité, p. 310.

17 Le Syndicat des hommes du Congo, sur www.facebook.com/profile.php ?id =100063781401769

18 Ibid.

19 Voir par exemple, sur le même procédé par Mélanie Gourarier, Alpha mâle. Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes, Paris, Seuil, 2017.

20 Rachel M. Schmitz et Emily Kazyak, «  Masculinities in Cyberspace…: An Analysis of Portrayals of Manhood in Men’s Rights Activist Websites  », art. cite, Social Sciences, vol. 5/no 2, 2016, p. 1-16.

21 Susan Faludi, Backlash: The Undeclared War Against American Women, New York, Crown Publishing, 1991; Sylvia Walby, «  Backlash’ in Historical Context  », in Mary Kennedy, Cathy Lubelska et Val Walsh (dir.), Making Connections: Women’s Studies, Women’s Movements, Women’s Lives, London, Taylor & Francis, 1993, p. 79-89.

22 Thembi Mutch, «  Agency Behind the Veil: Gender, Digital Media and Being “Ninja” in Zanzibar  », in Wendy Willems et Winston Mano (dirs.) Everyday Media Culture in Africa, Londres, Routledge, 2016, p. 234-260.

23 Thembi Mutch montre que les femmes, en tant que consommatrices, utilisatrices et auditrices des nouveaux médias adoptent désormais des rôles multiples, changeant et adaptant ainsi les nouveaux médias à leurs mondes privés et renégociant les espaces publics.

24 Muriel Gomez-Perez et Marie Nathalie LeBlanc, L’Afrique des générations. Entre tensions et négociations, Paris, Karthala, 2012.

25 Les «  influenceuses  » ou «  coaches  » tendent, pour l’essentiel, à renforcer le pouvoir des femmes en leur apprenant comment jouer avec les normes sociales qui limitent leur épanouissement. Usant habilement d’outils « technodiscursifs », c’est-à-dire des codes et outils digitaux auxquels elles donnent un contenu engagé, voire militant, elles participent à la mise en forme de la vie culturelle et politique et sont des actrices importantes d’une forme d’affirmation publique de la femme et, dans une certaine mesure, de l’empowerment au sens où ce terme est utilisé dans l’ingénierie du développement.

26 Pour une biographie rapide, voir www.camerounweb.com/person/Nathalie-Koah-2158

27 Pour Coco Emilia, voir le reportage sur Canal+ Afrique, www.facebook.com/canalplusafrique/videos/479023896111589

28 Sur le cas Nathalie Nkoah et son émergence controversée dans les mondes digitaux, voir son livre Revenge Porn. Foot, sexe, argent : le témoignage de l’ex de Samuel Eto’o, Paris, Édition du moment, 1996.

29 https://afrikbuzz.com/dubai-porta-potty-coco-emilia-et-nathalie-koah-citees-par-une-star-camerounaise/, consulté le 05/09/2022.

30 www.facebook.com/Paulchouta/posts/3009532455774012, consulté le 11/02/22.

31 Voir par exemple un débat sur l’«  affaire Dubaï Porta Potty  » qui a relancé la polémique sur les influenceuses, reprise sur plusieurs pages Facebook et sites populaires : «  Après la Miss Cameroun, une autre célébrité dézingue les influenceuses, ces “femmes toilettes”  », https://afrik-plus.com/dubai-porta-potty-apres-la-miss-cameroun-une-autre-celebrite-dezingue-les-influenceuses-ces-femmes-toilettes

32 Accusée par les détracteurs d’avoir rédigé l’ouvrage de la jeune influenceuse, la féministe et écrivaine Calixthe Beyala devra le démentir à plusieurs reprises : «  Calixthe Beyala : “Je n’ai pas écrit le livre de Nathalie Koah intitulé Revenge Porn. Par contre je connais Samuel Eto’o Fils”  », www.facebook.com/actucam/posts/3357882334457487

33 Voir les développements en lien avec les usages du telephone chez Julie Soleil Archambault, Mobile Secrets : Youth, Intimacy and the Politics of Pretense in Mozambique, University of Chicago Press, 2017.

34 Francis Dupuis-Déri, «  Le Discours de la “crise de la masculinité” comme refus de l’égalité des sexes : histoire d’une rhétorique antiféministe  », Cahiers du genre, 2012/1 (no 52), p. 119-143.

35 Rachel M. Schmitz et Emily Kazyak, «  Masculinities in Cyberspace  », art. cité, p. 11.

36 Ibid.

37 Molly Dragiewicz, «  Patriarchy Reasserted. Fathers’ Rights and Anti-VAWA Activism  », Feminist Criminology, vol. 3/ no 2, avril 2008, p. 121-144.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Patrick Awondo et Jean-Marcellin Manga, « Le « Syndicat contre les femmes » et la fabrique de la « misogynie en ligne » en Afrique de l’Ouest et centrale »Les cahiers du CEDREF [En ligne], 27 | 2024, mis en ligne le 01 février 2025, consulté le 28 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/cedref/2182 ; DOI : https://doi.org/10.4000/138qg

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Auteurs

Patrick Awondo

Patrick Awondo, enseignant en anthropologie à l’université de Yaoundé 1 ; Directeur exécutif du Centre sur le genre et les discriminations ; Parmi ses publications Le Sexe et ses doubles. (Homo)sexualités en postcolonie, ENS-Lyon éditions, 2019.

Jean-Marcellin Manga

Jean-Marcellin Manga et enseignant chercheur à l’université Yaoundé II. Parmi ses publications : « De la boite de nuit à l’Assemblée nationale : genre, moral et rap au Cameroun », Cahiers d’études africaines 2024/3 n° 255-256 p. 685-711.

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